Adrien Baptiste GROS 1879/1915

 

Fils de Jacques et de Louise PARASSE, Adrien est né le 6 octobre 1879 à Trèbes, commune située à 6 km à l'est de Carcassonne. Son emplacement stratégique sur la route entre la mer Méditerranée et l'océan Atlantique est connu depuis le néolithique. La ville se trouve dans un couloir entre Montagne Noire au nord et Corbières à l'est, au confluent de l’Aude et de l’Orbiel. Sa superficie est de 16 km² ce qui est une grande commune pour l'Aude et compte 2000 hab. en 1914. Les communes voisines sont Berriac, Bouilhonnac et Villedubert. Son port sur le Canal du midi a été très actif.

 

Adrien passe sa jeunesse au pied du clocher de l’église Saint Etienne. Après quelques années passées sur les bancs de l’école, il exerce le métier de cultivateur / ouvrier agricole comme ses parents et réside toujours avec eux à Trèbes en 1899. C’est ce qu’il déclare lors de son conseil de révision.

 

Lors du conseil de révision de sa classe, à Capendu en septembre 1899, son n° matricule au recrutement est le 855/Narbonne.

 

Au moment de son incorporation en octobre/novembre 1900, il est ajourné pour état de faiblesse.

 

Reconnu apte, lors d’un nouveau conseil de révision,  il est Incorporé pour le service militaire du 22 novembre 1901 au 19 septembre 1903 dans le 4ème R.I. (Auxerre). Il participe à la campagne de Tunisie du 22 novembre 1901 au 22 octobre 1902.

 

Lors des recensements de 1906 et 1911, Il vit toujours à Trèbes, chez ses parents, dans le quartier de l’écluse et il est apparemment célibataire.

 

Adrien décède le 5 janvier 1915 à Voormezeele (sud d’Ypres/Ieper) dans les Flandres belges.    

 

 

Mobilisé à partir du 4 août 1914, Adrien est affecté jusqu’au 27 aout en Algérie, puis du 28 août 1914 au 3 octobre 1914 au Maroc. De retour en métropole, il est affecté au 143ème R.I. (Carcassonne et Castelnaudary), 64ème Brigade, 32ème Division d’infanterie.

 

Le 19 décembre, un groupe de 210 hommes rejoint le 143ème R.I. en stationnement à Heksken (Flandres), Adrien GROS en fait partie. Ils forment la 10ème cie. Immédiatement, le 20, le régiment reçoit l’ordre de relever de 15ème RI sur la droite de la route de Wytschaete, entre St Eloi et Wytschaete. Les bataillons alternent 1ère et 2ème ligne, face à la « ferme de Hollande » fortement occupée et défendue par des réseaux de fils de fer que notre artillerie ne parvient pas à détruire, et qui ne peut être enlevée. Le régiment reçoit l’ordre de s’installer définitivement sur ses positions.     

 

Là, les tranchées sont par endroits à 15 mètres de celles de l'ennemi ; il y a même un boyau international qui a environ 80 cm d'eau dans lequel flottent des cadavres. Pour aller en première ligne, il y a 2 chemins: le boyau de l'eau, au nord, va à la compagnie de gauche; pendant 250 m, il faut marcher dans l'eau jusqu'aux genoux, et plus d'un vieux (40 ans) pleure comme un gosse, en poussant les glaçons lors d'une relève; les malins se déchaussent pour ne pas mouiller leurs souliers. Au sud, le boyau de la boue où s'enlise souvent les relèves ou les corvées de la compagnie de droite; c'est une terre gluante où l'on entre jusqu'à mi-jambe et d'où, très souvent, l'on n'arrive pas seul à se tirer; mais les balles écrêtent sans cesse les parapets et il faut bien passer par là.    

 

Des canonnades et des fusillades ont lieu de façon intermittente. Patrouilles, travaux de nuit, vigilance sont le quotidien des hommes.

 

Le 29 décembre, le 143ème va relever le 96ème R.I. à Saint Eloi. La relève est très longue et sous le feu des mitrailleuses. Le front à la garde du régiment va de l’écluse n°8 jusqu’à la ferme Picadilly.

 

Là, encore, patrouilles et bombardements intermittents font "quelques" victimes par jour (morts et blessés).

 

Le 143ème doit être relevé le 7 janvier par les anglais. Mais dans la nuit du 5 une fusillade met fin à la vie d’Adrien, probablement d’une balle dans la tête (tué par coup de feu lit-on dans sa fiche du registre matricule).

 

Du 1er novembre au 31 janvier, le 143ème a perdu sur le champ de bataille des Flandres: 7 officiers, 49 sous-officiers, 707 caporaux et soldats morts.    

 

"Cette tranchée toute neuve était ourlée de terre fraîche, comme une fosse commune. C'était peut-être pour gagner du temps qu'on nous y avait mis vivants."

"Les Croix de Bois"  - R. Dorgelès

 

"Merde ! encore creuser, toujours creuser. Faites votre trou, creusez cent fois votre tombe. Votre peau, il faut que vous la défendiez nuit et jour. Toutes les forces de destruction se conjuguent pour vous assassiner : chimistes composant des gaz nouveaux, sournois et mortels ; pionniers du génie, préparant des mines ; aviateurs cherchant, pour les mitrailler ou les signaler aux batteries, vos rassemblements et vos lignes ; artilleurs qui s’acharnant sur vous.

Votre peau, il faut que vous la disputiez aux obus qui vous pourchassent aux contre-pentes, aux mitrailleuses qui vous abattent par colonnes entières, au ciel même qui crache du fer et du feu. Creusez, mes camarades, pas de repos pour vous, pas de répit pour vous, pas de sommeil avant celui qui vous attend, rigide, froid, éternel."

"Les Suppliciés" - Naegelen


Adrien Baptiste GROS est tué à l’ennemi dans le Flandres belges (à proximité du village de Sint Eloois, commune de Voormezeele au sud d’Ypres/Ieper), le 5 janvier 1915, il a 35 ans.

 

Sa fiche matricule indique qu’il est mort par balle (à la tête)

 

Pourtant aucune sépulture n’est connue et il fait l’objet d’un jugement de confirmation de son décès (comme s’il avait disparu). Pourquoi ? Peut-être les tombes initiales ont-elles été détruites par les terribles cratères de mines.

  

Son décès, est confirmé par un jugement du tribunal de Carcassonne en date du 20 septembre 1917 qui est porté dans le registre d’état-civil de la commune de Trèbes en septembre/octobre 1917.

C'est le 9ème trébéen tué dans cette première bataille des Flandres. 

 

Son nom est gravé sur le Monument aux morts de Trèbes

 

 

 

 

 

 

 

 

Monument à la mémoire des régiments du sud qui sont venus combattre dans les plaines des Flandres