Auguste GOUZOU 1888/1916

Auguste GOUZOU, fils de Jacques et de Célestine CALLEBAT  est né le 29 avril 1888 à Carcassonne (Aude)

 

A l’époque de son conseil de révision, en septembre 1908, il est peintre décorateur et il réside au 31 rue neuve du mail à Carcassonne

 

Son numéro matricule est le 393 / Carcassonne et il est déclaré « bon pour le service armé »

 

Il effectue son service militaire à partir du 6 octobre 1909  au 14ème régiment d’infanterie (Toulouse) et renvoyé dans ses foyers le 24 septembre 1911.

 

Il se marie avec une trébéenne Juliette Marie Jeanne GUIRAUD (fille de Jean Paul et de Mélanie ESCANDE) née en septembre 1892, le 9 avril 1913, à Carcassonne.

 

A la mobilisation, il est rappelé le 3 août 1914 au 143ème régiment d’infanterie (Carcassonne et Castelnaudary). Ce régiment appartient à la 64ème brigade d'infanterie (32ème division d'infanterie, 16ème corps d'armée).

 

Il décède le 9 décembre 1916, dans l’ambulance n°15/1 sp 83 (Dugny / meuse)    

 

 


Le 8 août, fractionné en 3 éléments de transport, le 143ème quitte ses garnisons pour Is/Tille. Il débarque à Hymont/Mattaincourt (2ème et 3ème bataillons) et à Mirecourt (1er bataillon et CHR) le 9 août. Du 10 au 18, par Bainville-aux-Miroirs, Menoncourt, Lamath, Veho et Amenoncourt, le régiment, marche sur Avricourt, où il franchit la frontière le 16 août. Le 18 août, le 143ème se porte sur Rhodes puis le 19 sur Bisping et Londrefingen. Chemin faisant, il trouve sur la route, les premiers postes de secours où affluent les blessés du 142ème qui a été engagé la veille. Dans l’après midi, placé en position d’attente dans le Bois de Mulhewald, le 143 reçoit le baptême du feu. La nuit arrive; ils bivouaquent dans le bois. Cette veillée d’armes est troublée par une tentative d’attaque allemande infructueuse.

Le 20 août, à 4 h, les Allemands attaquent en force les lisières de la forêt. Pendant que le 2ème bataillon s’efforce d’arrêter les assaillants, les 1er et 3ème bataillons, se fortifient sur une ligne située à 1500 m au nord du village d’Angviller. Bousculé, le 2ème bataillon doit se retirer et s’établir à la lisière sud de la forêt. A 6h, le régiment reçoit l’ordre de reprendre la lisière nord de la forêt puis de pousser jusqu’à Londrefing. Le 3ème bataillon, malgré les pertes sensibles va de l’avant; mais tourné par l’ennemi, il est obligé de faire face à cette nouvelle attaque. Ses mitrailleuses sont enlevées. Le 1er bataillon se lance à la baïonnette. Il repousse l’ennemi jusqu’à la lisière nord du bois. Là, il est reçu par des feux meurtriers qui l’obligent à évacuer les positions conquises. Le repli se fait sur Angviller où s’opère le ralliement. Le 2ème bataillon se porte au nord d’Angviller avec une section de mitrailleuses, ce qui permet le repli, sans nouvelles pertes, du régiment. Le 3ème bataillon a été complètement encerclé dans la forêt. Il en est de même de 3 sections de la 6ème Cie en venue renfort. Le 143ème a perdu en outre la majeure partie de son personnel médical. A 15 h, le repli général est ordonné, il s’effectue en ordre et le régiment bivouaque à Mézière et Moussey.

 

Le 21, le mouvement de retraite est continué jusqu’à Avricourt, puis se poursuit sur Morainvillers, atteint à 8 h. Le régiment prend des dispositions de combat dans les environs de cette localité mais à 13 h, il reprend le mouvement de retraite sur Fraimbois, par la forêt de Mondon; puis sur Borville où il stationne, brisé de fatigue, le 23 et 24, organisant avec hâte le secteur dont la défense va lui être confiée. A l’horizon, les villages brûlent, et les obus se rapprochent.

 

Le 25 août, à 12 h, le 143ème quitte ses retranchements de Villacourt et Dorville, pour appuyer l’attaque du 15ème R.I. sur le village de Rozelieures en passant par le bois de Lalau. Grâce à l’appui efficace du 8ème et 3ème d’artillerie, il parvient à déboucher. L’attaque progresse méthodiquement sur tout le front des 15ème et 143ème. L’ennemi, puissamment retranché tire sans arrêt et causent des pertes cruelles. Mais l’artillerie détruit les réserves ennemies. Mettant à profit le désarroi qui en résulte dans les rangs allemands, toute la 64ème brigade s’élance. Un ruisseau, l’Euron Bas, barre la route, il est franchi, cet obstacle ne peut briser l’élan, et, lorsqu’ils abordent le village, il est vide d’ennemis; le 143ème occupe les hauteurs voisines et bivouaque dans le Bois des Fillières, au sud de Morinviliers. C’est la 1ère victoire. Mais cet effort est insuffisant. Du 28 au 30 août le régiment avec la 32ème Division poursuit sa marche, occupe le Bois de Jontois et le village de Franconville, franchit la Mortagne au gué de Fiscol, et s’installe dans le Bois de Bareth, d’où il aperçoit le village de Fraimbois. Il a reçu entre temps un premier renfort de 1000 hommes, qui permet de reconstituer ses unités.

 

Du 29 août au 8 septembre, le Bois de Bareth est le théâtre de luttes quotidiennes, mais l’ardeur des Allemands s’émousse et il est conservé. L’effort s’est porté plus loin. Ne pouvant passer par la trouée de Charmes, les allemands essaient de prendre Nancy. Aussi le 9 septembre, le 143ème et le 53ème sont appelés à prendre part à la bataille du «Grand Couronné». Il cantonne le 9 septembre au soir à Rosière-aux-Salines; le 10 et 11 à Pulnoy et Saulxures-les Nancy. Le 11, il pénètre dans la forêt de Champenoux. Le 12, il occupe le village de Champenoux et les hauteurs avoisinantes. Après quelques jours de repos aux environs de Nancy, le 16ème Corps se dirige sur Toul pour arrêter la progression des allemands en Woëvre. Après une série de marches pénibles, le régiment se trouve le 23 septembre dans la région d’Ansauville où il est violemment pris à partie par l’artillerie ennemie. Il occupe successivement sur les talons des ennemis, Mandres-aux-Quatre-Tours et Beaumont. Le 26, le 1er bataillon occupe Seicheprey. Jusqu’au 8 octobre il affronte une série de petits combats, d’attaques partielles et le 9 octobre, le régiment s’embarque pour Fère en Tardenois. Il laisse en terre lorraine 11 officiers, 22 sous-officiers, 269 caporaux et soldats tués ou disparus. Pour sa part Joseph GOUZOU a été blessé, d'un éclat d'obus aux reins, le 26 septembre d'un éclat d'obus.

Déposé par les camions automobiles à Ostreville et Marquey (Pas de Calais), le 143ème se rend jusqu’à Montdidier, où il est embarqué en chemin de fer le 20 février pour Epernay. Il reste en réserve jusqu’au 7 mars, date à laquelle la 64ème Brigade attaque en Champagne une position particulièrement bien organisée, celle du Bois Sabot

 

Lors de combats du 9 au 15 mars, cette position va être arrachée à un ennemi qui dispute le terrain pied à pied, oppose ses meilleures troupes vaincues que par le corps à corps.

Le 7 mars, l’attaque est lancée sur le Bois Sabot (1800m à l’est de Souain) et la région boisée, plus à l’est, du Trou Bricet par le 15ème RI après une violente préparation d’artillerie. Le 143ème est en réserve autour du Bois Carré. L’objectif d’attaque est la corne sud-ouest du Bois. Le 2ème bataillon du 143ème, placé en avant d’une batterie de 75, est violemment canonné et subit quelques pertes. Dans l’après midi, le 15ème réussit à prendre pied à la lisière du Bois Sabot, le 143ème n’interviendra pas. Le 8 mars, le 143ème relève le 15ème.

 

Le 9 mars, le 143ème doit continuer l’offensive, dans la direction Côte 170 – Trou Bricot. Le terrain est difficile, presque complètement dépouillé d’arbres, rempli d’excavations, de tranchées à moitié détruites. Partout des vestiges de défenses accessoires entravent la marche. Face aux 2 bataillons en première ligne (3ème et 1er), l’ennemi aligne 3 régiments. L’attaque est lancée à 7h, mais les hommes ne progressent que lentement, car très vivement pris à partie par un feu d’artillerie lourde et de mitrailleuses. Dès 9h45, toute progression est impossible. Les pertes sont énormes; les renforts ne peuvent arriver à l’emplacement qui leur a été assigné. Seule une section de la 8ème Cie, parvient à l’intérieur du Bois Sabot. Ils doivent s’accrocher au terrain et l’organiser: chaque bataillon a gagné 100 m; deux contre-attaques avec des effectifs importants sont enrayées. Le 10 mars, à 7h, après une préparation d’artillerie, les 5ème et 7ème Cies attaquent le talon du bois et les tranchées au nord; elles sont clouées sur place par des feux croisés de mitrailleuses. A 10h, après un tir d’artillerie d’à peine 10 minutes, l’attaque reprend. L’attaque du 2ème bataillon permet à des fractions de réaliser des progrès sensibles dans le bois. Après la relève, dans la nuit, par le 15ème RI, le régiment va cantonner à Suippes.

 

Le 13 au soir, le 143ème relève le 15ème sur les mêmes emplacements. L’attaque doit reprendre le 15, mais un travail préalable s’impose. La journée du 14 est employée à la création d’une base de départ: le travail est exécuté en sape, sous une avalanche de grenades.  Le 15 mars, à 4h30, l’attaque se déclenche par surprise. Mais bientôt c’est la lutte dans les boyaux, au corps à corps; la baïonnette et le fusil répondent seuls à la grenade et au pistolet automatique. On se dispute à coups de poings les affûts de mitrailleuses. C’est en combattant pied à pied, en payant chèrement chaque mètre de terrain que les hommes de tête arrivent à la tranchée. Il est impossible de tenir. En une demi-heure, les pertes s’élèvent à une centaine de tués et de blessés. Le même jour, à 16h30, une attaque menée par les 3ème et 5ème Cies, reprend de plus belle après une courte préparation d’artillerie. C’est de nouveau la lutte à coups de baïonnette, à coups de crosse et d’outils. On ne fait pas de quartier. Il est 18h. Un blockhaus seul offre encore quelque résistance; attaqué à la pioche, il est emporté.

 

Le 16, au petit jour, deux contre-attaques sont brisées; ce sont les dernières réactions de l’infanterie ennemie. Le bois sabot est gagné. Cette lutte farouche avait coûté au régiment 9 officiers, et 454 sous-officiers et soldats morts.

 

Après un court repos, le régiment au secteur de Mesnil les hurlus, non loin de Bois Sabot, à quelques mètres des allemands, les grenades, les crapouillots, les torpilles démolissent les tranchées pendant que la sournoise lutte de mines bat son plein. Dans les boyaux, nombre de soldats sont frappés par les balles. On se tue sans se voir. Le sol est bouleversé. Que d’hommes se sont fait tuer pour essayer de sauver un camarade enterré vivant par l’explosion d’une mine. Le Caporal VIGUIER, «le 10 août 1915, au Trapèze du Mesnil, s’est porté spontanément avec 2 hommes, au secours de soldats d’une autre compagnie, ensevelis par l’explosion d’une mine, et ne s’est laissé décourager dans les travaux de sauvetage, ni par un violent bombardement, ni par la mise hors de combat de ses 2 compagnons, ni par sa propre blessure»

On reste 6 jours en ligne et 3 seulement au repos dans le bois. On commence à reparler d’offensive: nombre de régiment viennent construire des boyaux, des emplacements de batteries et, enfin, relever le 143ème, le 25 août. Mais le régiment ne s’éloigne pas et laisse dans la craie champenoise: 3 officiers, 19 sous-officiers et 297 caporaux et soldats.

Repoussant ensuite 3 tentatives ennemies pour reprendre le terrain perdu, elle s’organise sur place, où, à la tombée de la nuit, elle est relevée par une Cie du 15ème RI. Les pertes étaient sévères: 8 officiers blessés, 66 sous-officiers ou soldats tués, 216 blessés.

Au 2ème bataillon, 3 commandants de bataillon sont successivement tombés. Le régiment reste sur les emplacements conquis et s’organise pendant la nuit. L’artillerie ennemie réagit violemment au cours de la soirée et de la nuit par des rafales de gros obus. L’attaque doit reprendre le lendemain à 9h, menée par les 2ème et 1er bataillons, le 3ème passant en réserve au bois des «Camarades». Le 143ème  doit prendre pied dans le bois au sud de la ferme Chausson. Le 2ème bataillon réussit à marquer une progression dès le début de l’attaque, mais toute avance ultérieure lui est interdite par suite de la présence de mitrailleuses ennemies. Ces mitrailleuses prenant d’enfilade toutes nos fractions qui cherchaient à déboucher, rendent la progression impossible. Une préparation d’artillerie dirigée sur les mitrailleuses signalées ne peut les détruire et une nouvelle tentative d’avance vers la Ferme est engagée. Cette journée a coûté au régiment: 2 officiers et 37 hommes tués, 46 blessés.

 

L’ennemi paraît être en force et solidement installé en conséquence, l’organisation immédiate du terrain enlevé aux Allemands est mise en œuvre. Jusqu’au 5 octobre, les bataillons du 143ème, tantôt en ligne, tantôt en réserve, travaillant à l’aménagement et à la défense du secteur, profitent de ce court répit pour se reformer. Un dernier effort lui sera demandé le 6 octobre. Il prend dans la nuit du 5 au 6 ses dispositifs d’assaut. Les objectifs sont la ferme Chausson et les ouvrages déjà puissants qui la défendent. A 5h50, les deux premières vagues sortent d’un seul bloc. Malheureusement, la pente du terrain interdit à l’artillerie de campagne d’effectuer des tirs efficaces. L’ennemi placé à contre-pente n’est pas dérangé. Les premières vagues reçues par un feu terrible, doivent se coucher sous les balles; des hommes sont frappés en franchissant le parapet. Néanmoins une fraction réussit à progresser, franchissant la première ligne ennemie, en un point. Elle peut atteindre les lisières sud du bois de Chausson. Mais là, prise de dos, par les tirs des mitrailleuses ennemies, puis contre-attaquée de front par les réserves, elle est clouée sur place; elle tient jusqu’au corps à corps. Seuls, quelques blessés et quelques hommes indemnes regagnent les lignes de départ, à la faveur de la nuit. Les vagues suivantes, dans l’impossibilité de donner l’assaut s’organisent, mettant en batterie leurs mitrailleuses. A 8 h, l’ennemi massant ses troupes à l’abri des pentes de la ferme Chausson et des bois passe à la contre-attaque en formations massives. Reçues par 3 mitrailleuses, les colonnes ennemies se replient, laissant de nombreux cadavres sur le terrain.

L’Aspirant MASSIP, «a brillamment entraîné sa section à l’assaut le 6 octobre 1915, sous un feu intense, avec une ardeur et un élan admirable. En se sacrifiant ensuite avec une poignée d’hommes, a assuré le repli de sa compagnie contre-attaquée et sur le point d’être cernée. A rejoint les lignes françaises avec deux hommes de sa section après 4 jours et 4 nuits passés dans un trou d’obus entre les lignes».

Renouvelée vers 15h, une nouvelle contre-attaque est de nouveau bloquée. Le régiment perd ce jour-là: 2 officiers et 36 hommes tués, 129 blessés, 150 disparus.

 

Le Général GROSSETI, commandant le 16ème CA exprima toute sa satisfaction aux quelques officiers qui restaient: «Je suis très heureux de vous faire part des éloges qui m’ont été faits au sujet de votre Régiment. Je regrette de vous trouver aussi peu nombreux, mais cela prouve que chacun a fait son devoir et que les Chefs ont donné l’exemple…»

Les pertes en tués et blessés ont été lourdes, les fatigues et les privations énormes; un séjour dans le Soissonais permet un repos et un confort relatifs; mais ils ne restent pas oisifs. Arrivés le 9 et 10 octobre à Fère en Tardenois, il relève le 15 octobre, après une très longue marche, les unités britanniques engagées entre le Canal de l’Oise à l’Aisne et le ruisseau de Chéry. Le 15 au soir, il est relevé à son tour par le 123ème RI et le 30, il s’embarque à Lemeux près de Compiègne pour Poperinghe et Bailleul. Il va être engagé dans la bataille de l’Yser.

 

Le 31 octobre, dès le débarquement, il se porte en avant et le 1er novembre à l’aube, il attaque le village de Wytschaete cédé à l’ennemi récemment. L’objectif est atteint, le village fortifié, des tranchées ébauchées; le régiment est en liaison à sa droite avec le 15ème, à sa gauche avec le 80ème. Le combat a été rude. Les Allemands ont contre-attaqué sans succès; on s’est battu à la baïonnette, mais Wytschaete a été pris et conservé les pertes. Le 2 novembre à 6h, l’ennemi devançant une attaque de notre part prévue pour 7h, lance sur le village une action avec de gros effectifs. L’effort des Allemands leur permet de pénétrer dans les premières maisons du village dont tous les occupants sont déjà tués ou blessés. Il s’infiltre mais ne parvient pas à s’emparer complètement du village. La lutte se continue jusqu’au 13. Les Allemands, grâce à leur supériorité numérique et à la puissance de leur artillerie avancent lentement. Le terrain est disputé pied à pied; on se bat à coup de pelle et de pioche. Si le régiment n’a pu conserver ses positions intactes, il a du sauvé l’honneur en combattant sans arrêt, nuit et jour, dans la boue, sans vivres et souvent sans cartouches. L’avance ennemie a d’ailleurs, été limitée, car ce dernier à réussi à grand peine, à atteindre la ferme de Hollande. Jusqu’au 13 décembre, le régiment continue à être engagé. Mais la lutte est moins ardente; coupée de petits repos nécessaires à l’incorporation des renforts (soldats de la classe 14).

Les anciens réparent leurs forces, et le 14 décembre, une nouvelle attaque est lancée contre la ferme de Hollande, poursuivie les 15 et 16 décembre, et permettant de réaliser une progression sensible, mais la ferme elle-même, fortement occupée ne peut être enlevée, et le régiment s’installe définitivement sur ses positions. Après une quinzaine de jours de repos à Poperinghe, il est embarqué le 31 janvier en camions automobiles.

Du 1er novembre au 31 janvier, le 143ème a perdu 7 officiers, 49 sous-officiers, 707 caporaux et soldats morts. Le nombre des blessés, en officiers surtout, s’élevait à plus du double de ces chiffres.

 

Il se prépare à la grande attaque de Champagne dans la région de Valmy. Le 24 septembre, le régiment rassemblé écoute la lecture d’un ordre annonçant la bataille qui va se déclencher le 25 septembre. Déjà la préparation d’artillerie était commencée.

 

Le 25 septembre, sous le commandement du Lieutenant Colonel HENRY, au grondement de la formidable le régiment silencieux, grave, s’engage dans les boyaux d’adduction et débouche à 9h30 sur les pentes sud du promontoire (côte 180). Entre le 20ème CA qui attaque en direction de Rouvroy, approchant les lisières de Maisons de Champagne et le 1er CA Colonial qui attaque sur la Main de Massiges et en a atteint les premiers contreforts s’ouvre une large. La 64ème brigade doit alors attaquer le Mont Têtu (côte 198), et fermer le vide entre les deux Corps d’Armée. Dans la nuit, le régiment quittant le promontoire, se rend par le village de Massiges à ses emplacements de départ (pentes nord et nord est du promontoire).Il y passe le reste de la nuit et une partie de la matinée sous un bombardement assez intense. Le 15ème, dès 6h30, s’efforce de gagner le Mont Têtu. Il prend pied à mi-pente des hauteurs dominant le ravin de l’Etang. Son avance est pénible; le feu de mousqueterie et de mitrailleuses est intense. A 11 h, le 143ème reçoit l’ordre d’attaquer à son tour. Il a comme objectif le boyau de Molkte d’abord, le Mont Têtu ensuite. L’idée de la manoeuvre est de prendre à revers le Mont Têtu qu’on ne peut faire tomber de front. La traversée du ravin du ruisseau de l’Etang s’effectue sous le feu intense de l’artillerie et des mitrailleuses ennemies. Le 3ème bataillon suivi par le 2ème atteint rapidement le pied des pentes de la Main de Massiges, contourne la croupe du Bois Valet, s’engage dans le ravin compris entre le Bois de l’Arc et le Bois de la Faux. La 10ème Cie progressant par le Bois de la Faux, les 11ème et 12ème par le Bois de l’Arc prennent à la baïonnette la tranchée ennemie. L’ennemi surpris se rend à la 10ème et à la 11ème Cie. Plusieurs mitrailleuses, plus de 50 prisonniers sont fait. La tranchée ennemie est encombrée de cadavres et de blessés. La ligne de défense du Mont Têtu est brisée. Le 3ème bataillon sans perdre un instant, pousse vers la crête. Le 2ème bataillon rentre à son tour en ligne à la droite du 3ème. Le sommet du Mont Têtu est rapidement atteint et dépassé par les éléments de droite du 2ème bataillon auquel se lie le bataillon de gauche du 15ème. Le Mont Têtu est pris. Le Régiment perdait dans ce combat: 7 officiers, 231 hommes blessés, 49 tués.

 

La nuit est employée à l’organisation du terrain conquis et aux préparatifs d’attaque pour le lendemain. Des patrouilles signalent une grande activité chez les allemands. On entend distinctement des trains et des convois amenant troupes fraîches et munitions dans la plaine de Rouvroy. De l’artillerie arrive avec un grand bruit de ferraille. L’ennemi, d’abord surpris profite du répit de la nuit pour se reformer, renforcer ses lignes, augmenter sa résistance. La journée du lendemain sera dure.

 

Le 27 au matin, le régiment reçoit l’ordre de continuer l’attaque en direction de la Ferme Chausson. Les 3 bataillons sont en ligne. Le 3ème bataillon en lien avec le 20ème CA attaque l’ouvrage de la Défaite avec pour objectif le Bois Marteau. Le 2ème bataillon au centre et le 1er bataillon doit s’emparer de la ferme même en lien avec le 1er CAC qui attaque le Bois de la Chenille. L’artillerie fait une courte préparation. A 14 h, heure fixée pour le départ, le Corps Colonial très en retrait ne peut avancer suite à des mitrailleuses. Les ordres sont modifiés en conséquence. Les 2ème et 3ème bataillons attaquent. Par suite de la situation du 1er bataillon, la ferme Chausson est délaissée pour le moment. A 16h, les 2 bataillons se précipitent en avant, la baïonnette haute. Mais le terrain est détrempé et glissant, la marche lente et pénible. Le glacis complètement découvert est balayé par les mitrailleuses. La situation en flèche livre les flancs à des tirs d’écharpe très meurtriers. Toute la manoeuvre se déroule sous un feu infernal. Le 2ème bataillon et la droite du 3ème, décimés sont obligés de s’arrêter, après avoir gagné, cependant, quelques centaines de mètres, engageant avec l’ennemi une fusillade énergique. La gauche du 3ème bataillon et plus particulièrement la 9ème Cie, plus heureuse s’avance profondément. Cette compagnie franchit deux éléments successifs de tranchées et prend pied dans un troisième, vers le boyau d’Ukelwurst, mettant en fuite des troupes fraîches arrivées de la veille, qui abandonnent leurs armes et leurs sacs.  

 

 

Après un court repos, le Régiment passe 4 jours en ligne dans le secteur de Tahure et le 30, après la relève par le 80ème et le 342ème, il se trouve en réserve non loin de Perthes, au Bois du Paon et au Bois 4.

 

Vers 9h30, tous les emplacements des différentes unités du régiment subissent un bombardement extrêmement violent et plus particulièrement par obus à gaz asphyxiants lacrymogènes. Vers 12 h, le régiment reçoit l’ordre de se tenir prêt à toute éventualité. Le 80ème RI vient d’être submergé par une attaque allemande.

Le 31 octobre, au lever du jour, on s’aperçoit que l’ennemi s’est retranché pendant la nuit sur la crête située à l’est du village de Tahure. La 1ère Cie subit une attaque qui est repoussée; seuls quelques éléments des tranchées de droite sont pris par les Allemands. Les poilus de la 2ème Cie se lancent en avant à la contre-attaque; quelques uns atteignent la tranchée allemande, mais sont tués. Le 2ème bataillon vient s’établir à droite du 1er, sur un mouvement de terrain au nord du village de Tahure; il chasse les premières fractions ennemies qui avaient pénétré dans le village. Vers 15 h, une contre-attaque allemande se produit; elle est complètement enrayée. Aussi, l’attaque déclenchée à 16 h, par le 96ème, permet non seulement de prendre la tranchée ennemie, mais encore de la dépasser: cette dernière est d’ailleurs occupée immédiatement par les 1er et 2ème bataillons du 143ème.

 

Le 143ème avait perdu dans cette affaire 80 tués et un grand nombre de blessés (dont 3 officiers), mais, malgré ses effectifs réduits, il avait contribué à l’échec complet d’une tentative ennemie menée par 17 bataillons.  

 

Après quelques cours passages en secteurs effectués isolément par les bataillons, le Régiment stationne, pendant le mois de novembre à Saint Rémy sur Bussy, puis le 29, il s’embarque à Saint Hilaire du Temple, pour aller prendre, dans la région d’Epernay, un repos bien gagné. Il reçoit des renforts, les instruit au Camp de Romigny, puis va prendre le secteur de Soissons (Saint Vaast). Ici la vie est facile ; les pertes sont légères et les installations confortables.

Deux points seulement, le saillant Saint Paul et la Distillerie sont dangereux à garder et subissent de fréquents et intenses bombardements. Les nuits sont marquées par des actions fréquentes de patrouilles, quelques coups de main sont tentés. Le Régiment met à profit cette tranquillité relative pour travailler et s’instruire.

 

Auguste GOUZOU passe au 62ème R.I. le 27 décembre 1915  ?



Depuis le 10 novembre 1915, le 62ème R.I. est dans le secteur de Tahure; il occupe les tranchées au sud-ouest et à l'ouest du village. Le secteur est très dur, il faut l'organiser défensivement sous des bombardements journaliers; le manque de voies de communications, le mauvais état des pistes où hommes de corvée et voitures s'enlisent constamment, ainsi que celui non moins défectueux des boyaux remplis d'eau et de boue, rendent les ravitaillements de toute nature très difficiles, souvent impossibles. Cette période d'hiver sera pour le régiment une des plus dures de la guerre.

 

Le 21 février, le 62ème quitte la Champagne et se dirige sur le camp de Mailly. Le repos au camp est de courte durée, les Allemands ont déclenché le même jour  leur grande offensive contre Verdun. Les divisions françaises transportées en autos arrivent par la «voie sacrée». Aussitôt débarquées, elles se jettent dans la mêlée furieuse, car il faut coûte que coûte, arrêter les masses ennemies qui, disposant de moyens formidables, mettent tout en œuvre pour prendre la forteresse tant convoitée. Le 6 mars, le régiment est alerté. Le 7 mars, il s'embarque en chemin de fer et débarque le même jour à Valmy, puis il se porte par étapes sur Evres où il arrive le 25. Le 28 mars, à 7h., le régiment est embarqué en autos pour Verdun où il arrive dans la soirée. Les officiers vont dans la même nuit faire la reconnaissance du secteur. La division, qui fait partie du groupement du général Guillaumat, doit occuper le secteur au nord-est de Verdun. Sa mission est celle de ses devancières: il faut arrêter l'ennemi. 

Dans la nuit du 17 au 18 avril, le 2ème bataillon (commandant Bassaut) relève le 1er bataillon (commandant Verjux).

 

 

Après la relève, le 1er bataillon reçoit l'ordre du général Bouyssou, commandant la 22ème D.I., de se rassembler immédiatement vers la Chatinière (près de la redoute de Thiaumont) et de prononcer, dès qu'il sera rassemblé, une contre-attaque pour reprendre la tranchée longeant le ravin de la Couleuvre. Le bataillon, qui a terminé sa relève à minuit, contre-attaque à 2h., mais il ne peut réussir à s'emparer de l'objectif qui lui a été assigné. Les 1er et 2ème bataillons restent sur leur position jusqu'à la relève. Les éléments restant du 3ème bataillon du 62ème et d'un bataillon du 118ème forment un groupement qui est chargé de tenir les positions de l'extrême droite du dispositif de la division.

Pendant les journées des 18 et 19 avril, nos mitrailleuses appuient les contre-attaques partielles exécutées par le 116ème R.I. Pendant les trois journées des 17,18 et 19, l'artillerie ennemie ne cesse de bombarder nos lignes et de harceler nos arrières rendant tout ravitaillement impossible.

 

Dans la nuit du 21 au 22 avril, le régiment est relevé. Pendant cette période, le 62ème a occupé dans des conditions très difficiles un secteur où il n'y avait pas ou peu de tranchées, aux abris inexistants, au sol extrêmement dur à travailler, où les tirs de harcèlement rendaient souvent tout ravitaillement impossible. Sous des bombardements très violents et continus, il a subi, chaque jour, des pertes sévères. Malgré ces dures conditions, pendant 22 jours consécutifs, il s'est accroché au terrain, ne cédant que pas à pas, et après l'avoir fait payer chèrement à l’ennemi. Le 62ème, comme tant d'autres régiments qui se sont sacrifiés, aura pris une part glorieuse dans la défense de Verdun, «la ville inviolée».

Dans la nuit du 3 au 4 novembre, les 2ème et 1er bataillons, en formations accolées, se portent en avant pour atteindre une nouvelle ligne marquée par la piste partant du fort de Vaux. A 21h.30, les deux bataillons atteignent leur objectif et commencent immédiatement l'organisation de la position. Le 1er bataillon est à l'est du fort de Vaux. Dans la nuit du 5 au 6, le 3ème bataillon qui était en réserve de la D.I. relève un bataillon du 93ème R. I. dans le secteur de la Batterie et du village de Damloup. Les bataillons exécutent leur mouvement, les 5 et 6 nov. par un temps pluvieux et froid, sous un violent bombardement qui leur cause des pertes sérieuses. Malgré ces conditions défectueuses, et le harcèlement continuel de l'artillerie ennemie, le régiment réussit à remettre en état le terrain qui avait été complètement bouleversé.

 

Le général commandant la division félicite le 62ème pour l'organisation rapide qu'il a su créer dans un terrain difficile et dans des conditions particulièrement dures.

Le régiment reste dans le secteur de Vaux-Damloup jusqu'au 18 janv. 1917.

 

 

Auguste GOUZOU est blessé le 5 décembre par un éclat d'obus au bras et au flanc. Il est évacué sur l'ambulance 15/1 du secteur postal 83 (Dugny/Meuse)

 

Il y meurt  des suites de ses blessures le 9 décembre.

Dans la nuit du 29 au 30 mars, le régiment va relever le 162ème R.I. dans le secteur du bois Nawe, où se trouve le P.C. du colonel. Le 2ème bataillon, en 1ère ligne, a 2 compagnies en ligne avancée à l'ouest et à l'est du ravin du fond de Henrias, allant de Bras à Louvemont: la 5ème compagnie à l'est du ravin, la 8ème  à l'ouest sur les pentes de la cote du Poivre. Le 1er bataillon, en soutien du 116ème, est à notre droite. Le 3ème bataillon est en réserve de brigade, à la redoute de Froideterre. Le 31, l'ennemi bombarde continuellement nos lignes. A 14h.30, un avion allemand tombe sur la cote du Poivre.

 

Du 1er au 15 avril, l'artillerie ennemie se montre toujours très active; à certains moments elle bombarde violemment nos positions. Le 16 avril, les avions ennemis, en grand nombre, ne cessent de survoler nos lignes, et, souvent, à très faible hauteur. Dans la nuit, le 3ème bataillon va relever un bataillon du 19ème R.I., la relève est rendue difficile par le harcèlement continuel de l'artillerie allemande. Le 2ème bataillon, qui est aussi relevé, se rend à Froideterre pour remplacer le 3ème bataillon.

 

Le 17 avril, dès 4h., l'artillerie allemande déclenche un bombardement d'une violence extraordinaire par obus de tous calibres sur tout le terrain et particulièrement sur le nouveau secteur occupé par le 3ème bataillon. Toutes les communications téléphoniques et autres sont impossibles. Dès 7h., la plupart des tranchées sont nivelées, les défenses accessoires n'existent plus, des mitrailleuses sont hors d'usage, un grand nombre de fusils sont brisés, les fusées-signaux sont enterrées.  Vers 10h., l’infanterie ennemie se porte à l’attaque. Les fractions de 1ère ligne marchent en petites colonnes par un; elles sont fortes de 7 à 8 hommes, elles s'infiltrent en se portant de trous d'obus en trous d'obus. En arrière de ces petites colonnes marchent des sections en tirailleurs au coude à coude; les dernières sont aperçues lorsque les éléments d'infiltration ont déjà pénétré dans nos premières lignes. A ce moment, l'infanterie allemande est complètement arrêtée par le barrage de son artillerie qui n'a pas encore allongé son tir et qui lui fait subir des pertes sensibles. Ces pertes deviennent lourdes lorsque nos mitrailleuses, du bois Nawe, ouvrent le feu sur les fractions ennemies arrêtées par la trop longue instabilisation du barrage de leur artillerie. Ce n'est que vers 15h., que l'adversaire peut s'emparer de nos premières lignes qu'il ne pourra d'ailleurs dépasser, tant ont été sévères les pertes que lui ont fait subir nos mitrailleuses du bois Nawe.

 

La 2ème compagnie de mitrailleuses se distingue entre toutes. Le soldat Couquil, de cette compagnie, resté seul servant de sa pièce, tire sur l'ennemi jusqu'au moment où un éclat d'obus traverse la boîte de culasse: sur le point d'être fait prisonnier, il se dégage à la grenade et avec son mousqueton. Le sergent Poumier conserve le plus grand calme pendant le violent bombardement et maintient ses mitrailleurs à leurs emplacements de combat. Sur le point d'être cerné par l'ennemi, il réussit à lui échapper sous son feu, puis s'offre pour diriger une patrouille qui ramène dans nos lignes deux mitrailleuses hors d'usage et abandonnées à courte distance de l'ennemi.

 

Le fourrier Le Hideux, voyant que son commandant de compagnie n'a plus d'agent de liaison disponible, s'offre pour aller porter un renseignement urgent au chef de bataillon. Il est tué dans l'accomplissement de sa mission.

 

La 4ème compagnie résiste aussi magnifiquement malgré son encerclement sur la croupe Dame-Couleuvre et le ravin Bras-Douaumont. Vers 16h., une vingtaine d'hommes restant de cette  compagnie réussissent avec leur commandant de compagnie à se frayer un passage à la baïonnette à travers les groupes ennemis

Le 24 avril, le régiment cantonne à Trouville et Nançois-le-Petit. Le 26, il s'embarque à Ligny et se rend dans la région de Fère-en-Tardenois, où il reste jusqu'au 14 mai.

 

Le 15 mai, le régiment fait mouvement, et le 16 il relève, dans le secteur d'Hermonville (nord-ouest de Reims), le 238ème R.I. Le régiment reste dans ce secteur jusqu'au 7 sept.; il exécute pendant cette période de nombreux coups de main qui nous procurent des prisonniers. Dans la nuit du 7 au 8 sept., le régiment est relevé par le 415ème R.I., il va cantonner à Courcelles-Sapicourt et, quelques jours après, il arrive à Gland (région de Château-Thierry), où il reste jusqu'au 30 sept. .

 

 

Le 31 oct., le 62ème R.I. est embarqué en autos pour Verdun. Dans la nuit du 1er au 2 nov., le régiment relève le 299ème dans le secteur de Tavannes. Le 2ème bataillon en 1ère ligne dans le secteur de la Horne, sud du fort de Vaux. Le 1er bataillon en réserve de brigade, à la sortie du tunnel de Tavannes. Le 3ème bataillon reste à Haudainville en réserve de division


La ligne de front se situait au début décembre 1916,  parallèlement à la D24  et à l'est de Damloup

Le caporal Auguste GOUZOU est décédé des suites de ses blessures (un éclat d'obus ayant touché le bras et le flanc) au sein de l'ambulance 15/1 dans le secteur postal 83 - Dugny/Meuse (Meuse)

 

Son acte de décès a été transcrit le 9 mai 1917 dans les registres de la commune de Carcassonne.

 

Après la guerre son corps a été transféré à Carcassonne.

Il est inhumé dans le carré militaire du cimetière Saint-Michel de Carcassonne   carré n°19   tombe n°84