Léon Achille ANDRIEU 1883/1915

Léon, Achille, fils de Pierre et d’Elisabeth ALBERT, est né le 28 février 1883 à Trèbes, commune située à 6 km à l'est de Carcassonne, au sud de la France. Son emplacement stratégique sur la route entre la Méditerranée et l'océan Atlantique est connu depuis le néolithique. La ville se trouve dans un couloir entre montagne Noire au nord, Corbières au sud-est, et la vallée de l'Aude au sud. Sa superficie est de 16,36 km² ce qui en fait une grande commune pour le département de l'Aude. Ses voisines sont Berriac, Bouilhonnac et Villedubert. Elle est peuplée de 1100 habitants en 1793, 1850 en 1893 et près de 2000 trébéens et trébéennes en 1914. Traversée par le canal du midi, au cœur d’une région viticole, son port a été très actif.

Ses parents s’y sont mariés en 1882 et ils y vivent encore en 1903. Lui est cultivateur, éleveur et elle l’assiste. Cadet d’une famille de 2 enfants, il a une demi-sœur et il passe son enfance au pied du clocher de l’église Saint-Etienne, grand’rue et après quelques années sur les bancs de l’école, il fait son apprentissage de tonnelier.

C’est le métier qu’il déclare et qu’il exerce à Trèbes lors du conseil de révision qu’il passe à Capendu en septembre 1903. Son n° matricule au recrutement est le 237/Narbonne, et il a été déclaré apte.

 

Il accomplit son service militaire à partir du 15 novembre 1904 au 100ème R.I. à Narbonne et libéré le 23 sept. 1905.

 

Il se marie le 9 juin 1906 à Trèbes avec Marie PLANA, d’où 2 enfants : Élisa (1907) et Paul (1913).

 

Il est élu conseiller municipal en mai 1908, réélu en 1912.

 

Il décède le 27 avril 1915 au nord d’Ypres (Flandres).    


A la mobilisation le 4 août 1914, Léon Achille, âgé de 31 ans, est affecté au 22ème RIC et mis à disposition du dépôt des «coloniaux isolés», le 8 octobre. Par la suite, il est affecté au 1er Régiment Mixte d'Infanterie Coloniale (4ème bataillon, 1ere compagnie) dénommé 1er Régiment de Marche d'Infanterie Coloniale en décembre et 1er RICM, Régiment d'Infanterie Coloniale du Maroc le 9 juin 1915, qu’il rejoint au front en novembre (peut-être le 27 ?).

Du 17 août 1914, date à laquelle ce régiment débarque à Cette (ancien nom du port de Sète) jusqu’à l’armistice, «les marsouins» participent à toutes les batailles, devenant en 4 années l’un des régiments le plus décoré. Il est utile de faire remarquer qu’il n’est composé que de continentaux. 

Après la victoire de la Marne, regroupés dans le 1er RMIC, leur conduite héroïque, d’abord à Lassigny, puis au cours des combats de Mametz-Montauban en décembre 1914, leur vaut leur première citation à l’ordre de l’Armée.

 

D'innombrables réseaux de fils de fer, des feux nourris de mitrailleuses avaient arrêté l'élan des troupes de la 53ème Division de Réserve. Le 17 décembre à 16h et le lendemain matin, 2 compagnies du 6ème bataillon du R. I. C. M. étaient engagées successivement à l'attaque des tranchées du cimetière de Mametz. Arrêtées à quelques mètres des réseaux, les compagnies furent réduites à creuser une tranchée sous un feu violent.

Le 22 avril, quelques bombes avaient été échan­gées. Mais vers 17 h, les troupes occupant les lignes, de Langemark au canal d'Ypres virent flotter au ras de terre, en avant des lignes allemandes, un épais nuage de vapeurs jaune verdâtre, plus dense vers Bixschoote, que le vent, peu violent, poussait vers eux. Ces fumées, formées par des vapeurs de chlore, atteignirent rapidement les tranchées, provoquant chez les soldats un aveuglement et une suffocation épouvanta-bles, accompagnés de vomissements, et déterminant l'asphyxie. A ce moment, l'ennemi déclenchait une fusillade très nourrie, et son artillerie lourde bombardait violemment la seconde ligne. Le secteur était tenu en partie par la 8ème division territoriale, qui se replie rapi­dement sur les ponts de Boesinghe. Le 1er bataillon d'infanterie légère d'Afrique et le 2ème bataillon du 2ème tirailleurs essaient de tenir tête aux Allemands qui, en formations massives, la bouche et les narines recou-vertes d'un tampon d'étoffe, suivent à courte distance la nappe de gaz. Cette action laissa un nom à ce gaz, l’Ypérite. Mais, suffo­qué par les fumées asphyxiantes, en butte au tir de l'artillerie, la plupart de ceux qui résistent sont tués ou faits prisonniers. Les autres se retirent vers Ypres, tandis que les Alle­mands progres-sent le long de la voie ferrée Langemark-Boesinghe. Ce drame terrible n'avait duré que 15 mn; la surprise avait été complète et en 3/4 d'heure les Allemands avaient atteint les ponts de Boesinghe. L'attaque était menée par au moins une division. 

L'avance enne­mie avait été si rapide que les batteries de la 45ème division ne s'aperçurent qu’au dernier moment de l'ir-ruption de l'ennemi. Ils ouvrirent le feu aussitôt, tirèrent jusqu'au dernier projectile et le personnel ne quitta les po-sitions que quand l'infanterie alle­mande les eut atteint. Ils leur laissèrent entre les mains 29 pièces de 90, 16 de 75 et 6 de 95, 4 canons de 120 long, qui furent repris quel­ques jours plus tard. Il y eut 15 000 hommes gazés, 5 000 morts, 5 000 prisonniers. L'avance allemande con­tinuait sur le pla-teau de Pilkem et vers le canal. Des élé­ments établis­saient même une tête de pont à ­Steenstraat. Mais aux ponts de Boesinghe, l'ennemi, arrêté par des zouaves et des élé-ments des 14ème et 79ème R.I.T., ne peut déboucher sur la rive ouest. Le canal entre Het-Sas et le sud de Boesinghe est tenu solidement par les territoriaux des 73ème et 79ème. Alors que les troupes françaises reculent en ordre, la division cana­dienne céda une profondeur de terrain d'environ 3 km.

 

 

 

 

 

Le 25 avril (1915) en accord avec les Anglais, les troupes françaises reprennent l'offensive sur tout le front atta-qué. Entre 9 h et 12 h, le 1er RICM (celui de Léon ANDRIEU) et 8ème régiment de marche de tirailleurs, accompagnée d'un groupe de canons de 75, réussit à franchir le canal à la faveur de la brume et attaque vers le nord. A 14 h, ils se portent en avant et atteignent les tranchées ennemies; mais les Allemands, qui ont déjà installé leurs réservoirs, arrêtent l’offensive par une forte émission de gaz asphyxiants. Reprise à 17 h, l'attaque échoue de nouveau devant la projection des gaz. 

Dans la nuit du 25 au 26, le colonel Mordacq tente une attaque à la baïonnette. Retardée par la clarté vive de la lune jusqu'à 3h, l'attaque ne peut franchir les réseaux ennemis malgré l'héroïsme des régiments de zouaves, renforcés par un bataillon de chasseurs à pied.  

Le lendemain 27, à 13h le signal de l'attaque est donné. Les marsouins, alignés comme à la manoeuvre, font preuve d'une bravoure surhumaine. Soudain, alors que les premiè-res vagues sont à peine à 50 m de la ligne ennemie, après un sifflement prolongé sur tout le front, un léger brouillard s'élève de la ferme Mortelje. De couleur jaune verdâtre, il roule lentement. Essoufflés par leur course, les hommes as-pirent le gaz chloré et à demi-asphyxiés tombent foudroyés. Malgré les souffrances, les compagnies placées en soutien, bien que plus ou moins intoxiquées n'abandonnent pas leurs postes de combat. 

  

Léon Achille ANDRIEU, 32 ans, est tué au combat, le 27 avril 1915 dans l’attaque de la ferme de Mortledge, du côté des bourgs de Pilkem et de Langemark-Poelkapelle, au nord d’Ypres (Flandres). Pour lui, la guerre aura duré 9 mois, avec le sacrifice de sa vie au bout.

Aucune sépulture n’est connue. Les autorités militaires ne semblent pas connaître son lieu de sépulture. A-t-il été abandonné sur le terrain, a-t-il été enseveli dans un bombardement, son corps n'-a-t-il pas pu être identifié ? Comme beaucoup, son corps n'a probablement pas pu être ramené, puis oublié dans le no man's land entre les deux camps. Plus tard, s'il a été retrouvé, il n'a pu être identifié et anonyme placé dans une fosse commune, un ossuaire, peut-être dans le cimetière de guerre dans les environs du champ de bataille, peut-être parmi les inconnus de la Nécropole nationale Saint-Charles de Potyze au sud d’Ypres. 

Son décès est noté, le 25 mai 1916, dans les registres de l’état-Civil de Trèbes. Son nom, avec le seul prénom d’Achille, est gravé sur le Monument aux morts de Trèbes.

Le 20, les 4ème et 9ème bataillons reçurent l'ordre de reprendre l'offensive par surprise sur la lisière est de Mametz. Bien que l'attaque fut éventée, les clairons sonnent la charge. Le commandant Ayasse entraîne la compagnie de tête et s'empare de la première tranchée. Les mitrailleuses ennemies couvrent le terrain découvert et causent de grosses pertes dans les rangs. A la cote 210, l'attaque est arrêtée par un blockhaus puissant.

A 9 h 45, l'ordre arrive de reprendre l'attaque qui est préparée par un tir de nos 75. Dans un sursaut d'énergie, les débris des compagnies s'élancent. Bientôt on ne voit plus que des isolés qui s'avancent, mais qui tombent sous un feu impitoyable, jusqu'au moment où le commande-ment renonce à cette offensive. Les pertes sont terribles la compagnie Boutel ne comptait plus que 20 hommes. Cette lutte autour de Mametz aura coûté 25 officiers et 745 soldats tués ou blessés.

 

Au début du printemps 1915 le Régiment d'Infanterie Coloniale du Maroc est dirigé à l'ouest de Saint-Pol comme troupe de choc de la 152ème D. I. en vue d'une offensive projetée à l'Est d'Arras. Mais les événements modifient les plans du commandement et il est envoyé à Ypres, pour renforcer les britanniques qui résistent aux attaques répétées des armées de Flandres. Ypres doit être dégagé.

 

 

 

 

Le 4 avril 1915, la 8ème armée est transfor­mée en «Armée de Belgique» et le groupement de Nieuport lui est rattaché. Pendant les mois de mars et d'avril, le calme avait régné sur cette partie du front. L’activité principale consistait à échanger une canonnade parfois assez nourrie; mais rien ne laissait présager les évé-nements terribles qui se dérouleront sur ce coin de terre des Flandres à la fin du mois d'avril.

    

Dès le lendemain 23 avril, l’Etat-major prépare des contre-attaques avec les élé­ments disponibles de la 45ème division, une brigade anglaise, une fraction de la division canadienne et l'appui de l'artillerie de l'armée belge. Le commandant de la 90ème brigade, avec des éléments des 2ème bis et 3ème bis régiments de zouaves et du 7ème zouaves, prononce plusieurs attaques, mais ne fait que peu de progrès, se heurtant à des haies fortement organisées et garnies de mitrailleuses.

Le 24 avril, le général Foch fait affluer de nouveaux ren-forts dans le secteur: une bri­gade territoriale, la 153ème, puis la 152ème division, ainsi qu'une brigade anglaise. Les contre-attaques reprennent avec une nouvelle vigueur sous la direction des commandants de la 153ème, et la 45ème divi-sion. Les progrès sont faibles, mais partout l'ennemi est contenu. Un officier du 1er RICM qui reconnaissait le terrain de l’attaque est déchiqueté par un obus.     

En dépit des tirs de barrage et des rafales de mitrailleuses, l'attaque est reprise le lendemain vers les lignes de sacs à terre et les chevaux de frise qui abritent l'ennemi. Les vagues progressent par bonds, décimées par un feu très violent d'artillerie et de mousqueterie; les 3 bataillons se portent sur la ferme Mortelje qui est conquise de haute lutte. Le 30 avril, presque tous les officiers sont tombés. L'artillerie allemande arrose copieusement les premières lignes et les mitrailleuses «Maxim» qui n'ont pas été détrui-tes, gênent considérablement la progression. A 18 h, les clairons sonnent «en avant», mais peu après les poilus sont arrêtés par un nuage de gaz qui fait échouer l'attaque.

En 3 jours le R.I.C.M. a perdu en tués et blessés 1 011 hom-mes dont 30 officiers. Léon Achille ANDRIEU décède dans ces combats, le 27 qui compte 160 tués et disparus. Les jours suivants, la lutte continue, l'ennemi se bornant à la défensive.