Jacques SOUNIÉ 1898/1918

Fils d’Henry Jacques et de Baptistine AUDOUY, une trébéenne, mariés vers 1896 à ? (pas à Trèbes)Jacques Henri SOUNIÉ est né le 7 octobre 1898 à Trèbes, dans une habitation du domaine de Millepetit. Ses parents y sont cultivateurs.

 

Il passe son conseil de révision à Peyriac-Minervois vers septembre 1916. Son n° matricule est le 707 / Narbonne 1918. Il est déclaré «bon pour le service armé» A cette occasion, il déclare exercer le métier de cultivateur et résider chez ses parents à Saint-Frichoux (Aude).

 

Il sera mobilisé en mai 1917, il n’a pas encore 19 ans.

 

Il décède le 11 décembre 1918. Il vient tout juste d’avoir 20 ans.


 

 

Le 2 mai 1917, Jacques SOUNIÉ est dirigé vers le 23ème régiment d’artillerie de campagne (R.A.C.) qui est cantonné habituellement à Toulouse, caserne Cafarelli.

 

N'ayant pas encore reçu de formation militaire, les premiers mois sont consacrés à lui en inculquer une.

 

 

 

                                                  La cour de la caserne Caffarelli >>>>>>


 

 

 

A la fin de cette formation, il rejoint, avec les jeunes recrues du 23ème et des réservistes, le IIIème groupe du 223ème R.A.C. au front, dans la région de Reims le 9 mars 1918. Il n’y reste pas longtemps.

 

Car il est affecté au 176ème R.A.C. (c’est ce qui est indiqué sur sa fiche matricule, mais il n’y a jamais eu de 176ème, le 276ème, peut-être ?) le 25 mars 1918. Là encore son passage est de courte durée.


 

 

Jacques Henri SOUNIÉ est muté au 202ème RAC le 4 juin 1918, comme canonnier-conducteur à la 26ème batterie (IIème groupe) qui rentre d’Italie. Il la rejoint dans le secteur de Prosnes-Fort de Troyon (est de Reims).

 


 

A partir du 21 mai, la 64ème division avec le 202ème R.A.C. occupe la région de Pont-à-Mousson. C’est un secteur immense mais de tout repos: le 1er groupe est en position dans le bois Le Prêtre. Le IIème groupe est dans la forêt de Facq, devant la croupe du village de Sainte-Geneviève. Le IIIème groupe  au centre, tout près de Pont-à-Mousson; chaque groupe occupant un front de près de 8 km. Il participe à plusieurs coups de main dont les principaux sont ceux du 12 juillet sur la ferme Bel-Air et du 21 juillet sur la ferme de la Tuilerie. Le secteur est calme, mais le travail ne manque pas: les officiers doivent être familiarisés avec les nouvelles méthodes de tir, le déplacement repide des batteries. Chaque batterie est scindée en 2 sections occupant des emplacements différents, souvent même chaque pièce est indépendante, le travail d'aménagement est double. Une nouvelle organisation de défense de nos lignes sur une grande profondeur donne lieu à de nouveaux travaux et à de nouveaux déplacements, échelonnant l'infanterie et l'artillerie. Toutes les positions sont étudiées à fond, de manière à en permettre l'occupation rapide. La campagne est sillonnée de plaques indicatrices, repères de base. La division est relevée le 7 août par la 2ème division américaine. 

 

Le 202ème RAC s’embarque, le 11 août, pour Creil (Oise). L’armée allemande ne cherche plus ni Amiens, ni Calais, ni Paris, mais essaye d'écraser les forces alliées sur le front de la Champagne, en attaquant entre Château-Thierry et la Main de Massiges. L'échelonnement en profondeur expérimenté en Lorraine fait échouer cette tentative; l'ennemi, après un bombardement intensif, ne s'empare en première ligne que de petits postes sacrifiés à l'avance et trouve intact le gros de l’armée établi sur les secondes lignes. Pendant que nos armées tiennent ferme en Champagne, d’autres sauvent la partie par une attaque de flanc sur la poche allemande du Tardenois. Ils forcent les Allemands à abandonner la Marne, Château-Thierry et Soissons. Le 3 août, une offensive sur tout le front est lancée. Montdidier, le massif de Lassigny sont enlevés. L'armée de MANGIN attaque de son côté sur l'Ailette; c'est avec elle que la 64ème division doit prendre part à l'action.


 

Après 5 étapes de nuit par Pierrefonds, Montigny-Lengrain, Morsain, dans les villages détruits, pillés, regorgeant de troupes, le 202ème se met en  position dans la nuit du 23 au 24 août entre Epagny et Vezaponin. L’infanterie, poussée en ligne, aidée de tanks, progresse immédiatement vers la ferme Montécouvé et dans les bois de la Domaine. Renforcés par 3 autres régiments d’artillerie, elle est appuyée par un feu d'enfer; la voie du chemin de fer est atteinte. Les groupes alors changent de position et se portent dans les ravins de Bagneux et de Mareuil pour suivre la progression de l'infanterie. Les positions de batterie sont en rase campagne et soumises souvent au tir des batteries ennemies, au bombardement et au tir des mitrailleuses de l’aviation ennemie très entrepre-nante. Les hommes ont à souffrir des obus à ypérite et à gaz toxiques; et ils sont nombreux à être évacués. Le manque de renfort oblige le reste du personnel à un supplément de travail considérable. On a été obligé d'installer des ambulances et des P. C., dans des grottes immenses insalubres, où dorment pêle-mêle soldats de toutes armes ! Les ravitaillements sont des plus pénibles. Le 202ème R.A.C. appuie dans sa progression les groupe de bataillons de chasseurs de la 66ème D.I. qui opèrent au sud de la 64ème division entre Montécouvé et Juvigny, les barrages roulants font merveille devant les chasseurs. Le 1er septembre, le IIIème groupe prend position au Nord de Juvigny; l’infanterie avance vers l'Ailette, prend Bétancourt et Leuilly. Le 2 septembre, les batteries sont installées batterie sur les plateaux de Montécouvé et de Leuilly pour continuer à appuyer la marche de l'infanterie vers l'Ailette; succes-sivement, la scierie, l'ancien moulin, le Mont des Tombes sont pris, la lisière du bois de Quincy est atteinte. De nombreux prisonniers sont fait, mais les allemands ripostent toujours avec violence. Ils battent en retraite dans un secteur bien organisé, où les défenses naturelles abondent. Le 7 septembre, la progression se poursuit; le 1er groupe est près de l’Hermitage ferme et du Trou des Loups; le IIème (celui de Jacques SOUNIÉ) et le IIIème dans la région du Banc de Pierre. Les pertes en hommes sont sensibles, ainsi que les pertes en chevaux. Le IIème groupe, au cours d'une reconnaissance, perd tous les chevaux de son train régimentaire (intendance), dans un bois repéré par l'ennemi. La 64ème division est relevée par la 66ème division, devant qui nous continuons à faire barrage. Nous appuyons par notre feu le plus intense les attaques du 14 septembre sur le Mont des singes par la 66ème  D.I. Les chasseurs ne peuvent déboucher malgré plusieurs assauts; c'est le lendemain seule-ment qu'ils atteignent le plateau à l'Est de Vauxaillon. Le 17 septembre, le Régiment est relevé pour aller au repos, mais les ordres changent et il se remet en position la nuit même dans la région de Margival, pour la prise du plateau de Laffaux. Les hommes sont exténués de fatigue, les chevaux commencent à refuser le service. Le 202ème R.A.C. a pour mission de renforcer les barrages de l'A.D. 29, et de l'A.D. 128; il exécute de violents tirs de harcèlement au nord du ravin des Gobineaux, tandis que notre infanterie débouche du moulin de Laffaux.   


 

 

Le 20 septembre, le 202ème est enfin relevé pour se reformer; il rejoint la région de Compiègne. 

 

Dès la fin septembre, une épidémie de grippe, un ennemi bien plus redoutable que les allemands sévit sur la France. Elle touche quelques-uns des canonniers ainsi que des officiers. Elle fit environ 408 000 morts en France, mais la censure de guerre en limita l'écho, les journaux annonçant une nouvelle épidémie en Espagne, pays neutre et donc moins censuré, alors que l'épidémie faisait déjà ses ravages en France. Cette grippe (virus H1N1) fit environ 50 millions de morts dans le Monde.

 

Le Régiment est obligé de rester au repos pour se refaire dans la région de Breteuîl (Caply Toussencourt, Paillart). Il ne peut rejoindre la division que le 20 octobre, dans la région d'Aizonville, près de Guise. Le GQG a engagé, avec l'aide des Américains, une offensive générale de part et d'autre de l'Argonne, en direction de Vouziers, tandis qu'il déclenchait à l'autre aile, avec les Anglais, une attaque en direction de Courtrai, Cambrai, Saint-Quentin. De succès en succès la division atteind Guise; l’ennemi, battu de toutes parts, recule par échelons vers la frontière. Nos trois groupes mis en position à proximité d'Aisonville, avec mission d'appuyer la progression du 340ème R.A.L. qui doit franchir, près de Tapigny, le canal de la Sambre à l’Oise. Ce passage est très disputé et de nombreuses mitrailleuses gênent la marche. Une section du premier groupe est placée près de Tapigny pour prendre d'enfilade les mitrailleuses de la rive gauche du canal. Le 27 octobre, des rensei-gnements de la division annoncent que la 34ème division a franchi l'Oise à droite et est parvenue à la ferme Jouqueuse et à Couvron; mais l’infanterie, appuyée l’artillerie, ne parvient pas à déboucher à l'Est du canal. La réaction est violente, plusieurs artilleurs sont blessés. Les fantassins finissent tout de même par prendre pied en s'infiltrant sur la cote 110; enfin, le 4 novembre, ils forcent le passage de Noîtieuxfranchissant d'un bond le canal de la Sambre à l’Oiseils arrivent à Neuville-les-Dorengt à la cote 144, à Jérusalem et aux lisières deSaint-Germain. Les groupes viennent à peine de se placer le long du canal lorsqu'ils reçoivent l'ordre de regagner les emplacements des échelons. C'est à ce moment qu’on apprend avec surprise qu'une délégation avait quitté Berlin le 6 novembre et se présentait devant nos lignes le 7, demandant à parlementer.

 


Entré à l’hôpital mixte de Beauvais (Oise), le 5 décembre 1918, Jacques Henri SOUNIE décède d’une maladie contractée en service (broncho-pneumonie, congestion massive du poumon droit, d’origine grippale) dans les locaux de l’hôpital le 11 décembre 1918, un mois après la signature de l’Armistice. Il venait d’avoir 20 ans.

 

Le corps a d'abord été inhumé dans le cimetière de Beauvais avant d’être restitué à la famille et inhumé dans le caveau familial dans le cimetière municipal de Caunes-Minervois en juin 1921.

 

Son décès est retranscrit dans le registre d’État-civil de la commune de Saint-Frichoux à la date du 11 décembre 1918 (ou des jours suivants)

 

Son nom est gravé sur les monuments aux morts de Saint-Frichoux et de Caunes Minervois