Eugène Léon JEANJEAN 1880/1914

 

Fils de Paul et d’Anne PISTRE (décédée avant 1900), il est né le 13 avril 1880 à Trèbes, commune voisine de Carcassonne au sud de la France, placée stratégiquement sur la route entre la mer Méditerranée et l'océan Atlantique. La ville se trouve dans un couloir entre la montagne Noire au nord et les Corbières à l'est, la plaine du Lauragais à l'ouest et la vallée de l'Aude au sud. Sa superficie est de 16 km² ce qui en fait l’une des grandes communes de l'Aude. Ses voisines sont Berriac, Bouilhonnac et Villedubert. Elle comptait 2000 hab. en 1914.

 

Au moment de son conseil de révision, Eugène JEANJEAN y réside encore en 1900, où il exerce le métier de viticulteur. A la suite du conseil de révision de sa classe, en 1900, à Capendu, il est jugé apte. Son n° matricule au recrutement est le 110 / Narbonne. Il effectue son service militaire à partir du 19 novembre 1901 jusqu’au 18 septembre 1904, au 4ème R.I. (Auxerre). Il participe à la campagne de Tunisie du 22 novembre 1901 au 22 octobre 1902.

 

Il se marie vers 1905, à Trèbes, avec Marie Rose (ou Rosalie) ALBOUY, dont il aura au moins 1 enfant : Marie-Louise (5 ans au recensement de 1911

 

Il décèdera le 7 septembre 1914 dans la Marne.

 

Affecté, à la mobilisation (13 août), vu son âge, dans un régiment de réserve, le 42ème régiment d'infanterie coloniale (R.I.C.), réserve du 22ème RIC. Mais la réserve est au même régime que l'active. Ce régiment, né en août 1914, est constitué de toutes pièces en 2 bataillons et une compagnie hors rang pour un effectif total de 30 officiers et 2.254 h. 

 

 

 

< un soldat de l'infanterie coloniale (un marsouin, comme il se surnomme) en 1914

 

Affecté, à la mobilisation (13 août), vu son âge, dans un régiment de réserve, le 42ème régiment d'infanterie coloniale, réserve du 22ème RIC. Mais la réserve est au même régime que l'active. Ce régiment, né en août 1914, est constitué de toutes pièces en 2 bataillons et une compagnie hors rang pour un effectif total de 30 officiers et 2.254 h. Le 8 août, il est prêt. Le 9, il est dirigé sur Avignon et stationné à Morières jusqu'au 20 pour quelques jours de formation. Le 21, il embarque à Avignon, pour débarquer à Dugny s/Meuse; le 23, le régiment va stationner à Génicourt. Le 24, il marche à l'ennemi signalé sur l'Ornain, vers Buzy. A la sortie d'Hennemont, il prend la formation de combat. A 16 h 30, l'artillerie ouvre le feu. A 17 h 30, le 2ème bataillon entre dans la zone de feu en direction du sud-est de Buzy; le 1er bataillon, suivant la progression à droite, entre en ligne vers 18 h 30 et atteint la lisière nord de Saint-Jean les Buzy. A 19 h 30, le 2ème bataillon s'installe aux avant-postes pour la nuit, devant Saint-Jean les Buzy. Le reste du régiment cantonne à Parfondrupt. Cette prise de contact ne coûta qu’un blessé. Le véritable baptême du feu sera reçu le lendemain. La nuit est calme; l'ennemi, incertain des forces qu'il a devant lui, s'est fortifié sur ses positions. Dès 4 h 30, reprise de contact, avec pour mission de dégager Aucourt. Le 1er bataillon s'engage; en outre, la 19ème cie est désignée pour occuper une crête à l'est de la gare et prévenir des infiltrations. La progression des unités du 1er bataillon, malgré des renforts successifs, est vite arrêtée par un ennemi très supérieur en nombre. Aucune artillerie ne les soutient. Accrochées au terrain, les unités subissent des pertes importantes; les 3 cies du 2ème bataillon, seule réserve du régiment, alimentent la ligne de combat et fixent l'ennemi sur ses positions. Le 258ème s'est replié ayant subi de grosses pertes, et découvre le flanc gauche exposant le régiment au tir d'écharpe. La situation devient critique; le feu redouble de violence, les lignes continuent à s'user sans pouvoir avancer; aucune réserve n’est à portée. La 56ème D.I., entrant en ligne vers 9 h 30, dégage le flanc droit. Son artillerie fait des tirs d'écharpe. L'ennemi éprouve des pertes considérables, sa pression s'atténue, puis il entame un repli par échelons. Nous le poursuivons par des salves, bien réglées, jusqu'au moment de la jonction de la 56ème D.I. permet la reprise de l’offensive.  Le 1er bataillon, éprouvé, reste sur le terrain pour recueillir les morts, les blessés et se reposer; le 2ème bataillon se porte sur Aucourt. L'attaque permet d'atteindre facilement l'objectif vers 16 H30. L'ennemi se retire précipitamment; le terrain de la lutte est couvert de tués, de blessés, de matériel; des prisonniers sont faits.

 

 

Le 42ème RIC a reçu stoïquement le baptême du feu; il a pu, l'après-midi, se rendre compte des résultats de sa tenacité en parcourant les 4 km de terrain cédé par l'ennemi. Ses pertes sont graves, d'autant plus qu’elles sont les premières. Il emmène une vingtaine de prisonniers. Les pertes totales de 299 h., ont particulièrement affecté le cadre du 1er bataillon. Les blessés, les tués ont été relevés méthodiquement; les évacuations ont été faites avec ordre au moyen de véhicules réquisitionnés dans le village. Les armes, les munitions, celles de l'ennemi comme les nôtres, ont été recueillies. Ils sont vainqueurs en Lorraine sur toute la ligne Etain-Conflans et cependant, dans la nuit du 25 au 26, les troupes commencent un mouvement de repli affectant l'ensemble du front. Le 42ème RIC se porte sur les Hauts de la Meuse; successivement par Mesnil sous les Cotes, et Heudicourt.

 

Le 29 août, il organise la défense du bois de Nonchamp, bois d'Heudicourt, Heudicourt. Mais le 30 août, à 15 h, il se porte sur le nord des Côtes de Meuse. Il doit appuyer l'offensive de la IIIème armée vers le nord-ouest. Il arrive le 31 août à Fleury s/Douaumont. L'état de fatigue est extrême; il vient de parcourir avec armes et bagages une distance considérable; il marche depuis 24 h sans pouvoir préparer la nourriture; la chaleur très lourde aggrave la fatigue; le cantonnement d'arrivée ne présente aucune ressource: un repos de quelques heures calme l'acuité de ces souffrances physiques.

Le 1er septembre, la 75ème D.I., se prépare à soutenir l’attaque des 65ème et 67ème D.I. sur la hauteur d'Haraumont. A 4h30 elle se met en mouvement, se dirige vers Haumont par Douaumont, Louvemont; elle atteint ses emplacements vers 11h, après une marche contrariée par le tir de l'artillerie. Toutes les collines avoisinantes et le village de Haumont sont bombardés. Le 42ème RIC passe la nuit sur place, les vivres arrivent dès l'obscurité. Cependant, à 23 h, repli sur Fleury sous Douaumont. Cette opération, très fatigante, a eu pour résultat d'attirer vers lui des forces ennemies qui gênaient les mouvements des armées plus à l'ouest. Dans la journée du 2 septembre, le régiment est dirigé sur Haudiomont où il cantonne; le 4 il est à Rupt en woevre, et le 5 à Fresnes au mont.

Le 6 septembre (début de la bataille de la Marne), le rôle de la 75ème D.I. est de déboucher à 8 h sur la corne sud-est du bois de Neuville, et Neuville en verdunois. Le 42ème R.I.C. se porte au sud-ouest de Mondrecourt, vers 8 h.30. Il prend la formation de combat en arrivant au sud de Souilly. A 13 h, il progresse vers le bois de Grossehaut. Il était accueilli par un feu violent d’artillerie aux extrémités du village; et aussi par un feu de tirailleurs embusqués en arrière des lisières. A 18 h.30, la lisière était forcée dans le voisinage de la route Souilly - St André (S.O. de Verdun); des fractions du 2ème bataillon progressent rapidement; le gros, suivi de l'artillerie, débouche sur le plateau face à Saint André. Le 2ème bataillon pousse jusqu'à la crête et constitue des avant-postes de combat pour la nuit. Le gros du régiment bivouaque sur place.

 

 

7 septembre, dès 4h30, l'artillerie prend position sur la crête face à St André et ouvre le feu sur des rassemblements ennemis aperçus à 2 km, puis sur des lignes de tranchées. Les 17ème et 19ème cies, occupent des tranchées, construites hâtivement par le génie au cours de la nuit. Le 1er bataillon se place, en soutien, à la lisière. Mais l'artillerie ennemie postée à l'ouest et au nord-ouest de St André répond par un bombardement intense sur les batteries et sur l'infanterie. Ce feu parfaitement réglé cause des ravages extrêmement graves; rapidement, le terrain est couvert de morts et de blessés, des caissons explosent: le repli à la lisière est ordonné; l’artillerie réussit à ramener ses canons avec des attelages réduits; 3 caissons seulement demeurent sur le terrain. La seule issue est le chemin de Souilly, étroit et bordé de taillis; un engorgement occasionne une panique qui entraîne des hommes de tous corps vers Souilly. Mais bientôt les officiers et sous-officiers valides rallient les groupes épars; des lignes de recueil étaient constituées et vers 9 h les premières fractions disponibles, réoccupe les positions.

 

Les hommes doivent tenir la lisière, s'y organiser, sans la dépasser. Ceci comporte l'établissement de tranchées, des abatis, des tranchées-abris pour les soutiens à l'arrière. Le régiment tient les 2 côtés des lisières au nord et au sud de la route de St André à Souilly. Aucune attaque d'infanterie ne se produit, mais le bombardement intermittent alterne avec des tirs de mitrailleuse.

 

Le régiment avait subi des pertes importantes, notamment aux 17ème et 18ème cies isolées en avant, dans des tranchées improvisées; la plupart des cadres sont hors de combat. Une reconstitution des compagnies devient impossible, on laisse les divers éléments à la place même qu'ils occupent, afin de ne pas attirer l'attention par des déplacements; le commandement fut réparti sur la ligne, divisée en secteurs. Durant ces 2 journées, le 42ème R.I.C. a démontré sa valeur; il allait donner une preuve de son excellent moral en tenant, dans ces circonstances difficiles, la portion importante du front qui lui est confiée, malgré les bombardements et les pertes cruelles subies. Sont tués ou blessés mortellement 6 officiers et près de 300 sous-officiers ou soldats.

 

Eugène JEANJEAN meurt ce même jour, de ses blessures, à l’arrière du front.

 

Eugène Léon JEANJEAN décède de ses blessures le 7 septembre 1914 à Saint Remy en Bouzémont-Saint Genest et Isson (Marne 51513). Cette commune est située à 14 km au sud-est de Vitry le François, en arrière du front, sans doute dans un hôpital de campagne. Il avait 34 ans. A-t-il été blessé le 25 aout ? ou le 6 septembre ? Le JMO ne permet pas de le savoir.

 

 

Eugène Léon est inhumé dans le carré militaire du cimetière de Saint-Rémy en Bouzémont-Saint-Genest et Isson (Marne 51513). C’est une tombe collective.