Pierre Paul AUDOUY 1888/1915

Pierre Paul AUDOUY, fils de Jacques et de Maria CADASTREM, est né le 9 juillet 1888 à Trèbes où il vécut ses douze premières années, ses parents y résidant depuis 1876.

 

Il quitte Trèbes et suit ses parents à Blomac vers 1900.

 

A l’époque de son conseil de révision vers septembre 1908, il indique être ouvrier agricole et résider avec ses parents à Blomac.  Son numéro matricule est le 557/Narbonne.

 

Il effectue son service militaire au sein du 80ème régiment d’infanterie à compter du 6 octobre 1909. Il est rendu à la vie civile en septembre 1911 et  réside à Saint-Frichoux en 1911.

 

En 1912, il réside à Canet d’Aude et rencontre celle qui va devenir son épouse, Julie FROMENT. Ils se marient dans cette commune le 16 novembre 1912. Ils semblent résider à Ginestas en 1913.

 

Pierre Paul AUDOUY décèdera le 6 avril 1915 à l’hôpital de campagne basé à Saint-Jean s/Tourbe des suites de ses blessures de guerre.

 

A la mobilisation, en août 1914, Pierre Paul n’est pas rappelé. Son dossier médical semble indiqué des varices et une double hernie. Pourtant le 19 octobre 1914, il est convoqué à Narbonne pour un conseil de révision, qui le classe «bon pour le service armé» malgré son état de santé.


Il est mobilisé le 2 novembre 1914 et est affecté au 53ème R.I. qui a son casernement à Perpignan ; il appartient à la 63ème Brigade / 32ème Division d’Infanterie (16ème Corps d'Armée). Après quelques semaines d’entrainement, il est envoyé rejoindre son régiment au front le 19 décembre 1914.

 

Le 53ème R.I. après avoir participé à la bataille des frontières en août 1914 (Bataille dite de Morhange: Avricourt, Réchicourt), aux victoires ? de Lorraine (trouée de Charmes: Brémoncourt, Einvaux, Franconville, la Mortagne du 23 août au 1er sept.), aux combats dans la Woëvre en octobre (Minorville, Flirey, bois de Mort Mare), est transporté fin octobre dans les Flandres où il participe aux batailles de novembre (Saint Eloi, Hollebeke, Zillebeke).

 

Le 1er décembre, le régiment est relevé par le 143ème et va occuper des tranchées aux abords de la ferme Eikof et du chemin de Saint-Eloi au château de Hollebecke. Des affaires assez dures ont lieu les 3 et 4 décembre et, le 9, le régiment se rend au repos à Boeschèpe. 


Le 15 décembre, le 53ème RI est relevé par le 2ème bataillon de chasseurs. Le 16, il attaque à nouveau le bois 40 et réussit, malgré la violence du feu ennemi, à s'avancer à 80 m environ de la lisière du bois. Au cours de cette attaque, le 53ème a subi des pertes sérieuses.

 

Des renforts arrivent le 19 décembre, Pierre Paul AUDOUY est de ceux-là

 

Cette lutte perpétuelle, alternant avec de courts repos, se poursuit avec ténacité dans les tranchées à l'est et au sud d’Ypres jusqu'au 17 janvier 1915, date à laquelle il quitte les Flandres.

 

Le 18, le régiment est porté en camions-automobiles dans la région d'Arras où il effectue, jusqu'au 4 février, des exercices quotidiens et des travaux de deuxième position. Le général JOFFRE, commandant en chef, est venu, accompagné des généraux FOCH et DUBAIL, passe en revue le 53ème. Il s'entretient avec plusieurs soldats en catalan.

 

Il exprima sa satisfaction au régiment par la lettre suivante :

« le 1er février 1915. Mon cher Colonel, J'ai été enchanté de la tenue et de l'allure de votre régiment pendant ma revue d'aujourd'hui. Je vous en félicite et je vous prie de dire à vos officiers et à vos soldats toute ma satisfaction. Je sais que les Catalans, mes compatriotes, sauront toujours maintenir leur réputation de courageux et ardents soldats…. JOFFRE « 

 

Le 5 février, le régiment se rend par étapes dans la région de Grivesneset; après un court séjour dans le tranchées de Lihons, en avant d'Arbonnières, il s'embarque, le 20 février, à Marcelcave pour se rendre en Champagne.

 

Débarqué à Epernay le 22 février, le 53ème va cantonner à Ay où il reste jusqu'au 25, date à laquelle il se porte par étapes vers l'est, en passant par Athis, Recy, Châlons, Saint Hilaire-au-Temple, Cuperly, où il arrive le 4 mars. C'est la Champagne pouilleuse, plaine plate et dénudée, coupée seulement de maigres sapinières de couleur sombre. 

Le 14, une grande action offensive en liaison avec les Anglais doit être entreprise par toute la VIIIème Armée en direction de Hollebecke et Hauthem. La 63ème brigade attaque. Le 53ème ayant le 3ème bataillon en première ligne doit attaquer le bois du Confluent. A 7h45, malgré une violente préparation d'artil-lerie, le bataillon se porte en avant, mais ne peut franchir, en raison de la violence de la mitraille ennemie, les réseaux de fil de fer de la première ligne et est obligé de se placer dans les tranchées abandonnées et remplies d'eau. Impos-sible d'avancer dans le jour, mais, à la faveur de la nuit, le 3ème  bataillon réussit à gagner du terrain qui, rapidement, est organisé. 

Le régiment quitte Cuperly le 9 mars, pour Somme-Tourbe, puis Somme-Bionne, et Wargemoulin. Le 15, les officiers effectuent la reconnaissance de la côte 196, célèbre par les attaques sanglantes qui s'y sont déroulées.

 

Pendant leur absence, le régiment est alerté, et le général de Corps d'Armée le fait diriger d'urgence sur la ferme Beauséjour, au nom ironique. Les 3 bataillons du régiment sont mis respectivement à la disposition des 61ème, 62ème et 91ème brigades et participent, du 16 au 21 mars, à une série d'attaques et contre-attaques sans résultats appréciables.

 

Le 18 mars une forte attaque est lancée sur la tranchée nord-sud dans le Ravin des Cuisines. L’attaque réussit, mais un fortin dissimulé n’a pu être détruit par l'artillerie, et une contre-attaque ennemie réduit à néant les résultats acquis au prix de pertes sensibles. 


Les combats de Beauséjour ont laissé un souvenir particulièrement terrible chez tous ceux qui y prirent part, et c'est pour ces derniers une opiniâtreté déployée de tous les instants pour forcer l’ennemi dans le repaire de ses blockhaus, hérissés de mitrailleuses et de réseaux barbelés.

 

Combats journaliers et assauts par de petites unités (bataillons, compagnies, sections même) qui nous faisaient éprouver des pertes sévères mais avaient pour résultat de tenir l’ennemi en haleine, de le «grignoter». Les combattants d'alors, ceux qui ont survécu à la tourmente, ont encore la vision des nombreux cadavres entassés sur les parapets et derrières lesquels s'abritaient les tireurs    

Le 21 mars, le régiment était relevé et se rendait à Warge-moulin, au repos, où il fut en butte à un bombardement sérieux qui lui occasionna des pertes sensibles.

 

Le 23 au soir, il se porta à la crête 196 et procéda à l'organisation du secteur, jusqu'au 29 mars.

 

Relevé par le 122ème, il se rendit au nord de Somme-Suippes, à la côte 125 et; bien que très éprouvé, il alla aussitôt occuper le nord et nord-ouest de Perthes, où il fit une guerre d'usure dans laquelle il est de nouveau très éprouvé.

 

Dès lors commence pour le 53ème une série de travaux d'organisation qui se poursuivent pendant tout le temps de l'occupation de ce secteur. De nuit, les hommes créent et réparent des tranchées, creusent des boyaux, construisent des abris, transforment ce secteur jusqu'alors un peu négligé  Travail d'organisation rendu difficile par le mauvais temps, et les bombardements incessants, mais qui fut mené à bonne fin, grâce à la ténacité dont firent preuve officiers et soldats

 

Les 1er et 2ème bataillon ont chaque jour, des tués et des blessés dus aux éclats des engins d’artillerie de l’ennemi. Pierre Paul sera l’un de ces blessés. A quelle date précisément ? Ne connaissant pas son affectation précise (à rechercher) et le JMO étant très vague, il ne m’est pas possible de l’indiquer.

 

Le 7 avril, le chef du 3ème bataillon, «remarquable par son intrépidité et sa froide énergie» et un sous-lieutenant sont blessés par des éclats d'obus.

 

C'est dans ce secteur que le régiment inaugure, pour son compte, la guerre de mines.    


Extrait du JMO du 53° RI

Vue de l’ambulance 5 du 16° Corps d’armée (date du cliché inconnue) 

Nécropole nationale de Saint Jean s/Tourbe >>>>>

 

Pierre Paul AUDOUY décède des suites de ses blessures de guerre, probablement dues à des éclats d’obus, le 6 avril 1915 dans l’ambulance divisionnaire A5/XVI située à cette date à Saint Jean sur Tourbe (Marne).

 

Mort dans une ambulance, il a probablement fait l’objet d’une sépulture provisoire à proximité. Un Pierre AUDOUY du 53ème R.I. sans le prénom Paul est répertorié par la base «Sépulture de guerre», tombe individuelle n° 456 de la Nécropole nationale de Saint Jean s/Tourbe, sans information de date du décès de ce soldat.

 

Son acte de décès est transcrit le 12 août 1915 dans le registre d’état-civil de la commune de Ginestas (Aude).

                                                                                                                                 

   Son nom est inscrit sur le Monument aux Morts de Ginestas.