Adolphe Paul FRANQUES 1892/1914

Fils de Louis Jean, un tarnais, installé à Trèbes avant 1873, il est cultivateur, et Nathalie BASTIDE, une trébéenne, née en 1851. Ils se sont mariés en juin 1873, ont eu 4 enfants, Adolphe est le petit dernier, il est né le 15 mai 1892 à Trèbes. Commune voisine (6 km à l'est) de Carcassonne. Son emplacement stratégique sur la route entre mer Méditerranée et océan Atlantique est connu depuis le néolithique dans un couloir entre Montagne Noire au nord et  Corbières à l'est, son bourg idélament placé à la jonction de l’Aude, de l’Orbiel et du Canal du midi. Sa superficie est de 16,36 km² ce qui est une commune de grande taille pour ce département. Les communes voisines sont Berriac, Villedubert, Bouilhonnac. Elle est habitée de 2000 âmes en 1914.

 

 

Adolphe grandit au pied du clocher Saint Etienne, en dernier, lui et son père réside au domaine de Roquecourbe (à situer), sa mère Nathalie Bastide étant décédée avant 1912. Lorsqu’il est en âge, il prend le même métier que son père, et devient cultivateur. 

 

 

C’est d’ailleurs le métier qu’il déclare lors de son conseil de révision passé à Capendu en septembre 1912. Il est déclaré apte et son n° matricule est le 351 / Narbonne.

 

Il est affecté, à compter du 12 octobre 1913 au 53ème Régiment d’infanterie (stationné à Perpignan) pour effectuer son service militaire.

 

Il décède, tué à l’ennemi, le 11 novembre 1914 à Zillebecke (Flandres belges). Il a 22 ans.

A la mobilisation, en août 1914, il est toujours dans son régiment et participera aux premiers mois de la guerre dans cette unité, membre de la 63ème brigade d’infanterie (32ème Division - 16ème corps d’armée)

En août 1914, après la bataille de Morhange et les «victoires de Lorraine» (trouée de Charmes), la Mortagne du 23 août au 1er septembre, le bois de Roth, le 53ème RI est organisé défensivement et il se maintient dans cette région jusqu'au 8 septembre. A cette date, le 53ème est dirigé rapidement sur Nancy, les Allemands menaçant cette ville, et participe à l’offensive en attaquant Grand-Couronné.

Le 21 septembre, le 16ème Corps se porte dans la région de Fontenoy/Moselle et le 22, le régiment prend l'offensive dans la direction de Flirey-Essey.

Le 23, la 32ème Division monte en ligne, ayant comme objectif le bois de Mort-Mare et le bois d' Envezin. Le 3ème bataillon, placé en tête, va occuper la voie ferrée bordant la route Noviant-Bernécourt. Le lendemain, à la pointe du jour, le 53ème attaque le bois de Voisogne, solidement tenu et les mitrailleuses engendrent des pertes considérables. Il a pu s'avancer jusqu'à 400 m du bois, mais sans réussir, malgré toutes les tentatives, à s'emparer de la lisière du bois. On creuse des tranchées, on se cramponne au terrain; le 3ème bataillon repousse une contre-attaque venue du bois de la Hazelle. Le régiment est relevé dans la nuit. Au cours de cette rude journée, le régiment a perdu 5 officiers morts, 3 grièvement blessés et beaucoup d’hommes.

Le 27, l'ennemi se retire; le régiment le poursuit par Minorville, dans la direction de Bernécourt et Flirey. L'ennemi est chassé des bois de la Hazelle, mais le bois de Mort-Mare reste occupé et la progression devient très difficile.

Le 3 octobre, le régiment est relevé par le 81ème RI et va cantonner à Bernécourt. Le 5, il se dirige sur Foug, où il s'embarque le 7 pour aller vers Soissons

Le 15 octobre, le 53ème se porte vers Troyon, au nord de l'Aisne, et va relever les troupes anglaises. Vers 21h, une violente rafale d'artillerie allemande s'abat sur les compagnies de tête et met hors de combat 2 officiers et 87 hommes, dont 16 tués.

Le régiment occupe 2 lignes de tranchées jusqu'au 16 octobre. A cette date, il est relevé et va se rassembler dans la région de Rosière et de Villemontoire. 

Après quelques jours de repos et des marches pénibles pour se rendre vers Montdidier, le régiment est embarqué le 30 octobre et transporté à Bailleul. A 23h30, il repart en camions vers Ypres. Le 53ème fait désormais partie du détachement de Belgique. De Nieuport à la Lys, l'ennemi a concentré 13 corps d'armée. Le général Foch a opposé 5 de ses meilleurs corps d'armée qui arrêteront l'ennemi dans sa course à la mer. L'heure est grave; les officiers et soldats composant le 53ème ne se font pas d'illusions, la bataille sera rude et difficile.

 

La veille, le 29 octobre, 8 corps d'armée allemands se sont jetés à l'assaut. Ypres devient le but d'un infernal bombardement. Le lendemain, 30, après une alternance de succès et de revers, le 1er corps anglais est obligé de céder et de laisser aux Allemands le village de Klein-Zillebeke. Une perte plus grave encore, celle d'Hollebeke, livre à l'ennemi l’une des voies d'accès d'Ypres et va lui permettre d'approcher prés la ville. De plus, l'Yser étant maintenant inondé, certaines unités sont utilisées pour peser sur la Ville. Cela se ressent tout de suite dans les ordres donnés aux troupes du 9ème CA français. Le détachement Moussy avec l'arrivée de renforts prélevés sur les lignes de front, est chargé de renforcer les forces anglaises.    

Le 31 octobre, à 11 h, le 53ème RI est dirigé sur Noormezelle et, de là, sur Saint-Eloi, d’où il attaque immédiatement Oostavern en appuyant sa droite à la grand'route. Les 1er et 3ème bataillons gagnent la crête de Oostavern, mais à 13h30, ordre est donné de ne plus progresser et de s'installer solidement sur place. A 15h30, le régiment peut reprendre l'offensive suite à l'arrivée de 2 bataillons du 80ème. Le 1er novembre, à 0h35, les Hindous qui se trouvaient à gauche se sont repliés; le 2ème bataillon, est envoyé pour tenir tête à l'ennemi. A 10h, l'offensive reprend partout. Le 53ème fait partie d'une colonne d'attaque qui doit appuyer sa droite au chemin Oostavern/Groenlinde. Les compagnies prennent la direction de la lisière sud du château et le village d'Hollebecke. Une violente canonnade fait subir des pertes sérieuses aux compagnies qui, néanmoins, se maintiennent à leur place. La progression est difficile; les éléments de droite se sont repliés, mais la situation critique est rétablie. A 16h30, la canonnade devient de plus en plus intense; tout est bouleversé, plusieurs officiers sont tués; l'ennemi, de plus en plus nombreux, les écrase sous sa masse. Le régiment, débordé par les 2 ailes, se trouve dans une situation pénible; le colonel demande du renfort qui n'arrive pas. Pour éviter l'encerclement, le colonel donne l'ordre de se reporter à quelques centaines de mètres en arrière. Les hommes sont épuisés. Enfin, les bataillons de chasseurs arrivent et l'ordre est donné de reprendre l'offensive. La 3ème compagnie du 53ème se porte en avant. La position perdue un instant est reprise et le 10ème bataillon de chasseurs peut ainsi s'installer aux avant-postes, sur les hauteurs de côte 40. Cette journée a de nouveau coûté de nombreuses pertes. Parmi elles, nos deux trébéens, Joseph FAGES, 23 ans et Jean-Marie MONS, de la 10ème cie, 21 ans, sont tués à l’ennemi.    

Mais, il n’est pas temps de pleurer les morts. Le 2 novembre, l'attaque doit être reprise sur tout le front. Les 1er et 3ème bataillons du 53ème marche vers la côte 40 (Horsevilde). Au début, les éléments de la colonne de gauche perdant du terrain, le mouvement des bataillons du 53ème se trouve ralenti. La colonne de gauche recule toujours et l'ordre est envoyé aux bataillons de s'arrêter et de se déployer. Puis à 14h45, ils doivent se replier sur Saint-Eloi et d'assumer la défense du village. Une contre-attaque faite par les chasseurs a arrêté le mouvement des Allemands. La nuit se passe sans incident.

 

Le 3 novembre, une colonne formée du 53ème et du 10ème bataillon de chasseurs attaque le château de Hollebecke. L'attaque progresse lentement. Au cours de l’assaut le capitaine est tué. Un lieutenant prend le commandement du 2ème bataillon. Le 1er bataillon arrive le premier à la lisière du parc, y pénètre rapidement, se trouve en présence de tranchées occupées par des Allemands qui déposent les armes; la 2ème  compagnie arrive jusqu'au château. Les Allemands tirent par les fenêtres. Les clairons sonnent la charge. C'est la mêlée effroyable, les combats sont au corps à corps. Une fusillade générale éclate occasionnant un sérieux désordre. Les Allemands ouvrent un tir d'artillerie sur le château dont les murs s'écroulent. Le château ne peut être enlevé et le 53ème est obligé de se replier jusqu'à la lisière du parc.

 

Tous les combats qui se déroulent au cours de ces dures journées de novembre, les luttes acharnées où le régiment contre-attaquait sans trêve ne peuvent être décrits. Les 7 et 8, le 53ème se bat aux Ecluses et on va relever les Anglais à Zillebecke. Le bombardement augmente d'intensité. Nos pertes sont effroyables. Les 1er et 3ème bataillons peuvent à peine former 3 compagnies. Le régiment, relevé le 20 novembre par le 149ème va se reposer à Reninghelst.

C'est là que, le 23 novembre, le régiment accueille les bleuets de la classe 14. Adolphe ne les verra pas, il est mort le 11.    

Adolphe Paul FRANQUES est tué à l’ennemi (disparu) à Zillebecke dans les Flandres belges le 11 novembre 1914, il a 22 ans. C’est le 3ème trébéen, mort dans cette bataille.

Voici ce qui est inscrit dans le JMO :

« 10 novembre 15h… Le bombardement redouble d’intensité. Les hommes résistent bien qu’ils soient littéralement ensevelis sous les obus et les débris des tranchées…

La nuit est passée à refaire les tranchées que le bombardement a totalement détruites

11 novembre Dès le matin le bombardement de la veille reprend avec une violence toujours plus grande. Bientôt les tranchées sont une fois de plus complètement bouleversées…  Le bombardement continue toujours (12h40). En 1ère ligne tous les officiers sont morts; les hommes se replient en 2ème ligne. Les allemands en profitent pour lancer un 1er assaut, arrêté, puis un 2ème tout aussi bloqué…13h25 une violente contre-attaque nous permet de réoccuper la 1ère ligne…» Finalement compte-tenu des pertes, la 1ère ligne est abandonnée. Les pertes de la journée sont de 17 tués, 90 blessés et 51 disparus et le 12 cela continue

 

Le corps d’Adolphe ne sera pas retrouvé ou pas identifié. Son lieu de sépulture ne semble pas connu des autorités militaires. Comme beaucoup, son corps n'a pu être ramené, puis oublié dans le no man's land entre les deux camps. Plus tard, s'il a été retrouvé, il n'a pu être identifié et placé dans une fosse commune, peut-être dans l'une des nécropoles de la région d'Ypres.

 

Son décès confirmé, par un jugement du tribunal de Carcassonne en date du 9 juillet 1920, sera porté dans le registre d’Etat-civil de la commune de Trèbes le 17 juillet 1920.

 

Son nom est gravé sur le Monument aux morts de Trèbes.    

Monument à la gloire des régiments du sud: 53ème, 80ème, 143ème venus se battre dans le flandres belges.