Jacques RAJOL 1891/1915

Jacques Joseph, fils de Pierre et de Marie-Rose GAUBERT, est né le 29 octobre 1891 chez son oncle et sa tante (Louis Gleyzes et Jeanne Gaubert) à Trèbes, com-mune située à 6 km à l'est de Carcassonne. Son emplacement stratégi-que sur la route entre la Méditerranée et l'océan Atlantique est connu depuis le néolithique. La ville se trouve dans un couloir entre montagne Noire au nord, Corbières au sud-est, et vallée de l'Aude au sud. Sa superficie est de 16km² ce qui en fait une grande commune pour le département de l'Aude. Ses voisines sont Berriac, Bouilhonnac et Villedubert. Elle est peuplée de 1100 habitants en 1793, 1850 en 1893 et près de 2000 trébéens en 1914. Traversée par le canal du midi, au cœur d’une région viticole, son port a été très actif.

 

Ses parents résident régulièrement à Bouilhonnac. Son père est jardinier, résidant encore à Bouilhonnac en 1911 et sa mère est décédée avant 1911. Petit dernier d’une famille de 3 enfants, il passe son enfance entre Bouilhonnac et Trèbes et après quelques années sur les bancs de l’école, il fait son apprentissage de jardinier. C’est le métier qu’il déclare et qu’il exerce à Bouilhonnac lors du conseil de révision qu’il passe à Capendu en septembre 1912. Son n° matricule au recrutement est le 323/Narbonne. Il est déclaré apte, mais «soutien de famille indispensable», en août 1912, mais appa-remment sans effet. Il effectue donc son service militaire à partir du 10 octobre 1912 au 80ème R.I. (Narbonne).

 

Il est probablement célibataire à la mobilisation en août.

 

Il décède le 8 septembre 1915 à Saint-Pierre de Talence, hôpital auxiliaire n°23 suite à une maladie contractée au service.    


A la mobilisation, il reste dans son régiment. Le 07 août, la 32ème division (dont le 80ème RI) est transportée par V.F. dans la région de Mattaincourt. Le 11, elle fait mouvement vers Rebain-viller, puis le 14, passe à l’offensive, par Veho et Avricourt, en direction d’Angwiller. Le 20 août, la 32ème division est engagée dans la bataille de Morhange, vers Angwiller; le 80ème combat plus particulièrement à Muhlwald (Bois de Vulcain). A partir du 21 août, il se replie, par Moussey, Igney, vers la région de Brémoncourt.

 

Le 25 août, la 63ème brigade (dont le 80ème), est engagée dans la bataille du Grand Couronné. Elle contre-attaque sur un front Moriviller-lisière sud du Grand-bois en direction de la Mortagne. Le 80ème enlève le bois de Jantois à la baïonnette et le soir can-tonne à Moriviller. La 32ème division combat également vers Einvaux et Roselieures; le 27, elle franchit la Mortagne et participe au combat du bois de Bareth (Xermamenil, Fraimbois).

 

Le 13 septembre, la Division reprend l’offensive et progresse jusque dans la région d’Einville. Le 17, elle est retirée du front et mise au repos vers Essey-lès-Nancy. Le 21 septembre, elle fait mouvement vers Avrainville. Le 23 septembre, elle est engagée dans la bataille de Flirey. Elle participe à de nombreux combats acharnés et répétés au bois de la Voisogne, à Flirey et vers le bois de Mort-Marre. Puis stabilise le front (Flirey et Seicheprey).    

Le 16 avril, les travaux de mine et de construction avaient depuis longtemps été préparés sur ces lignes, aussi bien par le génie français que par celui allemand. La 32ème division donne l'ordre d'attaquer à 1h du matin la tranchée allemande après que le génie ait fait sauter le terrain. Mais ce sont les explosions allemandes qui se produisent à 19h30. Plusieurs mines font sauter le saillant français. L'ennemi avait pu s'avancer jusqu'à la 1ère ligne, mais le 17 au matin, l'ennemi est chassé par des «fougasses» que le génie a fait sauter. (fougasse: mine improvisée en creusant un trou dans lequel on place un explosif et que l'on bourre de pierres et de terre). Il y eut 8 tués, 25 blessés, 35 disparus.

 
Le 18 avril, l'ordre de la division est donné au 80ème de s'emparer de la tranchée allemande, qu'elle reliera de sui-te au régiment d'étrangers, pour supprimer le rentrant qui existe actuellement sur son front gauche. A 4h très préci-ses, le génie fait sauter des mines, l'explosion est formi-dable avec des grosses gerbes de terre et beaucoup de fumée, suivie d'un déclenchement immédiat de tirs de 220 et de 75. Les allemands sont surpris et mettent du temps à réagir. A 4h30, ils commencent à lancer des bombes et des grenades avec des tirs de mitrailleuses. Les nouveaux entonnoirs sont de véritables enfers où les victimes des bombes se multiplient. Les allemands sont des pionniers mordants et acharnés disposant en outre de matériel perfectionné.   Les pertes sont 41 tués 225 blessés.  
 

 

Le 19 avril les Allemands font sauter une mine devant la 5ème compagnie, (comme 8 jours au préalable) qui répare la tranchée rapidement. Le 21 avril, le Génie fait sauter une mine que l'on occupe aussitôt, et que l'on relie avec deux sapes à nos tranchées. Nos mitrailleuses ouvrent un feu intense pour simuler une attaque, l'ennemi y répond par un intense bombardement. 

 

 

Jacques Joseph RAJOL est évacué à l’arrière le 19 juin 1915 pour bronchite et fièvre. Il meurt le 8 septembre 1915 des suites de sa maladie contractée au service, à Saint-Pierre de Talence, chemin de Peydavau (ou Peydavant)- aujourd’hui, commune de Bordeaux, dans l’hôpital auxilliaire n°23, de 45 lits qui fonctionna du 10 mars 1915 au 1er janvier 1916. Il allait avoir 24 ans.    


Son décès, est porté dans le registre d’état-civil de la commune de Bouilhonnac en date du mois de septembre 1915.    

Le 6 octobre, elle est transportée par V.F. dans la région de Neuilly-St-Front. Le 10 octobre, elle fait mouvement vers celle de Berzy-le-Sec puis mise au repos. Le 14, elle fait mouvement vers le front et occupe un secteur vers Moussy/Aisne et la route de Paissy à Ailles. Elle relève de l’armée britannique sur ces positions. Le 17 octobre elle est retirée du front et mise au repos vers Villeblain. A partir du 23 octobre, mouvement par Montgobert, vers la région de Pierrefonds, puis le 29, elle transportée par V.F. vers d’Hazebrouck, avant de se rendre vers Ypres. Le 31 octobre 1914, la 32ème division est engagée dans la première bataille d’Ypres, vers Wytschaete et au nord de ce village. Elle participe à de nombreux combats acharnés et répétés dans cette région. Le front se stabilise et la division occupe un  secteur vers Wytschaete et le sud de Sint-Éloois. Le 19 novembre, son front est étendu, à gauche, jusqu’au château à l’ouest d’Hollebeke, puis réduit, à gauche, le 8 décembre, jusque Saint-Éloi. Du 14 au 17 décembre, la division participe aux attaques de Wytschaete.

Jacques Joseph a été blessé le 5 novembre par balle, au bras droit. Après guérison, le 31 décembre, (NdR: en guise de cadeau de nouvelle année), moins de 2 mois après, il est réaffecté à la même unité.    

Du 6 mars au 26 août 1915, la 32ème division (dont le 80ème RI) est engagée par éléments, dans la 1ère bataille de Champagne, à l'est de Souain. Le régiment participe notamment aux combats du bois Sabot «Le 7 mars, nous avions entrepris, entre Souain et Perthes, une action contre le bois Sabot. L'ennemi s'y était très solidement fortifié sur une position dominante. Ils avaient creusés plusieurs boyaux conduisant à l'arrière du bois. De notre côté, nous avions fait des travaux de terrassement pour rapprocher notre ligne. Après une violente préparation d'artillerie, les hommes se précipitent sur la 1ère ligne et s'en emparent. Ils parviennent également à occuper la 2ème position; mais une pluie de gros projectiles rendant impossible leur progression, ils doivent se contenter de mettre en état, à la faveur de la nuit, les tranchées bouleversées qu'ils viennent de conquérir. Au petit jour, ils repoussent à la baïonnette une contre-attaque, puis ajoutent 200 m. à leur gain de la veille. Du 9 au 12, les positions sont consolidées et des renforts permettent de la conserver. Le 15, avant l'aurore, les soldats prennent comme objectif une très forte tranchée allemande communiquant avec 3 boyaux que les Bavarois ont creusés à travers le bois. Animés d'une rage de vaincre ils s'élancent et, sans se laisser arrêter par les tirs, venant du  blockhaus, sautent dans la tranchée. Sous la trombe de fer et de feu qui ne cesse de les prendre d'enfilade, ils se maintiennent tout le jour. Heureusement, des obus de gros calibre ont fait brèche pendant la nuit dans le blockhaus qui mitraille. Un dernier effort pour repousser deux retours offensifs assure définitivement la conquête du bois Sabot. »

 

A partir du 23 mars, le 80ème RI occupe le secteur de la cote 196 et les abords ouest du Mesnil-lès-Hurlus. Le 31 mars, le régiment quitte les abris du camp 152 et se rend à la Maison forestière, à 1800 m au nord de Perthes, pour relever deux bataillons du 83ème et un bataillon du 59ème. Le 3 avril, il se déplace, à gauche, vers le bois Sabot et le nord du Mesnil-lès-Hurlus où il subit sans cesse des explosions de mines.    

Le 22 avril, le génie fait exploser un fourneau tout proche des nouveaux entonnoirs qui est immédiatement occupé et relié à la première ligne. Le 24 avril, le 2ème bataillon réoccupe une partie notable des tranchées, il aménage des nouveaux entonnoirs sous les tirs des mitrailleuses. Le 30 avril, le génie fait exploser une mine qui provoque un entonnoir de 30 m de diamètre et 8 m de profondeur. Entre 6h et 8h Il est occupé par des groupes de la 10ème, 11ème et 12ème compagnie, mais une profusion de broutilles et de grenades lancées par l'ennemi rend la position intenable, il faut se contenter d'aménager l'accès à l'entonnoir. Deux abris y sont établis mais non occupés.

 

Les 4, 5, 6, 7 mai sont calmes. Le 8 mai, le Génie fait sauter une grosse mine qui produit un nouvel entonnoir. Violente bataille de bombes et de grenades. Une tentative d'attaque de l'ennemi est arrêtée net. Le 9 mai, les Allemands font sauter une mine produisant un nouvel entonnoir. Le 10 mai, les Allemands font exploser une mine importante qui forme un nouvel entonnoir, ce qui veut dire une attaque qui est arrêtée par les mitrailleuses, s'ensuit une longue violente bataille de grenades.

 

Le 14 mai le 3ème bataillon du 15ème RI relève dans le secteur de droite le 2ème bataillon. Le 17 mai, le 3ème bataillon relève le 1er, sans incident. Le 18 mai, le 2ème bataillon relève le 3ème bataillon du 15ème. Le 22 mai, le 3ème bataillon du 15ème régiment relève le 2ème bataillon. Le 25 mai, le 1er bataillon quitte le secteur et laisse sa place au 248ème

 

Le 27 mai La situation du régiment est la suivante : Le 1er bataillon a mi repos à Somme Suippes. Le 2ème bataillon relève un bataillon du 143ème. Le 3ème bataillon est en 1ère ligne. Le 28 mai, le 1er bataillon relève le 3ème. Une partie du 3ème bataillon (3 compagnies) stationnent à Cabane et Puits, et une compagnie aux Hurlus.

 
Les 29, 30, 31 mai c’est le calme dans tout le secteur


Le 4 juin, le 3ème bataillon est relevé par le 2ème. Le 8 juin, c'est le 3ème bataillon qui relève le 2ème. Les bataillons sont 6 jours en ligne et 3 jours en mi-repos.

 
Le 12 juin, la journée est calme. Le 13 juin, l'ennemi bombarde avec des bombes et des fléchettes tout le secteur opérationnel. Le 14 juin, la journée et la nuit relativement calme. Le 1er bataillon relève le 3ème. Le 15 juin Les combats habituels à l'aide de bombes et de grenades continuent. L’alter-nance des relèves en 1ère ligne se poursuit. Malgré le printemps les nuits sont froides et humides et la fatigue est permanente.    

 

Son nom est gravé sur le Monument aux morts de Bouilhonnac (Aude).

 

Il est titulaire de la Croix de guerre et de la Médaille militaire.    

 

Il est inhumé dans le cimetière de Bouilhonnac (Aude)