Pierre Emile ROUQUET (1889/1917)

 

 

marsouin en 1915

marsouin en 1917

Pierre ROUQUET, fils de Germain, (dit François) et de Marie Catherine Germaine GACHES est né le 10 mars 1889 à Azille (Aude).

 

Azille est une commune du Minervois, située à une trentaine de kilomètres à l'est de Carcassonne. Elle comptait environ 2000 habitants en 1911.

 

Lors du conseil de révision de sa classe, vers septembre 1909, à Capendu, son n° matricule au recrutement est le 8 / Narbonne. Il exerce à cette date le métier de cultivateur et réside à Trèbes avec ses parents depuis 1905 où ils sont ouvriers agricoles chez M. Alaux (Domaine de PY).

 

Pour des raisons de faiblesse généralisée, il est ajourné en 1910 et exempté en 1911 du service militaire.

 

Il se marie le 3 avril 1913, à Trèbes, avec Adrienne CLAUSTRE, d’où est né un enfant Edouard François.

 

Il décède le 21 juillet 1917, à l'âge de 28 ans, à Verria en Grèce.


Après la mobilisation, l’armée manquant de soldats, il est convoqué malgré sa santé fragile ddevant le conseil de révision le 11 décembre 1914. A l’issue de cette visite, il est déclaré apte et affecté au 24ème R.I.C. Il est appelé le 25 février 1915 et rejoint ce régiment à son dépôt à Perpignan.

 

Après une période de formation, il rejoint son régiment probablement en juin, en Picardie.

 

Le 7 juin, le régiment quitte la Champagne pour la Picardie où le G.A.C. sera jusqu'au 14 juillet en réserve de groupe d'Armées. Puis après avoir séjourné du 14 au 22 juillet dans la région d'Epernay, le régiment est ramené en Champagne Pouilleuse dans la région (Massiges) qu'il a déjà occupée. Avant l'offensive de septembre, le 24ème sera employé d'abord à creuser des boyaux dans le secteur du 16ème C.A., en vue de l'offensive, sur 7 kilomètres de profondeur en arrière des premières lignes. Puis, il ira à nouveau occuper à partir du 13 août le secteur de la côte 180, où il préparera le terrain en vue de l'offensive. 

 

Le 25 septembre, la mission du régiment est la suivante: le 3ème bataillon doit attaquer entre le 22ème et le 8ème R.I.C., établissant la liaison entre les attaques de ces deux régiments. Le colonel avec 2 bataillons est en réserve de Division. 

 

A 9 h. 15, heure fixée pour l'attaque, la 2ème D.I.C. s'élance à l'assaut de la Main de Massiges: le départ est impressionnant; les unités partent à l'attaque dans un ordre parfait qui subsistera jusqu'au moment où elles aborderont les pentes abruptes et fortement ravinées de la Main de Massiges, où la progression sera extrêmement difficile et où des mitrailleuses, parfaitement abritées, leur causeront des pertes sévères. 

Dès 16 h, le 2ème bataillon est engagé à son tour pour établir la liaison de la 6ème B.I.C. avec le C.A. de gauche et enlève le mamelon dit : « Le Pouce de la Main de Massiges ». Pierre Émile est blessé lors de cette journée (une plaie à la jambe droite par balle). il est évacué.

 

Le 26 septembre, le 24ème R.I.C. qui a relevé sur «l'Index» le 22ème R.I.C. épuisé par une lutte très dure, entame sur tout son front un combat à la grenade qui se poursuivra acharné jusqu'à 15 h: à ce moment, l'ennemi, affaibli au cours de nombreux corps à corps, débordé, lâche pied, et s'enfuit en désordre,, poursuivi par nos troupes enthousiastes et laisse entre nos mains 150 prisonniers, dont 3 officiers et 2 canons de 77. La poursuite amène nos premiers éléments jusqu'à la côte 199 (mont Têtu) mais la nuit vient arrêter nos progrès.

 

Vu de la Main de Massiges

assaut du 25 septembre

Tri des blessés du 25 septembre


un moment de répit

 

Le 13 octobre, le régiment prend position devant Medzidli. Le 14 octobre, les groupes Gœtz et Savin donnent l'assaut du village. Mais l'histoire du 6 octobre se réédite. 

La préparation d'artillerie a, de nouveau, été insuffisante, le réseau ennemi est encore intact, les feux d'infanterie et d'artillerie sont aussi nourris et l'attaque échoue une seconde fois en causant de lourdes pertes. Dans la nuit du 13 au 14, le régiment se porte devant Kénali pour reprendre l'attaque sur ce point, mais une pluie persistante empêche l'opération. Le régiment, dans la nuit du 20 au 21 octobre, est relevé. Il cantonne à Resna les 21 et 22 octobre. 

Les pertes s'élèvent à 277 blessés dont 6 officiers, 27 tués dont 1 officier.

 

Le régiment est mis à la disposition de l'armée serbe, il vient bivouaquer près de Kremian. Le 26 octobre deux groupes ont pour mission d'appuyer l'attaque des divisions serbes de la Morava et du Vardar, et de suivre leur mouvement en avant si elles viennent à progresser. Mais les tenaces efforts de nos Alliés, accomplis du 27 au 30 octobre, ne parviennent pas à briser la résistance bulgare. Une période de pluie persistante arrête l'offensive. 

L'attaque générale est reprise le 14 novembre. Le groupe Morand, bataillon de soutien du 56ème R.I.C., intervient pour repousser à la baïonnette une contre-attaque bulgare qui se produit sur notre flanc droit. 

Le groupe Savin est bataillon d'assaut du 54ème R.I.C. 

La 23ème compagnie, qui constitue la première vague, arrive jusqu'à la position ennemie et, encore une fois, se heurte à des réseaux intacts et à de violents feux de mousqueterie, de mitrailleuses, de grenades et d'artillerie. Notre attaque échoue. Les hommes se maintiennent dans des trous d'obus, devant le réseau ennemi, et rejoignent le bataillon à la tombée de la nuit. 

Le groupe Gœtz, bataillon de réserve du 34ème R.I.C., ne participe pas effectivement à l'attaque. 

Un détachement, commandé par le lieutenant Garron et le sous-lieutenant Marchis, composé de la 21ème compagnie, de deux sections de la 30ème compagnie de Mitrailleurs, de quatre sapeurs et de quatre téléphonistes de la C.H.R. et d'une section de pontonniers serbes, sous les ordres du lieutenant Radotchich, est chargé d'opérer une diversion dans la presqu'île formée par le confluent de la Cerna et de la Sakuleva. Le passage de la Cerna s'effectue en barque sans incidents, près de Gardilovo. Par une marche rapide, le détachement gagne la position ennemie, la prend à revers, en chasse les défenseurs, détruit les réseaux et bouleverse les tranchées, puis, sa mission terminée, rejoint Brod en ramenant du matériel t ennemi, ses morts et ses blessés. Pour ce bel exploit, la ire compagnie et les deux sections de la 30e C. M. obtiennent une citation à l'ordre de l'Armée et le lieutenant Garron, blessé grièvement, est décoré de la Légion d'honneur. 

Notre attaque amène la retraite bulgare pendant la nuit du 14 au 15. La poursuite recommence. Le régiment se reforme et vient prendre position au pied de la falaise située au sud-est de Negotin où il -subit un violent bombardement, le 17 novembre. 

Un nouveau recul bulgare se produit dans la nuit du 18 au 19 novembre; l'ennemi se replie sur la ligne Dobromir-cote 1050. Le régiment se porte alors sur le mamelon de la Chapelle de Biljanik, puis au nord de la Suha. Les tenaces attaques des Serbes, des Russes et des Français sur la cote 1050 restant stériles, nous organisons le terrain conquis dans la plaine et sur le versant ouest de la cote 1050. Le régiment, relevé dans la nuit du 28 au 29 par un bataillon italien, bivouaque près de Vranovci le 29 décembre, à Kenali le 30 et à Zabjani le 31. Les pertes s'élèvent à 195 blessés dont 8 officiers, et 44 tués dont 3 officiers.

 

Pendant cette période, le régiment subit de dures fatigues. La poursuite de l'ennemi impose au combattant des combats fréquents et des marches continuelles; l'organisation du terrain conquis l'oblige à des travaux incessants et pénibles. Le manque de bonne route rend la circulation difficile. Cette région aride n'est desservie que par de mauvaises pistes inaccessibles aux autos et aux voitures, coupées fréquemment de ruisseaux qu'il faut traverser à gué. Le ravitaillement se fait à dos de mulet et l'évacuation des blessés et malades en cacolets. 

La faiblesse des effectifs ne permet d'accorder aux troupes que de courts repos pendant lesquels le régiment bivouaque dans quelque ravin, généralement dépourvu d'eau, où la toile de tente ne constitue qu'un abri très imparfait en cette saison de pluies abondantes et de froids rigoureux.

Après avoir été évacué, comme beaucoup de ses congénères au cours du mois de juillet, Pierre Émile ROUQUET décède le 21 juillet 1917, d’une maladie (paludisme) contractée en service, dans les locaux de l’ambulance 10/10 de Verria (Macédoine – Grèce) dans laquelle il est hospitalisé, il a 28 ans.

 

 

Inhumé d'abord dans le cimetière de Verria qui a été supprimé, les dépouilles ayant été transférées dans la nécropole de Zeitenlick (à quelques kilomètres au Nord-Ouest de Salonique. L'endroit s'appelle aujourd'hui Stavroupoli et se trouve dans la banlieue de Thessalonique).    Il repose dans la tombe individuelle n° 3780. Créé en 1919,la nécropole regroupe des tombes des alliés de la Première guerre mondiale. Il comprend un carré militaire français (avec une chapelle, un monument commémoratif et un bâtiment administratif où sont conservés les registres  Français : 8089   Inconnus du carré Français : 208

 

Son acte de décès est retranscrit dans les registres d'état-civil de la commune de Pennautier (Aude)où sa femme s'est probablement réfugiée, à la date du 31 décembre 1917.

 

 

Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Trèbes         >>>>>>>>>

et de Laure-Minervois

 

Après convalescence, il reprend du service le 26 septembre 1916 au dépôt intermédiaire de la 11ème D.I.C. .Il est probable qu'il reste au dépôt

 

 

Le 35ème R.I.C auquel sera affecté Pierre Émile appartient 21ème brigade mixte coloniale. Ce régiment est rattaché administrativement au 5° RIC. Il  embarqué le 2 septembre 1916 à Toulon à bord du "Burdigala" et du "Mustapha II". Après une traversée de 5 jours, accomplie par mer calme et sans incident, le régiment débarque à Salonique le 8 septembre et bivouaque au camp de Zeitenlik jusqu'au 19 septembre.  Il devient corps mixte du type alpin. Son effectif est de 50 officiers, 220 sous-officiers français, 34 sous-officiers sénégalais, 200 caporaux français, 56 caporaux sénégalais, 1.584 soldats français, 724 tirailleurs sénégalais, 58 chevaux de selle, 47 chevaux de trait, 535 mulets de bât, 12 cuisines roulantes, 3 arabas à viande, 4 voitures médicales, 2 arabas pour le matériel, 24 mitrailleuses Saint-Etienne et 48 fusils-mitrailleurs. 

 

A partir du 20 septembre, le régiment, par étapes, se rend à Florina. Il bivouaque à Samli le 20 septembre, au carrefour des routes de Verria et de Vodena le 21, à Yenidze-Vardar le 22, à Vertekop les 23 et 24, à Vladovo le 25, à Ostrovo le 26, à Banika le 27, dans le ravin de Vrtnom du 28 septembre au 1er octobre, et à Mahala le 2 octobre. 

 

Du 3 au 12 Octobre 1916, le régiment participe alors à des d'opérations qui aboutissent à la prise de Monastir. Dans la nuit du 2 au 3 octobre, le 6ème bataillon prend position sur les hauteurs au nord de Florina; le 5ème bataillon demeure en réserve dans la ville. A l'aube, des patrouilles signalent l'évacuation des tranchées ennemies. La poursuite commence aussitôt. Pendant la nuit, les Bulgares se sont retirés à la frontière gréco-serbe. Nous reprenons le contact le 4 octobre dans la vallée de Gradesnica, dont ils tiennent solidement les pentes nord. Deux tentatives contre les tranchées bulgares les 4 et 5 octobre échouent et  causent des pertes. 

Le 6 octobre, le 5ème bataillon attaque vigoureusement les positions ennemies, mais son élan vient se briser contre des réseaux qu'une préparation d'artillerie insuffisante a laissés intacts. Soumis à un violent tir de mousqueterie et de mitrailleuses, à un bombardement intense, il se replie sur les pentes sud de la vallée et les organise jusqu'au 8 octobre. 

 

Le régiment, relevé, bivouaque à Kladerop les 9 et 10 octobre et cantonne à Rosna les 11 et 12 octobre. Les pertes, qui sont sensibles, s'élèvent à 210 blessés dont 8 officiers, et 48 tués dont 2 officiers.

 

Depuis le 1er janvier 1917, le régiment est affecté à la défense du secteur de la boucle du Dragor, avec le repos à Kanina, Velusina, Obstrina et Butisa. Ce secteur a toujours été très calme. A noter cependant la participation du 5ème bataillon à l'attaque des mamelons est de la cote 1248, le 16 mai 1917. Mis à la disposition de la 113ème brigade d'infanterie, le 5ème bataillon est chargé d'appuyer l'attaque secondaire d'un groupe léger de cavalerie, l'attaque principale étant faite par le 34ème R.I.C. Sa progression est gênée par un violent tir de barrage de tous calibres qui lui cause de lourdes pertes (12 tués dont 1 officier, 109 blessés dont 10 officiers, 5 disparus, sur un effectif de 13 officiers et 315 combattants); néanmoins, il arrête, avec ses mitrailleuses installées en terrain découvert, une violente contre-attaque bulgare, et tente à 3 reprises, mais en vain, de conquérir le sommet d'un des mamelons et le col avoisinant. 

 

Le 10 mai 1917, Pierre Émile est affecté au 5ème bataillon du 35ème RIC. A-t-il participé à cette bataille ?

 

Le plaine de Monastir, plus riche et mieux cultivée que celle de la boucle de la Cerna, est également mieux partagée au point de vue de la facilité des communications. Grâce au labeur incessant du génie, les anciennes routes et pistes ont été améliorées, de nouveaux chemins ont été créés, des ponts et des passerelles ont été réparés ou construits; le service des eaux a capté les sources de la montagne et a aménagé, un peu partout, des fontaines, des lavabos, des lavoirs et des abreuvoirs. Une ligne de chemin de fer à voie unique et normale relie Salonique à Monastir. La plaine est desservie par deux belles routes (celle de Monastir à Salonique et celle dite « du Pied des Pentes », de Monastir à Florina) et par de nombreuse places bien entretenues. Les arabas, les camions et les ambulances automobiles circulent aisément et facilitent les ravitaillements et l'évacuation des blessés et malades. 

 

Mais l'été macédonien, avec ses journées brûlàntes et ses nuits plutôt fraîches, constitue un ennemi redoutable. La nature marécageuse des rives de la Cerna, qui abritent de véritables nuées de moustiques, est propice à l'éclosion et à la propagation du paludisme; les maladies causent plus de pertes que le feu des Bulgares. 

 

Du 26 mai au 1er juillet, rien d'important à signaler, sauf quelques permutations de compagnies. Dans la nuit du 5 au 6 juillet, un bataillon du 44ème R.I.C relève le 5ème bataillon dans le Camp retranché Tumulus. Czkrikci et Pozdès deviennent alors les cantonnements du 5ème bataillon. 

Dans la nuit du 6 au 7, la relève continue dans le Camp retranché Ougarie. La 3ème compagnie du 6ème bataillon se porte à l'arrière vers Kanina, en réserve de division. 

 

Depuis son arrivée en Orient et jusqu'au 1er septembre 1917, le régiment a perdu 133 tués, 784 blessés et 1.105 évacués pour maladies: paludisme, ictère et dyssenterie surtout. Pierre Émile ROUQUET est de ceux-là.

 

L'effectif du régiment qui, à son départ de Salonique, était de 50 officiers et 2.004 hommes de troupe, est tombé, au 1er septembre 1917, à 28 officiers et 1264 hommes de troupe. 

NN de Zeitlenlick ( Thessalonique - Grèce