Pierre Germain CABANIER 1888/1915

Fils de Jean-Louis (boulanger et décédé vers 1898, à l’âge de 39 ans) et de Joséphine MEYNAUD (ou MAYNARD), Pierre est né le 3 mars 1888 à Trèbes, commune située à 6 km à l'est de Carcassonne, au sud de la France. Située au confluent de l’Aude et de l’Orbiel, dans un couloir entre Montagne Noire au nord et Corbières au sud-est, la vallée de l'Aude au sud. Elle a une place stratégique sur la route entre Méditerranée et Océan Atlantique, connu depuis le néolithique. Sa superficie est de 16,36 km², c’est une grande commune comparée à celles de l'Aude. Ses voisines sont Berriac, Bouilhonnac et Villedubert. Elle compte 2 000 hab. en 1914. Il passe toute son enfance à Trèbes.

A l’époque du conseil de révision de sa classe (1908) qu’il passe à Capendu, il réside à Trèbes en compagnie de sa mère et exerce le métier de boulanger. A la suite de ce passage (classe 1908 - n° matricule au recrutement: 362 / Narbonne), il est déclaré apte, et il accomplit son service militaire, à partir du 6 octobre 1909 jusqu’au 24 septembre 1911, au 122ème Régiment d’infanterie à Montpellier (Caserne des Minimes).

A la suite de son service militaire, il exerce le métier de boulanger à la Coopérative de Trèbes.

Il se marie, le 30 avril 1914, à Alzonne, avec Anna Joséphine RANCOULE. Ils ont un enfant, Jean Joseph Pierre, né quelques jours avant son propre décès, le 11 mars 1915 à Trèbes.

 

Pierre Germain décèdera le 18 mars 1915 à Minaucourt, il venait d’avoir 27 ans.    


A la mobilisation, en août 14, Pierre Germain est réaffecté à son régiment d’origine, le 122ème RI, qui est alors caserné à Rodez (62ème  Brigade d’Infanterie avec le 142ème RI; 31ème Division; 16ème Corps d'Ar-mée). Il est  constitué de 3 bataillons. Le régiment quitte Rodez le 5 août, vers 19h passant par Nîmes, Dijon, Troyes  pour arriver près de Mirecourt, où il est rejoint pas les autres unités de la Division.

 

Le 122ème se rend, dès le 10 août, sur Bayon, afin de bloquer le passage sur la Moselle, puis les 12 et 13, il est à Lunéville. Le 14, il arrive à Xousse, poste-fron-tière avec la Lorraine occupée, où il est bombardé. Par la suite il combat à combat de Bisping (18), Angviller, Loudrefing, Fribourg, Emberménil, Jolivet, Clayeures. Durant le combat de Bisping, le régiment perd près de 600 h. et encore 500 les jours suivants. Des scènes de paniques furent observées, un combat-tant écrit: «La panique au feu est telle que l’on se tirait parfois entre 2 régiments français». Le JMO n’indique pas ces scènes, mais curieusement plu-sieurs journées du JMO sont barrées avec cette mention: «déroulement inexact; à refaire». A la mi-septembre, il est dans la Trouée de Charmes: bois de la Reine, Gerbéviller, bois de la Rappe, Fraimbois, Marainviller, Croismare.

 

 

 

 

En septembre et en octobre, il est stationné dans la Woëvre : il participe a des combats à Minorville, Manonville, au bois de la Voisogne, au bois de Mort-Mare, à Flirey. Le 14 octobre il est déplacé par train, jusqu’à Château-Thierry, puis par route pour Compiègne.    

Il participe à la bataille des Flandres d’octobre 1914 jusqu’au 2 février 1915: Poelcapelle, Zillebecke, Hollenbecke, Saint-Eloi.  Le 2 février, les pertes du régiment depuis l'arrivée en Belgique étaient les suivantes: Officiers: 33. Hommes de troupe: 1 400.

 

Le 3 février 1915, le régiment est transporté en autobus vers Pernes où il reste 2 jours. Le 6, il gagne par étapes Oresmaux (80). Pour la première fois depuis le début de la campagne, il défile devant son drapeau. Le repos est employé à la réorganisation et à l’instruction. A noter les visites des généraux qui félicitent le régiment pour sa bonne tenue. Le 22, embarquement à Ailly-sur-Roye, pour Châlons, pour des cantonnements à Matongues, Courtissols, Vadenay. 


Campagne de Champagne.

 

Le 9 mars, le régiment est à Somme-Bionne. Il va rester en Champagne jusqu’en décembre 1915 prenant part à toutes les affaires qui se dérouleront dans ce secteur, particulièrement en mars (Beauséjour) et en septembre (Cote 193-Tahure).

Le 13 mars, le 122ème reçoit l’ordre d’attaquer, sur l’axe «Butte du Mesnil, Ferme de Beauséjour», les tranchées allemandes du «Ravin des Cuisines«. Le combat était déjà engagé depuis février; les prédécesseurs avaient réalisé de sérieux progrès; mais on se trouvait en face de la Butte du Mesnil très fortement organisée, défendue en particulier par le fortin de la cote 196 à l’ouest et le fortin de Beauséjour à l’est. Il s’agit de tourner la butte par l’ouest. Menée par le 2ème bataillon qui attaqua 2 fois dans la journée, cette opération ne fut pas heureuse et coûta de sérieuses pertes: 15 tués, et 47 blessés.    


 

 

 

Le 17 mars au matin, une section de la 5ème compagnie attaque, en liaison avec une compagnie du 53ème RI, le saillant sud du Ravin des Cuisines. Elle arrive sur la tranchée; mais n’étant pas soutenue à droite elle est obligée de se replier sous une grêle de balles. A 16 h, nouvelle attaque sur le fortin par les 1er et 3ème bataillons et sur la tranchée N.-S. par le 2ème bataillon. Les compagnies sortent de leurs tranchées à l’heure fixée, baïonnette au canon mais les mitrailleuses rendent tout progrès impossible; le fortin ne peut être pris et le feu violent de ses occupants fait beaucoup de mal. La 9ème compagnie n’a plus d’officiers; un sergent commande la 10ème. Cependant, à 17 h, les 6ème et 7ème compagnies se portent seules en avant, et progressent d’une centaine de mètres dans les conditions les plus pénibles. La 8ème compagnie les rejoint à la faveur de l’obscurité. On emploie toute la nuit à organiser le terrain. Les pertes de la journée sont de 117 h. dont 70 disparus (5 officiers tués, 2 blessés). Le 18, les pertes s’élèvent à 80 h. dont 28 tués (1 officier) Pierre Germain fait parti de ces morts.

 

Le 19, le 122ème est attaqué à son tour. Lorsque, le 25, le régiment est envoyé pour 2 jours au repos, les pertes s’élevaient à 900 h. (Officiers: 15 tués, 11 blessés; Troupe: 314 tués, 560 blessés).     

Le 14, 2 bataillons (2ème et 3ème) attaquent les positions de la cote 196. Des mitrailleuses installées dans le Ravin des Cuisines laissent les compagnies se déployer et les prennent par de violents feux de flanc. Le chef de bataillon, commandant le 3ème bataillon, est tué d’une balle à la tête. Cependant ils progressent d’une centaine de mètres; vers 15 h, par suite des pertes subies, le mouvement en avant est suspendu; les troupes commencent à se retrancher sur le terrain occupé: mais l’ennemi, qui nous harcèle avec son artillerie et ses mitrailleuses, rend la tâche extrêmement pénible. On compte 447 pertes qui se décomposent ainsi: 1er bataillon: 2 tués, 6 blessés; 2ème bataillon: 115 tués, 81 blessés; 3ème bataillon: 139 tués, 83 blessés, 18 disparus...

 

Pendant la journée du 15, sous les tirs de harcèlement continuels, le 3ème bataillon s’efforce de gagner la crête en poussant vers le nord de nombreuses têtes de sapes. L’ennemi fait un abondant usage de gros obus (1 m de long) qui tombent sur toute la profondeur de la position. Le soir, on compte 126 h. hors de combat; à lui seul, le 3ème bataillon a 15 tués, 76 blessés, 9 disparus. Il est à noter que les disparus sont des tués qui n’ont pu être identifiés (enterrés ou déchiquetés). La lutte se poursuit le 16 mars. Le 3ème bataillon attaque, à 4 h, le fortin de la cote 196, et le 2ème bataillon, la tranchée N.-S. qui barre le Ravin des Cuisines. Le feu des mitrailleuses fait échouer l’opération. A 16 h, nouvelle attaque: la 9ème compagnie progresse. Elle aurait sans doute atteint son objectif, si son avance avait été appuyée par celle des tirailleurs marocains qui opéraient à sa gauche. De son côté, la 5ème compagnie a pu faire un bond de 50 m. Les pertes pour cette journée sont de 20 tués, 54 blessés.

 

 

 




Pierre Germain CABANIER est tué à l’ennemi, le 18 mars 1915, près de la ferme de Beauséjour, sur le territoire de Minaucourt, aujourd’hui commune de Minaucourt-le-Mesnil-lès-Hurlus (Marne). il a 27 ans.

 

Aucune sépulture n’est connue. Les autorités militaires ne semblent pas connaître son lieu de sépulture. A-t-il été abandonné sur le terrain, et enterré à la va-vite par les troupes allemandes, a-t-il été enseveli dans un bombardement, son corps n'-a-t-il pas pu être identifié ? Comme beaucoup, son corps n'a probablement pas pu être ramené, puis oublié dans le no man's land entre les deux camps. Plus tard, s'il a été retrouvé, il n'a pu être identifié et anonyme placé dans une fosse commune, un ossuaire, peut-être dans le cimetière de guerre dans les environs du champ de bataille. 

 

Son décès est porté dans le registre d’Etat-civil de la commune de Trèbes à la date du 16 octobre 1915. Mort pour la France, son nom est gravé sur le Monument aux morts de Trèbes.

 

Son fils est adopté «pupille de la nation», par décision du tribunal de Carcassonne en date du 13 novembre 1918. Il sera boulanger, rue Croix Baragnon, à Toulouse et aura 2 filles.