fantassin,
caporal en 1911
sergent
en 1914
Jean Bernard Léon, fils de Jean et de Germaine GARRIC, est né le 30 octobre 1889 à Puichéric, commune située à une vingtaine de kilomètres à l’est de Carcassonne.
Né d’un père batelier, fils d’une trébéenne, qui décédera en 1898 et d’une mère, couturière, aîné d’une famille de 3 enfants, il vient habiter avec ses parents au pied du clocher de l’église Saint-Etienne à Trèbes à partir de 1894, et après quelques années sur les bancs de l’école, il fait son apprentissage de cultivateur.
C’est le métier qu’il déclare et qu’il exerce à Trèbes lors du conseil de révision qu’il passe à Capendu en septembre 1909. Son n° matricule au recrutement est le 39/Narbonne, et il a été déclaré apte, mais est inscrit sur sa fiche matricule «Soutien de famille indispensable». Il effectue son service militaire à partir du 5 octobre 1910, au 80ème R.I. (Narbonne). Finale-ment, il s’engage le 1er octobre 1912. Il bénéficie d’une promotion rapide et il est nommé sergent le 8 juillet 1913. Il se réengage le 1er octobre 1914.
Il se marie vers 1912, à Narbonne, avec Laurentine TANIERE, ils sont apparemment sans enfant.
Il décède le 23 novembre 1915 à Neuville Saint-Waast (Pas de Calais), ayant obtenu le grade d'adjudant.
Dès la mobilisation, en août 14, Jean passe au 280ème RI, le régiment de réserve du 80ème RI, au petit état-major où il a la charge d’encadrer le «train régimentaire». Constitué de 2 bataillons d’hommes réservistes prélevés dans le dépôt du 80ème à Narbonne ce régiment appartient à la 132èmebrigade d’Infanterie - 66èmeDivision d'Infanterie d’août à octobre 1914, puis il passe à la 58ème DI jusqu’en décembre 1915.
Le régiment est d’abord dirigé vers l’Alsace. En août, il combat à Zillisheim le 19 où il subit des pertes importantes, puis il marche vers Mulhouse par Flaxlanden, Froëningen, Flaschlanden le 22. On le retrouve à Brulach, dans le secteur de Montbéliard, à Montreux-Château, et à Bart le 28 juillet. Etupes, Fêche-l’Eglise, Grandvillars, Thiancourt, La Vacherie puis Giromagny le 11 septembre, le Thillot, Gérardmer, Anould le 14 septembre, et enfin dans le secteur du col du Bonhomme à la fin du mois de septembre et plus précisé-ment au nord sur le front de Lesseux.
Le 8 octobre, le régiment quitte ce secteur pour la région de Hangest-en-santerre, Fresnoy-en-chaussée,… (Somme) où il arrive le 10, puis il continue vers le nord: Sailly-le-Sec, Ribémont s/l’Ancre. Il remonte toujours vers le nord: Le Hameau, Avesnes-le-comte. Là, il apprend que la 58ème division est rattachée au 21ème corps d’armée et il est transporté en camion dans la région de Noeux-les-mines - Hersin. Le 280ème est débarqué à la fosse n° 6 de Noeux.
Le régiment participe du 14 au 22 oct. à l’attaque de Vermelles où l’ennemi est fortement retranché, de la fosse n°10 où il subit de grandes pertes. Le régiment reste dans le secteur de Vermelles en novembre et décembre.
Certains soldats des 280ème…, en seconde ligne durant la nuit de noël, entendirent, provenant du secteur anglais, des chants, des clameurs,… de nombreuses fusées furent lancées de part et d’autres, mais pas de fusillade (caporal L. BARTHAS)
Le 9 mai, jour du commencement de la bataille de Lorette, la division a reçu la mission d'accompagner, par ses feux, l'attaque que va mener le 9ème C. A. Le 296ème progressera concurremment avec les unités du 114ème, si ces dernières réussissent à ébranler les lignes allemandes dans le voisinage du fort Hohenzollern, mais, fortement protégées par le fort, elles opposent aux assaillants une résistance qu'ils ne peuvent arriver à faire tomber malgré la violence de l'attaque avec laquelle l'opération est menée.
Dans la nuit du 15 au 16 mai, le régiment est relevé dans le secteur de Vermelles par un régiment anglais. La relève s'effectue sous un bombardement inaccoutumé qui semble indiquer que l'ennemi est au courant de ce mouvement.
Après relève, le 280ème se rend à Nœux-les-Mines, puis cantonne le 16 à Mazingarbe et reste dans ce cantonne-ment jusqu'au 29 mai. Le 29 au soir, le colonel reçoit l'ordre d'envoyer une compagnie de grenadiers prendre possession des entonnoirs de la fosse Calonne. Cette compagnie, composée pour la circonstance des meilleurs grenadiers des 2 bataillons, s'installe, sous un feu violent, dans les 3 entonnoirs de mines que les Allemands ont fait sauter. Pendant ce temps, le 5ème bataillon prend une position de soutien devant Bully-Grenay et les corons d'Aix-Noulette. Le 6ème bataillon reste au cantonnement d'alerte à Mazingarbe.
Le soir du 2 juin, le 5ème bataillon relève le 158ème RI dans la tranchée des Saules et des Parados, sur la route de Béthune à Arras où il subit de violents bombardements, ces positions étant bien connues en raison de leur situation en pente et perpendiculaire à la ligne générale. Les 17ème et 18ème Cies sont très fortement éprouvées. Le lendemain à 15 h, les Allemands prononcent une attaque sur le point de jonction de ces 2 Cies; grâce à la résistance et au sang-froid de sous-officiers et des 1ème et 2ème sections de la 18ème Cie, cette attaque est clouée sur place et la ligne reste intacte.
La situation, quoique critique, ne change pas d'aspect jusqu'au 5 au soir et le 6ème bataillon vient relever le 5ème sur ses positions dans la nuit du 4 au 5. Le 5ème bataillon, relevé, passe en réserve dans les abris blindés de Noulette et à la Fosse-aux-Loups
Le 5 juin dans l’après-midi, le 6ème bataillon prend la formation d’assaut en vue de l’attaque de la tranchée H1 H2 du fond de Buval. Cette attaque nécessite une manœuvre préparatoire très délicate. Le chef de bataillon, qui devait quelques instants après le payer de sa vie a parfaitement préparé et dirigé l’opération que le capitaine Hudelle (21ème cie,celle de Louis Barthas) et le capitaine Cordier (22ème cie, celle de Joseph Pradelles) exécute crânement.
La tranchée qui constitue une ligne de soudure entre nos unités est prise avec un élan indescriptible, malgré l’op-position énergique de l’ennemi qui considère cette ligne comme une position avancée de premier ordre; de nombreux cadavres allemands prouvent que la défense a été opiniâtre. Cinquante-deux prisonniers sont ramenés à l’arrière. Les pertes en hommes au cours de cette opération sont relativement légères (12 morts et 35 blessés). Le bataillon renouvellera une attaque le lendemain et le commandant du bataillon sera tué, tandis que le capitaine Hudelle sera blessé à l’épaule dans cette affaire, considérée comme deux journées de succès pour le régiment.
Le "train des équipages" s'approvisionne.
Les Allemands ont tout intérêt, en raison de la situation dominante de la position qu'ils ont choisie, d'organiser en face le saillant une redoute solidement défendue, qui deviendra par la suite une position inexpugnable, appelée fort Hohenzollern.
De janvier, jusqu'aux premiers jours de mai 1915, les deux bataillons du 280ème alternent de 4 jours en 4 jours pour garder le secteur devant le fort Hohenzollern. Ce secteur a été puissamment organisé par les compagnies et on peut le citer comme un modèle d'organisation de l'époque. Beau-coup d’hommes et d’officiers sont tués ou blessés, notamment durant les travaux de nuit.
(NdR) Sur la vie quotidienne de ce régiment, notamment dans le secteur d’Annequin, Aix Noulette, lire les carnets de Louis Barthas, et les articles de Léon Hudelle, capitaine dans ce régiment.
Le 29 août, les 2 bataillons s'embarquent à Pernes pour débarquer, le soir même, à Bergues et se diriger sur les cantonnements dans la région de Rexpoede où les hommes sont mis à l'entraînement jusqu'au 21 septembre où il s'embarque de Bergues pour Saint-Pol et cantonner à Ecoivres jusqu'au 23. Le 24, départ d'Ecoivres par voie de terre à destination de Habarq; il repart vers 18 h pour bivouaquer dans les environs de Mareuil.
Le 25 septembre, les 2 bataillons sont engagés, en vue de l'attaque générale d'Artois, dans la région de Neuvil-le-St-Waast. Cette attaque, qui ne donne pas les résultats qu'on en attendait, est arrêtée dès les débuts.
Le régiment occupe successivement par bataillon, jusqu' au 24 décembre, les tranchées et ouvrages du Moulin, du Losange, du Chemin-Creux, de la Vistule, du Blanc-Fossé, du Vert-Hélo; les cantonnements de repos sont Mareuil et Aguez-les-Duisans. Au cours de ces opérations, le régiment a eu des pertes assez importantes; deux capitaines sont blessés, un lieutenant est tué.
Jean Bernard Léon MOUTON est tué à l’ennemi à Neuville St Waast, commune de Vimy, le 23 novembre 1915, il avait 26 ans.
Son corps est inhumé à la Nécropole nationale de Maroeuil (62) dans la tombe individuelle du rang n°11, n°516
La transcription de son acte de décès est portée dans le registre d’état-civil de la commune de Trèbes en date du 4 février 1916.
Son nom est gravé sur le Monument aux morts de Trèbes.
Sur la vie quotidienne de ce régiment lire les carnets de Louis Barthas, de Peyriac Minervois, édités par la FAOL et Maspéro (1978) et les articles de Léon Hudelle, capitaine dans ce même régiment.
Honoré d’une citation à l’ordre de l’armée le 8 mars 1916 :
« ... Sous-officier d’un courage et d’un dévouement exemplaire, toujours volontaire pour les missions difficiles et dangereuses. Tué en avant d’un barrage très rapproché... et battu par le feu en dirigeant la mise en place de défenses accessoires. Mission qu’il avait sollicitée ...”
Publication de cette citation au Journal officiel du 8 mars 1916
Dans la nuit du 6 au 7 juin, le 5ème bataillon relève les compagnies du 6ème et la situation est maintenue sans changement, car tout le monde à bout de forces, reste dans l’état malgré les difficultés sans nombre jusqu’au moment où le régiment est relevé et mis en réserve à Barlin le 15 puis à Sains-en-Gohelle le 17.
Le 24 au soir, le 6ème bataillon va occuper le secteur des Abattis devant Bully. Le 5ème bataillon est en réserve et passe, le 29, dans le secteur d'Angres. Les 2 bataillons sont relevés dans la nuit du 2 au 3 juillet et sont envoyés en réserve et au repos à Hersin-Coupigny, Sains-en-Gohelle et Bully-Grenay. Le 7 juillet, le 5ème bataillon prend les tran-chées au secteur d'Angres où il exécute des travaux d'organi-sation jusqu'au 14; il est relevé par le 6ème bataillon.
Le 14 juillet 1915, notre artillerie a décidé de faire, en l'honneur de la Fête Nationale, une démonstration sur toutes les lignes allemandes par de violentes rafales de 75; on a même demandé aux fantassins de participer par leurs moyens à cette démonstration. Le tir de notre artillerie attire une riposte assez violente des Allemands qui ne cessent, tout l'après-midi et la soirée, d'arroser copieusement nos lignes. Il y a pas mal d’hommes touchés, principalement dans la soirée.
Le 19 juillet, le régiment, relevé des lignes,
part cantonner à Hersin-Coupigny et y reste au repos jusqu'au 27. Jean a été nomme adjudant le 23 juillet 1915, il passe au 5ème
bataillon, 20ème Cie. Le 5ème bataillon reprend les lignes dans le même secteur (Angres) la nuit du 27 et, jusqu'au 12 août, les 2 bataillons se relèvent dans l'occupation de ces tranchées. Du
13 au 20 août, le régiment cantonne en entier à Hersin et le 20 au soir, le 5ème bataillon se rend en soutien aux corons d'Aix jusqu'au 28, pendant que le 6ème bataillon monte en ligne (N.E. de Bully) du 20 au 24, et à Bully du 24 au 28 août.
Par exemple, le 19 novembre le 280ème RI relève le 296ème en 1ère ligne. A ce moment le secteur est relativement calme. Le 21 le régiment est alerté, mais cela s’avère être inutile. Les échanges d’artillerie se poursuivent. Le régiment travaille surtout aux améliorations des tranchées. Que se passe-t-il ? Mais Jean Bernard MOUTON qui, le 23, travaille à la réalisation d’un petit poste avancé est tué: un éclat d'obus. Sur ce point le J.M.O. est peu explicite. Toutefois la citation permet de confirmer.
Le 24 décembre, le régiment, relevé, va cantonner à Baudricourt et Eppy. La dissolution, ou plus exactement la dislocation du 280ème est décidée par le haut comman-dement pour des raisons d'ordre général. Est-ce suite aux pertes ? ou, à cause de fraternisations ? Les soldats du 5ème bataillon rejoignent le 281ème RI, ceux du 6ème le 296ème RI (puis le 248ème RI, fin 1917) pour former leur 3ème bataillon.