Louis Pierre BENAUSSÉ (1893/1918)

Fils de Maximilien, tailleur de pierres, originaire de Malves-en-Minervois et d’Antoinette GUIRAUD (originaire de Trèbes), tous deux décédés à Trèbes avant 1911, Louis Pierre BÉNAUSSÉ est né le 31 juillet 1893 à Trèbes. Il est le dernier enfant d’une fratrie de 4 enfants. Il passe toute son enfance et son adolescence au pied de l’église Saint-Étienne de Trèbes.

 

Trèbes est située à proximité de Carcassonne, à 6 km à l'est de celle-ci, au sud de la France. Son emplacement stratégique sur la route entre la Méditerranée et l'océan Atlantique est connu depuis le néolithique. La ville se trouve dans un couloir entre la montagne Noire au nord et les Corbières au sud-est, la plaine du Lauragais à l'ouest et la vallée de l'Aude au sud. La superficie est de 16,36 km² ce qui en fait une grande commune comparée à celles de l'Aude. Ses voisines sont: Berriac, Bouilhonnac et Villedubert. Elle comptait 2000 hab. en 1914.

 

 


Lors du conseil de révision (il a devancé l’appel sous les drapeaux), en 1910 à Carcassonne, son n° matricule au recrutement est le 356. Toujours résidant à Trèbes, Louis Pierre s’est engagé, alors qu’il est orphelin, le 11 octobre 1911 (il vient d’avoir 18 ans) à la mairie de Carcassonne, pour une durée de 4 ans. Il a choisi le Génie, le 2ème régiment de Montpellier, qu’il rejoint dès le lendemain, le 12 octobre.

 

Il est nommé caporal le 1er octobre 1912 et sergent le 14 août 1913.

 

Optimiste et amoureux, il se marie le 4 septembre 1917 à Trèbes avec Yvonne Françoise PÉBERNARD, une jeune trébéenne de 20 ans. Ils auront un enfant Yvette Marguerite, née en juillet 1918, 7 jours après la mort de son pére, à Trèbes. Elle sera adoptée pupille de la nation le 13 septembre 1918.

 

 

Il décède le 16 juillet 1918 à Louvois (Marne).    

 

En août 1914, Louis Pierre est toujours au 2ème régiment du Génie - 26ème Bataillon - Cie 26/4M. Les compagnies du 26ème bataillon appartiennent au 29ème bataillon autonome du Génie à Bizerte (Tunisie), mais inscrites à l'ordre de bataille du Dépôt du 2ème R.G. à Montpellier: Compagnies 26/2M, 26/3M 26/3M (13ème Corps d'Armée, 120eme Division d'Infanterie), 26/4M, 26/6M, 26/56M, 26/21M. Le 'M' signifie 'marocain', et indique que ces compagnies sont des éléments du Corps Expéditionnaire engagé au Maroc depuis 1908. Le 29ème (ex 26èm) rejoindra la métropole, puis ira combattre en Serbie et finira la campagne devant Odessa (Ukraine) en janvier 1919.

 

Il est toujours très difficile de suivre les étapes du parcours des compagnies du Génie qui sont dispersées et rattachées à des divisions.

  

 

Ramenée à Athis le 22 août, la Compagnie quitte ce village le 21 Septembre et va bivouaquer à la cote 167, non loin de Sept-Saulx. Le 23 août (?), elle s'installe dans les abris de la tranchée des Troglodytes, au nord de Prosnes. Pendant des mois, c'est là que la Compagnie vivra, travaillant en 1ère ligne au Mont Sans Nom, au Têton, et au Casque à la construction et à l'aménagement d'abris, installant des postes d'observation, faisant des réseaux en avant des lignes.

 

Le 12 janvier 1918, un. coup de main est tenté sur une tranchée ennemie; un détachement de sapeurs y participe et détruit des abris à l'aide de charges d'explosifs. Le 17 janvier, la Compagnie va faire un nouveau séjour à Aulnay-sur-Marne, puis remonte en secteur le 26 janvier. Elle reste à Sept-Saulx et travaille à l'arrière jusqu'au mars.

 

 

A cette date, la 26/4 va bivouaquer au Bois du Chien; elle est chargée alors de la mise en état de la position intermédiaire derrière les Monts, au sud de la voie romaine. Elle crée de toutes pièces 2 lignes de défenses munies d'observatoires bétonnés, d'abris et de postes de commandement. Cette position devait, en cas de besoin, constituer la ligne principale de résistance. Ces travaux étant terminés, le 8 juillet 1918. La Compagnie est chargée d'organiser une bretelle réunissant la position intermédiaire à la 2ème ligne. Elle occupera, en cas d'attaque ennemie, cette position. Le 14 juillet au soir, les travaux sont terminés et la 26/4 prend ses emplacements de combat. L'attaque allemande est prévue pour la nuit du 14.

 

Un sergent et 2 hommes sont envoyés au tunnel du Cornillet avec mission de le détruire, en faisant jouer les dispositifs de mines établis depuis le mois de février 1918. Ni le sergent, ni les hommes ne revinrent, ayant été faits prisonniers.

 

 

 

 

 

La Compagnie 26/4 est citée à l'ordre du corps d'armée: Sous le commandement du capitaine BASTIEN, lors des attaques allemandes de juillet 1918, a assuré l'organisation et l'occupation d'un point d'appui de la 1ère position, a supporté sans fléchir un bombardement de la plus extrême violence, lui causant des pertes sérieuses. A conservé sous le feu la bonne humeur et l'entrain qui sont la garantie de sa valeur morale. A fourni des détachements qui ont mené à bien diverses missions particulièrement périlleuses et l'une même de sacrifice.

 

 

Le calme revenu après le succès de notre IVème armée, la 26/4 quitte l'ouvrage de la Vallée et va dans le secteur d'Auberive. Elle bivouaque au camp de l'Espérance.

 

Le témoignage qui suit (dont je ne suis pas certain qu’il s’agisse bien, à cette époque, de la compagnie de Louis Pierre) donne une idée de l’activité d’une compagne du Génie: « Jusqu'au 15 juin 1917, la Compagnie 26/4, est chargée de l'organisation du secteur de la 124ème division, sur les Monts de Champagne. Elle construit des abris et des observatoires. Le secteur est calme et les travaux sont exécutés dans de bonnes conditions. Le 15 juin, la 26/4 va à Aulnay-sur-Marne où elle fait des exercices de pontage jusqu'au 15 juillet. Le 17 juillet, elle se rend à l'ouvrage de la Chabrerie, à 1.800 m au nord de la gare de Wez-Thuizy. Les troupes françaises viennent d'attaquer et ont conquis le sommet du Cornillet, du Mont Blond et du Mont Haut.

 

La 26/4 organise les positions, alors que la division tient le secteur des Marquises. Elle crée des abris, des pistes et pousse la voie de 0,60 et de 0,40 jusqu'à des points très rapprochés des premières lignes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pressés d'en finir et hypnotisés, comme en 1914, par Paris, qu'ils menacent à la fois par la vallée de l'Oise au nord, par les vallées de l'Ourcq et de la Marne, à l'est, les Allemands décident une nouvelle offensive. C'est le «Friedensturm» ou «Bataille pour la Paix». Ludendorff projette une attaque frontale pour séparer les armées du nord de celles de l'est, en tournant d'une part, Verdun par Sainte-Ménéhould, la vallée de l'Aisne, d'autre part, Reims, la vallée de la Marne.

 

Le 15, à 0h 10, le bombardement allemand (obus explosifs et obus toxiques), commence, violent à l'extrême et dure jusqu'à 7h 30 causant des pertes sévères à la Compagnie. Les Allemands sont arrêtés à la chaussée romaine, et le 15, au soir, 3 détachements de la 26/4, commandés par des sergents, sont chargés de couper nos communications téléphoniques. Ces détachements accomplissent leur mission, mais sont cruellement éprouvés.

 

Pendant toute la journée du 15 juillet, malgré les rideaux de fumée qui les dissimulent, les avions alliés repèrent les ponts jetés sur la Marne et les bombardent. Ils en détruisent plusieurs  et  précipitent les troupes et les  convois dans la rivière.

 

Ensuite, ils attaquent à la mitrailleuse les troupes qui ont débouché sur la rive sud. Trente passerelles moins vulnérables sont installées. Malgré un léger avantage tactique acquis au sud-ouest de Reims et sur la Marne, l'offensive de Ludendorff a complètement échoué en Champagne. 

 

Le plan qui était de laisser nos premières lignes, tenues par quelques braves, à l'ennemi, alors que toutes nos forces, établies sur la position principale de résistance à l'arrière, étaient prêtes à recevoir sans faiblir le choc de l'ennemi que celui-ci ne pouvait plus donner réussit pleinement. 

 

 

Renonçant à tourner Reims par l'est, il va chercher à déborder la montagne de Reims par le sud. Il lui faut un succès à tout prix. Il tente une manœuvre périlleuse, dictée par la témérité et par la méconnaissance des ressources françaises qu'il croit épuisées, et va s'acharner en direction d'Épernay. Ludendorff jette ses troupes sans compter, s'efforçant ainsi d'atteindre le but fixé. Il lance par 5 fois, en 5 endroits différents, de grosses attaques, mais dans l'ensemble, il est repoussé. Le 18 juillet, les alliés lancent une formidable contre-attaque de Soissons à Reims: la seconde bataille de la Marne. Deux jours après, ce retour offensif donnait la victoire complète. »

 

 

Louis Pierre BENAUSSÉ a été blessé le 15  juillet, à Beaumont s/Vesle, par des éclats d’obus aux jambes, lors de l’attaque allemande. Peut-être participait-il à la construction d’une passerelle sur l’Aisne.

 

Il est mort, des suites de ses blessures, le 16 juillet 1918 dans les locaux de l’ambulance Y22, Secteur postal 11. Il semble s’agir de l’ambulance située sur la commune de Louvois (Marne) au sud de Reims, il allait avoir 25 ans. Il était sergent à l’époque de son décès. Il avait été cité à l’ordre de son régiment le 26 septembre 1916, et à l’ordre de la division le 25 mai 1918.

 

Il est titulaire de deux décorations, l’une concernant sa campagne au Maghreb, avant 1914 et la Croix de guerre, avec étoile d’argent.

 

Son corps est restitué à sa veuve le 7 juillet 1921 et inhumé dans une tombe familiale dans le cimetière communal de Trèbes.

 

Son nom est gravé sur le Monument aux morts de Trèbes.

 

Son décès, qui est porté dans le registre d’Etat-civil de la commune de Trèbes le 17 janvier 1919, bien que la Municipalité de Trèbes ait été avisée le 16 août 1918.