Henri Marie de DUFAU 1893 / 1916

Henri de DUFAU au début de l'année 1915

Marie Nativité Alphonse Paul Henri, dit Henri, est le fils de Joseph Pierre Louis, avocat, domicilié à Toulouse et de Marie Thérèse d’ANDRE. C'est le petit-fils d’Auguste Paul d’ANDRE, ancien maire de Trèbes. Il est né le 8 septembre 1893 à Biarritz (Château des Falaises) – Basses-Pyrénées (Pyrénées-atlantiques.

 

Lors du Conseil de révision qu’il effectue à Toulouse, il est étudiant en sciences et est dit exercer le métier d‘Ingénieur, en 1914. Il n’a que 21 ans.

 

Son n° matricule au recrutement est le cl. 1913 1267 / Toulouse, il a été déclaré apte au service armé.

 

Il réside à Toulouse, 3 rue Tolosane en 1914, probablement chez ses parents et il est célibataire.

 

Il décède le 6 avril 1916 à Haucourt (Commune de Malancourt 55313).

 

Il est affecté en tant que soldat de 2ème cl. au 7ème  Régiment d’infanterie, stationné à Cahors, le 10 août 1914. Il arrive au corps le 11 août. Après une courte formation, il rejoint le front. Ce régiment fait partie de la 65ème Brigade d’Infanterie 33ème Division d’Infanterie 17ème Corps d'Armée. Il est constitué de 3 bataillons.   


Après une marche d’approche de la 33ème DI de Suippes vers les Ardennes, par Grandpré et Mouzon, du 11 au 21 août, la 65ème BI, qui était en réserve, le 22 à 16h, prend position sur les hauteurs, au nord de Bertrix. Le mouvement s'effectue dans un grand désordre car cette montée au front se heurte simultanément aux nombreux débris de troupes qui se replient. L'offensive manque de cohésion mais se con-crétise tout de même par un déploiement des troupes des 7ème et 9ème R.I. au-delà des bois jouxtant la voie ferrée. Hélas, forts de leur succès à la lisière sud à la forêt de Luchy, les Allemands ont rapidement avancé des pièces d'artillerie et leur infanterie sur les hauteurs au nord de Bertrix et repoussent définitivement les Français au-delà de la voie ferrée. Ceux-ci tentent bien de se rétablir, mais le cœur n'y est plus et le désordre est trop important. Le repli par Bouillon et Herbeumont s'impose. Les pertes pour ce baptême du feu sont de 10 morts, 60 blessés et 617 disparus ?

 

Puis après un repli sur Bouillon et Mouzon, la division s’organise derrière la Meuse et tente d’arrêter les allemands lors du combat de d’Autrecourt-et-Pourron, Pourron et Raucour. De nouveau contraint au repli, la division s’organise vers Dampierre, puis recule encore.

 

La division participe à la  bataille de la Marne (5 au 13 sept.) dans le secteur de la cote 211, de la ferme des Grandes Perthes, (au sud de Vitry-le-françois entre Sompuis et Saint-Chéron) puis pourchasse les allemands en retraite par Maisons en Champagne, Francheville, Somme-Tourbe, puis s’enterre face à eux dans le secteur de Mesnil les hurlus, Virginy, Beauséjour.    

 

Face à Perthes les hurlus, colline où sont retranchés les allemands


 

 Il rejoint alors le 9ème régiment d’infanterie (Agen), le régiment frère de la 65ème brigade, le 8 févier 1915.

 

A la fin du mois d’avril, ce régiment est déplacé et transporté en Artois, dans le secteur de Givenchy.

 

Tout le début du mois de mai le régiment participe à des travaux de «génie», puis à l’offensive d’Artois dans le secteur de Roclincourt.

 

Début juin le régiment cantonne à Arras, puis à Dainville et Berneville. Après avoir travailler tout l’été aux aménagements des tranchées, le régiment participe à partir du 25 septembre à une nouvelle offensive.    

 

Henri de DUFAU est affecté au 153ème régiment d’infanterie, le 16 mars 1916.    

Un détachement 90 hommes provenant du dépôt de Cahors rejoint le régiment le 9 octobre et sont affectés au 3ème bataillon. Henri est parmi eux. Il est nommé caporal le 21 octobre 1914.

 

Le régiment tient les tranchées au nord de Wargemoulin (bois de la Truie) et quand il n’est pas de garde cantonne à Wargemoulin.

 

Le 23 décembre le régiment participe avec la 33ème division à une offensive (commencée le 20) et participe à la prise des «tranchées brunes». 400 m de tranchées formidablement organisées, flanquées par des canons sous coupoles et des caponnières cuirassées, sont rapidement conquis par un bataillon du 20ème et du 1er bataillon du 7ème régiment d'infanterie, grâce à la précision du tir de préparation des groupes de l'artillerie divisionnaire de la 33ème division. Les tranchées conquises sont jonchées de cadavres. Toutes les contre-attaques allemandes se brisent.

Après ce beau succès, la 33ème division, avec 2 compagnies du 11ème régiment d'infanterie, enlève, le 24 décembre, les importantes positions du bois jaune et du bois des Moutons, et arrête toutes les contre-attaques des Allemands, malgré leur violence.

 

L’offensive qui dure jusqu’au 6 janvier aura réussi, à hauteur de la cote 200 et de Perthes-les-Hurlus, à reporter à plus de 2 km, au nord, notre première ligne. Sur tout le front de la 4ème armée, l'ennemi est tenu sous la menace d'une attaque. Néanmoins, pour ne pas épuiser les troupes, et aussi par manque de munitions, l'activité sur ce front va se borner jusqu'à fin janvier aux épisodes habituels de la guerre de tranchées bombardements, échanges de grenades et guerre de mines.

 

Le régiment attaque encore, du 9 et 12 janvier, les tranchées grises. Henri est nommé sergent le 19 janvier 1915. Le 23 janvier le régiment est relevé et va cantonner à l’arrière, à Bussy-le-Château.

 

Retour au front le 29 janvier, le 3ème bataillon est affecté dans le secteur de Perthes. Henri est nommé aspirant le 30 janvier. 


 

Historique du 153ème R.I.

Caserné à Toul (77ème B.I.; 39ème D.I.; 20ème C.A.) il était l'un des régiments d'élite du 20ème corps. Lancé, dès le début de la campagne, au cours de l’offensive du 19 août, en Lorraine, il dépasse Vie et Château-Salins, et pousse jusqu'au-delà d'Achin, près de Morhange. Contraint par la contre-attaque allemande de l'ennemi à se replier, il lutte pied à pied jusqu'au Grand-Couronné, qu'il atteint sans avoir laissé entamer son front.  Le 13 septembre, passant de nouveau à l'attaque, il enlève Drouville, stabilisant les Allemands sur ce front.

Dirigé sur la Picardie, le 153ème, déjà presque complètement renouvelé, est engagé le 25 septembre. Se déployant, "mieux qu'à l'exercice" dit le JMO, il s'empare de la Chavatte, qu'il organise et où il se maintient, malgré les contre-attaques, les 26 et 27 septembre. Il prend part en octobre aux combats de la Somme, où il enlève Fontaine-les-Cappy, et enraye l'avance allemande vers Fonquevillers-Hébuterne.

 

Le 153ème arrive en Belgique pour intervenir dans la bataille sur l'Yser. Il résiste, du 6 au 11 novembre, au Kemmel, aux efforts de l'ennemi, puis contribue, pendant tout l'hiver (cote 75, ferme et Spanbrocke en nov.), St Julien, N.O. de Langemarck (fin nov.) à la défense des tranchées boueuses d'Ypres.

 

 

Ramené en Artois, en avril 1915, il est lancé à l'attaque le 9 mai sur La Targette, le Bois de la Folie. Il enlève 3 lignes de tranchées, le hameau de Rietz et une partie du village de Neuville-Saint-Waast, capturant 350 prisonniers, mais aussi en perdant 2 000 hommes.

 

Quatre mois plus tard, c'est la bataille de Champagne. Le 25 septembre, le 153ème s'empare de 3 lignes ennemies, du réduit de Maisons-de-Champagne, et va jusqu'aux abords de Ripont.

 

 

Au début de l'offensive allemande de 1916, sur Verdun, le 153ème est jeté dans la bataille, dès le 25 février. Engagé entre le Calvaire de Douaumont et les carrières d'Hau-draumont (Froideterre, Bois Albain,…), il tient tête aux attaques. Le 9 mars, il contre-attaque en pleine nuit, dans la neige, et reprend sous un feu violent de mitrailleuses et des jets de liquides enflammés, le terrain perdu par des voisins, conservant le lendemain ses gains intacts. Il perd dans ses combats 1 200 hommes.

 

C’est pour combler les vides qu’un contingent, dont l’aspirant De Dufau est affecté au 153ème RI. Le 29 mars, à l'ouest de la Meuse, le bombardement est violent toute la journée sur les positions d’Avocourt jusqu'à Béthincourt. Les Allemands ont dé-clenché une forte attaque sur le front Haucourt-Malancourt. Ces va-gues successives d'assaut ont toutes été repoussées avec de fortes pertes grâce aux tirs de barrage et aux feux d'infanterie. Le 30 mars, un combat à la grenade permet aux français de progresser dans les boyaux ennemis au nord d'Avocourt. Après une intense préparation d'artillerie, le 153ème enlève la corne S.E. du bois d'Avocourt (300 m, ainsi que le réduit d'Avocourt). Toutes les contre-attaques allemandes échouent, laissant de fortes pertes.    

Au cours d'une attaque dirigée sur le village de Malancourt, les Allemands ont pris pied dans un ouvrage avancé et dans 2 maisons. Leurs tentatives, ont été finalement enrayées par l’ar-tillerie. Le bombardement continue sur tout le front d'Avocourt à Béthincourt. Le lendemain bombardement du bois de Malancourt L'ennemi renouvelle ses attaques et perd beaucoup d’hommes face au bois d'Avocourt. Le 1er avril, l'ennemi lance de nou-velles attaques contre le village de Malancourt. Après une lutte acharnée un bataillon évacue les ruines. Les ennemis sont fixés dans le village. Ils déclenchent de fortes attaques, mais sans résultat, sur le Mort-Homme. Le 3 avril, bombardement sur les positions du bois d'Avocourt. Le 4 avril, les batteries canonnent le bois d'Avocourt. Un blockhaus ennemi et un dépôt de munitions ont été détruits. Les Allemands lance une attaque entre Haucourt et Béthincourt sur la rive nord du ruisseau de Forges. Accueillies par surprise sous un feu violent, les troupes ennemies subissent des pertes importantes sans avoir combattu.     

 

Mercredi 5 avril, une nouvelle attaque enne-mie, est dirigée sur le village d'Hautcourt. Dans la soirée, le 153ème R.I. doit relever le 69ème dans ce secteur Hautcourt-Palavas, mais compte tenu de la situation, il n’est plus question de relève, mais de renfort. Jeudi 6 avril, l’attaque pour reprendre le hameau de Palavas, en débouchant de Peyroux, échoue compte tenu du feu des mitrailleuses et de l’artillerie qui fait de gros ravages, dont l’aspirant Henri de DUFAU, membre de la 2ème Cie. Le 153ème prend la relève, malgré l’importance des pertes. Le 7 avril, les Allemands après un bombardement d'une extrême violence entre Avocourt et Béthincourt, déclenchent des attaques à très gros effectifs. Toutes leurs tentatives contre le village de Béthincourt sont brisées. Au centre, après des échecs répétés et de sanglants sacrifices, ils ont pris pied dans le village d'Hautcourt. De notre côté, nous avons enlevé près du réduit d'Avocourt, une large portion de terrain dite le bois Carré et fait des prisonniers.

 

Henri De DUFAU disparaît lors de la défense du village d’Hautcourt, commune de  Malancourt, le 6 avril 1916, il n’a pas encore 23 ans.

 

Aucune sépulture n’est connue. Les autorités militaires ne semblent pas connaître son lieu de sépulture. A-t-il été abandonné sur le terrain, a-t-il été enseveli dans un bombar-dement, son corps n'a-t-il pas pu être identifié ? Comme beaucoup, son corps n'a probablement pas pu être ramené, puis oublié dans le no man's land entre les deux camps. Plus tard, s'il a été retrouvé, il n'a pu être identifié ou mal identifié et anonyme placé dans une fosse commune, un ossuaire, peut-être dans le cimetière de guerre dans les environs du champ de bataille. Il y a un DE FAU, sergent, sans prénom qui repose dans la tombe 2442 de la Nécropole nationale d’ESNE en Argonne. Peut-être une piste car il n’y a aucun DE FAU enregistré dans le site du SGA.

 

Son décès, confirmé par jugement déclaratif du tribunal de Toulouse en date du 17 octobre 1920,  est porté dans le registre d’Etat-civil de la commune de Toulouse, le 17 novembre 1920.

 

Son nom est gravé sur les Monuments aux morts de Coarraze (64), Biarritz (64) et de Trèbes (11).    

 

Mur du souvenir (avec une orthographe erronée) et plaque du monument aux morts de Trèbes


 

                  Monument aux Morts de Biarritz ^

 

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