Jean Simon BONNAFOUS  1888/1923

 

Fils de Paul, cordonnier et d’Eulalie Jenny NOUBEL, deux trébéens, mariés à Trèbes en 1887, Jean Simon BONNAFFOUS est né le 20 septembre 1888 à Trèbes. C’est l’aîné d’une fratrie de 3 enfants. Il passe son enfance et sa jeunesse à Trèbes.

 

Lors du conseil de recrutement qu’il passe à Capendu en 1908, il est déclaré apte. Son n° matricule est le 391/ Narbonne. Il déclare être employé de commerce (vins), probablement dans les Établissements Séverac, et résider chez ses parents à Trèbes.

 

Il effectue son service militaire au 40ème R.I. (stationné à Nîmes) à compter du  6 octobre 1909. Il est rendu à sa famille le 24 septembre 1911.

 

Il est rappelé le 3 août 1914.

 

Il se marie le 31 janvier 1920 avec Louise ESTAMPE, une trébéenne née en 1897. Ils auront un enfant: Simone Thérèse née en 1920.

 

Il décède le 28 février 1927 à Trèbes. 


 

La mobilisation du 40ème régiment d’infanterie, qui a commencé le 1er août 1914, s’est effectuée dans le plus grand ordre. Le 5 août, le 40ème quitte Nîmes par voie ferrée, en 3 échelons. Son effectif est de 63 officiers et 3119 sous-officiers, caporaux et soldats. Il appartient à la 59ème brigade, 30ème division (15ème C.A.). Les 3 échelons sont dirigés sur Is-sur-Tille, de là sur Vézelise où le régiment débarque le 7 août au matin. Il se porte immédiatement vers l’Est, aux villages de Ornes, Lemainville et St Remimont d’où, après un court repos, il va le soir même prendre les avant-postes sur les hauteurs dominant le Meurthe (Vigneulles, Barbonville, etc.)

 

Le 8 août, à 10 h.30, le régiment quitte les avant-postes et se met en marche vers le Nord-Est pour gagner, par Rosières-aux-Salines, les villages de Anthelupt et Hudeviller où il cantonne; dans la nuit. Il reprend sa marche, descend sur Crévie et va se placer en formation de rassemblement au nord-est de Saint-Nicolas du Port. Dans la journée du 9, il se porte dans la région d’Arracourt et Bézange-la-Grande, et prend les avant-postes sur la ligne forêt de Bézange-Juvrécourt-Signal des Allemands.

 

Dans la matinée du 10, l’ordre est donné de constituer un détachement sous les ordres du colonel Marillier, commandant la 59ème brigade et du lieutenant-colonel Oddon, du 40ème R.I., comprenant le 2ème bataillon du 40ème R.I., auquel appartient Jean Simon BONNAFFOUS, 2 bataillons du 58ème R.I. et 1 groupe d’artillerie, pour attaquer le village de Lagarde. Le 2ème bataillon du 40ème R.I. quitte Athienville (S.O. d’Arracourt) et gagne Parroy où se constitue le détachement.

 

Un rapport de reconnaissance indique: “L'ennemi occupe le village de Lagarde ainsi que la côte 283 qu'il a organisée défensivement. On aperçoit une tranchée sur le versant ouest de 283. Le fond du ravin qui sépare cette position du mamelon est de Xures présente des éléments de haie, près desquels sont creusés quelques trous de tirailleurs. La route de Lagarde à Ommeray est également occupée par de l'infanterie à laquelle se sont adjoints des Hussards et des Chevaux Légers. L'effectif de l'infanterie ne peut pas être fixé d'une façon certaine, le développement des ouvrages permet de supposer qu'il peut être de deux compagnies. L'effectif des cavaliers est incertain. Il n'a pas été aperçu d'artillerie”

 

Les consignes du Général de Castelnau sont claires: il faut éviter toute escarmouche tant que la concentration ne sera pas terminée. Il est prévu qu'elle le sera le 14 août, date de l'attaque programmée par Joffre. Pourtant le général LESCOT outrepasse ses consignes et décide d’attaquer la frontière. L’attaque de Lagarde a lieu à 20 h, le village est enlevé à la baïonnette, les troupes bivouaquent dans les rues et autour du village.

 

À 23 h, le village est en état de défense, le 40ème chargé des faces est et sud, le 58ème des faces nord et ouest. La nuit est mise à profit pour établir des nids de résistance et des barrages sur les routes conduisant au village. Mais le 11 août à 6h.30, le détachement est attaqué par des forces supérieures en nombre; la lutte est acharnée, et vers midi, les bataillons du 58ème et l’artillerie fortement décimés doivent se replier; le 2ème bataillon du 40ème (auquel appartient Jean BONNAFFOUS) a disparu en entier, sauf un adjudant et 37 hommes, qui rallient le XVème  C.A. à Serres. Dès 9 h.50, 2 compagnies du 1er bataillon sont envoyées à Coincourt pour recueillir les bataillons du 58ème R.I. en retraite dans l’après-midi, elles se replient sur la Ferme la Fourasse (ouest de Bures).

 

Le reste du régiment tient toujours les avant-postes dans le région de Juvrécourt. Le 12, un bataillon allemand attaque le Signal des Allemands, y prend pied, puis marche sur Juvrécourt. La 2ème compagnie qui occupe le village, prend l’ennemi sous son feu, et lui fait subir des pertes sérieuses, mais sous la pression de l’ennemi, elle est obligée d’abandonner Juvrécourt vers 14h.30 et elle se replie vers le sud. Elle s’arrête sur le ruisseau le Moncel, face à Juvrécourt, d’où l’ennemi ne peut déboucher. 

 

 

Le camp de Munster était situé en Allemagne, dans la province de Westphalie (aujourd'hui dans le land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie) à quelques kilomètres de la frontière avec les Pays-Bas. En 1914, le commandant du dépôt de prisonniers de Munster est le Général en chef Freither VON BISSING, général de cavalerie.

 

Charles PETIT fait prisonnier à Maubeuge le 7 septembre 1914, écrit "pendant les premières six semaines, il n'y avait aucune installation pour loger les hommes, ni tentes, ni baraquements. Le nombre des prisonniers était de 24 000; pour se mettre à l'abri, ils creusaient des trous dans la terre, en les couvrant tant bien que mal de mottes de gazon. Il n'y avait aucune installation de cuisine au début. La mortalité des prisonniers, à ce moment, était considérable. Les installations de baraquements n'ont été achevées que vers la fin de janvier 1915".    

Un avis du 23 septembre 1916 le situe toujours prisonniers à Munster, mais passe-t-il ses quatre années de détention dans le même camp, est-il déplacé ailleurs ???... Pour le moment nous n'avons pas trouvé les informations pour détailler son parcours...

 

 

 

On ne comprend pas encore aujourd'hui ce qui, en dehors d'une action destinée à alimenter sa gloire personnelle, a bien pu pousser le général Lescot à lancer une opération pareille. Les pertes pour le 40ème R.I. sont conséquentes :

Tués : 138     Blessés relevés : 410      Disparus :  341

Le rédacteur du JMO, quelques jours plus tard, écrit : « L’affaire de La Garde, 2ème bataillon : 956 tués, blessés ou disparus »

 

Comme beaucoup de ses camarades Jean BONNAFOUX, peut-être blessé, considéré d'abord disparu, est de fait prisonnier. Il est expédié rapidement vers l’arrière et orienté vers de camp de Munster-im-Westfalen. Il ne le sait pas encore; mais une captivité de près de 5 ans l’attend.    

 

 

Il semble avoir été rapatrié le 28 septembre 1918, probablement à la faveur d'un échange de prisonniers organisé par la Croix-rouge... Peut-être est-il malade ?

 

Il est affecté au 80ème R.I. et envoyé en permission. Il réintègre son régiment le 9 novembre 1918. IL passe au 143ème R.I., le 16 décembre 1918.

 

Il n'est démobilisé que le 23 juillet 1919. Il retourne vivre à Trèbes. Il reprend ses activités chez le négociant Charles Séverac.

 

Il se marie le 31 janvier 1920 avec Louise ESTAMPE, une trébéenne née en 1897. Ils auront un enfant: Simone Thérèse née en 1920.

 

Il décède le 28 février 1927 à Trèbes des suites de son mauvais état général du à ses 5 ans de captivité, sans aucune reconnaissance .

 

 

 

 

 

 

<<<<<  Le caveau familial, au nom de ses parents. Il y a lieu de penser que Jean y est  inhumé