8-1   Le conflit continue à s'enliser

Après un hiver terrible les combats reprennent

 

Dès le mois de février 1917 les Alliés se disposaient à reprendre, au nord et au sud de la Somme, leur marche en avant suspendue pendant l'hiver. Les Anglais, attaquant les premiers, ne rencontrèrent sur l'Ancre qu'une faible résistance. A partir du 24 février ils n'eurent plus devant eux qu'un simple rideau de troupes; le gros des forces ennemies se repliait sans combattre. C'était le prélude de la grande retraite stratégique effectuée d'un seul coup, habilement et sans trop de pertes, du 17 au 21 mars, sur tout le front allemand d'Arras à Vailly-sur-Aisne. 

 

Le nouveau front, jalonné par la crête de Vimy, Cambrai, Saint-Quentin, le massif boisé de Saint-Gobain, les hauteurs du Laonnais et le plateau de Craonne, n'était plus un système continu de tranchées parallèles, mais un échelonnement de zones fortifiées, dont une formidable organisation assurait la défense (entrelacements de fils de fer barbelés, fortins disséminés entre les lignes de tranchées, abris camouflés pour l'artillerie lourde, chemins de fer et gares de ravitaillement pour les munitions et les vivres, centres d'aviation parfaitement aménagés). L'ensemble formait la position Hindenburg, dont les différentes lignes ou sections portaient les noms wagnériens (en fait tirés des  des Niebelungen. 

 

Derrière ce rempart qu'ils jugeaient infranchissable, les Allemands comptaient user et désorganiser les offensives des Alliés et les attaquer ensuite, où et quand ils le voudraient, avec 120,000 hommes disponibles par suite du raccourcissement du front. Leur retraite, stratégique ou non, n'en était pas moins l'aveu d'un échec. Les Alliés s'en réjouirent d'autant plus vivement qu'ils ne l'attendaient pas si tôt. 

 

Les Allemands se vengèrent par la dévastation méthodique et atroce de la région qu'ils abandonnaient. Sous prétexte de «faire un immense glacis devant leurs positions nouvelles», ils incendièrent ou firent sauter à la dynamite 38,000 maisons dans 264 villes ou villages de la Picardie, volèrent tout ce qu'ils purent emporter, anéantirent le reste, retournèrent les semailles, scièrent les arbres fruitiers, empoisonnèrent les puits et les fontaines et emmenèrent comme un troupeau d'esclaves les malheureux habitants. La destruction des ponts et le bouleversement des routes ne ralentirent pas la progression des Alliés dans ce « royaume de la mort ».

 

Du 17 au 19 mars Bapaume, Péronne furent occupés par les Anglais, Roye, Lassigny, Nesle, Noyon, Ham, Chauny et Tergnier par les Français. Ces derniers avaient marché aussi vite qu'ils arrivèrent en même temps que les Allemands sur l'Oise et la franchirent. Malgré sa très vive résistance, le général Humbert s'établit sur l'Ailette, força les Allemands à évacuer la basse forêt de Saint-Gobain et la hauteur de Coucy, dont ils firent sauter par pur vandalisme le vieux donjon féodal. Les Français n'étaient plus qu'à 7 km de Saint-Quentin investi de trois côtés par Franchet d'Esperey et Rawlinson. Entre cette ville et Cambrai les Anglais gagnaient du terrain vers l'Escaut. Les chars d'assaut (les tanks), dont ils avaient été les premiers à faire usage, leur rendirent de grands services. Les Alliés dans cette campagne avaient l'avantage du nombre, grâce a I'accroissement continu des effectifs anglais, et leur matériel était maintenant au moins égal à celui des Allemands. 

 

La bataille de l'Artois. 

Le plan concerté entre Nivelle et Douglas Haig était de maintenir une pression constante sur toute l'étendue du front, mais de porter leur principal aux deux extrémités contre les deux bastions de la ligne Hindenburg, Vimy et le plateau de Craonne. La bataille de l'Artois fut la bataille anglaise: les divisions canadiennes du général Byng s'emparèrent de la crête de Vimy; les armées Horne et Allenby dégagèrent Arras, s'avancèrent le long de la Scarpe dans la direction de Douai, occupèrent Liévin et les faubourgs de Lens d'où les Allemands ne purent jamais les déloger.  Plus au nord, sur le front d'Ypres, Plumer, avec les Australiens, les Néo-Zélandais et les volontaires irlandais de l'Ulster, bouleversa les tranchées allemandes par l'explosion simultanée de 19 fourneaux de mines et remporta les 7 et 8 juin la victoire de Messines qui coûta 35,000 hommes au prince de Bavière. L'ennemi essaya sans succès de réagir : jusqu'à la fin de septembre les Anglais ne cessèrent pas de progresser en Artois et dans les Flandres. Leur campagne d'automne sera moins heureuse. Une attaque par surprise contre Cambrai débuta le 20 novembre par une brillante victoire, mais Byng, mal secondé par ses lieutenants, fut battu le 30 par von Marwilz et perdit tout le terrain gagné. 

 

La bataille de l'Aisne

Nivelle ne jugeait pas que la situation créée par la défaillance russe, le nouveau facteur américain et le repli allemand, fussent des raisons d'ajourner l'action contre le massif soissonnais. Bien que Pétain continuât à n'être pas d'avis « d'une bataille à allures décisives », Painlevé y consentit, mais sans que ce fût son sentiment, et, avec lui, la majorité d'une conférence de ministres et de généraux que le président de la République réunit à Compiègne (6 avril). Alors que Joffre avait projeté d'engager la bataille, au contact des Anglais, entre la Scarpe et l'Oise, de l'Ouest à l'Est, Nivelle, qui avait devant lui 500.000 Allemands, partisan de l'action immédiate, redoutant d'avoir « à subir la volonté du Boche » organisa son offensive entre Reims et le canal de l'Aisne à l'Oise, du Sud au Nord, contre le massif de Craonne, « le grand objectif stratégique », dira Ludendorff, mais où Napoléon lui-même avait échoué. A l'est de Soissons Micheler enleva sur l'Aisne le saillant de Vailly et le fort de Condé. Mangin, avec les coloniaux et les troupes noires, poussa son attaque vers Craonne jusqu'à la ferme célèbre d'Hurtebise. Mazel au centre atteignit la trouée de Juvincourt et menaça le fort de Brimont d'où l'ennemi bombardait Reims. A l'est de cette ville, Anthoine prit position sur le massif de Moronvillers, 10-18 avril.  

 

Engagée par un temps affreux et contre un ennemi qui s'était préparé de longue date à recevoir le choc, la bataille de l'Aisne (16-20 avril) ne fut qu'une demi-victoire pour les Alliés. Nivelle s'était flatté et, surtout, il avait donné trop à entendre que le premier élan le porterait dans la plaine de Laon., garnie de mitrailleuses nichées dans les creutes ( = grottes calcaires), opposa une terrible résistance. Mangin, malgré la vaillance de ses troupes, ni Mazel, peut-être à cause d'une préparation insuffisante d'artillerie, ne purent dépasser le Chemin des Dames, au long de la crête qui domine les vallées de l'Aisne et de l'Ailette.Les temps qui suivirent furent troubles. L'armée et le peuple de l'arrière avaient attendu la rupture; on n'avait remporté qu'un succès tactique de plus. Les grandes ailes de l'espérance se replièrent.

 

Il eût fallu réagir tout de suite; mais une atmosphère lourde régnait au ministère de la Guerre. Après une seconde bataille, les 4 et 5 mai, consolidant et étendant les positions conquises, donna aux Français le moulin de Laffaux, la plus grande partie du Chemin des Dames, le village et le plateau de Craonne, les monts à l'est de Reims, enlevés de haute lutte, l'offensive s'arrêta. Toutes les contre-attaques furent repoussées et valurent même aux Français de nouveaux progrès dans la région des monts de Champagne. En trois semaines le Kronprinz avait perdu 200.000 hommes hors de combat, 20.000 prisonniers, 200 canons, des engins de tranchées et des mitrailleuses par centaines. 

 

Les Alliés dominaient les Allemands partout où ils les avaient  attaqués, mais ils n'avaient ni enlevé en totalité le massif de Saint-Gobain, ni délivré Laon, ni dégagé Reims. Pourquoi cette offensive, si brillamment commencée, ne fut-elle pas poussée plus loin? On a reproché à Painlevé, alors ministre de la guerre, de l'avoir arrêtée, malgré les généraux. Il s'en est après la paix énergiquement défendu. Nivelle, qui aurait voulu la recommencer, eut la faiblesse de retirer son commandement à Mangin, le principal vainqueur du 16 avril, mais que poursuivait le reproche d'avoir fait massacrer ses hommes. 

 

A un moment ou à un autre de la guerre, dans chacun des camps, dans chacune des armées, des mutineries ont éclaté. Les deux tiers des unités françaises ont été affectés à des degrés divers par de tels actes de rebellion contre cette « boucherie » dont les soldats sur le front, loin de toutes les propagandes, ne comprenaient plus le sens. Le parxoysme de ces mouvements eut lieu en ce mois d'avril 1917. Après les massacres de Craonne et les durs combats du Chemin des Dames. Nivelle, opprimé par la méfiance qu'il sentait autour de lui, dut se retirer. A partir du 15 mai, il ne commanda plus que les armées du centre. Painlevé le remplaça par Pétain et nomma Foch chef de l'Etat-Major général.

 

Les français tente de démultiplier les fronts en créant l'armée d'Orient.

 

Douze trébéens en seront victimes ( hors les 5 tués sur le Chemins des Dames)  durant l'année 1917

 

Louis Henri

MARIN

31/01/17

Jean Marie

JORDY

07/02/17

Augustin Irénée

JAMMES

16/03/17

Louis Marius

COURRIERE

29/03/17

Jean Pierre Paul

ROCH

10/05/17

Jules Emile

FERRED

01/06/17

Jean

FAURE

11/07/17

Pierre Emile

ROUQUET

21/07/17

François Georges

COLOMBIES

12/09/17

Hippolyte

PEILLE

23/09/17

Judé (ou Jules) Laurent

PISTRE

31/10/17

Prosper Guillaume

VIÉ

15/11/17