Paul Marie MESTRE 1888/1915

Fils de Jean et de Marie COSTES, Paul Marie est né le 30 janvier 1888 à Molleville (11238), petite commune à l’ouest du département de l’Aude, proche de Castelnaudary. A l’époque de son conseil de révision en 1908, il réside avec ses parents à Montréal (Aude), où il exerce le métier de cultivateur.

 

Lors de ce conseil de révision à Montréal, il est déclaré apte. Son n° matricule au recrutement est le n° 162 / Carcassonne.

 

Il effectue son service militaire à partir du 6 octobre 1909 au 7ème bataillon alpin de chasseurs à pied (encaserné à Antibes), jusqu’au 24 septembre 1911.

Après son retour à la vie civile, il est embauché comme ouvrier agricole à la ferme de la Pège à Trèbes.

 

Il se marie à Trèbes le 9 novembre 1912, avec Rosalie Noémie RIGAUD, jeune femme née à Gaja - La Selve (Aude) en 1892. Elle est installée, elle-aussi, avec ses parents à Trèbes depuis quelques années.

 

Une fille, Albertine, naîtra de ce mariage le 7 avril 1914 à Trèbes.

 

A la mobilisation, en août 1914, il est rappelé, comme soldat de 2ème cl., dans son unité d’origine, le 7ème B.A.C.P. qui est alors cantonné à Draguignan. Celui-ci part immédiatement dans les Vosges. Le bataillon débarque à la Chapelle-devant-Bruyères, le 6 août et prend contact avec l’ennemi le 10 août au col de Ste Marie-aux Mines (Alsace). Le régiment se fortifie. Il reçoit le baptême du feu au col de Bagenettes où se livre, le 13, un sanglant combat dans lequel les 1ère et 2ème  compagnies se distinguent. Mais face à l’organisation défensive ennemie, l’attaque est arrêtée. Le bilan est lourd: 28 tués, 70 blessés et 3 disparus. Le 15 août, il prend une part active à la prise du col des Bagenettes et le 16, il occupe Ste Marie aux Mines où la population alsacienne, lui fait un bon accueil.

 

Après une série de marches très pénibles, le bataillon arrive le 21 à Ranrupt où s’engage un violent combat; les pertes sont lourdes: 15 officiers et 140 hommes tués ou blessés.

 

Après s’être reformé, le bataillon se porte sur Rahon-l’Etape qu’il doit attaquer le 26 août. Dès le début, son offensive est arrêtée net par les feux de l’infanterie ennemie. Au cours de cet engagement, le commandant avec une fraction de la 5ème cie, ses agents de liaison, charge à la baïonnette une compagnie ennemie, et arrête sa progression.

 

Le bataillon se dirige ensuite sur St-Rémy où de durs combats vont se dérouler les 28 et 29 août. Un sergent, avec une patrouille de 3 hommes, capture 10 soldats allemands; la journée n’est qu’une succession d’attaques et de contre-attaques. Le village est évacué et repris plusieurs fois; les pertes sont sévères. Un détachement de 100 hommes venant de Draguignan arrive en pleine fournaise; il est presque décimé avant même d’être mis en ligne.

 

 

A la suite de ce combat, le bataillon se dirige sur la Bourgonce et Nompatelize où il est de nouveau engagé du 30 août au 1er septembre. Entre temps, la 6ème cie est revenue à St Rémy où elle tient tête à une formidable attaque. Le bataillon résiste à plusieurs attaques dirigées sur la Bourgonce.

 

A la suite d’une attaque ennemie exécutée de nuit du 2 au 3 sept., le bataillon est contraint d’évacuer La Salle. Le chef de bataillon qui a pu rallier 2 compagnies du 7° BCA, une compagnie du 75° RI, des éléments du 52° RI, quelques artilleurs et sapeurs du Génie, forme 3 colonnes qui progressent rapidement baïonnette au canon; les clairons sonnent la charge «En avant»; les chasseurs chantent la «Sidi Brahim». Les allemands ne résistent pas à cette contre-attaque impétueuse; ils abandonnent le village après avoir essuyé de grosses pertes. Cette charge est une des plus glorieuses que le bataillon ait exécutées. Suit une série de combats du Haut-du-Bois 6 au 9 septembre où le bataillon éprouve des pertes importantes.

Le bataillon quitte le secteur des Vosges le 19 septembre pour venir dans la Somme. Après plusieurs étapes, il arrive à Rozières-en-Santerre où il reçoit l’ordre de marcher sur le front (route de Lihons à Chaulnes). De part et d’autre, les attaques se succèdent sans répit. Les journées des 25 et 26 septembre sont meurtrières: 402 hommes hors de combat.

Le front se stabilise ; la guerre de tranchées commence. L’ennemi continue ses attaques sur Maucourt et Lihons. La 5ème cie et un peloton de la 3ème participent à une contre-attaque dans les rues de Lihons, au cours de laquelle un sous-lieutenant amène une pièce de 75 qui tire à bout portant sur l’ennemi. A Maucourt, tenu par le 14ème BCA, la 3ème cie contre-attaque violemment l’ennemi sur son flanc droit et lui inflige de lourdes pertes.

Après quelques jours de repos à Harbonnières, le bataillon s’embarque à Villers-Bretonneux. Il débarque à Poperinghe le 12 novembre, au matin et le 12 au soir, il est déjà en ligne au sud d’Ypres. Jusqu’au 6 décembre, il tient tête avec une énergie farouche aux meilleures troupes allemandes dont les attaques en masse sont nombreuses et violentes. Le 17 novembre, le bataillon fait subir un grave échec à la division de la Garde qui laisse plus de 1600 morts devant le front du bataillon.

 

Le bataillon stationne au Mont Saint Eloi du 6 décembre au 6 janvier, mais il n’est pas engagé et tient les tranchées pendant trois jours.


A la mi-janvier 1915, le bataillon arrive dans les Vosges et stationne à Cornimont en réserve d’armée. Le 22 janvier, il est alerté et reçoit l’ordre, le 23, de débloquer une compagnie du 28ème Chasseurs encerclée, puis de s’emparer du sommet de l’Hartmannsweilerskopf. Le bataillon se porte à l’assaut avec entrain, mais son élan est brisé par de puissants réseaux de fil de fer et par la raideur des pentes. Une 2ème attaque est tentée sans plus de succès; l’ennemi a de bonnes tranchées et les tient solidement. Les pertes sont élevées: 86 blessés et 11 tués, dont un capitaine.


Après ce combat, il organise solidement le terrain, puis il déclenche une série d’attaques (27 février, 5, 17 et 23 mars), à la suite desquelles il progresse de 50 m en 50 m. Malgré les pertes et les privations de toutes sortes, malgré la neige et le froid atteignant parfois -25°, les chasseurs sont admirables d’activité et de courage. Enfin, le 26 mars, le bataillon enlève le sommet de l’Hartmann, au chant de la «Sidi Brahim» après avoir franchi un chaos de fil de fer, de tranchées, d’arbres abattus par la mitraille et fait une centaine de prisonniers. Pour cet exploit, le bataillon est cité à l’ordre de l’Armée. Il est relevé le 4 avril. Depuis le 22 janvier, les pertes ont été dans ce secteur de l’Hartmann de 927 hommes dont 244 tués. Paul est parmi eux.

 

L'expression «faire Sidi-Brahim» est un symbole chez les chasseurs, en référence à un acte de bravoure au Maghreb. Durant la Première Guerre mondiale, le 7e BACP tint un col allemand pendant plusieurs jours et, manquant de munitions, se battit avec des pierres et repoussa l'attaque allemande. Les chasseurs y gagnèrent le surnom de «diables bleus. L'insigne du 7e BCA est un diable dans un cor de chasse.

Paul Marie MESTRE est tué à l’ennemi à lors des combats pour la conquête de l’Hartmann-willerkopf (Vieil Armand), commune de Wattwiller, le 7 mars 1915, il a 27 ans.

 

Il est inhumé à Wattwiller, à la Nécropole nationale du «Viel Armand» dans la tombe individuelle n°461.

  

Son décès est porté dans le registre d’état-civil de la commune de Trèbes, à la date du 26 juillet 1915.

 

Son nom est gravé sur le Monument aux morts de Trèbes.