Mathias Clément Léon RENAUDET 1889/1915

               marsouin en septembre 1914

                     et en février 1915   

Mathias, Clément, Léon est le fils de François et de Louise GODILLON, né le 5 décembre 1889 à Charzais (Vendée), paroisse, puis commune vendéenne située à proximité de Fontenay-le Comte. D’ailleurs, elle a été supprimée par fusion à celle-ci en juin 1966.

 

Ses parents résident à Charzais (Vendée) en 1889 et à Vix (Vendée) en 1909. Il exerce le métier d’employé de perception en 1909, à La Mothe Saint-Héray (Deux-Sèvres).

 

Lors du conseil de révision de sa classe vers septembre 1909, à Fontenay-le-Comte, il est déclaré apte et son n° matricule au recrutement est le 685.

 

Il est incorporé pour son service militaire à par-tir du 4 octobre 1910 au 114ème R.I.  (St Maixent). Il change de corps le 26 avril 1911 pour passer au 4ème R.I. coloniale (RIC) à Toulon. Il se ré-engage à partir du 1er octobre 1912. Soldat de 1ère cl. en juillet 1913. Il passe au 3ème RIC (Rochefort) le 1er avril 1914.

 

Il se s’est marié à Trèbes le 18 octobre 1912 avec  une trébéenne: Joséphine Louise FOISSIER née à Trèbes en 1886, fille de Mathieu FOISSIER cultivateur, propriétaire (né vers 1845) et  de  Joséphine Philomène JAUZON (née à Trèbes en 1848). Mathias  a  22 ans  et  Joséphine, 26 ans. Lors de leur passage dans le Jura, Joséphine accouche d'un fils  (Henri Léon) à Saint Laurent en Grandvaux  au nord de Saint-Claude (Jura) au printemps 1914.

 

Il décède (disparu), le 28 février 1915 à Beauséjour (Minaucourt-le Mesnil lès hurlus dans la Marne).     

 


A la mobilisation, il est appelé, le 4 août 1914, au dépôt du 3ème R.I.C. à Rochefort. Il est nommé caporal fourrier le 28 août 1914, puis cassé le 26 octobre 1914 (raison ?) et intégré à la 22ème Cie (? sic fiche matricule). Il est envoyé au front le 12 novembre 1914. Mathias rejoint son régiment en Argonne, dans le secteur de Ville-sur-Tourbe dans lequel se trouve le 3ème RIC depuis le 14 septembre, le 20, avec un contingent de 385 soldats essentiellement des bleuets de la classe 14. Le 28 le régiment remonte en ligne. Le 3ème RIC alterne des périodes au front et des périodes de «repos». Sur le front, la pluie détériore les tranchées et les journées (et les nuits) se passent essentiellement en corvées de travaux, sous les combats d’artillerie     

 

 

 

La ligne de front progressera au fil des mois par actions de «grignotage», mais les Allemands avaient organisé et fortifié un lacis de tranchées sur la hauteur, à 1500 m au nord de cette ferme. Au saillant, était organisé un véritable petit fort. En arrière, 2 lignes de tranchées s’étageant sur les pentes de la butte, permettaient des feux étagés. De longs boyaux faisaient communiquer le fortin en arrière avec un inextricable fouillis de tranchées servant de places de rassemblement aux troupes chargées de nous contre-attaquer. Cette position, formidablement protégée, à laquelle se heurteront les marsouins et fantassins le premier trimestre 1915 sera baptisée «Fortin de Beauséjour».

 

Il sera pris et repris 7 fois entre février et mars 1915. Il y règne une incessante guerre des mines souter-raines, ainsi que plusieurs assauts à la baïonnette, clairon en tête, particulièrement meurtriers. Il faudra attendre l’offensive de Champagne du 25 sep-tembre 1915 pour que le secteur du «Fortin de Beauséjour» soient enfin dégagés Durant les premières attaques de septembre-décembre 1914, les maisons et bâtiments du hameau Beauséjour seront mitraillés et bombardés quotidiennement. Seuls quelques pans de mur résisteront. Les violents bombardements du 1er trimestre 1915 en achèveront la destruction. Dès le début de l’année 1915, le long de cette route, sur ce terrain établi en contre-pente naîtront toutes sortes d’abris souterrains, de «cagnas», de postes de secours, de dépôts de matériel, de munitions, de cui-sines, de postes de commandement et des cimetières. Un véritable village, percé de souterrains, qui s’étendra sur 2 km le long du ruisseau Marson.

 

Le 24 février 1915, le commandant le 3ème RIC, reçoit l'ordre d'alerter les bataillons disponibles et de les tenir prêts à partir pour le ravin des Pins. L'ordre arrive à 1 h.15. Le Colonel conduit lui‑même les 6 compagnies qui étaient en réserve à Maffrecourt. Le 1er bataillon cantonne à Minaucourt; le 2ème bataillon au ravin des Pins. Les 2 bataillons ont été mis à la disposition du 22ème R.I.C., pour les opérations contre le fortin Beauséjour situé au nord‑ouest de Minau-court. Cet ouvrage, pris et perdu déjà 7 fois, avait été enlevé et reperdu, le 24, par le 22ème RIC. Harangués et mis au courant de leur mission, les hommes entrent aux tranchées dans la nuit du 26 au 27, «décidés» à s'emparer à tout prix du fortin et à le conserver. L'attaque, fixée au 27, doit se déclencher à 15h45. L'artillerie la préparera par un bombardement d’un quart d’heure.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

Rien ne les en délogera plus. Au 2ème bataillon, le combat est aussi meurtrier et l'élan est le même. La 1ère vague entre d'un bond dans l'ouvrage et s'y avance jusqu'au niveau du 1er bataillon. Les officiers et soldats sont fauchés en masse, mais la position est prise et bien prise. Malgré tout, on progresse en combattant à la grenade.

 

Cependant, l'ennemi veut à toutes forces reprendre le fortin; âprement disputé, il lance 4 contre-attaques. La dernière, faite le 28, à 8 h., est d'une violence inouïe. Rien ne peut faire lâcher prise aux compagnies du 3ème R.I.C.; malgré le manque le vivres, malgré la pluie, malgré la fatigue des survivants, tous les efforts de l'ennemi échouent. Quand le 91ème régiment l'infanterie vient relever les 2 bataillons, l'ouvrage entier est conquis.

 

Les rapports laissés, sobres de détails, ne donnent pas le récit de tous les actes individuels de bravoure, ni les noms de tous ceux qui tombèrent dans cette «glorieuse affaire». La tradition du Corps a conservé, cependant, le souvenir de cette terrible nuit du 27 au 28, au cours de laquelle quelques hommes, blessés pour la plupart, arrêtèrent sur plusieurs points les Allemands cherchant à reprendre les boyaux d'accès. C'est au cours d'une de ces luttes qu'un adjudant du régiment, se battant à peu près seul derrière un barrage, poussa le cri resté légendaire: «Debout les morts I»

  

Le régiment a perdu 6 officiers, 183 sous-officiers et soldats tués, 11 officiers, 565 sous-officiers et soldats blessés, 250 hommes disparus. En outre, 93 légèrement blessés avaient rejoint leur compagnie au combat. Les unités du 3ème R.I.C, relevées dans la nuit du 28 février au 1 mars, sont obligées de rester sous la pluie, mais nul ne se plaint. Le lendemain, quand le chef de corps va visiter les blessés aux ambulances de Brand et de Malmy, ils l'acclament « spontanément », lui rappellent ses paroles du 26 et oublient leurs blessures.    

 

 

A la suite de la retraite de la Marne, le 14 septembre, les Allemands campent sur la ligne Souain, Perthes, Le Messin, Hurlus, Beauséjour, Massiges. Le 15, le 7ème R.I, avec le Corps Colonial engagé sur Massiges, essayait d’aborder le Marson. Mais la résistance s’était déjà organisée. La crête du «Mont de Marson» à peine franchie, les sections du 7ème RI étaient accueillies par une forte fusillade.
Les français, alors qu’ils approchaient du ruisseau, fondaient sous le feu des mitrailleuses abritées dans les tranchées aména-gées sur la croupe nord de Beauséjour. Ils ne pou-vaient franchir le Marson. Ils creusèrent, à leur tour, le sol sur la rive sud du ruisseau. Les combats dans ce secteur allaient durer 4 années.

Une nouvelle attaque débuta le 20 décembre, exécutée par des bataillons des 7ème, 22ème et 33ème R.I.C.    

 

Les bataillons sont placés face au fortin: le 1er bataillon sur la face est, le 2ème bataillon sur la face ouest. La 1ère vague est formée, au 1er bataillon, par les 2ème et 3ème cies; au 2ème bataillon, par les 5ème et 6ème. Les 4ème et 7ème cies doivent aller renforcer les compagnies d'assaut dès que l'ouvrage sera enlevé et consolider les positions conquises. Les 1ère et 8ème cies sont en réserve avec 2 compagnies du 22ème R.I.C. A l'heure indiquée, les vagues d'assaut s'élancent. Elles sont reçues par un feu de mous-queterie intense et par un violent tir d'artillerie. Dès les premiers instants, les pertes sont terribles. Les officiers tombent les premiers. Les compagnies hésitent un instant, se reprennent et se cramponnent au terrain.    

Mathias RENAUDET fait parti des disparus, tué à l’ennemi dans l’attaque du « fortin de beauséjour », commune de Minaucourt – Mesnil-les-hurlus dans la nuit du 27 au 28 février 1915, il a  25 ans.

 

Il est dit sergent ? sur sa fiche SGA, ce qu’il n’était peut-être pas (cf fiche matricule).

 

Aucune sépulture n’est connue de la part des autorités militaire. Son corps n’a probablement pas été retrouvé ou pas identifié. S’il a été retrouvé, son corps a été inhumé dans l’un des ossuaires environnants. Peut-être dans la Nécropole nationale du Pont de Marson, située sur le territoire de la commune de Minaucourt-le-Mesnil-les-Hurlus, à l'est du Camp de Suippes, sur la D 566 en direction de Massiges. Elle s'étend sur 43 944 m2.: 21 291 soldats français dont 12 223 en 6 ossuaires y ont été inhumés,

 

Son décès, qui est porté dans le registre d’état-civil de la commune de Carcassonne en date du 29 mars 1920, suite à un jugement déclaratif du tribunal de Carcassonne daté du 24 mars.

 

Son nom est gravé sur le Monument aux morts de Trèbes et sur les plaques face à la Cathédrale de Carcassonne et dans l’église de Fontenay le vicomte (85). 

 

 

La tradition familiale indique que Joséphine FOISSIER serait revenu à Trèbes après la mort de son mari. Elle s'y est toutefois remarié en 1922. Elle ne semble pas percevoir de rente.