Louis HEUILLET  1888/1915

Louis, fils de Jean et d’Anne SEGUIER, est né le 30 avril 1888 à Beauteville (Haute-Garonne), petite commune à 30km à l’ouest de Castelnaudary.

 

A l’époque de la convocation devant le Conseil de révision, en 1908, à Carcassonne, il réside sur la commune de Carcassonne, au village d’Herminis où il vit avec ses parents et où il exerce le métier de cultivateur, métayer. 

 

Il est jugé apte au service armé et son n° matricule au recrutement est le 395 / Carcassonne.

Il effectue son service militaire à partir du 9 octobre 1909 au 53ème régiment d’infanterie (Perpignan) jusqu’au, 24 septembre 1911.

 

A la suite, il revient résider à Carcassonne où il se marie le 20 décembre 1913, avec Anna TOULZA. Par la suite, il se place chez M. Montlaur à Sautès-le-bas (commune de Trèbes). 

Il décède le 25 septembre 1915 en Champagne à Moronvilliers (aujourd’hui Faberger-Moronvilliers - Marne)

 


A la mobilisation, en août 1914, il rejoint son ancien régiment, le 53ème RI et il est affecté à la 7ème Cie. Le régiment est membre de la 63ème brigade d’infanterie (32ème Division - 16ème C.A.).    

Après la bataille de Morhange et les «victoires de Lorraine» (trouée de Charmes), la Mortagne, du 23 août au 1er septembre, le bois de Roth, le 53ème RI est organisé défensivement et il se maintient dans cette région jusqu'au 8 septembre. A cette date, le 53ème est dirigé sur Nancy, les Allemands menaçant, et participe à l’offensive en attaquant Grand-Couronné.

Le 21 septembre, le 16ème Corps se porte dans la région de Fontenoy/Moselle et le 22, le régiment prend l'offensive dans la direction de Flirey-Essey. Le 23, la 32ème Division monte en ligne, ayant comme objectif le bois de Mort-Mare et le bois d'Envezin. Le lendemain, à la pointe du jour, le 53ème attaque le bois de Voisogne, solidement tenu et les mitrailleuses engendrent des pertes considérables. Il a pu s'avancer jusqu'à 400 m du bois, mais sans réussir à s'emparer de la lisière du bois. On creuse des tranchées, on se cramponne au terrain; le 3ème bataillon repousse une contre-attaque venue du bois de la Hazelle. Au cours de cette rude journée, le régiment a perdu 5 officiers morts, 3 grièvement blessés et beaucoup d’hommes.

 

Le 27, l'ennemi se retire; le régiment le poursuit par Minorville, dans la direction de Bernécourt et Flirey. L'ennemi est chassé des bois de la Hazelle, mais le bois de Mort-Mare reste occupé par l'ennemi et la progression est stoppée.  Le 3 octobre, le régiment est relevé et va cantonner à Bernécourt.     

Le 7, il s'embarque pour aller dans la région de Soissons. Le 15 octobre, le 53ème se porte vers Troyon, au nord de l'Aisne, et va relever les troupes anglaises. Vers 21h, une violente rafale d'artillerie allemande s'abat sur les compagnies de tête et met hors de combat 2 officiers et 87 hommes, dont 16 tués. Le régiment occupe les tranchées jusqu'au 16 octobre. Après quelques jours de repos le régiment est embarqué le 30 octobre et transporté à Bailleul. A 23h30, il repart en camions vers Ypres. Le 53ème fait désormais partie du détachement de Belgique. L'heure est grave, la bataille sera rude. La veille, 8 corps d'armée allemands se sont jetés à l'assaut. Ypres devient le but d'un infernal bombardement. 

 

Le lendemain, 30, le 1er corps anglais est obligé de céder et abandonne Klein-Zillebeke, puis plus grave encore, Hollebeke, qui livre à l'ennemi une voie d'accès d'Ypres. Le 31 octobre, le 53ème RI est dirigé sur Saint-Eloi, par Voormezelle, d’où il attaque Oostavern. Les 1er et 3ème bataillons gagnent la crête de Oostavern, où ils s'installent solidement. A 15h30, le régiment reprend l'offensive. Le 1er novembre, les Hindous qui se trouvaient à gauche se sont repliés; le 2ème bataillon, est envoyé pour tenir tête à l'en-nemi. A 10h, l'offensive reprend partout. Le 53ème fait partie d'une colonne d'attaque qui doit appuyer sa droite au chemin Oostavern/Groenlinde. Les compagnies prennent la direction du château et du village d'Hollebecke. La progression est difficile. A 16h30, la canonnade devient intense; tout est bouleversé, plusieurs officiers sont tués; l'ennemi, de plus en plus nombreux, les écrase. Le régiment est débordé. Pour éviter l'encerclement, il recule. Les hommes sont épuisés. Enfin, les bataillons de chasseurs arrivent et l'offensive est reprise. La 3ème Cie du 53ème se porte en avant. La position, perdue un instant, est reprise. Cette journée coûte de nombreuses pertes. Parmi elles, deux trébéens, Joseph FAGES, 23 ans et Jean-Marie MONS, de la 10ème cie, 21 ans, tués à l’ennemi. Le 2 novembre, l'attaque est reprise sur tout le front. Les 1er et 3ème bataillons marche vers la côte 40 (Horsevilde). A 14h45, ils se replient sur Saint-Eloi prennent la défense du village. Le 3, une co-lonne formée du 53ème et du 10ème BCP attaque le château de Hollebecke. C'est une mêlée effroyable, les combats sont au corps à corps. L’artillerie allemande tire sur le château dont les murs s'écroulent. Il ne peut être enlevé et le 53ème se replie à la lisière du parc. Les 7 et 8, le 53ème se bat aux Ecluses et on relève les Anglais à Zillebecke. Le bombardement augmente d'intensité. Les pertes sont effroyables. Les 1er et 3ème bataillons peuvent à peine former 3 Cies. Adolphe FRANQUES, un 3ème trébéen est tué le 11. Le régiment, relevé le 20 novembre, va à Reninghelst. C'est là que, le 23 novembre, le régiment accueille les bleuets de la classe 14. Il reprend le combat le 26 novembre et participe à de nombreuses offensives jusqu’au 17 janvier.    


Après un court séjour dans les tranchées de Lihons, le 53ème s'embarque, le 20 février, pour la Champagne. Arrivé le 4 mars à Cuperly, il en repart le 9 mars, pour se porter à Somme-Tourbe. Le 15, les officiers effectuent la reconnaissance de la côte 196. Pendant leur absence, le régiment est alerté, et se rend d'urgence sur la ferme Beauséjour. Les 3 bataillons du régiment sont dispersés dans 3 brigades et participent, du 16 au 21 mars, aux attaques et contre-attaques sans résultats appréciables.

Le 18 mars une forte attaque sur le Ravin des Cuisines réussit, mais un fortin dissimulé, non détruit par l'artillerie, sert de base à une contre-attaque qui anéantit les résultats acquis.     

Les combats de Beauséjour laisseront un souvenir terrible chez tous ceux qui y prirent part. Combats journaliers et assauts par de petites unités pour «forcer» l'ennemi dans le repaire de ses blockhaus, hérissés de mitrailleuses et de réseaux barbelés, assorties des pertes sévères. Ceux qui ont survécu, ont encore la vision des cadavres entassés sur les parapets et derrières lesquels s'abritaient les tireurs. 

Le 25 septembre, le régiment attaque sur de Moronvilliers. 1er et 2ème bataillons en ligne, 3ème en réserve. Le 2ème bataillon et la 1ère Cie s'élancent. A droite du bois des Guetteurs les 7ème (celle de Louis) et 8ème Cies ne peuvent les franchir les fils de fer encore intacts du bois en Pioche. A gauche, les 5ème et 6ème cies plus favorisées parviennent dans la deuxième tranchée, mais non soutenues à temps elles sont obligées de se replier. Les pertes sont considérables. Louis HEUILLET, notre 4ème trébéen de ce régiment, a payé de sa vie cette attaque. Le 53ème  est relevé du Mont Sans Nom, le 27 septembre.    

Le 21 mars, le régiment relevé se rend à Wargemoulin, où il fut en butte à un bombardement sérieux. Le 23 au soir, il se porte à la crête 196 et travailla à l'organisation du secteur, jusqu'au 29 mars. Puis, il se rend au nord de Somme-Suippes, à la côte 125 et va aussitôt occuper le secteur nord de Perthes, pour une guerre d'usure dans laquelle il est de nouveau saigné. Dès lors commence une série de travaux consistant à créer et à réparer des tranchées, à creuser des boyaux, à construire des abris. Travaux rendus difficile par le mauvais temps. C'est dans ce secteur que le régiment inaugure, pour son compte, la guerre de mines.

Le 10 juin, le 53ème entre dans la 124ème Division. Transporté à Mourmelon, il monte en ligne face à Vaudesincourt et relève les 134ème et 135ème RIT dans un secteur calme. Puis va tenir, début juillet, un secteur devant la Butte du Mesnil, aussi tourmenté qu'en mars 1915. 

Le 5 août, le 53ème se porte à Mourmelon et prend active aux travaux préparatoires de l'offensive de Champagne; construction de boyaux, aménagements de place d'armes, travail délicat et pénible, à moins de 400 m des tranchées allemandes.    


Nécropole nationale du Bois du puits -Aubérive (Marne)

 

Louis HEUILLET est tué à l’ennemi (sans doute disparu) sur le territoire de la commune de Moronvilliers (aujourd’hui village détruit et rattaché à Pontfaberger), dans la Marne, le 25 septembre 1915, il a 27 ans.    

 

Aucune sépulture n’est connue. Les autorités militaires ne semblent pas connaître son lieu de sépulture. A-t-il été abandonné sur le terrain, et enterré à la va-vite par les troupes allemandes, a-t-il été enseveli dans un bombardement, son corps n'-a-t-il pas pu être identifié ? Comme beaucoup, son corps n'a probablement pas pu être ramené, puis oublié dans le no man's land entre les deux camps. Plus tard, s'il a été retrouvé, il n'a pu être identifié et anonyme placé dans une fosse commune, un ossuaire, peut-être dans le cimetière de guerre dans les environs du champ de bataille, peut-être dans la nécropole nationale Le Bois du Puits à Aubérive, située en direction de Sainte-Menehould, à une trentaine de kilomètres de Reims, tout de suite après la borne Voie de la Liberté n° 46.

Créée en 1920 pour recevoir les corps des soldats tués au cours des Batailles de Champagne de 1914 à 1918. Elle a été aménagée de 1923 à 1926 pour recevoir les corps exhumés de cimetières militaires situés à l'Est de Reims, dans le secteur des Monts de Champagne et d'Aubérive : La Voie romaine, Ferme de Moscou, Village Gascon, Estival, Mont sans Nom, Mont Blond, Mont Haut, Mont Cornillet, Mont du Casque, Mont Téton, Bois Sacré, Bois Liévin, Bois de la Chapelle, Bois du Puits.  Y ont été regroupés les corps de 6 424 soldats français tués pendant la 1ère guerre mondiale, dont 2 908 répartis dans trois ossuaires.

Son décès, confirmé par un jugement du tribunal de Carcassonne en date du 19 janvier 1921 est porté dans le registre d’état-civil de Carcassonne le 26 janvier 1921.

 

Son nom est gravé sur les plaques du Souvenir, square de l’armistice, face à la Cathédrale à Carcassonne et sur le Monument aux morts de Trèbes, sans doute à la demande de son épouse qui résidait à Trèbes durant la guerre.