Jean Joseph IZARD (1897 / 1917)

marsouin en 1915

   et en 1917

Fils de Guillaume Antoine et de Baptistine BONNET, Jean Joseph IZARD est né le 27 décembre 1897 à Trèbes (Aude).

 

Lorsqu’il est convoqué devant la commission de recrutement vers mai 1915, il a 17 ans et demi, il exerce la profession de cultivateur et réside avec ses parents à Capendu.

 

Son n° matricule est le 679/Narbonne, il est classé « bon pour le service armé » 

Section du 24° R.I.C. en formation à Perpignan

4ème RIC Caserne Bazeille Quartier du Mourillon à Toulon    


 

Il est incorporé le 10 janvier 1916, pour une période de formation au 24ème Régiment d’Infanterie Coloniale (RIC) qui est stationné à Perpignan (Pyrénées orientales).

 

 

Après ces mois de caserne, il est affecté au dépôt du 4ème Régiment d’infanterie Coloniale, le 8 septembre 1916, à Toulon. Le 4ème R.I.C est le frère du 24ème; celui ayant créé par dédoublement du 4ème. Le 4ème RIC appartient à la 2ème division d’infanterie coloniale. Il y passe encore deux mois, sans rejoindre le front, mais lorsque le 4ème RIC est affecté à la 16ème D.I.C pour créer l’armée d’Orient; Joseph est orienté vers un nouveau régiment. Présente-t-il des soucis de santé ?


Jean Joseph IZARD est alors affecté au 1er Régiment d’infanterie Coloniale du Maroc (1er bataillon) le 7 novembre 1916. Il rejoint le R.I.C.M., alors que celui-ci se trouve engagé dans la bataille de Verdun.

 

Le 1er RICM est l’héritier d’une longue tradition de régiment d’infanterie de Marine (depuis Richelieu), né à Rabat au Maroc au début du mois d'août 1914 sous l'appellation de 1er Régiment Mixte d'Infanterie Coloniale. En décembre, il devient le 1er Régiment de Marche d'Infanterie Coloniale. Le RICM, Régiment d'Infanterie Coloniale du Maroc est officiellement crée le 9 juin 1915.

 

Sous ses différentes appelations, composé principalement de soldats des différentes régions continentales, débarqué à Cette (Sète) le 17 août 1914, il s’est déjà illustré dans de nombreux combats et plus particu-lièrement, alors qu’il est partie prenante de la 28ème division d’infanterie, dans la bataille de Mametz (Somme) en décembre 1914, où 25 officiers et 745 soldats sont tués et où il reçoit sa première citation. En avril 1915, il a été l’un des premiers régiment confronté aux gaz. II perd 1041 soldats (tués ou blessés) dont 30 officiers. Engagé dans la bataille de Verdun en juin 1916, il participe à la bataille de la côte 304 en juillet et à le reprise du village de Fleury en août pour laquelle il reçoit sa seconde citation. Là encore les pertes sont considérables.

 

Jean Joseph apprend, à son arrivée, que le 1er RICM a réalisé l’exploit de rependre le fort de Douaumont le 24 octobre. Il en entend la description lyrique de l’auteur de l’historique: « Le terrain était détrempé par les pluies, les boyaux et tranchées parsemés de mares fangeuses ou les hommes s’enlisent. Sous un ciel gris, le terrain affreusement marmité offre l'aspect d'un paysage lunaire, tandis que sans discontinuer la canonnade fait rage. Hypnotisés par la vue du fort qu'il s'agit d`arracher et qui apparait imposant dans les éclaircies de brume, les marsouins attendent impa-tiemment l'heure de l’attaque générale. Le 24, un premier combat s’engage pour repousser l’ennemi qui a pris pied dans la tranchée de 1ère ligne. A 11h40, au signal, le 4ème bataillon se dresse hors des parapets glissants et s’enfonce dans le brouillard et la boue. Le spectacle est impressionnant. Au milieu du crépitement des mitrailleuses, des éclatements de grenades, des silhouettes d'hommes apparaissent en files, chargeant dans la brume et brisant les résis-tances acharnées des groupes ennemis. Après une progression de plus d'un km, le 4ème bataillon atteint son objectif. 2/5ème de son effectif sont hors de combat

A 14 h commence la 2ème phase de la manœuvre. Le 1er bataillon doit contourner le fort de Douaumont à droite, le 8ème bataillon l’aborder de front. Les patrouilles de tête arrivent sur les fossés, au moment où le rideau de brouillard se déchire. 

Profitant de l’ahurissement de la garnison, la compagnie de tête du 1er bataillon malgré le chaos du terrain s’établit sur les superstructures du fort qu'il franchit dès que le 8ème bataillon est en position d'abordage. Indifférents au pilonnage de l’artillerie adverse, fusiliers, grenadiers, lance-flammes ont bientôt fait d’annihiler les nids de résistance. Un avion aux couleurs tricolores plane au-dessus de Douaumont, consacrant la victoire.


A 19 h commence l’attaque du sous-sol qui s’achève à 20 h par la reddition du commandant du fort et de nombreux prisonniers. La forteresse est entièrement entre les mains des marsouins et sa nouvelle garnison ne lâchera pas sa proie.»

 

Le fort est lourdement bombardé dans les jours qui suivent mais reste aux mains du régiment    


Cette victoire lui vaudra la croix de la Légion d’honneur avec palme. Cette victoire a aussi entrainé la perte de 852 tués ou blessés, dont 23 officiers. Le régiment est exsangue. Il est mis au repos à partir du 31 octobre 1916 dans le secteur Lavincourt/Stainville. Jean Joseph arrive soit le 9 novembre avec un détachement de 550 hommes, soit le 11 novembre avec un groupe de 94 hommes, dans ce contexte, sans doute peu rassurant.    

Le 16 janvier 1917, le R. I. C. M. quitte le secteur et il est rattaché à la VIème armée qui, au début du printemps, doit prononcer une attaque de large envergure.

 

Le 3 février après un long déplacement à pied le régiment cantonne entre Citry et Bussières, au sud de Nanteuil. Le 24 février, le 1er bataillon se rend à Vassogne et à Creute de Champagne, puis quitte ce secteur.

 

Après de longues marches l’ensemble du régiment cantonne les 10 et 11 avril à Ville Savoye; le 14 avril, il est à Perles. Le 15, il traverse l’Aisne entre Prayères et Oeuilly puis marche jusqu’à Cuissy et Gény.

 

Le 16 avril le régiment marche sur le ravin de Moulins, puis reçoit un contre-ordre, et un nouvel ordre de marcher sur les pentes sud de la côte 177 et d’occuper les “creutes marocaines”. Le 17, le 1er bataillon va occuper le “village-nègre” près de Vassogne

 

Le régiment attend l’ordre d’exploiter la percée que l’attaque du 16 devait ouvrir. L’échec partiel de celle-ci le conduit à un rôle moins brillant. Il lui échoie de défendre les positions organisées par les Français suite aux victoires locales partielles sur la crête qui sépare l'Ailette de l'Aisne. Il est pour le haut-commandement de la plus haute importance de conserver ces avancées précieuses où nos troupes pourront trouver des places d'armes propices à une offensive ultérieure. Le R.I.C.M. s'y emploie sans répit, notamment dans d'incessants combats à la grenade. Malgré les pertes qu'il inflige aux marsouins, l'ennemi ne peut entamer les tranchées du plateau d'Ailles, qui sont âprement défendues.

 

Les positions étant consolidées, le commandement demande, le 6 mai, au régiment d'enlever l’éperon du Monument qui menace les anciennes tranchées prises aux Allemands à Hurtebise. Après une marche d'approche en plein jour de plusieurs kilomètres, le 1er bataillon (celui de Jean Joseph) chargé de l'opération arrive à 17 h dans le parallèle de départ. Un dépôt de grenades incendiaires et offensives qui s'y trouve éclate en ce moment, causant la mort affreuse d'une trentaine d'hommes. L'horreur du spectacle n'arrête pas les compagnies, qui, officiers en tête, se ruent sur les grenadiers prussiens, défenseurs du Monument, et les bousculent. Sans trêve, pendant 3 jours, les marsouins luttent un contre quatre.     

 

 

 

Monument élevé en souvenir de la bataille de Craonne (1814)>>>>

La délivrance des forts affermit la position de Verdun, mais doit cependant être complétée par l’élargis-sement du cercle de fer qui les entoure.

 

Le 11 décembre le régiment est amené à la citadelle de Verdun. Il va participer à une nouvelle bataille qui va clôturer la série des combats qui se sont déroulés pour la défense du principal pilier angulaire de notre ligne de résistance du front Nord-Est. C’est le baptême du feu pour Jean Joseph. L’objectif des marsouins est d’attaquer le ravin d’Heurias, adossé à la fameuse cote du Poivre et de s’emparer du village de Louvemont.


Le 15, à 10 h, les 4ème et 8ème bataillons, suivis par le 1er bataillon en 2ème ligne (par chance celui de Jean Joseph) s’élancent à l’assaut dans une boue argileuse sans se laisser arrêter par les feux de mitrailleuses. Devant le camp d'Heurias, qui ne communique avec Louvemont que par un col étroit garni de tranchées et de fils de fer, la lutte est violente. Un  commandant y trouve la mort. Le 4ème bataillon, à gauche, déborde audacieu-sement le col et enlève au pas de course le village qui est entièrement conquis à 11 h.

 

A 13 h, le 1er bataillon pousse en avant. A droite, les batteries atteintes sont détruites par une compagnie, tandis qu’au nord-ouest une contre-attaque allemande est arrêtée net.

 

Le régiment a perdu 765 hommes tués ou blesses, dont 23 officiers, a capturé 815 prisonniers valides, 23 mitrailleuses et pris ou détruit 26 canons et un nombreux matériel. Il est de nouveau décoré.

 

Le 20 décembre le régiment quitte le secteur et mis au repos entre Villers le sec, Longeaux et Ménaucourt.

 

Le 5 janvier, il est mis à l’instruction au camp de Gondrecourt.    


 

 

 

Jean Joseph IZARD est considéré disparu au combat dans le secteur d’Hurtebise (Bouconville-Vauclair)-Aisne) le 6 mai 1917. Il n’a pas encore 20 ans. Est-il tué dans l’explosion du dépôt de grenades, ou dans les combats de cette journée ? le JMO n’en fait pas état.

 

Sa famille devra attendre le 8 février 1918, pour recevoir un avis officiel.

 

Son décès est confirmé par un jugement du tribunal de Carcassonne en date du 22 septembre 1921, jugement transcrit dans les registres d’état-civil de la commune de Capendu à la date du 12 octobre 1921    



Extrait du J.M.O. du 1er R.I.C.M.