Prosper Guillaume VIÉ (1888/1917)

artilleur en 1915

artilleur en 1916

Fils de François et de Céleste GRAVES, Prosper Guillaume est né le 15 janvier 1888 à Trèbes (Aude). Il est le troisième d'une famille de 5 enfants, tous nés à Trebes. Il passe son enfance et son adolescence au pied de l'église Saint-Etienne

 

Trèbes est située dans l'aire urbaine de Carcassonne au sud de la France à 6 km à l'est de Carcassonne. Son emplacement stratégique sur la route entre la mer Méditerranée et l'océan Atlantique est connu depuis le néolithique. La ville se trouve dans un couloir entre la montagne Noire au nord et les Corbières à l'est, la plaine du Lauragais à l'ouest et la vallée de l'Aude au sud. La superficie de la commune est de 16,36 km² ce qui est une grande commune comparée aux nombreuses petites communes de l'Aude. Les communes voisines sont: Berriac, Bouilhonnac et Villedubert.  Elle comptait 2000 hab. en 1914.

 

Il passe la journée de recrutement à Capendu vers septembre 1908. A cette époque, il exerce le métier de chaudronnier, ferblantier et réside chez ses parents à Trèbes. Son n° matricule est le Narbonne/353. Il est déclaré apte.

 

Il effectue son service national à compter du 6 octobre 1909 au 10ème bataillon d'artillerie à pied (Toulon) qui dévient le 10ème régiment d'artillerie à pied en 1910. Puis il passe au 5ème régiment d’artillerie à pied le 1er mars 1910 à Verdun. A la fin de son service, il s'engage pour deux ans au 3ème régiment d’artillerie coloniale, lui aussi basé à Toulon, du 1er octobre 1911 au 6 octobre 1913.

 

A son retour, il se marie avec Antoinette Philippine ROBERT, à Narbonne, le 23 février 1914. En mars 1914, le couple Mais le couple revient résider à Trebes. Ils ne semblent pas avoir eu d'enfant.

 

S'étant proposé comme candidat aux emplois réservés aux militaires en octobre 1913, il est nommé homme d'équipe aux Chemins de fer de l'Etat le 18 avril 1914 (parution au J.O. du 30 avril 1914)

 

Il est tué le 15 novembre 1917, dans les Flandres belges à Merckem, au hameau de Vila

 


A la mobilisation en août 1914, Prosper est réaffecté au 3ème Régiment d’artillerie coloniale à compter du 5 aout 1914. Il est canonnier servant.

 

Le 3ème R. A. C. mobilisa 4 groupes de 75 de campagne, formant l'artillerie de corps du corps colonial, un état-major et un échelon de parc du même corps colonial. Le 1er groupe (probablement celui de Prosper VIÉ) est mobilisé à Toulon, ayant comme chef d'escadron TEISSIER.  Il constitue l'artillerie du 1er C. A. C. 

 

Le 1er groupe rejoignit le régiment à Revigny puis toute l'artillerie de corps participa, avec le corps colonial, aux marches d'approche de l'ennemi, en continuant et perfectionnant l'instruction technique des unités sur le pied de guerre. 

 

On marcha vers l'ennemi par l'itinéraire Revigny, Neuville-sur-Ornain, Evres, Véry, Bantheville, Dun-sur-Meuse, Monzay, Chauvency-le-Château, où l'on cantonne le 21 août. Le 21 août, le 1er groupe (Teissier) est mis à la disposition du général Goullet, commandant la 5ème brigade (non endivisionnée) qui forme la colonne de gauche du corps colonial et dont les avant-gardes occupent Géronville et Jamoigne. Le 22 août, la brigade, efficacement appuyée par le 1er groupe, arrête un corps d'armée allemand. L'avant-garde de la 3ème D I.C. occupe Saint-Vincent. 

Le 22 août, au cours de la marche vers Neufchâteau (Belgique), l'avant-garde et le gros de la 3ème D.I.C. sont fortement attaqués par l'ennemi au nord de la Somoy. Le 3ème régiment d'artillerie coloniale double au trot les formations d'infanterie et se portent en avant au galop pour préparer l'entrée en action du 3ème R. A. C. 

 

On ne sait rien de l'ennemi, les reconnaissances sont canonnées et le colonel donne liberté d'allure aux commandants de groupe. En une heure, les 2ème et 3ème groupes sont déployés dans les avoines mûres; le 4ème groupe est embouteillé dans Saint-Vincent avec les échelons des trois groupes. L'artillerie parvient néanmoins à se dégager sous le feu en perdant du personnel, 90 chevaux, 11 caissons et des voitures du train de combat. 

 

La journée avait été très dure: le 2ème  R.A.C., artillerie de la 3ème D.I.C., avait tout entier été anéanti ou capturé au nord de la Semoy; le 3ème R.A.C. avait été très éprouvé

 

Dans la matinée du 23 août, le 3ème R.A.C. était reconstitué et recomplété au moyen des ressources en personnel, chevaux, matériel, munitions. Il était, dès 8 h, envoyé renforcer la 2ème D.I.C. vers Pinizel. Les quatre groupes furent engages. Le 1er groupe (Teissier) en avant-garde, vers Jamoigne. Dès 13 h, les groupes, camouflés par des gerbes d'avoine,. furent repérés par l'ennemi, grâce sans doute à leurs lueurs, et furent soumis à des tirs violents et bien l'églés de 105 fusants et percutants et de quelques 155 percutants. A notre grande surprise, ces tirs, très impressionnants par leur bruit, furent peu efficaces, bien que très correctement réglés comme portée et hauteur d'éclatement. Les Allemands tiraient aussi à obus incendiaires, car, dès les premiers projectiles, le village d'Izel, où étaient installés quelques postes d'observation, fut la proie des flammes. 

 

Dans la journée, l'artillerie apporta une aide efficace aux fantassins de la 2ème D.I.C., souvent pressés de très près. Son efficacité eût été beaucoup plus grande si on avait disposé de téléphones pour transmettre les renseignements, et d'instruments d'optique à grand grossissement pour discerner les troupes amies des ennemies. 

 

L'armée allemande ne gêna pas notre retraite. Le 23 août, la 2ème D.I.C. avait eu l'impression qu'elle pouvait contenir l'ennemi, mais elle se repliait par ordre du général en chef qui reculait son dispositif. La retraite commençait, rendue angoissante par les longs convois de populations civiles fuyant devant l'invasion. Le 3ème R.A.C. se replia, avec le C.A.C., par l'itinéraire Signy, Thonne-le-Thil, Chauvency-Saint-Hubert, Lamouilly. 

 

Le 25 août, la 2ème D.I.C. essaie de retarder l'ennemi au passage de la Chiers; elle est appuyée directement par le 3ème R.A.C. est mis en position de surveillance entre Chiers et Meuse, mais il n'eut pas à intervenir. Dans la nuit du 25 au 26 août, le 3ème R.A.C. traversa la Meuse dont les ponts furent ensuite détruits et vint bivouaquer au sud-est de la forêt de Jaulnay. Le 26 au matin, le 3ème R.A.C. est mis à la disposition de la division Leblois pour organiser et appuyer la défense de la position Bois de Jauluay, Lucy, Cesse. Le 27, l'ennemi attaque la position qui est défendue énergiquement par les marsouins appuyés par leur artillerie. A 16 h, la rupture du combat est ordonnée et, pour l'appuyer, les groupes reçoivent l'ordre de s'établir en position de crête pour tirer à vues directes sur les Allemands qui tenteraient de déboucher et les clouer sur place. Ce tir, le premier barrage de la campagne, fut exécuté avec une violence inouïe et fit reculer les Allemands jusqu'à la lisière nord de la forêt. 

 

Le 28 août, la 2ème D.I.C., épuisée, est relevée par la 5ème brigade et trois groupes du 3ème R.A.C. qui s'installent  vers la Thibaudine (ferme) où les batteries s'engagent successivement au fur et à mesure que les objectifs ennemis se révèlent. Les résultats de cette méthode sont décisifs : les unités allemandes qui ont pénétré sur la rive gauche de la Meuse dans les bois de la Belle-Epine, de l'Hospice et du Fond-de l'Amour, sont décimées et refluent en désordre; aussi, grande fut la déception quand les hommes durent, conformément aux directives du général en chef, continuer le mouvement de repli stratégique qui se poursuivit jusqu'à la bataille de la Marne sans qu'on fut jamais pressé par l'ennemi, contenu tous les deux ou trois jours par une bataille d'arrêt. 

 

Le 31, le régiment est pris à partie par l'artillerie ennemie et éprouve des pertes sérieuses. Le repli, ordonné à 15 h, fixe un itinéraire au vu de l'ennemi qui bombarde les batteries sur route avec du 210 parfaitement réglé. Les éprouvent d'assez grosses pertes en matériel (caissons sautés) en hommes et en chevaux. La retraite se poursuit le 1er septembre par Gratreuil où a lieu le 2 septembre une nouvelle bataille d'arrêt : l'artillerie n'y exécute que quelques tirs, puis le repli continue le 3, le 4 et le 5 septembre par Ville-sur-Tourbe, Minaucourt, Varimont, Domprémy,  Thiéblemont, Orconte. Durant ce repli, un groupe du 3ème R.A.C. est toujours affecté à l'arrière-garde et se replie par échelons de batteries en occupant à chaque passage de crête des positions d'où il pourrait immobiliser l'ennemi. Mais l'ennemi n'est pas mordant, son artillerie est généralement silencieuse et n'exécute que quelques tirs à grande distance sur les routes encombrées de convois de civils fuyant l'invasion et y causant quelques pertes. 

Alors, commence la longue période de stabilisation. Le 3ème R.A.C. a  ses 1er et 3ème groupes appuyant la 3ème D.I.C. et installés dans la région de Berzieux.  C'est la période de réorganisation. 

On attribue à la 3ème D.I.C. une artillerie propre, composée d'abord des 1er et 3ème groupes du 3ème R.A.C.  puis au 1er décembre, du 1er groupe du 3ème R.A.C. (commandé par Guerrini) et des groupes provenant d'autres unités.

 

a période de stabilisation, imposée par le manque de munitions, ne fut pas une période de repos et d'oisiveté. Il s'installa sur ses positions, y construisit de casemates pour les pièces et peu à peu, des abris plus ou moins protégés pour son personnel et pour les postes d'observation. On bâtit des écuries pour les chevaux des échelons. En même temps, pour suppléer à l'absence de plans directeurs, les officiers de batterie levèrent à la boussole les plans et croquis de positions, et ces croquis tout primitifs qu'ils furent, ont rendu de très grands services. Puis on organisait l'observation, les réglages; la vigilance des artilleurs ne fut jamais en défaut. Le service est réglé pour ne pas fatiguer les hommes. Chacun des  groupes a un jour de repos sur trois et va au cantonnement de Minaucourt (d'ailleurs médiocre et battu par le feu de l'ennemi). De nuit, une batterie est de veille prête à intervenir dans le secteur

 

 

La 3ème D.I.C. est transporté en Argonne en février 1915, puis revient en Champagne en septembre pour participer à le 1ère bataille de Champagne. Le 1er groupe qui n'a pris d'ailleurs, qu'au 1er avril 1917, la dénomination de 1er groupe du 2ème R.A.C. Jusqu'en 1919, ce groupe a été commandé par le chef d'escadron Guerrini. 

 

 

Le 7 décembre 1915, le 1er groupe va cantonner à Elise, puis le 8 à Sivry... Suite à la création du 102ème régiment d'artillerie lourde, un certain nombre d'éléments sont retirés du 1er groupe pour y être affecté.

 

 Le 5 septembre, le C.A.C. est reconstitué; la 3ème D.I.C., reformée sera appuyée par le 3ème R.A.C. Le chef d'escadron Defer devient le commandant du 1er groupe du 3ème R.A.C.

 

Du point de vue de l'artillerie du C. A. C., la bataille de la Marne est assez confuse, car si on avait reformé l'infanterie de la 3ème D.I.C., elle n'avait point d'artillerie propre, en sorte que l'artillerie de corps assurant le service de la 3ème D.I.C. et des renforcements fut fréquemment appelée à remplir des missions diverses entraînant d'importants changements de positions. Les quatre groupes exécutèrent sur les lignes ennemies (déjà jalonnées de petites tranchées), des tirs efficaces. Ils arrêtèrent, en plusieurs points, le débouché des colonnes ennemies sortant des bois qui bordent la Saux. Toutes les positions sont maintenues malgré la poussée violente de l'ennemi et les pertes sérieuses. 

 

Le 8, le 1er groupe, épuisé, est mis au repos. La bataille dure trois jours sans changement de position, l'ennemi, malgré ses efforts, ne peut nous entamer, bien qu'il ait fait appel à sa plus grosse artillerie (210). Les pertes sont sensibles, mais nul ne songe à reculer ni à regarder en arrière. Les routes sont intenables, l'ennemi exécute les premiers tirs d'interdiction, aussi toutes les unités bivouaquent-elles à leurs positions de combat, généralement dans des meules de blé ou de paille. L'artillerie, aussi bien française qu'ennemie, fait une grosse consommation de munitions. 

 

Le 11 septembre, au soir, commence la poursuite par l'itinéraire Hanssignemont, Domprémy, Possesse, Voilemont, Augers, jusqu'au 13, sans combat, sous une pluie froide et intense. 

 

Le 14 septembre, on continue la poursuite par Dommartin-la-Planchette,  Maffrecourt,  Berzieux. Au débouché de Berzieux, les colonnes sont prises sous un feu d'artillerie ennemie, les groupes se déploient et s'installent en batterie. Le 3ème R.A.C. s'installe de part et d'autre de la route Berzieux-Ville-sur-Tourbe, et contrebat l'ennemi. 

 

Le 15, ordre est donné d'attaquer les positions ennemies pour les enfoncer. Les tirs du matin paraissent peu efficaces, effectués à très longues distances. Le 15 et le 16, attaque infructueuse de la Main-de-Massiges, où l'on parvient péniblement à s'installer à 191 et au Cratère. Le 17, l'enfoncement de l'ennemi sur la Main-de-Massiges ayant échoué, 3 groupes, (1er groupe et 3ème et 4ème) du 3ème R.A.C.  sont mis à la disposition  de la 2ème D.I.C. qui a étendu son front jusqu'à Minaucourt inclus, pour déborder la Main-de-Massiges, par Maisons-de-Champagne à l'ouest. Les difficultés d'engagement sous la pluie violente et dans le terrain détrempé  font renoncer à l'attaque prévue. 

 

Prosper VIÉ est passé au 102ème Régiment d'artillerie lourde hippomobile (R.A.L.H), le 11 décembre 1915. Il appartient probablement au 31ème batterie. Ces batteries combattent isolément affectées au coup par coup en fonction des événements à différentes divisions.

 

N'ayant pas trouvé le JMO de cette batterie et n'ayant pas d'éléments précis, il est difficile d'établir le parcours exact de Prosper VIÉ. On sait toutefois que des éléments de cette batterie sont morts à Verdun en juin 1916, ou à Cappy (Somme) en août 1916.

 

 

 

 

Concernant le secteur de Merckem, au nord-ouest d'Ypres dans le Flandres belges où Prosper VIÉ a été tué, on sait que le 20 octobre 1914, les allemands atteignent Merckem. Les français avaient entretemps creusés des tranchées à Drie Grachten. Les belges se trouvaient sur leur flanc à hauteur du Pont de Knokke. Les allemands auraient pu atteindre le hameau Luigem, mais suite à l'inondation de la vallée de l'Yser et aux marécages de Merkem, ils durent se retirer rapidement.

 

Après une série d'attaques allemandes, les belges durent abandonner leur poste de Drie Grachten, le 9 avril 1915.

 

Jusqu'en 1917, la ligne de front resta inchangée et les allemands fortifièrent leur position de Drie Grachten. Les allemands ne s'attendaient pas à une forte opposition de la part des belges et firent garder le poste par des soldats âgés ou fatigués..

 

Le 11 juillet 1917, les français reprennent les positions des belges près de Merkem. D'août 1917 à avril 1918, au début de la troisième bataille d'Ypres, les français lancent plusieurs attaques pour reprendre Merkem. Les britanniques et les français voulaient pendant cette bataille faire une percée. Ils espéraient, à partir de Merkem reprendre les hauteurs de Klerken et le bois de Houthulst et de là, rejoindre la côte belge occupée.

 

Bien qu'ils ne purent jamais atteindre le bois d'Houthulst, les français purent pénétrer dans Drie Grachten le 16 août 1917. Fin octobre, le village de Merkem fut également repris. 

 

Le 1er et le 56ème C.A sont dans le secteur jusqu'au 12/13 novembre, mais on ne trouve aucune trace précise des batteries qui les accompagnent. D'après l'acte de décès, Prosper appartient à la 31ème batterie. Cette batterie est en Belgique au moins depuis juillet 1917 ( Woesten en juillet, Staveele en octobre). Les échanges d'artillerie se poursuivent tout le long du mois de novembre.

 

Le canonnier-servant Prosper Guillaume VIÉ est tué d'un éclat d’obus, alors qu'il est dans un poste d’observation avancé, le 15 novembre 1917, à 13h, à la Ferme de la Villa à Merckem (Flandres belges), en même temps et probablement par le même obus que le sous lieutenant Paul DEPREZ et le maréchal des logis Paul DELORME

 


Prosper Guillaume VIÉ décède de sa blessure de guerre le 15 novembre 1917, il a alors 29 ans.

 

 

Son corps est inhumé dans un cimetière proche du champ de bataille

 

Son décès est transcrit sur le registre d'état-civil de la commune de Trèbes à la date du 12 février 1922. L'original de l'acte est dressé par Louis Mancio, lieutenant à la 31ème batterie

 

Son corps a été restitué à la famille et rapatrié à Trèbes, le 6 mai 1922. Il est inhumé dans le cimetière de Trèbes.

 

Son nom est gravé sur le monument aux morts de la commune de Trèbes

extrait des la liste des soldats du 102 R.A.L.H. morts pour la France