Jean Eugène PLANCADE 1873/1916

sapeur en uniforme

sapeur en tenue de travail

Fils d’Etienne et d’Augustine ALQUIE,  Jean PLANCADE est né le 24 décembre 1873 à Villasavary (Aude).

 

Villasavary est située dans le département de l'Aude. Ses habitants sont appelés les Villasavariens. Situé dans le Lauragais au cœur du triangle Carcassonne-Castelnaudary-Limoux, à quelques kms de Castelnaudary. Une situation géographique favorable, porte d’entrée du Pays Lauragais et de la Moyenne Vallée de l’Aude, mais aussi un vaste territoire communal qui regroupe à la fois la plaine Lauraguaise et les collines boisées de la Piège premiers contreforts Pyrénéens. 1600 h. en 1914.

 

Lors du conseil de révision de sa classe, en 1893, Jean déclare résider chez ses parents et exercer le métier de cultivateur. Son n° matricule au recrutement est le 711 / Carcassonne. Il est jugé apte. Il effectue son service militaire à partir du 14 novembre 1894, jusqu’au 24 septembre 1895 au 151ème R.I. (Verdun, quartier Miribel).

 

Il résidera à Trèbes à partir de 1897 (métayer chez Charles Bataillé).

 

Marié le 23 novembre 1903 à Carcassonne, avec Catherine Marie BASTIE union d’où naitra ? enfants.

 

Il décède le 12 octobre 1916, des suites de ses blessures, au camp de la borne 16 sur la route entre Mesnil-les-hurlus et Massiges (Marne).    


A la mobilisation, il est affecté au 127ème R.I.T (Carcassonne) jusqu’au 14 septembre 1915. Reste-t-il au dépôt de Carcassonne ? Fait-il parti des bataillons qui se rendent au Maroc, puis dont un certain d'hommes rentrent victimes de maladies en décembre 1914 ? En février 1915, un certain nombre d'hommes du dépôt sont affecté au 322° R.I., nouvellement créé?

 

Pour sa part, Jean PLANCADE est affecté comme sapeur-mineur au 2ème régiment du Génie (Montpellier) – 16ème bataillon territorial dans la 2ème compagnie (16/2 T), le 15 septembre 1915.


Depuis le 4 décembre 1914, la 16/2 T est cantonnée dans des abris à l'est de Vienne-le-Château. Jusqu'au 19 janvier 1915, elle effectue des travaux de 1ère ligne dans les bois de la Gruerie, au nord de Beaumanoir et construit sur la Biesme un pont en charpente pour l’Artillerie lourde et des passerelles pour piétons. Pendant cette riode, 1 sapeur est tué, 2 sapeurs sont blessés, 14 disparaissent le même jour. Du 20 janvier au 15 mars 1915, des travaux de 1ère et 2ème lignes lui sont confiés: constructions d'abris et de postes d'observation pour l'artillerie, dans le bois de la Gruerie, et travaux d'aménagement, pose de réseaux, de chevalets de frise dans le sous-secteur de droite de Servon. Les pertes de la Cie très lourdes pendant l'accomplissement de ces pénibles et dangereux travaux sont de 3 tués et 19 blessés. Un sergent, pour sa belle conduite est cité à l'ordre de l'Armée: «A établi de nombreux fourneaux de mines en avant de la 1ère ligne dans des conditions … périlleuses. Chargé d'effectuer le levé à la boussole de toutes les tranchées du front, il s'est acquitté de sa tâche avec un sang-froid et un soin remarquables. En toutes circonstances, a fait preuve de bravoure et du mépris du danger.»

 

Cette tâche ingrate mais utile est à nouveau confiée à la compagnie pendant de longs mois. Les sapeurs, inlassables, tenaces, fouillent le sol, creusent des galeries, organisent les tranchées le fantassin pourra circuler, construisent l'abri qui le protégera des coups ennemis et lui permettra après l'attaque,  de jouir d'un repos, et d'une tranquillité bien gagnés. Mais ce labeur modeste n'est pas sans périls et nombreux sont ceux qui tombent sous les balles  et les  éclats d'obus ennemis.    

Jean PLANCADE est tué à l’ennemi, suite à des blessures par éclats d’obus, avec un collègue Léonce GARS, le 12 octobre 1916, dans le camp de la borne 16, au bord de la route de Mesnil-les-hurlus à Massiges (Marne). Il avait 43 ans.

 

Les autorités militaires ne semblent pas connaître son lieu de sépulture. A-t-il été enseveli dans un bombardement, son corps n'-a-t-il pas pu être identifié ? Comme beaucoup, son corps n'a probablement pas pu être ramené, puis oublié dans le no man's land entre les deux camps. Plus tard, s'il a été retrouvé, il n'a pu être identifié et anonyme placé dans une fosse commune, un ossuaire, peut-être dans la nécropole nationale de Pont de Marson, située sur le territoire de la commune de Minaucourt-le-Mesnil-les-Hurlus sur la D 566 en direction de Massiges.
   Elle s'étend sur 44 ha.
   21 319 soldats y ont été inhumés dont 12 223 en 6 ossuaires.

 

Son décès, est porté dans le registre d’état-civil de la commune de Trèbes en date du 30 mai 1917

 

Son nom est gravé sur le Monument aux morts de Trèbes.

 

 

Jusqu'au 13 juillet, les pertes de la Compagnie sont de 7 tués et 36 blessés. Le maître-ouvrier GALAUP, grièvement blessé, obtient une citation à l'ordre du régiment: «Bon maître ouvrier, courageux et dévoué qui s'est fait remarquer par sa belle conduite au feu». Le sapeur-mineur GERBEAUD est cité pour sa courageuse attitude au feu: «S'est fait remarquer depuis le commencement de la campagne par son dévouement et son courage; tout récemment, à l'occasion de travaux de construction d'abris pour mitrailleuses en un lieu extrêmement battu par le feu ... a conservé tout son sang-froid dans une circonstance où des éclats de schrapnells venaient d'atteindre 8 de ses camarades au secours desquels il s'était porté …, malgré le danger …».

 
Le 16 juillet 1915, la 16/2 T change de cantonnement et se rend à la Harazée (Marne) jusqu'au 5 septembre, elle travaille à l'ouverture d'une tranchée le long de la route de Vienne-le-Château-Harazée et construit 2 abris de mitrail-leuses en bordure de cette route. A ce moment, la Compagnie peut enfin se reposer 8 jours. Repos bienfaisant, après un labeur de plusieurs mois !

 
A compter du 16 septembre, la Compagnie est affectée à nouveau au secteur de Servon. Des travaux de défense sur la rive gauche de la Biesme sont exécutés. En vue de l'attaque du 25 septembre, l'aménagement de sources, l'installation de dépôts d'eau au Ravin des Places d'Armes et l'établissement de passerelles sur des boyaux et tranchées, pour en assurer le franchissement, sont confiés à la Compagnie. Enfin, elle construit 2 ponts sur l'Aisne et met en place les dispositifs de mines des ponts de Vienne-le-Château.

 
La Compagnie quitte La Renarde pour Croix-Gentin. Les pertes nombreuses subies par la 16/2 T ont considérablement réduit son effectif; des renforts lui sont nécessaires et elle reçoit successivement 20, puis 65 sapeurs parmi lesquels Jean PLANCADE.

 
A partir du 23 novembre 1915, elle organise la rive gauche de la Biesme, sur la ligne Le Claon, Florent, Moiremont et l'Aisne, faisant partie de la 2ème position, sur une longueur totale de 5 km; elle a placé les réseaux, construit des postes pour mitrailleuses avec abris de bombardement souterrain pour le personnel et des casemates pour pièces de 65 et de 47. Jusqu'au 28 août 1916, elle continue ces travaux sur le plateau du Ravin Vert et de la Plocardelle. Pendant cette période, le caporal BARDOU, engagé volontaire, obtient une belle citation: « Père de 6 enfants, s'est engagé à l'âge de 58 ans, pour la durée de la guerre,… est venu sur le front le 3 décembre 1914 jusqu'au 22 novembre 1915; y est revenu sur sa demande le 21 février 1916 et n'a été évacué le 15 avril 1916 qu'à bout de forces et presque aveugle. Malgré son âge avancé…»

 
Le 29 août 1916, la Compagnie quitte la Croix-Gentin et se rend au nord de Somme-Suippes (Marne), au camp de la Maison-Forestière, où elle est cantonnée. Du 1er au 30 septembre, le 2ème peloton est occupé aux mines du secteur. Travail excessivement pénible où le danger guette le sapeur à chaque pas. «Lui, travailleur infatigable, accomplit sa tâche courageusement, piochant avec ardeur, rejetant les terres vers l'entrée, les éparpillant sur le sol de façon à laisser ignorer à l'ennemi l'existence de cette galerie souterraine. Et lorsqu'il est découvert, avec quelle rage il lutte de vitesse avec le Boche! Arriver le 1er, tel est le but vers lequel tendent ses efforts et sa volonté. Quel bonheur lorsqu'il peut «camoufler» son adversaire ! Mais aussi, combien de vides un ennemi vigilant n'a-t-il pas fait chez nous ?» Pendant ce temps, le 1er peloton ne reste pas inactif. Il travaille à la construction d'abris et met en état la route de Souain à Tahure. Puis le 1er octobre, la compagnie quitte la Maison Forestière et pour le camp de la Borne 16, environ à 1200 m à l'est de la ferme de Beauséjour. Là, elle est employée aux travaux de mines du secteur du Filet (mines Garnache, Escudier, Cazade et Giraud). Jusqu'au 14 mars 1917, ces travaux se poursuivent, exigeant de tous les sapeurs un labeur continu et tenace, pénible et dangereux. A ce point dangereux que Jean Plancade y meurt.