Auguste Célestin AMIEL (1879/1918)

un fantassin en 1918

Fils d’Auguste Hippolyte, et d’Elodie AMIEL, Augustin Célestin Martin AMIEL est né le 12  novembre 1879 (25 novembre sur sa fiche SGA) à Lézignan-corbières (11203)

 

La commune de Lézignan-Corbières est située dans les Corbières, sur l'Orbieu, à 30 km à l’ouest de Narbonne. Elle est vaste de 38 km2 et comptait environ 6000 habitants en 1880. C’est une région de moyenne montagne, aux terrains calcaires et schisteux qui subit les influences du climat méditerranéen, ce qui en fait un terroir connu pour son vin.

 

Lors de son conseil de révision en 1899, il réside toujours à Lézignan-corbières où il a passé toute son enfance et il se dit propriétaire. Son n° matricule au recrutement est le 153 et il est déclaré «bon pour le service armé».         

 

Il effectue son service militaire à partir du 15 novembre 1900 au 99ème R.I. (Lyon et Vienne). Il est rendu à la vie civile, le 19 septembre 1903, après avoir passé une bonne partie de son service (à partir du 20 novembre 1901) au secrétariat de l’Etat-major.

 

A son retour du service militaire, il sera commis de perception.

 

Il s’est marié à Trèbes avec Marie Louise ESPEZEL, une institutrice trébéenne le 19 août 1913, d’où est né un enfant: Pierre Auguste en mai 1914. Son jeune frère Albert Jean, instituteur est témoin de son mariage.

 

Il est mort le 5 septembre 1918, dans la Somme.    


 

A la mobilisation, le 4 août 1914, Augustin rejoint, compte tenu de son âge (bientôt 35 ans) le 125ème R.I.T. et séjourne en Algérie du 12 août au 2 octobre. Le 5 octobre 1914, il est affecté à un régiment d’active, le 96ème RI. Il n’y reste que quelques jours, et rejoint, le 20 octobre, le 35ème R.I.T. (constitué à Melun) jusqu’au 12 juin 1917. En effet, 1000 hommes ont été affectés à un régiment d'active et ils sont remplacés par de hommes venus du sud de la France

 

Le 5 novembre, le 35ème R.I.T. part pour le front de l'Aisne. Il est affecté au 1er corps d'armée. Jusqu'au 24 décembre, le régiment est employé aux travaux des premières lignes. Le 24 décembre, le 1er bataillon prend les premières lignes dans le secteur, face à la Ville-aux-Bois. Les bataillons s'y succèdent tous les sept jours jusqu'à la fin avril 1915, faisant preuve d'une belle résistance devant un ennemi agressif. 

 

Au début de mai 1915, le régiment a quitté le secteur de la Ville-aux-Bois pour occuper, à droite de celui-ci, le secteur du bois de la Mine et du mont Doyen. L'occupation de ce secteur, quoique de courte durée, fut marquée par des combats violents auxquels le 35ème R.I.T. prit une part active. Au cours des attaques et des contre-attaques qui s'y succédèrent, notamment pendant les journées des 10 et 11 mai, les troupes firent preuve d'un mordant remarquable, supportant stoïquement les bombardements, affrontant les fusillades les plus intenses et abordant plusieurs fois l'ennemi à la baïonnette.

 

A la suite de celà, les secteurs sont remaniés. Les deux premiers bataillons du 35ème R.I.T. prennent les lignes aux secteurs de Beaumarais et de la Ville-aux-Bois, tandis que le 3ème bataillon, momentanément détaché, va occuper le secteur de la Verrerie, près de Reims.

 

Fin août 1915, le régiment est retiré des lignes. Le 5 septembre 1915, il reprend la direction du front et va occuper le secteur du Luxembourg. Là, de gros travaux d'organisation sont exécutés par le 35ème R.I.T.  Le village de Cauroy-les-hermonville est mis en état de défense. Les territoriaux reçoivent les plus vives félicitations du général  pour les travaux exécutés. 

 

Le 18 février 1916, le régiment est retiré des lignes, et, le lendemain, tandis que le 1er bataillon est dirigé sur Revigny, les 2ème et 3ème bataillons sont acheminés en camions-autos vers la région de Verdun. Les compagnies de ces deux bataillons y sont employées à des travaux d'extraction de carrière et d'entretien des routes, si importants dans cette région. Après une semaine de travaux, ces deux bataillons rejoignent le 1er corps et sont mis à la disposition du génie pour des travaux d'organisation. La période est très dure. Là plus que partout les travailleurs se trouvent mêlés aux combattants et exposés aux mêmes dangers. A Thiaumont, à la côte du Poivre, à Froide-Terre les travaux sont exécutés sous des bombardements incessants. Les travailleurs doivent traverser des tirs de barrage pour se rendre à leur chantier, et parfois même ont à lutter contre la vague envahissante des gaz asphyxiants.

 

Le 27 mars 1916, le 1er bataillon avait rejoint les deux autres bataillons du régiment qui se trouvait ainsi entièrement rassemblé à Verdun. Le 7 avril 1916, le 1er corps avait été relevé et le 35ème R.I.T. l'avait suivi dans la région de Saint-Dizier. Jusqu'au 30 avril, le temps est utilement employé à la reprise de l'instruction et à une réorganisation des effectifs des unités. Entre temps, le régiment a fait étapes par voie de terre et s'est établi à Villers-Hélon où il est affecté au 16ème C. A. 

 

Le 1er mai, le P. C. est établi à Vaux et le sous-secteur de Mercin-Pernant est confié à la garde du 35ème R.I.T.. Deux bataillons sont en lignes, un est en réserve. Durant son séjour, qui fut d'un mois, dans ce secteur, plusieurs coups de main furent exécutés par le régiment.

 

Soit en ligne, soit au repos, le  35ème R.I.T. reste dans ce secteur de l'Aisne jusqu'au 8 juillet 1916.

 

 

 

Le 13 juin, Auguste AMIEL rejoint, avec un contingent de 120 hommes, le 255ème R.I. (126ème division), qui se trouve en ligne au nord-est d'Avocourt. (Le JMO semble avoir disparu), mais on sait qu'il fut l'un des régiments qui aménagèrent le terrain d'offensive préparant l'assaut qui s'élança dans ce secteur au mois d'août 1917 . On sait aussi que c'est grâce à sa résistance aux assauts allemands des 28 et 29 juin que nous fut conservée la possession des tranchées d'où notre attaque du 20 août déboucha.

 

C'est au cours de cette attaque allemande qu'Auguste AMIEL est blessé, le 29 juin. Selon sa fiche matricule, une balle de shnarpel l’atteint à l’avant-bras gauche. Il est évacué vers un hôpital et reste en convalescence environ 6 mois.

 

 

 

 

A cette date, il suit le16ème C.A. dans la région de Verdun (Verdilly). Le 15 juillet, le 1er bataillon est dissocié. Le régiment se forme donc à 2 bataillons de chacun 4 compagnies et une compagnie de mitrailleuses. Le 3ème bataillon, devient 1er bataillon. Le régiment, reformé, embarque à Château-Thierry et arrive le 20 juillet à Auzécourt (Meuse) où il reste à l'instruction jusqu'au 3 août.

 

A cette date, le 35ème R.I.T. est affecté au secteur du Mont Hermont -Avocourt. Il l'occupe le secteur jusqu'au 16 décembre. C'est une période dure, dans un secteur agité, où les troupes font preuve d'une ténacité, et d'une endurance remarquables, au milieu d'un danger continuel.

 

Le 16 décembre 1916, le 35ème R. I. T. est relevé, va se regrouper à Futeau, et, le 20, revient en ligne dans le secteur du Four-de-Paris. La période est extrêmement dure, l'hiver étant rigoureux dans cette région de l'Argonne. De plus, c'est le secteur de la guerre de mines, guerre nouvelle pour le 35ème R.I.T. qui n'y avait  pas encore pris part. Au bout d'un mois et demi le régiment est retiré des lignes et va occuper de nouveau le secteur du Hermont, durant le mois de février 1917, et, à partir du 2 mars, le secteur de l'Atre. Pendant cette prise de secteur, le régiment supporte quelques coups de main de la part de l'ennemi, notamment au V de Vauquois.

 

Après avoir été rassemblé, le 21 avril 1917, à Ville-sur-Cousances, le régiment est employé aux travaux du génie dans les bois de Béthelainville et à la cote 304, travaux pénibles en raison de la grande activité du secteur. 

Le 6 mai 1917, le 2ème bataillon reçoit l'ordre d'occuper les bivouacs des cotes 309 et 310 pour l'exécution des travaux de la cote 304, tandis que le 1er bataillon va occuper le sous-secteur Marre-Charny 

 

Le 12 juin, l'état-major du régiment et la C. H. R. vont s'installer aux Abris-de-Jouy. Le lendemain le régiment est réorganisé et envoie ses plus jeunes éléments vers des régiments d'active.

 

 

Après sa guérison, 9 mois plus tard, le 23 mars 1918, il est affecté au 58ème RI. Le régiment se trouvant en Macédoine (ouest de Monastir) à cette époque, il est assez probable qu'Auguste soit resté au dépôt à Avignon et n'ait pas rejoint les troupes en  opération.

 

Il est donc dirigé le 18 juillet vers le 112ème R.I. qui se trouve au repos dans l'Oise. Ce régiment dont les dépôts se trouvent à Toulon et Hyères, est rattaché à la 57ème Brigade d’Infanterie, intégré à la 29ème Division d’Infanterie jusqu’en juin 1915 (15ème Corps d'Armée). Il est attaché à la 126ème DI de juillet 1915 jusqu’en nov. 1918, compose du 55ème R.I., du 112ème RI, du 173ème RI et du 255ème RI  

 

Depuis le 7 juillet, les journées des hommes du 112ème R.I. se passent en exercices et en travaux avec le Génie dans le secteur d'Avrigny / Blincourt, puis de Nointel / Saint-Aubin et enfin Brunivillers / Sains / Morainvillers.

 

C'est dans ce secteur que le 21 juillet arrive d’un contingent de renfort de 156 hommes, dans lequel se trouve probablement le soldat de 2ème cl. Augustin AMIEL.

 

Du 22 au 26, toujours la routine: instruction, travaux, marches… Le 26, arrivée d’un nouveau groupe de 21 hommes en renfort. Le 27 juillet : revue d’effectifs. Le 28 : repos. Du 29 juillet au 3 aout: la routine, instruction, travaux, marches, manœuvres.

 

Le 4 aout : repos, mais le soir du 4, marche de nuit au nord-ouest vers Breteuil. Arrivée le 5 à Hardivilliers, Le Crocq. Le 5 et 6 août : repos.


Offensive de l’Avre pour la libération de Roye (Somme)

 

Le soir du 6 août, les hommes montent dans les camions pour se rendre à Jumel où il arrive le 7 à 2h30. Le 8 à 3h, départ pour occuper les deux rives de la Noye, puis à 4h20 attaque vers l’est sur le Bois Domont, la bois Sénécat, la rive droite de l’Avre, au sud-est de Moreuil et enfin pénétrer à couvert du Bois de Moreuil. Le soir du 8, nouveau «bond», toujours à l’est, vers Villers aux érables.

 

Le 9, dès 8h, sans avoir été ravitaillé, le régiment poursuit son avancée. C’est Fresnoy-en-chaussée, Le terrain est gagné champs par champs, colline par colline, chemin par chemin. Les affrontements ne se font plus dans les tranchées mais dans de vastes zones dégagées, sous un soleil de plomb, puis à 15h, c’est l’offensive sur Arvillers, jusqu’à la route Arvillers – Folies. 20h, la station d’Hangest est prise. Le régiment a avancé de 4 km sur un front de 1500 m, sous un déluge de feu.

 

Le 10, 4h30, rassemblement à Bouchoir et avancée jusqu’à la route Erches - Le Quesnoy. Le régiment se trouve maintenant face au bois Z (Damery), où il se heurte à un repli allemand protégé dans un épais blockhaus.

 

11 août, 4h30, attaque du bois Z. Les tranchées sont prises, mais les allemands contre-attaquent aussitôt du côté de Goyencourt. Les hommes doivent se retirer et reviennent à leurs positions de départ aux lisières du bois - 17h30, nouvelle attaque sans succès - 20h30, ce sont les allemands qui attaquent, mais le 112ème R.I. tient bon et tout se calme sur les positions de la matinée

 

Dans la nuit du 11 au 12, le régiment est relevé, il cantonnera à Hangest-en santerre jusqu’au 16 août

extrait du J.M.O. : " Les pertes du régiment pour ces 4 jours de combat sont de 4 officiers tués et 13 blessés, de 82 hommes tués, 548 blessés et 13 intoxiqués.

 

 

Une citation est demandée pour le bon comportement du régiment dans cette offensive

 

 

Augustin AMIEL, 39 ans, est blessé lors des combats du bois Z (Damery) et de Goyencourt du 11 août 1918. Il est même, un temps, porté disparu. Probablement retrouvé, il est transporté vers le poste de secours qui est installé à Andéchy Il décède des suites de ses blessures le 5 septembre 1918 dans l'hôpital du groupe de brancardiers divisionnaires (G.B.D.) 126 à Andéchy (80023).

 

Presque 3 ans jour pour jour après la mort de son frère cadet Albert Jean (mort le 6 octobre 1915 à Aubérive – Marne) . Pour lui, la guerre aura duré 49 mois, avec le sacrifice de sa vie au bout.

 

Il est d'abord inhumé au cimetière communal d'Andéchy (Somme). Puis son corps a été restitué à la famille le 6 juin 1921

 

Son décès est noté tardivement, le 2 avril, 1920 dans les registres de l’Etat-Civil de Lézignan-Corbières, et curieusement, après un jugement de constat de décès en date du 3 mars 1920, jugement rendu par le tribunal civil de Narbonne. Ces jugements étaient plutôt destinés à officialiser la mort de soldats disparus.

 

Son nom est gravé sur les monuments aux morts de Trèbes et de Lézignan-Corbières.   

 

Il est probablement inhumé avec son frère dans le cimetière de Lézignan-corbières (Aude)