Ernest Auguste LAGUILLE  1886/1915

Ernest Auguste Marie, fils de Paul et de Virginie/Eugénie ALBAREL est né le 26 février 1886 à Fraisse-Cabardès, petite commune située sur les contreforts de la Montagne Noire à 20 kilomètres au nord de Carcassonne.

Son père est instituteur à Fraisse en 1886, mais il semble que vers 1880, il ait été frère des écoles chrétiennes ayant été dispensé du service militaire pour cette raison.

Il semble être enfant unique. Lors de son passage devant le conseil de révision à Carcassonne en septembre 1906 il réside rue de la Gare à Carcassonne et exerce le métier de dactylographe. Son n° matricule au recrutement est le 313/Carcassonne, et il a été déclaré apte et il accomplit son service militaire à partir du 7 octobre 1907 jusqu’au 25 septembre 1909 au 80° RI à Narbonne.

 

Marié le , à  , avec  , d’où  enfants ou célibataire à la mobilisation en août ?

 

Il s’installe à Trèbes à partir de juin 1911. Il rédige quelques ouvrages littéraires de petite notoriété, puisqu’il est recensé parmi les auteurs littéraires morts à la guerre.

 

Il est cité dans l’Anthologie des écrivains morts à la guerre 1914-1918 publiée par l'Ass. des écrivains combattants, 5 tomes. Amiens, E. Malfère, 1924-1926. Sa notice bibliographique a été écrite par Albert Willemet.

 

Il décède le 27 septembre 1915 à Maisons de Champagne (Marne), il a 29 ans.


Ernest est mobilisé le 12 août 1914 dans son unité d’origine au dépôt du 80ème RI. à Narbonne. Puis après quelques temps, il est affecté au 153ème régiment d’infanterie de Perpignan et plus exactement au 3ème bataillon, 11ème compagnie de ce régiment. Le 153ème RI fait partie du 20ème C.A. et l'un des 2 régiments de la 77ème brigade (39ème division) stationnée à Toul. Dès sa création, le régiment, rattaché à des corps d'élite, se prépare activement à remplir son rôle de couverture; aussi, lorsque la guerre éclata, il ne devait pas tarder à remplir sa mission.

 

Alerté dans les premières heures du 31 juillet 1914, le 153ème, se porte en couverture dans la région de Moncel, au N.E. de Nancy, et prend part à l'offensive du 19 août 1914. Parti d'Arracourt, il traverse Vicq et Château-Salins et pousse au-delà d'Achin, près de Morhange. Mais, contraint à se replier, il ne le fait qu'après de durs combats, et se retire en ordre sur le Grand-Couronné.

 

Amené à Fiéville et Gérardcourt, il se reconstitue et reprend l'offensive le 25 août le long du Sannon. Après une lutte sanglante contre des positions organisées, il s'empare de la forêt de Crévic, de la cote 316, des villages de Crévic et de Maixe, et résiste à toutes les contre-attaques. Puis le 13 septembre, il enlève Drouville. L'ennemi ne renouvellera plus ses attaques. La bataille est gagnée. Nancy sauvée !

 

Après la bataille de la Marne, la course à la mer commence. Elle donnera lieu aux batailles d'Artois, de Picardie et de Belgique. Le 22 septembre, le régiment débarque à Granvillers (Somme), gagne à pied Cachy, puis monte en camions et atteint Bouchoir, le 25, après une pénible marche de nuit. A peine arrivé, il attaque. Déployé entre Bouchoir et le Quesnoy-en-Santerre, il s'empare d'un seul élan de La Chavatte. Le 26, après avoir repris l'offensive, il repousse toutes les attaques déclenchées dans la région de Liaucourt.    

 

le 3 octobre, il est transporté dans un autre secteur; fatigué, meurtri, il trouve encore l'ardeur nécessaire pour reprendre le village de Fontaine-les-Capy, puis, le 5 octobre, celui de Gomécourt, où il s'organise.

A partir du 8, il reçoit la mission de garder le secteur de Fonqueviller-Hébuterne, où il se maintient malgré les tentatives ennemies. C'est, à juste titre, qu'il pourra s'enorgueillir de la citation à l'ordre de l'Armée, obtenue par le 20ème C.A. C’est dans ce secteur qu’Ernest Auguste rejoint le 16 octobre ce régiment (avec plus de 1000 hommes) afin de renforcer ce régiment qui n’a plus que 1350 hommes sur un effectif théorique de 3000 hommes. 

 

De la région de Doullens, où il a été amené en descendant d'Hébuterne, le 153ème est transporté, le 3 novembre, à Elverdinghe. 

 


 

 

 La formidable bataille d'Ypres est commencée. Alerté dans la nuit du 5 au 6, il se trouve, au lever du jour, près du village de Kemmel, et se lance, 3 h. après, à l'attaque de la cote 75, du Moulin et de la ferme de Spanbrocke. L'attaque ne réussit pas. Renouvelée le 7, le 8, le 9, le 10, puis le 11, malgré les pertes, les barrages ennemis, la fatigue. Elle ne progresse que faiblement. L'ordre arrive enfin d'organiser des défenses, car l'ennemi passe à la contre-attaque. Le régiment tient sans défaillance, malgré tous les efforts ennemis, malgré la pluie, la boue. Le 17, relevé, il laisse un secteur intact et organisé. Le 21 novembre, il remonte en ligne entre St-Julien et Poel-kapelle; le 4 décembre, il appuie l'attaque au N.O. de Langemarck et progresse. Le 11 décembre, nouvelle opération offensive, puis la vie monotone de la tranchée continue. Relevé en février 1915, ramené aux abords de la frontière franco-belge, recomplété, réconforté par 15 jours de repos, il remonte en ligne dans le secteur nord de Zonnebecke. Relevé au commencement d'avril, le 153ème quitte alors la Belgique.

 

La première grande offensive tentée depuis la stabilisation du front va être déclenchée en Artois dans la région de Neuville St-Waast.  La 39ème division en fera partie. D'Outkerque, le 153ème gagne par étape la région de Braye et de Mareuil, et relève, le 28, le 146ème dans les tranchées au S.E. de Neuville-Saint-Waast. Le 9 mai, à 10 h, après une minutieuse préparation, le régiment bondit hors des tranchées, enlève d'un seul élan 3 lignes ennemies, prend le hameau de Rietz, pénètre dans Neuville-St-Waast, où s'engage une lutte acharnée, qui durera plusieurs jours. Après des tentatives sur le bois de la Folie et la lisière nord-ouest de Neuville, le régiment est relevé. 35 officiers et 2.000 hommes sont tombés. Après un court repos, le régiment remonte en ligne à La Targette, puis à Neuville. Il prend  part à l'offensive générale du 16 juin. Celle-ci n'ayant pu progresser d'une manière satisfaisante, une lutte sanglante et acharnée a lieu le 18, puis le 27 juin et le 1er juillet, dans les tranchées du Labyrinthe.



La bataille de Champagne. (Sept. à Décembre 1915).

 

Le 2 juillet, la relève se fait et le 153ème, après une revue par le général Joffre, part pour la Lorraine. Le 27 août 1915, après une vraie période de repos, le 153ème s'embarque à Lunéville et à Einvaux. Le 28, il débarque à Blesme-en-Champagne. La deuxième grande offensive, en laquelle les généraux mettent tant d'espoir, va se déclencher. Le 8 septembre, le régiment relève le 146ème à la borne 16; puis, après un court repos, il occupe, dans la nuit du 24 au 25, ses emplacements d'attaque. Le 25, à 9 h.15, les vagues d'assaut débouchent; les 3 premières lignes sont enlevées, le réduit de Maison-de-Champagne dépassé, les abords de Ripont atteints.

 

 

Mais les voisins n'ont pu aller aussi vite; le 153ème, en flèche, est contre-attaqué et obligé de revenir sur Maison-de-Champagne, où la résistance s'organise hâtivement. Les voisins arrivent alors à sa hauteur et la ligne se consolide. Un commandant est tué en organisant la défense d'une ancienne batterie allemande, dont il s'est emparé. Le 26 et le 27 septembre le régiment coopère à des attaques sur l'ouvrage de La Défaite. Ernest est tué lors des attaques du 27. Retiré 24 h pour recevoir des renforts, le régiment remonte en ligne le 30, malgré les pertes cruelles qu'il a subies dont Ernest LAGUILLE. Le 6 octobre, une nouvelle attaque se déclenche sur l'ouvrage de La Défaite. Le 153ème est en soutien, mais les troupes d'attaque, après un brillant succès, sont repoussées et refluent, suivies par l'ennemi, qui n'est arrêté que par la résistance du régiment qui, pour la première fois, est soumis à un bombardement d'obus toxiques. Puis, alternant avec le 146ème, il tient ce même secteur pendant 3 mois. Le 22 décembre, il est relevé et transporté à nouveau en Lorraine.    


Ernest Auguste Marie LAGUILLE est tué à l’ennemi à Maisons de Champagne (51), lors de cette seconde bataille de Champagne, le 27 septembre 1915, il a 29 ans.

 

 

Son souvenir est aussi conservé sein de la "forêt des écrivains combattants" qui est une forêt du département de l'Hérault, (entre Combes et Lamalou-les-bains) créée à l'initiative de l'association "pour la mémoire des écrivains morts en 14/18" et en l'honneur des hommes et des femmes de lettres morts durant le conflit de la 1ère guerre mondiale.

extrait du JMO du 153ème RI à la page du 27 septembtre 1915

 

Il n’y a pas de sépulture connue. Les autorités militaires ne semblent pas connaître son lieu de sépulture. A-t-il été abandonné sur le terrain ? A-t-il été enseveli dans un bombardement ? Son corps n'-a-t-il pas pu être identifié ? Comme beaucoup, son corps n'a probablement pas pu être ramené, puis oublié dans le no man's land entre les deux camps. Plus tard, s'il a été retrouvé, il n'a pu être identifié et anonyme placé dans une fosse commune, un ossuaire, peut-être dans le cimetière de guerre dans les environs du champ de bataille.

 

Son décès est porté dans le registre d’état-civil de la Commune de Trèbes à la date du 7 février 1916.

 

Son nom n’est gravé pas sur le Monument aux morts de Trèbes ? Mais il est présent (avec une faute d’orthographe - Laquille) sur la liste en cours d’établissement de 1923 du « livre d’or » de Trèbes .    

 

 Reconnu comme écrivain, son nom est gravé sur une plaque posé au sein d’un lieu de mémoire prestigieux : le Panthéon, à Paris. 

 

Plaque située à l'intérieur du panthéon où sont gravés les noms des écrivains "morts pour la France" durant la guerre 1914/1918