6.5   Enfin, un nouvel uniforme...

 

Durant l’hiver 14/15, alors que certains conservent le pantalon rouge, ils sont nombreux à préférer le chaud pantalon de velours côtelé que la famille leur envoie par colis. Il n'y a plus d’uniforme: désormais, les poilus portent des lainages, s’enveloppent dans des toiles de tente et même des peaux de mouton. Aux pieds des combattants, bottes et épaisses chaussettes, ou encore jambières, remplacent les brodequins. En cet hiver 1914, elle a une bien triste allure l’armée française !



La réforme du bleu horizon

Au lendemain de la victoire de la Marne, l'état-major avait adopté une nouvelle teinte pour l'uniforme français, le fameux "bleu horizon". Des commandes de ce nouveau drap sont passées en urgence, mais le nombre d'homme à équiper est colossal et la fabrication va être longue.

Des mesures urgentes sont prises en attendant:

1 - Une nouvelle capote, moins couteuse en tissu, est conçue: la capote Poiret. Elle n'a qu'une rangée de six boutons modèle 1871 (bientôt remplacés par des boutons en aluminium, voire fer blanc ou zinc), deux poches poitrinaires et une intérieure en bas à droite pour le paquet de pansements, ainsi qu'un col pouvant être relevé par grand froid. De coupe plus simple que le modèle précédent, donc moins onéreuse, elle est aussi plus pratique et plus confortable. Ainsi qu'un nouveau képi: le modèle 1915

2 - Des culottes civiles en velours sont distribuées aux troupes ainsi que des brelages (ceintures, bretelles,...) en toiles erzatz ;

3 - Des tampons contre les gaz sont conçus en urgence, en raison de la guerre des gaz qui vient de commencer.

 

Le premier semestre 1915 est synonyme d'anarchie vestimentaire. Dans cette course frénétique vers le "camouflage", pas un soldat n'est vêtu et équipé comme son voisin. "On équipe à tout, va avec tout ce que l'on peut trouver en stock et sur le marché". Les anciens effets côtoient les nouveaux.
L'armée française, sur la question vestimentaire tout du moins, fait l'effet d'un groupe désordonné et très hétéroclite.

 

 

A l’automne 1915, l'adaptation à la guerre de tranchée

En pleines offensives de Champagne et d'Artois, les efforts que fait la France pour réformer l'uniforme et les équipements de son armée, commencent doucement à porter leurs fruits, et la disparité entre les soldats du front tend à disparaitre peu à peu. Le fameux bleu horizon et l'équipement de cuir couleur fauve tant souhaités, deviennent petit à petit majoritaires dans les tranchées de 1ere ligne.

Le second semestre 1915 voit également l'arrivé d'un élément très important dans la silhouette du soldat, le casque d'acier "Adrian". Cet ajout à l'équipement a été rendu indispensable par l'augmentation dramatique des blessures à la tête. Les protections contre les gaz se multiplient et progressent sans cesse, en même temps que les gaz eux-mêmes.

 

 

 

1916, l'année de Verdun, l'année charnière

 

Alors que toute l'armée française défile sur le front de Verdun pour tenter d'endiguer l'offensive allemande, les évolutions vestimentaires se font moins importantes. Et le premier semestre de l'année 1916, n'est marqué que par des modifications au niveau de l'équipement.
Les difficultés rencontrées depuis 1 an et demi ont été surmontées, les usines d'uniformes et d'accessoires produisent à plein régime, honorent leurs commandes, et les soldats français sont enfin vêtus de manière semblable.

Il faut citer toutefois, et entre autre :

1 - L'adoption en urgence du couvre casque, rendue nécessaire du fait de la brillance de la peinture du casque Adrian sous les rayons du soleil. Beaucoup de tués par balle au crâne étaient constatés ;

2 - La création des chevrons de présence aux armées et de blessure ;

3 - L'apparition du nouveau masque à gaz M2 et de sa boite métallique ;

4 - L'adoption du fusil Berthier pour les fantassins ;

 

1917-1918, les dernières évolutions de la guerre

A partir de l'automne 1916 et durant l'année 1917, interviennent les dernières modifications qui vont fixer à jamais la silhouette des "Poilus de 14-18". C'est cette dernière qui sera représentée sur la plupart des monuments aux morts de France et qui restera dans l'imaginaire des futures générations.

Les modifications les plus caractéristiques sont :

1 - Le casque Adrian, débarrassé de son couvre casque car devenu moins brillant lors de sa fabrication. Cette modification donne naissance au casque Adrian 2eme type ;

2 - La capote, dite "capote croisé ", redevenue à double boutonnage pour mieux protéger la poitrine (de nombreux cas de tuberculoses étaient constatés) et avec ses collets en forme de losange irréguliers ;

3 - Le masque à gaz modèle ARS et sa boite métallique caractéristique.

 

 

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