Baptiste Paul BOUSQUET 1884/1916

       Tenue de caporal d'infanterie en 1914....

     

 

      ... et en 1916

Fils de Jacques Placide, qui réside à Rieux-Minervois en 1904, et d’Anne ou Anna CHIFFRE, Baptiste Paul est né le 4 décembre 1884 à Sallèles-Cabardès (Aude) où ses parents étaient boulangers. Assez vite (vers 1888) la famille déménage et élit domicile à Peyriac-Minervois où son père devient cultivateur. «Baptistin» passe son enfance et sa scolarité à Peyriac-Minervois.

 

Lors du conseil de révision de sa classe, en 1904, à Peyriac-Mi-nervois, Baptiste exerce le métier de cultivateur et réside à Rieux-Minervois chez ses parents qui ont encore déménagé. Son n° matricule au recrutement est le 137/ Narbonne.

 

Il effectue son service militaire à partir du 9 octobre 1905, au 100ème R.I.; Il est nommé capo-ral en septembre 1906. Il se rengage le 20 février 1907 dans la Brigade des sapeurs pompiers de Paris. Il est rendu à ses foyers le 25 septembre 1909 et s’installe à Clichy-la-garenne (Seine, aujourd’hui Hauts de seine) jusqu’à la mobilisation.

 

Il s'est marié avec Noëlle Mathilde LAFFON, le ?, à ? (pas à Clichy), d’où un enfant né à Clichy en 1914, mais qui est décédé à Trèbes en novembre 1916, son épouse étant venue se réfugier dans la famille de son mari.

 

Il décède le 9 mai 1916 à Baleycourt (Verdun – Meuse)    


A la mobilisation, Baptiste Paul rejoint le 80ème R.I., dont le dépôt se trouve à Narbonne le 4 août 1914. Ce régiment fait partie de la 63ème brigade d’infan-terie (32ème Division d’Infanterie, 16ème Corps d'Armée). Il est constitué en 1914 de 3 bataillons. A partir du 7 août, il est transporté par V.F. dans la région de Mattaincourt. Du 11 au 14 août, il fait mouvement vers Rebain-viller et passe à l’offensive par Veho et Avricourt, en direction d’Angwiller.

 

A partir du 20 août, il est engagé dans la bataille de Morhange, vers Angwiller; notamment dans le combat du Muhlwald (Bois de Vulcain). Puis à partir du 21 août, il se replie, par Moussey, Igney et Marainviller, vers la région de Brémoncourt.

 

Le 25 août, il est engagé dans la Bataille du Grand-Couronné, en contre-offensive en direction de la Mortagne. Sur le front Mortviller - lisière du Grand-bois il enlève le bois de Jantois à la baïonnette. En fin de journée, il cantonne à Mortviller.  Il combat vers Einvaux et Rozelieures et le 27, il franchit la Mortagne et se bat au bois de Bareth.

 

 

 

 

 

Du 9 au 15 septembre 1914, des éléments de la 32ème  D.I. sont mis à la disposition de la 2ème Armée à Rosières-aux-Salines (mais ne sont pas engagés). Le 13 septembre, le 80ème RI reprend l’offensive et progresse jusque dans la région d’Einville.

 

Le 17 septembre, il est retiré du front et mis au repos vers Essey-lès-Nancy. Le 21 septembre, il fait mouvement vers Avrain-ville et le 23 septembre, il est engagé dans la Bataille de Flirey, il participe à des combats répétés au bois de la Voisogne, à Flirey  et vers le bois de Mort-Marre.     

A partir du 31 octobre 1914, il est engagé dans la bataille d’Ypres, vers Wytschaete et au nord. Il participe à des combats répétés dans cette région. Puis après la stabilisation, il occupe d’un secteur entre Wytschaete et le sud de Saint-Éloi. Le 19 novembre, le front est étendu, à gauche, jusqu’au château à 1 km à l’ouest d’Hollebeke, puis réduit, à gauche, le 08 décembre, jusqu’à vers Saint-Éloi. Du 14 au 17 décembre, il participe aux attaques françaises en direction de Wytschaete.

 

Après des semaines épuisantes dans la boue, les tranchées sans abris, et sous la pluie, le 8 janvier 1915, le 80ème est retiré du front, relevé par l’armée britannique et mis en repos vers Poperinghe. A partir du 18 janvier, il est transporté par camions vers Chelers et mis au repos. A partir du 5 février, il fait mouvement par étapes vers Coullemelle, par Doullens et Allonville (Somme).

 

Le 416ème régiment d'infanterie est formé administrative-ment le 1er avril 1915; mais, dès le 11 mars, il se rassemble dans la région ouest de Montpellier. Chaque régiment de la 16ème région forme une compagnie. La 4ème compagnie du 1er bataillon est formée par le 80ème régiment d'infanterie (Narbonne). Les éléments qui forment le 416ème sont, par moitié, d'anciens blessés qui viennent de rejoindre les dépôts et par moitié de jeunes soldats de la classe 1915, pris parmi les plus aptes et tous volontaires pour partir au front. On peut en déduire que Baptiste Paul a peut-être été blessé précédemment, mais sans traces écrites dans sa fiche matricule.    

 

Il embarque le 5 avril à Montpellier et débarque à Cuperly (Champagne) 

 

Après quelques manoeuvres, le 416ème repart de Dampierre-au-Temple le 13 avril, embarque à Saint-Hilaire-au-Temple, le même jour, et arrive à Villers-Bretonneux  (Somme) dans la nuit du 13 au 14 avril. Il quitte la 154ème division, pour la 28ème division (14ème corps jusqu'au 1er novembre 1916). Il arrive à Cappy, sur les bords de la Somme, le 17 avril. Le front confié au 30ème RI, qu’il vient renforcer, s'étend de Dompierre à la Somme en passant par Frise. Dompierre est occupé par les Alle-mands. Frise est occupé par les Français. Pour aguerrir ces jeunes «bleuets» les premières relèves sont faites par moitié avec le concours d'éléments du 30ème; au bout de 15 jours le 416ème relève seul. Les relèves ont lieu au début tous les 4 jours, puis à partir du 24 juin tous les 8 jours. La première relève se fait dans la nuit du 22 au 23 avril.

 

Les explosions de mines sont assez fréquentes. Dans la nuit du 4 au 5 juin, 2 mines allemandes explosent dans le secteur de la 4ème compagnie, celle de Baptiste Paul. Quinze jours après, au milieu de la nuit du 20 au 21 juin, 3 fourneaux de mines éclatent sur l'emplacement de la 3ème section de la 4ème compagnie. Les explosions comblent plus de 100 m de tranchée de 1ère ligne. De plus, 500 obus environ sont envoyés par les Allemands pour augmenter le désarroi. Un caporal et 7 hommes sont tués ou ensevelis, 5 autres sont blessés grièvement. La 4ème section saute dans les entonnoirs et gagne une belle citation à l'ordre de l'Armée. Les pertes subies par le 416ème dans le secteur de Dompierre–Frise sont relativement peu élevées; mais les blessures sont graves et le plus souvent mortelles. Le régiment est relevé de son premier secteur et quitte Cappy le 28 juillet.    

 

 Du 28 août au 3 septembre, le 416ème occupe, en Champagne, le secteur de la Maison Forestière. Le 1er bataillon est en 1ère ligne et subit des pertes assez élevées. Du 3 au 24 septembre, le régiment bivouaque dans les parages des côtes 204, 152 et 171 entre le village de Somme-Suippes et la Maison Forestière. Pendant toute cette période il prend une part très active à la préparation du terrain d'attaque. Il creuse de grands boyaux de communication destinés à relier les tranchées de 1ère ligne avec l'arrière. Le 24 septembre, comme il avait été convenu, les travaux sont terminés. Pour un secteur de 3 km environ, le 14ème corps d'armée dont le 416ème fait partie, dispose de 9 boyaux: 6 pour l'accès, 3 pour l'évacuation. Ces boyaux constituent un travail gigantesque exécuté en un temps relativement court. Ils ont 3 à 4 km de long et permettent à 2 hommes de passer de front. Tous les 15 m, il y a un abri d'une dizaine de mètres. Ces parties de boyaux recouvertes sont destinées à abriter les troupes d'assaut et à amener les troupes de renfort sans avoir trop à souffrir des tirs de barrage.     

 

 

Le 25 septembre à 12 h, le régiment se porte en avant pour prendre position dans la tranchée d'York, ancienne tranchée allemande située à 1.500 m environ au nord de son ancienne 1ère ligne. Cette tranchée est située sur une crête en terrain découvert. Il est chargé de la retourner et de l'aménager en vue d'une défense contre tout retour offensif. La position est battue par l'artillerie allemande, mais le 416ème en souffre peu, car le tir est mal réglé. A 17 h, l'ordre arrive de se porter en avant, tout droit vers le nord, pour renforcer les troupes d'assaut. Le 416ème l’exécute avec peu de pertes. Le 26 au matin, le 1er et le 3ème bataillons se mettent en marche vers le nord, vers la tranchée de la Vistule. Ils grimpent la pente qui les conduit sur un plateau traversé par la route de Tahure à Somme-Py. Ils arrivent sur le plateau au lever du jour. La fusillade commence, les schrapnels font rage. Par bonds successifs, ils se portent à hauteur du 75ème RI.

 

 

Puis les troupes d'assaut gravissent la cote 151 qui borde au nord la route de Somme-Py à Tahure et sur laquelle se trouve la 2ème position ennemie. Cette organisation est très forte. La partie essentielle est constituée par la tranchée de la Vistule située à contre-pente. La position est protégée par d'épais réseaux de fils de fer à peu près intacts. Les troupes ne peuvent franchir de pareils obstacles. Elles s'y accrochent jusqu'à 10 h, malgré des pertes énormes principalement en officiers. Au 1er bataillon du 416ème, il ne reste plus qu'un sous-lieutenant. Tous les autres officiers ont été tués ou blessés. Les Allemands tentent une contre-attaque. Elle est repoussée. La journée du 26 a été sanglante pour le 416ème.  

 

 Dans la matinée du 27, elles prennent leurs dispositions pour une nouvelle attaque qui sera précédée d'une préparation d'artillerie. A 16 h, le 416ème s'élance de nouveau à l'assaut des positions ennemies. Les réseaux n'ont pas été démolis. Des brèches sont faites avec les cisailles et avec les pioches. Malgré de lourdes pertes, il réussit à occuper le fortin situé sur la crête et à s'y maintenir. Le régiment se reforme et panse ses blessures. Il y eut plus de 1.100 tués ou blessés. Il reçoit un important renfort sur le champ de bataille. Cette reconstitution du régiment commence à partir du 2 octobre.

 

A cette occasion, Paul est nommé sergent-fourrier (avec effet à la date du 1er octobre) au sein de la 4ème Cie .     

Le régiment bivouaque dans les parages de la Maison Forestière du 29 septembre au 15 octobre. Il travaille à organiser le centre de résistance du Trou-Bricot où la 28ème division a fait plus de 2.000 prisonniers.

 

Le 416ème  quitte la Maison Forestière le 15 octobre; Il débarque à Belfort le 19 et occupe ses cantonnements de repos. Le 416ème quitte ses cantonnements de repos le 8 décembre pour aller occuper un secteur en Alsace et appartenir à la R.F.B. (Région fortifiée de Belfort). Le régiment occupe d'abord le secteur compris entre le canal du Rhône au Rhin et Burnhaupt-le-Haut, puis il est resserré vers le nord. Le 2ème bataillon se porte dans le secteur de Gildviller-Hecken. Ce secteur est assez calme, mais la boue le rend très pénible surtout sur les bords de la Specbach. Le régiment a deux bataillons en 1ère ligne. Le bataillon de droite tient l'ouvrage avancé de «Vaffier» face au village de Hammerzviller occupé par l'ennemi. «L'ouvrage Vaffier» a été bouleversé par la mine, mais la lutte souterraine a cessé; l'eau a dû envahir les galeries. Le bataillon de gauche occupe les ouvrages du «Ponceau», de la «Cuvette» et de la «Pointe» situés sur la route de Thann à Dannemarie, l'ouvrage des «Gabions», l'ouvrage «Central» et l'ouvrage des «Poiriers», face au village de Burnhaupt-le-Haut. Le bataillon de réserve est au cantonnement de Guévenatten. Le 416ème  quitte le secteur d'Alsace le 27 janvier 1916.

 

L'ordre de départ vient interrompre l'instruction. Le 416ème quitte Raon dans la nuit du 26 au 27 février. Il débarque à Souilly d'où l'on entend la lugubre canonnade de Verdun. Par étapes, il se dirige vers Sommedieu où il arrive le 3 mars. L'ar-rivée du régiment est salué par les obus ennemis.

 

Dans la nuit du 5 au 6, il va relever des territoriaux qui se sont repliés au bas des Côtes de Meuse. Le front du régiment s'étend de Châtillon exclu à Ronvaux inclus. Le P. C. est au château de Watrouville dont la tour forme un excellent observatoire. Le 1er bataillon occupe la partie E. et S.-E. du village; la liaison est assurée à gauche le long du chemin de fer meusien par la 7ème compagnie (ferme de Souloges) et la 8ème compagnie (cote 152). Les deux autres compagnies du 2ème bataillon sont détachées au 3ème bataillon qui est chargé de la garde de Ronvaux.  

 

Dans la nuit du 15 au 16 mars, le régiment est relevé. Pendant son séjour en réserve, jusqu'au 6 avril, le régiment est employé à organiser le plateau des Bluses et à assurer les communications entre ce plateau et Haudiomont.  

 

Dans la nuit du 6 au 7 avril, il relève le 30ème d'infanterie dans le secteur d'Haudiomont, d’où il est relevé par le 41ème RIC dans la nuit du 13 au 14 avril. Les secteurs du bas des Côtes de Meuse occupés par le 416ème ont été assez calmes pendant son séjour. S'il y a peu souffert d'actions d'infanterie, par contre a-t-il eu beaucoup à souffrir de l'artillerie ennemie. Cette dernière a littéralement écrasé sur ses unités les villages de Watronville et de Ronvaux qui avaient encore quelques habitants à leur arrivée.

 

Le 20 avril, à 6 h, il est transporté précipitamment en automobiles, par la «Voie Sacrée» jusqu'à Baleyscourt. Après avoir bivouaqué au Bois-la-Ville, les bataillons se portent sur Verdun. Une partie du régiment est logée à la Citadelle. Le régiment reste en réserve à Verdun jusqu'au 29 avril.

 

Dès le 30 avril, tout le régiment est en ligne entre la ferme de Thiaumont et la cote du Poivre (ravin de la Dame, bois Navé, boyau Rémi, petite carrière d'Haudremont, tranchée des Caurettes). 

Les lignes ennemies sont encore imprécises, surtout dans le ravin de la Dame. Le 2 mai, la 5ème Cie tente un coup de main au nord-ouest de la carrière d'Haudremont. L'ennemi a l'avantage du terrain. Du 1er au 7 mai, la 4ème compagnie, occupe avec quelques hommes un petit poste avancé particulièrement dangereux. Cette poignée repousse à 3 reprises à la baïonnette et à la grenade, des fractions ennemies qui tentent de l'enlever et capture des prisonniers. Au cours d'un bombardement intense faisant présager une grosse attaque imminente, ce petit groupe se porte encore 200 m en avant pour voir arriver plus tôt l'ennemi.

 

Le 7 mai, les Allemands font une puissante attaque précédée d'un bombardement d'une violence inouïe. Elle se produit entre la ferme de Thiaumont et le ravin de la Dame sur le front du 1er bataillon (8 km au nord de Verdun, au sud de Douaumont). Les 3ème et 4ème Cies sont anéanties. Le 1er bataillon est au 2/3 décimé, mais son chef prend rapidement des dispositions appropriées et réussit à enrayer l'avance ennemie.

Le 2ème bataillon reste accroché aux pentes sud du bois d'Haudremont. La 3ème compagnie de mitrailleuses cause de grandes pertes à l'ennemi. Il est cité à l'ordre du régiment.    

Le régiment a beaucoup souffert dans ce secteur. Le ravitaillement a été très difficile. Les pertes ont été très élevées.  La relève a lieu dans la nuit du 9 au 10 mai et le régiment cantonne à Verdun du 10 au 12 mai.     


Baptiste Paul BOUSQUET est officiellement tué à l’ennemi, le 9 mai 1916 à Baleycourt (5 km à l’ouest de la ville, le long de la «voie sacré»), aujourd’hui commune de Verdun, il avait 32  ans. Au vu de l’historique ci-dessus, il y a lieu de penser soit qu’il ait été tué le 7 dans la ravin de la Dame, soit qu’il ait été blessé ce même jour et décédé 2 jours après, le 9 à 3h du matin, des suites de ses blessures (comme le relate l’acte de décès), dans l’ambulance n° 3 du 12ème C.A., en arrière du front. La lecture du JMO permettrait éventuellement de connaitre la réponse.

ambulance de Baleycourt -bloc opératoire

Son lieu de première inhumation ne m'est connu, (mais probablement dans le cimetière militaire de Baleycourt), puis à la demande de sa famille son corps a été rapatrié et inhumé au Grand carré du Cimetière neuf de Béziers (Hérault), puis exhumé le 13 décembre 1972, et inhumé dans le cimetière communal de Valras-Plage (toujours dans l’Hérault). Son épouse, remariée (?), s’étant probablement retirée dans cette région.

 

 

Son acte de décès est transcrit dans le registre d’Etat-civil de la commune de Trèbes le 13 août 1916.

cimetière militaire de Baleycourt