Pierre Aubin AZAM  1895/1915

Pierre Aubin Georges, fils de Paul et de Joséphine BACABO,  est né 7 septembre 1895 à Argens-Minervois, petite commune située à 20 km à l’ouest de Narbonne, au nord de Lézignan-Corbières. Il passe son enfance au pied du clocher de l’église Saint Roch ou au bord du canal. et après quelques années sur les bancs de l’école, il fait son apprentissage de cultivateur.    

C’est le métier qu’il déclare et qu’il exerce à Argens Minervois lors du conseil de révision qu’il passe à Lézignan-Corbières en septembre 1914. Son n° matricule au recrutement est le 938 / Narbonne, et il a été déclaré apte.

 

Il est incorporé au 173ème régiment d’infanterie, le 21 décembre 1914, pour une période de formation, il est probablement célibataire au moment de son incorporation.

 

Puis il passe au 415ème régiment d’infanterie.

 

Son décès est fixé au 26 septembre 1915, suite à sa disparition au combat dans le secteur de Perthes-les-hurlus. 


Incorporé le 21 décembre 1914 au dépôt du 173ème RI (Bastia ?, plus probablement Marseille) pour une période de formation. Là, après une visite médicale, et l’attribution de son paquetage, il participe à toutes une série d’entrainements physiques, militaires et d’apprentissage théorique pour se préparer à sa future vie au front.

Après cette préparation, il est affecté, le 1er avril 1915, à un régiment en cours de constitution: le 415ème RI dont le dépôt se trouve au camp de Carpiagne (Marseille), avec le-quel il rejoint le front.  Ce régiment à 3 bataillons appartient d’abord à la 155ème Division, puis à la 27ème Division à partir de mai 1915.

Le régiment quitte le camp de Carpiagne le 31 mars (selon le JMO du Service de Santé, le JMO du régiment ayant disparu). Il stationne dans l’Ain, dans le camp de La Valdonne, jusqu’au 14 avril. Les 14 et 15, le régiment est dirigé par voie ferrée jusqu’à Villers-Bretonneux (Somme).     

 

 

A partir du 18 avril, chaque bataillon prend place pour 4 jours dans les tranchées de 1ère ligne pour la première fois dans la Somme entre Maucort et Lihons, un secteur apparemment calme à cette époque.

Le régiment est mis au repos le 29 avril jusqu’au 5 mai. Le 6 mai, retour aux tranchées jusqu’au 13 juin.

Du 13 au 22 juin, repos puis reprise de la garde des tranchées le 22 juin jusqu’au 3 juillet. Du 4 au 10 juillet: repos. Puis alternance jusqu’au 3 août.

   


Le 3 août le 415ème RI est rattaché à la 27ème division (54ème Brigade). A partir du 11, il est transféré en Champagne. La division débarque à St Hilaire-du-Temple. Elle doit prendre la garde des tranchées sur un front de 2 500 m au nord-ouest de Perthes-les-hurlus. Les bataillons du 415ème tiennent successivement le front en 1ère ligne dans le secteur de Maison Forestière. Au repos les bataillons bivouaquent au sud de la voie ferrée. Le plus souvent les hommes exécutent des travaux d’amélioration des tranchées, ou préparatoires à l’attaque à laquelle il doit prendre part. La méthode et les règles de l'attaque avaient été dûment enseignées. Les fortifications ennemies avaient été repérées avec une soigneuse exactitude. Les parallèles de départ étaient creusées, ainsi que les boyaux permettant l'arrivée des réserves. Grâce à ces travaux, les premières lignes françaises qui se trouvaient, en août, à 1100 m des premières lignes allemandes, en avaient été rapprochées souvent à 100 m.

 

Le 22 septembre, tout était prêt pour l'offensive. Commença alors, la préparation d'artillerie, incessante, plongeant les Allemands dans la stupeur et l'effroi.Elle broya d'abord à grande distance les bivouacs de cantonnement et les bifurcations de voies ferrées.Puis, sous la pluie des projectiles, l'ennemi vit sa première position anéantie, et tout ravitaillement lui devint impossible. Pendant 75 h, sans arrêt les obus écrasèrent tranchées, abris, boyaux, fils de fer et défenseurs. Des officiers allemands calculèrent que, dans un secteur de 100 m de largeur sur 1 km de profondeur, il était tombé 3600 projectiles par heure.Un temps très beau et très clair favorisait le réglage et aidait fort à propos l'adresse des canonniers français.

 

Malheureusement, dans la nuit du 24 au 25, le ciel s'emplit de gros nuages, et des torrents d'eau vinrent délayer cette terre molle et blanchâtre de la Champagne. La question se posa à l'État-Major de savoir s'il n'y avait pas lieu de retarder l'attaque pour attendre de meilleures conditions atmosphériques. Mais, malgré son importance, l'approvisionnement en munitions ne permettait pas de prolonger davantage la préparation d'artillerie. D'ailleurs, le temps se remit au beau.    


Entre la tranchée d'York et le camp d'Elberfeld, le commandant du 415ème, tombe glorieusement frappé d'une balle, au moment où il entraine son régiment vers la crête au Sud du bois 22. L'ennemi, tout d'abord surpris par la soudaineté de l'attaque, s'est ressaisi dans le camp d'Elberfeld, dont les défenseurs, aidés par des tirailleurs occupant les lisières du bois du Trou-Bricot, marquent une vive résistance.

 

A droite, les lisières du bois 151 et du bois 25 (à 800 m au S.O.) sont sérieusement occupées. A l'extrême gauche, les hommes progressent le long de la lisière du bois du Trou-Bricot ; à gauche, le 415ème, un moment arrêté devant le camp d'Elberfeld, s'en empare et parvient sur le crête de la route de Souain à Tahure. A droite, le 75ème et une fraction du 52ème sont également obligés de marquer un temps d'arrêt devant le bois 151 et le bois 25.

 

Au centre, le 140ème poursuit son mouvement et atteint, vers 11h 30, les pentes de la crête 193, où déjà sont parvenus les éléments de tête du 52ème. Les tranchées de la butte de Souain sont placées au Nord de cette crête, à contrepente, sur un mouvement de terrain orienté vers le Nord-Est. Elles sont précédées de forts réseaux de fils de fer. Dans l'après-midi, le 75ème s'empare du bois 25 et s'avance jusqu'à la crête à l'Ouest du bois 151, malgré les feux d'une tranchée placée à la lisière Ouest de ce bois. Le soir, le 415ème qui a été arrêté au nord de la boucle du chemin de fer par des feux de mitrailleuses et de 77 venant du bois du Triangle, a pris position sur la crête du bois 24, en échelon refusé par rapport au 140ème, qui, avec des unités du 52ème, tient la crête 193. Le 75ème prolonge la ligne en tenant la crête jusqu'au bois 151, et la clairière au Sud de ce bois.

 

Le 26, le 415ème parvient à la Côte 193, il se heurte à des réseaux à contre-pente que, à 4 reprises, il tente en vain de franchir. Il s'organise alors sur la crête où il est relevé le 28 septembre.

 

Dans son premier engagement avec l'ennemi, le 415ème R.I. a remporté un succès brillant et fait preuve d'un élan magnifique. Il a perdu son commandant tué le 25; un nouveau commandant, son successeur, est lui aussi tué le 27. Les pertes totales de cette affaire sont de 147 tués dont 7 officiers, 718 blessés dont 19 officiers et 132 disparus. Pierre est de ceux-là, tué disparu dès son 1er combat.    

Les troupes passèrent la nuit du 24 au 25 dans les places d'armes, à l'arrière des crêtes, en attendant l'heure H. Ces déplacements à travers l'étroit réseau des boyaux et des parallèles n'alla pas sans peine pour la plupart des régiments, les ordres de départ ayant souvent été donnés avant que le passage fût libre. Les deux premières lignes regorgèrent bientôt de soldats dont les rangs pressés et immobiles arrêtaient la marche de ceux qui suivaient.

 

Le 25 septembre à 9 h 15, la 27ème Division (52, 75, 140 et 415èmeRI) attaque entre la Butte de Tahure et les hauteurs de l'arbre 193 incluses. Les régiments franchissent les tranchées entre la route de Tahure et le boyau de Sebdul-Bahr. Malgré le tir de barrage de 150 dirigé presque immédiatement sur le Merlon 200, les vagues successives s'avancent et franchissent d'un seul élan les 1ères tranchées allemandes, le 415ème en 2ème ligne. Derrière eux, les nettoyeurs font leur œuvre à coup de grenades, longeant boyaux et tranchées; de suite, les prisonniers commencent à affluer à la cote 200. Entre 9 h 45 et 10 h, les lignes d'assaut franchissent la tranchée d'York, toujours accompagnées par les éclatements d’obus percutants. Le mouvement se poursuit sans arrêt, plusieurs batteries ennemies sont prises dans le bois du Paon et entre ce dernier et le bois des Perdreaux; les canonniers allemands, qui tirent jusqu'au dernier moment, sont cloués sur leurs pièces à coup de baïonnette.    


Pierre Aubin Georges AZAM disparaît officiellement le 26 lors des combats de la 2ème offensive de Champagne. Il venait d’avoir 20 ans et c’était le premier combat auquel il participait

 

Officiellement considéré comme disparu. A-t-il été abandonné sur le terrain ? A-t-il été enseveli dans un bombardement? Son corps n'-a-t-il pas pu être identifié ? Comme beaucoup, son corps n'a probablement pas pu être ramené, puis oublié dans le no man's land entre les deux camps.

 

Un jugement rendu le 29 décembre 1920 confirme officiellement son décès, jugement transcris le 29 janvier 1921 dans le registre d’état-civil de la commune d’Argens-Minervois.

 

Plus tard, il semble avoir retrouvé puis rapatrié à la demande de sa famille car il est inhumé dans le cimetière communal de Trèbes.   

 

 

 

 

Photos de la tombe de Pierre AZAM à Trèbes en 2015