5.4 - L'hécatombe dès le début

«Les balles allemandes ne sont pas dangereuses: elles traversent les chairs de part en part sans faire aucune déchirure.» Qui a osé écrire cette "fable" ? Un journaliste de «L’Intransigeant», le 17 août 1914. La guerre vient pourtant de commencer et les premières statistiques donnent le vertige: l’armée française dénombre à partir de cette date, chaque jour plus de 20 000 morts dans ce qui est encore une guerre de mouvement. Mal équipés, cibles de choix en pantalon rouge – les premiers casques ne seront livrés qu’en novembre 1915 -, mal dirigés par des généraux qui en sont souvent encore restés aux préceptes des guerres précédentes, ceux qu’on appellera vite les poilus tombent comme des mouches. Mais à l’arrière on n’en sait rien !

 

Depuis on sait; le 22 août est la journée «la plus sanglante» de la guerre: 27 000 morts pour cette seule journée. Dans «Le Matin», autre quotidien, on peut ainsi lire en septembre 1914, une «pseudo» lettre d’un soldat au front qui assure: «Leur artillerie lourde est comme eux, elle n’est que bluff. Leurs projectiles n’ont que très peu d’efficacité et tous les éclats vous font simplement des bleus.» Les hommes en capotes bleues et pantalons rouges, sont envoyés au massacre en rang serré et doivent avancer face aux mitrailleuses lourdes. C’est la stratégie de «l’offensive à tout prix» dont l’échec va bientôt donner lieu au creusement des tranchées qui restent pour nous l’image la Grande Guerre.

 

Pour la commune de Trèbes, ce sont 32 «Morts pour la France», dès les 5 premiers mois. Ils ne sont que 23 sur la plaque de 1914, mais 8 ont été "oubliés" pour diverses raisons et le nom de Moïse JOURNET est gravé sur l’année 1915.

La Bataille des frontières

Zone de combat des Corps d'armées auxquels appartiennent la plupart des trébéens engagés 

 

Au cours des premiers jours de la guerre, lors de la "bataille des frontières" (3 août au 5 septembre), 6 trébéens sont parmi les victimes :

 

Alcide Joseph Jean  CASTEL (29), soldat au 53° RI, mort le 20 août 1914  à Rorbach - Bois de Vulcain  (57) - Tué à l'ennemi

 

Joseph Germain Léon GUILHEM (64), soldat au 53° RI - 2° Cie- mort le 20 août 1914 à Rorbach  (57) - Tué à l'ennemi.

 

Pierre SALVIGNOL (111), soldat au 96° RI, mort le 22 août 1914 à Lunéville (54) - Tué à l'ennemi.

 

Etienne Marie Paul DE BEAUMONT (39), caporal au 83° RI, mort le 27 août 1914 à Thelonne (sud de Sedan) (08) - Tué à l'ennemi.

 

Pierre François GUIRAUD (66), soldat au 53° RI, mort le 31 août 1914 dans le Bois de Broth (55) - Tué à l'ennemi.

 

Moïse Alric Paul JOURNET (76), soldat au 61° RI, mort le 1er septembre 1914 à Lunéville (54) - Tué à l'ennemi.