Paul LOUBET 1879/1915

Paul Maximilien Èlie, fils de Jean LOUBET et de Pauline VERGNES est né le 26 juillet 1879 à Trèbes, commune située à 6 km à l'est de Carcassonne, au sud de la France. Son emplacement stratégique sur la route entre la Méditerranée et l'océan Atlantique est connu depuis le néolithique. La ville se trouve dans un couloir entre montagne Noire au nord, Corbières au sud-est, et la vallée de l'Aude au sud. Sa superficie est de 16 km² ce qui en fait une grande commune pour le département de l'Aude. Ses voisines sont Berriac, Bouilhonnac et Villedubert. Elle est peuplée de 1100 hab. en 1793, 1850 en 1893 et  près de 2000 trébéens et trébéennes en 1914. Traversée par le canal du midi, au cœur d’une région viticole, son port a été très actif.

Ses parents s’y sont installés vers 1868. Son père est maréchal-ferrand, petit pro-priétaire, puis négociant. Petit dernier d’une famille de 4 enfants, Paul passe son enfance au pied du clocher de l’égli-se St-Etienne et après quelques années sur les bancs de l’école, il fait son apprentissage de cultivateur. C’est le métier qu’il déclare et qu’il exerce à Trèbes lors du conseil de révision qu’il passe à Capendu en septembre 1899. Son n° matricule au recrutement est le 869/ Narbonne, et il a été déclaré apte.

 

Il accomplit son service militaire à partir du 15 novembre 1900 au 15ème régiment d’infanterie basé à Albi (Tarn). Il est rendu à sa famille le 19 septembre 1903. 

Devenu comme son père négociant, il s’est marié avec Marie Léonie FOUILLADE, vers 1910 à Rieux-Minervois ? (à confirmer, pas de Feuillade ou Fouillade à Rieux en 1906), d’où 1 enfant Jean-Paul, né en octobre 1914.

 

Il décède le 30 mai 1915 à la fosse Calonne (Aix-Noulette Pas-de Calais).     


A la mobilisation le 5 août 1914, Paul reprend le chemin de son régiment d’origine, le 15ème R.I. (Albi), jusqu’au 1er novembre 1914. ce régiment appartient à la 64ème B.I. ; 32ème Division.

 

Le 7 dans l'après-midi, le 15ème RI quitte Albi et après 2 jours de voyage, il débarque le 9 dans l'après-midi dans les Vosges (Mire-court et Hymont. A partir du 11, le régiment monte vers Nancy et Lunéville. C'est ce jour-là que les Albigeois entendront pour la première fois le canon. Du 12 au 18 Aout, le Régiment patrouille dans la région au Nord de Nancy. Le 19, il connait les premiers tués (3) et blessés (10). Le 20, les pertes sont beaucoup plus importantes, surtout dans la 12ème compagnie qui perd 3 officiers dont son commandant. Les pertes du régiment seront de 8 tués, 8 disparus et 164 blessés. Du 20 au 24, le régiment se reconstitue, puis le 25, il est de nouveau au combat dans la région de Rozelieures dans lequel il comptera 16 tués et 35 blessés. Il y reste jusqu’au 1er septembre. Puis on le retrouve dans la région de Seicheperey (St Mihiel).

 

Paul reste à la caserne (dépôt) jusqu’au 30 octobre (?). Le 2 novembre (après la naissance de son fils) il est affecté à la 23ème Cie du 280ème R.I. (Narbonne) 132ème B.I.; 1er G.R. À la 58eme DI de nov. 1914 jusqu’en déc. 1915.    

 

Le 19 et le 20 décembre, le 6ème bataillon, mis à la disposition de la brigade voisine (285ème, 295ème, 256ème) qui a reçu l'ordre d'attaquer la position allemande à l'est de Cambrin, est engagé tout entier pour effectuer sur le glacis, où il est accroché, une progression de 700 m. Le bataillon est arrêté net par un feu intense de mitraileuses et d'artillerie. Le feu est si bien ajusté que tous ceux qui sortent des tranchées de départ sont tués ou blessés dès les premiers pas. Les officiers sont tués ou blessés grièvement, les pertes en hommes sont grandes. Les unités engagées par la brigade subissent à peu près le même sort que le 6ème bataillon et force est donc de s'accrocher sur le terrain occupé, l'organiser et remettre à plus tard une opération que les moyens ne permettent de tenter à nouveau.

 

 

 

 

 

Cette situation demandera une organisation défensive spéciale; la droite de la division, c'est-à-dire les 280ème, 296ème et 281ème, se trouvant en saillant très prononcé par rapport à la ligne générale.

Certains soldats des 280e et 296e RI, en seconde ligne durant la nuit de noël, entendirent provenant du secteur anglais des chants, des clameurs, de nombreuses fusées furent lancées de part et d’autres, mais pas de fusillade (carnet du caporal Louis BARTHAS, p. 85)

Le 9 mai, jour du commencement de la bataille de Lorette, la division a reçu la mission d'accompagner, par ses feux, l'attaque que va mener le 9ème C.A. Le 296ème progressera concurremment avec les unités du 114ème, si ces dernières réussissent à ébranler les lignes allemandes dans le voisinage du fort Hohenzollern. 

Malheureusement, fortement protégées par le fort, elles opposent aux assaillants une résistance qu'ils ne peuvent arriver à faire tomber malgré la violence de l'attaque avec laquelle l'opération est menée.

Dans la nuit du 15 au 16 mai, le régiment est relevé dans le secteur de Vermelles par un régiment anglais. La relève s'effectue sous un bombardement inaccoutumé qui semble indiquer que l'ennemi est au courant du mouvement effectué.

Après relève, le 280ème se rend à Nœux-les-Mines, puis cantonne le 16 à Mazingarbe et reste dans ce canton-nement jusqu'au 29 mai. Le 29 au soir, le colonel reçoit l'ordre d'envoyer une compagnie de grenadiers prendre possession des entonnoirs de la fosse Calonne. Cette compagnie, composée pour la circonstance des meilleurs grenadiers des 2 bataillons, part à 18 h et s'installe, sous un feu violent, dans les 3 entonnoirs de mines que les Allemands ont fait sauter.

Pendant ce temps, le 5ème bataillon prend une position de soutien devant Bully-Grenay et les corons d'Aix-Noulette. Le 6ème bataillon reste au cantonnement d'alerte à Mazingarbe.

Le 30 au soir, le 6ème bataillon est dirigé sur Houdain. La compagnie de grenadiers est relevée dans la nuit du 30 au 31 par une compagnie identique du 204èmerégiment d'infanterie; elle rejoint le 5ème bataillon à Bully, à 3 h.

Le 1er juin, la compagnie de mitrailleuses de brigade est constituée et placée sous les ordres du lieutenant Marignac.    

 

Paul Maximilien Elie LOUBET est tué à l’ennemi le 30 mai 1915 à 10h en attaquant la fosse Calonne à l’avant d‘Aix-Noulette (Pas-de-Calais), au sein de la compagnie de grenadiers spéciale-ment constituée pour cette attaque. Il a plus de 35 ans.

 

Il est inhumé à AIX-NOULETTE au Cimetière militaire «Tranchée de Meknès » dans la  tombe individuelle  65. La tranchée de Meknès est un cimetière militaire britannique. Il contient 154 Britanniques et 45 Canadiens qui ont été inhumés là, aux côtés de 171 Français et 2 Allemands. Mais pas de Marocains. Alors pourquoi ce nom de «Tranchée de Meknès» ? Peut-être parce que le cimetière a été ouvert en mai 1915 par les soldats des troupes coloniales françaises qui venaient de Meknès.

 

Son décès est porté dans le registre d’Etat-civil de la commune de Trèbes en date du 6 février 1916.

 

Son nom est gravé sur le Monument aux morts de Trèbes. 

 

  

Il est possible qu’il voyagea dans le même détachement, d’une cinquantaine d’hommes, que 2 trébéens: Joseph PRADELLES et Casimir LOUPIA, ainsi que de Louis BARTHAS, qui quitta Narbonne le 4 novembre et arriva à Barlin le 8 novembre au matin. Celui-ci fut affecté dans le même bataillon (6ème), mais à la 22ème Cie, puis quelques jours après à la 21ème. Le régiment est en Artois depuis le 10 octobre et il participe du 14 au 22 oc-tobre à l’attaque de Vermelles, de la fosse n°10 où il a subi de grosses pertes. Il rejoint donc son régiment dans le secteur de Vermelles, qui y sera de novembre à mai 15

Du 17 octobre au 6 décembre, les deux bataillons se remplacent de 4 en 4 jours sur les positions qu'ils organisent; ils effectuent des travaux d'approche entre Annequin et Vermelles, menaçant sérieusement l'ennemi d'un encerclement par son aile droite. Le bataillon de première ligne du 296ème, qui est à droite, a réussi à occuper les abords immédiats du château et de la brasserie de Vermelles.

Le capitaine de la 18ème Cie prend le commandement de tout le 5ème bataillon, suite au décès de son commandant. Dans la nuit du 6 au 7 décembre, les patrouilles envoyées par la 18ème Cie rendent compte qu'elles ont séjourné à proximité de la 1ère ligne allemande sans être inquiétées; elles n'ont entendu aucun bruit et, n'ont reçu aucun coup de feu. Un sous-lieutenant réussit même à pénétrer dans cette ligne avec un groupe de volontaires de la 18ème Cie; au petit jour, il pousse une reconnaissance hardie en avant et arrive ainsi à atteindre la voie ferrée de Vermelles à Auchy, distante de 1500 m environ de la position de départ. Au cours de cette reconnaissance, un groupe d'arrière-garde alle-mand du 114èmebavarois, commandé par un officier, est entière-ment anéanti. Le lieutenant combat sur la voie ferrée jusqu'à l'arrivée des renforts et, vers 10 h, la nouvelle ligne du bataillon est établie parallèlement à la voie ferrée.

Un commandant de l'infanterie coloniale, vient prendre le commandement du 5ème bataillon et le capitaine intérimaire reprend le commandement de la 18ème Cie.

 

En raison de la résistance irréductible rencontrée par le régiment de gauche (le 285ème) qui ne peut avancer à l'est de Cambrin, il est reconnu impossible de continuer la marche en avant; à partir du 8 décembre, le régiment effectue de nouveaux travaux d'approche qui sont poussés, chaque nuit, vers l'ennemi et organisés défensivement à mesure de la progression; on en arrive ainsi à se fixer définitivement sur le glacis au sud-ouest de la fosse 8 de Béthune, pendant que les Allemands travaillent également et s'organisent devant Ulluch.

Les Allemands ont tout intérêt, en raison de la situation dominante de la position qu'ils ont choisie, d'organiser en face le saillant une redoute solidement défendue, qui deviendra par la suite une position inexpugnable, appelée fort Hohenzollern.

 

De janvier à mai 1915, le régiment reste en Artois. Il tient face au fort Hohenzollern, Jusqu'aux premiers jours de mai 1915, les deux bataillons du 280ème alternent entre eux pour garder le secteur devant le fort Hohenzollern. Ce secteur a été puissamment organisé par les compagnies et on peut le citer comme un modèle d'organisation de l'époque.

 

Beaucoup d’hommes et d’officiers sont tués ou blessés, notamment durant les travaux de nuit. 

 

(NdR) Sur la vie quotidienne de ce régiment, notamment dans le secteur d’Annequin, Aix Noulette, lire les carnets de Louis Barthas, de Peyriac Minervois, édités par la FAOL et Maspéro (1978) et les articles de Léon Hudelle, capitaine dans ce même régiment.

Le 2 juin, la brigade est placée sous les ordres du général commandant la 43ème D. I. pour occuper les pentes nord du plateau de Lorette.    


Louis BARTHAS de le 22° Cie, un compagnon de Paul qui a laissé un témoignage de grande qualité sur la vie de ce régiment

transcription de l'acte de décès de Paul LOUBET