Marius François ROQUEFORT 1885/1914

Bataillon d'infanterie légère d'Afrique

Fantassin à l'automne 1914

Marius François ROQUEFORT, fils de François et de Marie GAYET, est né le 1 juillet 1885 à Trèbes. Lorsqu’il nait ses parents ne sont pas mariés. Ils ne se marieront qu’en 1901 et légitimeront 3 enfants.

 

A l’époque de son conseil de révision, en 1905, il réside à Narbonne avec ses parents et exerce le métier de cultivateur. Il est jugé apte au service armé et son n° matricule est le Narbonne/552.

 

Il effectue son service militaire à compter du 7 octobre 1906 au 35ème R.I. (Belfort). Il est empri-sonné le 2 décembre 1906 et condamné pour vol d’effets militaires (par le conseil de guerre de la 7ème région militaire) le 1er février 1907 à 1 an de prison, (réduit à 9 mois); libéré le 2 septembre.

 

Il passe alors au 2ème  B.I.L. Afrique (décision du 10 août 1907), arrivé au corps le 2 septembre 1907. Il est affecté au 1er B.I.L. d’Afrique le 30 janvier 1908, et arrive au corps le 13 février 1908. IL est affecté dans les régions sahariennes du 20 février au 12 décembre 1908.

 

II est rendu à sa famille le 21 septembre 1909.

  

 

Avant son incorporation, il était assez agité. Mais son passage au B.I.L.A. ne semble pas l’avoir assagi. Il est entre autre condamné le 8 janvier 1912 à 1 mois de prison pour vagabondage par le tribunal correctionnel de Béziers.

 

Il est célibataire.

 

 

 



 Les bataillons d’infanterie légère d’Afrique (BILA), plus connus sous leurs surnoms de Bat d’Af’ étaient des unités de l’armée de terre française. Contrairement à ce qu’on pense, ce ne sont pas des unités disciplinaires au sens strict. Elles ont néanmoins accueilli dans leur rang les jeunes hommes déjà condamnés dans le civil, au moment ou ceux-ci devaient faire leur service militaire, et des militaires sanctionnés, après leur passage dans des compagnies de discipline. Cependant il est clair qu’il y régnait une discipline bien plus forte que dans les autres unités de l’armée. Initialement, les soldats du 1er BILA sont les Flore, ceux du 2ème Zéphyr, ceux du 3ème Chardonnet, puis le surnom de Joyeux s’impose pour tous, bien qu’on entrevoie encore celui de Zéphyr. Les soldats des BILA s’étant distingués le 6 février 1840 à la bataille de Mazagran, ce jour devient la fête des BILA.

1er bataillon d’infanterie légère d’Afrique. Créé par ordonnance du 13 juin 1832, stationné à Mostaganem, à Oran puis à Tataouine après 1932. Il disparait en 1940, pour réapparaitre en septembre 1948.

2ème bataillon d’infanterie légère d’Afrique. Créé par ordonnance du 13 juin 1832, stationné à Bougie. Il est dissout en 1927, la guerre du Rif finie.



A la mobilisation, il a 29 ans et il est rappelé le 4 août 1914 au dépôt du 80ème R.I.  

Compte tenu de son âge, il est affecté au 280ème RI (régiment de réserve du 80ème RI). Ce régiment constitué de 2 bataillons (5ème et 6ème), encaserné lui aussi à Narbonne, avec 281ème RI de Montpellier et le 296ème RI de Béziers, il forme la 131ème Brigade (66ème Division d'Infanterie d’août 1914 à sept. 1914), puis il passe à la 58ème en octobre).

 

Pour rejoindre la zone de combat le régiment est divisé en 2 échelons. Le premier, qui comprend l'Etat-Major, le 5ème bataillon et la 1ère section de mitrailleuses, embarque le jeudi 13 aout vers 8h. Son itinéraire est Tarascon, Lyon, Besançon, Dole. Il arrive à Montbéliard, son terminus le 14 août à 14h.
 Le 6ème bataillon, auquel appartient Marius ROQUEFORT Ce régiment fait partie de l'Armée d'Alsace du Général Pau. Il appartient à la 66ème Division de Réserve).   

Le samedi 15 août, l'armée d'Alsace tient Sultzeren (4 km N.O. de Munster), la vallée de la Fecht, Thann, Roderen, Hecken, Dannemarie, Montreux-Vieux dans l’actuel Haut-Rhin. La tête de la 66ème Division de Réserve est sur la ligne Froide-Fontaine - Charmoix (Terr. de Belfort). L'état-Major et le 5ème Bataillon cantonnent à Vieux-Charmont à proximité de Montbeliard. Le 16 août, une offensive est lancée sur tout le front. Le 18 août le régiment se porte sur Falckwiller et Gildwiller (S.O de Mulhouse).

 

Baptême du feu

Le mercredi 19 aout l'armée d'Alsace continue sa progression sur Mulhouse. La 66ème Division doit atteindre le front de Riedisheim au S.O du bois de Zurenwald, face à la Forêt de la Harsth. Les officiers n'ont aucun renseigne-ment sur l'ennemi et rien ne laisse prévoir une rencontre dans la journée. Pendant la traversée de Spechbach le Bas (Nieder Spechbach)  on entend quelques coups de fusil en avant et quelques canons assez sourds sur la droite. Peu après, le régiment apprend que des uhlans ont été vus du coté d'Ilfurth. Enfin lorsque la tête de la colonne y arrive à on entend une forte canonnade dans la direction de l’aile gauche, il est 9h20 La colonne poursuit sa marche en détachant quelques éléments à petite distance sur ses flancs et au débouché de Froeningen, on entend distincte-ment les éclats de shrapnels allemands au dessus de Didenheim.

Vers 10h, en arrivant à Illfurth, le régiment reçoit l'ordre de passer la rivière l'Ill, pour déborder Hoschstatt par l'Est, et faire tomber Didenheim fortement occupé par l'ennemi. Le 280ème RI déboite de la colonne, passe l'Ill à Illfurth. Le 5ème bataillon est chargé de la marche d'approche. Il se dirige sur Zillisheim. Arrivé à Zillisheim, il y trouve des troupes déployées devant lui. C'est le 293ème RI positionné à cheval sur la voie ferrée et la route. Le chef de bataillon avertit le colonel qu'il ne trouve pas de place pour s'engager. Il est alors prescrit d'occuper le terrain entre la voie ferrée et le canal face à Hoschstatt. Vers 13h, il se produit un premier reflux des 253ème et 97ème RI.  Le général fait alors intervenir 2 compagnies restées en réserve. Le mou-vement en avant est repris par l'ensemble de la ligne, mais il ne peut se maintenir. Pour essayer d'arrêter ce recul, et de reprendre l'offensive, 2 nouvelles compagnies sont portées sur la ligne. Le colonel donne l'ordre de poser les sacs, en raison de l'état de fatigue des hommes.

Le 5 octobre le régiment embarque à Bruyéres, destination l'Oise. Le 5ème bataillon  arrive à Tricot le 9 octobre à 3h. A pied, le régiment quitte ce secteur pour la région de Hangest-en-santerre, Fresnoy-en-chaussée (Somme) où il arrive le 10, puis il continue vers: Sailly-le-Sec, Ribémont/l’Ancre. Il remonte toujours vers le nord: Le Hameau, Avesnes-le-comte. Là, il apprend que la 58ème D.I. est rattachée au 21ème C.A. et il est transporté en camion vers Noeux-les-mines-Hersin, jusqu’à à la Fosse N°6 où le 14 octobre à 15h, il attend l'ordre d'attaque. L'ennemi est fortement retranché au Nord de Vermelles (Vermeille), le long de la route de Cuinchy, dans le village de Vermelles très fortement organisé et sur le plateau du Rutoise.

 

Le régiment se porte sur Annequin, avec mission:

1° de prendre ou de chasser les mitrailleuses ennemies de flanquement établis vers les carrières Nord de Vermelles,

2° de déborder Vermelles par le Nord,

3° de laisser une garnison à Annequin pour assurer sa possession,

4° de s'opposer à toute contre-attaque ennemie.

Après une violente préparation par l'artillerie, l'attaque est déclenchée à vers 14 h. Elle ne progresse que lentement. Les unités et le terrain sont violemment balayés par le feu de plusieurs mitrailleuses. Le 5ème bataillon reste à Annequin pour s'opposer à toute contre-attaque.    

 

Le 14 octobre à 17 h, ordre du Général: "L'attaque de Vermelle doit être poussée à fond ce soir, même après la tombée de la nuit". Le 6ème bataillon, celui de Marius ROQUEFORT,  ne parvient pas à franchir le ruisseau dit Courant de Bully. Le combat se prolonge jusqu'au soir vers 20 heures. Il s'organise et se retranche fortement sur la crête à l'ouest du ruisseau, au Sud de la voie ferrée partant d'Annequin. De violentes fusillades ont lieu par intermittences au cours de la nuit. Les combats reprennent le lendemain à 5h30. le 6!me bataillon est toujours en première ligne. Mais , a la fin de la journée la progression est toujours assez faible, mais les pertes de la journée s’élèvent à 3 officiers, 9 sous-officiers, 9 caporaux, 44 soldats tués; et 82 soldats blessés ainsi que 44 disparus.  La 23ème cie, celle de Marius ROQUEFORT, compte 26 tués, 56 blessés, 40 disparus (sur un effectif d'environ 250 hommes).   Marius ROQUEFORT est tué au cours de ce combat.

 

Le 16 octobre, les attaques sur Vermelles sont reprises. Les troupes doivent profiter de la nuit et du brouillard pour se rapprocher le plus possible de la lisière du village. Pendant toute la journée elles progressent très lentement. Le brouillard qui devait faciliter leur mouvement est une gêne pour l'artillerie. Elle ne peut observer qu'avec beaucoup de difficulté les objectifs à battre.A 17h, l'ordre d'attaque générale est donné. La 18ème cie est en 1ère ligne et attaque au nord du village. Elle progresse jusqu'à la route, malgré le feu des mitrailleuses. Ne pouvant être appuyé par l'artillerie, le 280ème doit se replier dans la tranchée de départ, l'attaque a échouée. Les pertes sont élevées.   

La marche reprend sur tout le front. La position est absorbée et enlevée très brillam-

ment à la baïonnette. Sous les feux convergents venant des crêtes qui enveloppent Flaxländen au Nord et à l'Est, et par suite des pertes en officiers et chef de section, et aussi du mélange avec d'autres unités, déjà éprouvées par les engagements antérieurs, il se produit un nouveau mouvement de recul. 

Un lieutenant de réserve voyant que des éléments commençaient à fléchir, se porte en tête en déployant le drapeau et contribue à arrêter le mouvement de recul Il est à ce moment 17h 30. Il ne peut plus être question de reprendre une nouvelle attaque sans le secours de troupes de renfort. On se borne à conserver la position initiale, le long de la voie ferrée et à cheval sur la route. Le combat prend fin à la nuit tombante. 
Les pertes pour cette journée sont importantes. (Tués: 2 capitaines, 1 lieutenant, 2 adjudant, 2 caporaux, 23 soldats. Blessés: 1 capitaine, 5 lieutenants, 3 adjudants, 6 sergents, 13 caporaux, 73 soldats. Disparus: 1 adjudant, 6 caporaux, 48 soldats disparus. La fatigue des réservistes est très grande et leur moral fâcheusement impressionné par les difficultés dans lesquelles ils s'étaient trouvés pour cette première journée de combat. Néanmoins le Général de Brigade avait ordonné de se tenir prêt à reprendre  l'attaque le lendemain. Mais à l’aube les patrouilles constatèrent que l'ennemi avait disparu.    

Poursuivant sa marche vers Mulhouse, le régiment cantonne le 20 et le 21 août à Froëningen, et à Flaschlanden; le 22 et le 23, il assure la couverture à Brulach.

 

Cependant, les événements se précipitent sur tout le front, la fortune des armes semble tourner; il faut retraiter, c'est l'ordre. Le 280ème prend la route de l'ouest, passe à Brunstatt, Zillishein, et arrive à Montreux-Château et à Bart où il cantonne jusqu'au 28 août. Le régiment assure ensuite le service de grand'garde à Etapes, le 29 et le 30. Il se rend à Fesches-l'Eglise le 31, où il reconnaît ses emplacements de combat. Jusqu'au 9 septembre, il est en grand'garde à Grandvillers, Thiaucourt, La Vacherie ou en réserve à Fesches-l'Eglise. Le 10, il se met en marche sur Arnould, par Grandvillers, cantonne le 11 à Giromagny, le 12 à Thillot, le 13 à Gérardmer. Il arrive le 14 à Arnould où il reste au repos jusqu'au 15. Du 16 au 20, il prend les avant-postes à Rossberg (col du Bonhomme); le 21, il cantonne au Poncey. Du 22 au 30 septembre, il est logé dans des baraquements à Corcieux et à la caserne de Fraize. Le 24, le colonel est remplacé et le 28, un nouveau lieutenant-colonel prend en main les destinées du régiment. 

Le 30 septembre au soir, le régiment part pour Lesseux. Le jeudi 1er octobre, le 280ème qui appartient désormais à l'Armée des Vosges passe en première ligne entre Lesseux (Vosges), la cote 607 et à la lisière du bois de Le Chéna. La position est renforcée par des tranchées. Le 5ème bataillon prend les avant-postes dans la région d'Herbaupaire et Luce, les 4 compagnies en ligne; le 6ème bataillon campe au bois des Romains. Il subit des bombardements intermittents d'artillerie lourde et par des canons de 77. Le 2 octobre au lever du jour à la faveur du brouillard, l'ennemi lance des patrouilles pour reconnaître la position tenu par le 5ème bataillon ce qui occasionne de vives fusillades de 6h à 7h 30. Il reste dans cette situation jusqu'au 4, relevé à 2 h, par la 253ème B.I. il rentre à Arnould.    

Marius François ROQUEFORT est tué à l'ennemi (selon le JMO du 280ème RI) le 15 octobre 1914 dans l'assaut du village de Vermelles dans le Pas de Calais et selon sa fiche du SGA le même jour, mais des suites de ses blessures, probablement dans une ambulance située à Sailly- Labourse.

 

Il avait 29 ans.

 

Son décès est transcrit dans les registres de l'état-civil de la commune de Narbonne à la date du 20 juin 1916.

 

Le monument aux morts de Narbonne ne comporte pas les noms.

 

 

Son corps a été restitué à sa mère Rosalie GAYET, épouse ROQUEFORT, le 23 novembre 1921. Il est donc probablement inhumé dans l'un des cimetières de la commune de Narbonne.


Monument aux morts de Narbonne