Théophile BEDÈNE 1881/1915

Fils de Pierre, et de Pauline MAUREL, décédée avant 1901, Théophile est né le 14 août 1881 à Trèbes, commune située à 6 km à l'est de Carcassonne. Son empla-cement stratégique sur la route entre la mer Méditerranée et l'océan Atlantique est connu depuis le néolithique. La ville se trouve dans un couloir entre Montagne Noire au nord et Corbières à l'est, au confluent de l’Aude et de l’Orbiel. Sa su-perficie est de 16 km² ce qui est une gran-de commune pour l'Aude et compte 2000 hab. en 1914. Les communes voisines sont Berriac, Bouilhonnac et Villedubert. Son port sur le Canal du midi a été très actif.

 

Après une enfance passée au pied de l'église Saint-Etienne et quelques années sur les bancs de l'école, il devient cultivateur / ouvrier agricole, comme ses parents.

 

il exerce le métier de cultivateur / ouvrier agricole comme ses parents et réside toujours avec son père à Trèbes en 1901. C’est ce qu’il déclare lors de son conseil de révision.

 

Lors du conseil de révision de sa classe, à Capendu en septembre 1901, il est reconnu apte et son n° matricule au recrutement est le 256/Narbonne.

 

Il est Incorporé pour le service militaire à partir du 15 novembre 1902 jusqu’au 23 septembre 1905, au 3ème Régiment d’Infanterie à Digne.

 

A la fin de son service militaire, il réside à Espéraza en 1909. Il est célibataire. Il décède le 28 février 1915 à Minaucourt - Mesnil-les-hurlus (Marne)    


A la mobilisation, le 4 août, il aura bientôt 33 ans. Il est mobilisé dans le 22ème Régiment d’infanterie coloniale (RIC). Celui-ci cantonne habituellement à Hyères  (Var). A la mobilisation, il est à Marseille. L'effectif est de 68 officiers et de 2870 h. Il possède 12 compagnies  groupées en 3 bataillons. Il fait partie avec le 24ème colonial de la 6ème Brigade. Il dépend de la 2ème Division  Coloniale (C.A.C.). Il part le samedi 8 août de la gare de Marseille. Arrivé le 10 août en gare de Revigny (Meuse). le régiment marche longuement pour arriver à la frontière belqe. Le 22 (et 23) août 1914, il reçoit le baptême du feu à Jamoigne. Pour son premier combat, il enlève 9 canons à l’ennemi, mais subit de lourdes pertes: 20 officiers et 746 hommes sont mis hors de combat. Le 27 août 1914, en débouchant de la forêt de Jaunay, (ouest de Luzy-St-Martin-Meuse), pour rejeter les Allemands à l’est de la Meuse, 1153 h., dont 26 officiers, sont mis hors de combat. Il bat ensuite en retraite jusqu’à la Marne.    

A partir du 6 septembre, il repousse l’ennemi jusqu’à à Beauséjour et à Massiges en passant par Valmy. Du 6 au 15 septembre, l’ensemble des opérations de la Marne coûte au régiment 1209 tués, dont 11 officiers. Le 1er janvier 1915, il relève le 24ème colonial dans le secteur qui s’étend d’une ligne située à 300m à l’est du calvaire jusqu’au Médius (tranchée 24). Le 1er Bataillon forme le groupement de droite (tranchées du Médius à tranchée 19 - chemin creux) Le 2eme Bataillon et le 3eme Bataillon forment le groupement de gauche (tranchée 19 à la tranchée X). Du 5 au 8 janvier, le secteur est calme: 2 tué, 9 blesses. Il est relevé par le 24ème RIC de Perpignan. 

Le 14 janvier retour en 1ère ligne. Le calme se poursuit (10 blessés du 15 au 24 janvier). L’alternance se poursuit.

 

Le 3 février 1915, le régiment est alerté à 12h. Les Allemands lancent une attaque sur le Médius, l’Annulaire et la cote 191. Ils enlèvent les tranchées hautes du Médius de l’Annulaire et de la crête 191 jusqu’au cratère exclus, une contre-attaque est décidée pour minuit. Elle échoue à l’Annulaire, réussit partiel-lement au Médius et à la cote 191. (2 tués, 8 blessés, 11 disparus).

 

Le 10 février, bombardement intense sur le secteur de Massiges. Le 11, vers 14h le régiment reçoit ordre d’évacuer. Les troupes se replient sur la rive droite de la Tourbe. Le 3ème Bataillon quitte le Médius à 23 h, le 2ème Bataillon quitte l’Annulaire. Tout le matériel des tran-chées est emporté, aucun bruit ne donne l’éveil à l’ennemi qui ne montre aucune activité Le repli est terminé à 1h30. (2 tués, 5 blessés).      

Du 22 au 24 février, le 22ème RIC participe à une attaque sur la position allemande appelée le «Fortin» au nord de Beauséjour. Cet ouvrage fait partie de la seconde ligne des retranchements qui réunissait la Butte du Mesnil et Maison de Champagne. Ils constituaient la première ligne allemande, les autres tranchées étant en partie tombées entre nos mains. Cet ouvrage avait été attaqué et pris déjà 4 fois, sans qu’on ait pu s’y maintenir. L’heure de l’attaque fut fixée à 16h. Aussitôt après la préparation d’artillerie les 4 compagnies s’élancèrent à l’assaut. Malgré un bom-bardement très intense, elles prirent pied. La 9ème Cie occupa le Fortin. Elle éprouva ensuite des difficultés lors de sa progression dans la tranchée oblique N1. La 10ème  Cie prit pied dans la partie droite du Fortin et la branche nord N1. Elle s’y installa solidement et fit un barrage. A plusieurs reprises l’ennemi essaya de les refouler en les inondant de bombes et de grenades. Six contre-attaques, dont trois très violentes, furent lancées sans succès sur nos lignes. Toutes furent repoussées avec de grosses pertes.

A la contre attaque, qui eut lieu vers minuit, les allemands s’avancèrent en formations très denses, un feu très nourri anéantit celle-ci.

 

La 11ème Cie, après avoir établi des escaliers dans le boyau NR, devait s'élancer à 5h30 sur la tranchée oblique N1. Mais il se produisit une très violente contre-attaque qui les obligea à quitter les positions. Pendant que ce combat se déroulait a droite en suivant le boyau NR l'ennemi avait coupé en deux la ligne de résistance et avançait vers le Fortin. Les derniers survivants battent en retraite. Des 4 compagnies, qui avaient conquis le Fortin la veille, il revenait 30 hommes. Les autres, sauf une centaine qui purent battre en retraite du coté du 1er bataillon, étaient tués ou blessés dans les boyaux.

 

Pour le front sud, le  2ème bataillon et malgré l'extrême fatigue occasionnée par la marche pénible dans les chemins défoncés et par le combat pendant 10 heures consécutives sous les obus, enlisés dans la boue des boyaux et des tranchées, les compagnies du 22ème se sont héroïquement battues, soutenant 6 contre-attaques violentes. Tous les officiers et presque tous les sous-officier avaient été tués ou blessés. Les pertes pendant ces 2 jours s'élèvent à 15 officiers tués ou blessés, 994 hommes de troupe tués blessés ou disparus. Cette fois Théophile est passé à côté.    

Le 27 février, ordre est donné de reprendre le fortin. Cette fois c’est le 2ème bataillon, plutôt épargné les jours précédents qui en a la charge. A 15h45, après une courte préparation, les hommes attaquent au pas, malgré une pluie d’obus qui s’abat sur eux. Les objectifs sont pris et conservés malgré de nombreuses contre-attaques repoussées. Sur l’effectif engagé: officiers 35, hommes de troupe 2842, les pertes seront de 5 officiers tués, 3 blesses, 4 prisonniers  et 4 disparus, 117 hommes de troupe tués, 968 blessés, 531 disparus. Ce jour là, Théophile sera l’un d’entre eux.

 

Le JMO relate « Les régiments coloniaux se souviendront de la façon dont ils ont été reçus par leurs camarades des troupes métropolitaines. Tout ce qu'ils ont eu besoin pendant l'attaque leur a été donné. Aussi, sont-ils profondément touchés de l'ardente sympathie qu'ils ont rencontrée, aussi bien dans les rangs des soldats, que parmi les officiers de tous grades.
Il a fallu toute l'autorité du Lieutenant-Colonel pour empêcher les soldats du 43éme, du 91ème, et du 284ème de se joindre aux soldats coloniaux qui chargeaient. Même un jeune soldat du 43ème, dont on ignore malheureusement le nom, a profité de la nuit pour prendre les vêtements d'un colonial blessé et combattre avec la 11ème Cie. En revenant, grièvement blessé, il déclarait qu'ayant 4 frères tués, il était content de les avoir vengés »
 
  

Théophile BEDENE est :

- tué à l’ennemi, selon son acte de décès, le 28 février 1915, à 6h selon son acte de décès et la fiche SGA

- mort des suites de ses blessures (contractées le 27 ? NdR) selon le rédacteur de sa fiche matricule le 28 février à Massiges, aujourd’hui commune de Minaucourt – Mesnil-les-hurlus. Il avait presque 34 ans.

 

Les autorités militaires ne semblent pas connaître son lieu de sépulture. Son corps a-t-il été inhumé rapidement, puis la tombe perdue dans les aléas des mouvements d’une guerre très disputée dans ces lieux. A-t-il été retrouvé mais, n’ayant pu être identifié, inhumé dans un ossuaire d’une des nombreuses nécropoles nationales des environs. Peut-être dans celle du Pont de Marson, située sur le territoire de la commune de Minaucourt-le-Mesnil-les-Hurlus, à l'est du Camp de Suippes, sur la D 566 en direction de Massiges. Elle s'étend sur 43 944 m2.: 21 291 soldats français dont 12 223 en 6 ossuaires y ont été inhumés,

 

Son décès, qui est porté dans le registre d’état-civil de la commune de Trèbes le 9 juin 1915.

 

Son nom est gravé sur le Monument aux morts de Trèbes.