Marceau GÉNIBREL 1894/1916

 

 

 

 

 

Marceau, Louis, Gaston GÉNIBREL fils de Jean Baptiste et d’Anna HUC est né le 10 juillet 1894  à Trèbes (11369).

 

 

 

A l’époque de son passage devant la commission du conseil de révision, en février 1914, il réside avec ses parents à Carcassonne, 42 rue Antoine MARTY. Il déclare exercer la profession de négociant en vins. Il est brun, plutôt grand pour l’époque (1m85) et il a un niveau scolaire de CEP.

 

 

 

Il est incorporé le 7 septembre 1914 au 143ème régiment d’infanterie, comme soldat de 2ème classe. Son dépôt est à Carcassonne et son centre d’entraînement à Castelnaudary. Ce régiment appartient à la 64ème brigade d'infanterie (32ème division). Après quelques semaines de formation au dépôt Marceau est envoyé au front. Il a été nommé caporal le 8 novembre 1914, probablement à l’issue des classes.

 

 

 

Le 8 août, le 143ème quitte ses garnisons pour la Lorraine. Du 10 au 16, il marche sur Avricourt, où il franchit la frontière. Les plus grands espoirs sont permis: le régiment est déjà en Lorraine annexée et il n’a pas encore combattu.

 

 


Le 18 août l’offensive est proche, le 143ème se porte sur Rhodes pour, de là, marcher le 19 sur Bisping et Londrefingen. Chemin faisant, il trouve sur la route, les premiers postes de secours où affluent les blessés du 142ème qui a été engagé la veille. Le 19 août dans l’après midi, placé en position d’attente dans le Bois de Mulhewald, le 143ème reçoit le baptême du feu. La nuit arrive; chefs et soldats bivouaquent dans le bois dont les lisières sont gardées, dans l’attente du lendemain. Cette veillée d’armes est troublée par quelques engagements de patrouilles et par une tentative allemande infructueuse Le 20 août, à 4 h, les Allemands attaquent en force les lisières de la forêt. Pendant que le 2ème  bataillon s’efforce de stopper les assaillants, les 1er et 3ème bataillons s’établissent et se fortifient sur une transversale située à 1500 m au nord du village d’Angviller. Bousculé par des forces supérieures, le 2ème bataillon se retire par échelons et s’établit à la lisière sud de la forêt. A 6h, le régiment reçoit l’ordre de reprendre la lisière nord puis de pousser jusqu’à Londrefing. Le 3ème bataillon va de l’avant; mais tourné par l’ennemi, il est obligé de faire face à cette nouvelle attaque. Ses mitrailleuses sont enlevées. Le 1er bataillon dont l’attaque était liée à celle du 3ème mais qui en avait été séparé, se lance à la baïonnette. Il repousse l’ennemi jusqu’à la lisière nord du bois. Là, il est reçu par des feux meurtriers qui l’obligent à s’évacuer des positions si chèrement conquises. Le repli se fait en ordre sur Angviller où s’opère le ralliement. Le 2ème bataillon se porte au nord d’Angviller avec une section de mitrailleuses, ce qui permet le repli sans nouvelles pertes du régiment. A 15 h, le repli général est donné, qui s’effectue en bon ordre et, la nuit arrivant, le régiment bivouaque à Mézière et Moussey. Ce combat faisait partie de l’action d’ensemble connue sous le nom de «bataille de Morhange».    

Le 143ème relève le 15 octobre, après une très longue marche, les britanniques, engagés sur le Canal de l’Oise à l’Aisne pour leur permettre de gagner la Belgique. Le 15 au soir, il est relevé à son tour par le 123ème RI et le 30, il s’embarque pour débarquer le 31 en gare de Poperinghe et de Bailleul. Il va être engagé dans la bataille de l’Yser.

 

Le 31 octobre, dès le débarquement le 143ème s’est porté dans la région la Clytte, Dickebush: le 1er novembre à l’aube, il attaque le village de Wytschaete qui a dû être cédé par une division de cavalerie anglaise. L’objectif est atteint, le village fortifié, des tranchées ébauchées; le régiment est en liaison à sa droite avec le 15ème R.I. et à sa gauche avec le 80ème. Les Allemands ont contre-attaqué sans succès; on s’est battu à la baïonnette, mais Wytschaete a été pris et conser-vé malgré nos pertes cruelles. Le 2 novembre à 6 h, l’ennemi devançant une nouvelle attaque de notre part, prévue pour 7 h, prononce sur le village une action d’une violence inouïe avec de gros effectifs. L’effort des Allemands leur permet de pénétrer dans les premières maisons du village dont tous les occupants sont déjà tués ou blessés. Il s’infiltre peu à peu au prix de pertes sanglantes, mais ne parvient pas à s’emparer complètement du village. La lutte se continue jusqu’au 13 novembre. Les Allemands, grâce à leur supériorité numérique et à la puissance de leur artillerie avancent lentement sur terrain bouleversé, arrosé sans arrêt de balles et d’obus et jonché de cadavres. Le terrain est disputé pied à pied; on se bat à coup de pelle et de pioche. Si le régiment n’a pu conserver ses positions intactes, il a du moins sauvé l’honneur par son courage et son ardeur à combattre nuit et jour, dans la boue, sans vivres et souvent sans cartouches. L’avance ennemie a, d’ailleurs, été limitée, car ce dernier à réussi à grand peine, à atteindre la ferme de Hollande alors qu’il se proposait comme objectif les hauteurs du village de Groot Vierstraat.

 

Le 10 novembre le régiment est relevé.  Il est réduit à 950 h et 14 officiers. Le repos finalement n’a pas lieu et il est appelé à soutenir une attaque d’un bataillon de chasseurs.

 

Finalement relevé le 14, il est placé en cantonnement d’alerte du 15 au 20 novembre à Petite Basseye. C’est là qu’un détachement de renfort arrive en provenance du dépôt. Il est composé de 1 adjudant, 4 sergents, 7 caporaux et 203 hommes, la plupart sont de jeunes soldats de la classe 14, les «petits bleuets». Il y a tout lieu de penser que Marceau GENIBREL est parmi eux.

 

Jusqu’au 13 décembre, le régiment continue à être engagé. Mais la lutte est moins ardente; elle est coupée de petits repos nécessaires. Les anciens réparent leurs forces, et le 14 décembre, une nouvelle attaque est tentée contre la ferme de Hollande. Elle se continue les 15 et 16 décembre, permettant de réaliser une progression sensible, mais la ferme elle-même, très fortement occupée et protégée par des réseaux de fils de fer que notre artillerie ne parvient pas à détruire, ne peut être enlevée, et le régiment reçoit l’ordre de s’installer définitivement sur ses positions. Marceau GENIBREL est nommé sergent le 6 janvier 1915. Cette nomination est probablement due au fait du décès de nombreux sous-officiers. L’effort du régiment en Belgique a pris fin, et après une quinzaine de jours de repos à Poperinghe, il est embarqué le 31 janvier en camions automobiles.

 

Du 1er novembre au 31 janvier, le 143ème avait perdu sur le champ de bataille des Flandres: 7 officiers, 49 sous-officiers, 707 caporaux et soldats. Le nombre des blessés, en officiers surtout, s’élevait à plus du double de ces chiffres. Le Colonel SEELY, ancien ministre de la guerre britannique, témoin de la vaillance de ces hommes le 5 novembre écrit: «Si je vis, je dirai à l’Angleterre, ce que j’ai vu ce soir»    

Trou Bricot en 1915

Secteur du Trapèze en 1915

Le 21, la retraite continue par Avricourt, puis se poursuit sur Morainvillers, et Borville où le 143ème stationne, brisé de fatigue, le 23 et 24, organisant le secteur dont la défense va lui être confiée. A l’horizon, les villages brûlent, et le son des obus est perçu.

 

Le 25 août, à 12 h  le 143ème quitte ses retranchements pour appuyer l’attaque du 15ème R.I. sur le village de Rozelieures La marche d’approche s’exécute par la cote 345, battue par l’artillerie. Le régiment prend ses dispositions de départ à la lisière du Bois de Lalau, face à Rozelieures. Grâce à l’appui du 8ème et 3ème d’artillerie, le 143ème parvient à déboucher. Le 1er bataillon est en ligne. L’attaque progresse méthodiquement sur tout le front des 15ème et 143ème. L’ennemi, puissamment retranché tire sans arrêt. Les gros obus et ses mitrailleuses causent des pertes cruelles, mais nos artilleurs obligent les tireurs allemands à se terrer. Mettant à profit le désarroi qui en résulte, toute la 64ème B.I. s’élance. Un ruisseau barre la route, il est franchi; quelques hommes perdent pied, mais cet obstacle ne peut briser l’élan. Quand ils abordent le village, il est vide d’ennemis; le 143ème occupe les hauteurs voisines et bivouaque dans le Bois des Fillières, au sud de Morinviliers.

 

Du 28 au 30 août le régiment poursuit sa marche victorieuse, franchit la Mortagne, et s’installe dans le Bois de Bareth, d’où il aperçoit le village de Fraimbois. Il a reçu entre temps un premier renfort de 1000 hommes, qui permet de reconstituer ses unités durement éprouvées.

 

Du 29 août au 8 septembre, le Bois de Bareth est le théâtre de luttes quotidiennes, mais l’ardeur des Allemands s’émousse et il est conservé par nos troupes. D’ailleurs, l’effort de la lutte s’est porté plus loin. Ne pouvant passer par la trouée de Charmes, les allemands allait essayer de prendre Nancy. Aussi le 9 septembre, le 143ème est appelé à prendre sa part de la bataille du «Grand Couronné».

 

Après une série de marches pénibles, le régiment se trouve le 23 septembre dans la région d’Ansauville où il est violemment pris à partie par l’artillerie ennemie. Il est sur les talons des arrière-gardes, et le 26, le 1er bataillon occupe Seicheprey. Jusqu’au 8 octobre, la lutte sera marquée par une série de petits combats, d’attaques partielles

 

Le 9 octobre, le régiment s’embarque pour Fère-en-Tardenois. Il laisse, en terre lorraine, 11 officiers, 22 sous-officiers, 269 caporaux et soldats tués ou disparus.    

Déposé par des camions à Ostreville et Marquey (Pas de Calais), le 143ème se rend par étapes jusqu’à Montdidier où il est embarqué en chemin de fer le 20 février pour débarquer le lendemain à Epernay. Il reste en réserve jusqu’au 7 mars, date à laquelle la 64ème Brigade, et tout d’abord le 15ème R.I.; attaque la corne sud-ouest du «Bois Sabot» et la région boisée plus à l’est, en direction du Trou Bricet: bataillon de gauche face à l’ouest et  bataillon de droite face au sud. Le «Bois Sabot» est une position particulièrement bien organisée à 1800 m à l’est de Souain en Champagne). L’attaque initiale doit se déclencher à 10 h après une violente préparation d’artillerie.

Le 143ème est en réserve :

-3ème bataillon > tranchées du sud ouest du Bois Carré.

-1er et 2ème bataillons > tranchées de 2ème ligne, au sud du Bois Carré.

- La Cie de mitrailleuses dans les tranchées du 17ème Corps d’Armée, pour flanquer l’attaque.

Le 2ème bataillon du 143ème qui est placé en avant d’une batterie de 75, est vio-lemment canonné et subit quelques pertes. Dans l’après midi, le 15ème réussit à prendre pied à la lisière sud du Bois Sabot, le 143ème n’a pas à intervenir.

 

Le 8 mars, Il relève le 15ème. Le 3ème bataillon s’installe dans la partie conquise du Bois Sabot et renforce la position. Le 1er bataillon, dans les tranchées longeant la route Souain – Perthes. Le 2ème bataillon à proximité du boyau conduisant aux premières lignes.

 

Le 9 mars, le 143ème reçoit l’ordre de continuer l’offensive, dans la direction Côte 170 – Trou Bricot. Le terrain sur lequel va s’engager le combat est difficile, presque complètement dépouillé d’arbres, rempli d’excavations, de tranchées à moitié détruites. Partout des vestiges de défenses accessoires entravent la marche. Au sud du Bois Sabot et devant nos tranchées de premières lignes, un thalweg de 150 m de large offre un précieux champ de tir pour l’adversaire. Au sud de ces tranchées de premières lignes, terrain boisé mais déchiqueté par l’explosion des projectiles et présentant de nombreux boyaux battus très facilement par l’artillerie ennemie.

 

Deux bataillons du 143ème (3ème et 1er) sont engagés en première ligne. Ils déclenchent l’attaque à 7h. Les objectifs du 1er bataillon sont de l’extrémité sud du Bois à la partie nord du Talon, et du 3ème bataillon: de ce dernier point à la lisière nord du bois. Les Cies ne progressent que lentement, car, elles sont, dès leur départ, très vivement prises à partie par un feu intense d’artillerie lourde et de mitrailleuses. Dès 9h45, toute progression est impossible. Les pertes sont énormes, elles ne peuvent arriver à l’emplacement qui leur a été assigné. Seule la 8ème Cie parvient à l’intérieur du Bois Sabot. Ordre est donné de s’accrocher au terrain et de l’organiser: chaque bataillon a gagné 100 m; deux violentes contre-attaques menée avec des effectifs importants par l’ennemi sont enrayées.

 

Le 10 mars, à 7 h, après une préparation d’artillerie d’une demi-heure, les 5ème et 7ème Cies attaquent le talon du bois et les tranchées au nord; elles sont clouées sur place par des feux croisés de mitrailleuses. A 10h30, précédée par un tir d’écrasement qui dure à peine 10 mn, l’attaque reprend. Le 2ème bataillon se précipite résolument en avant. Son attaque, menée avec acharnement, permet aux fractions de gauche de réaliser des progrès sensibles dans le bois et aux fractions de droite d’occuper la lisière est du Talon. Cette opération de détail, a donc été couronnée de succès. Le résultat cherché était acquis.

 

Après la relève, dans la nuit, par le 15ème RI, le Régiment va cantonner à Suippes, où il arrive vers 10 h. Une section et demie de la 8ème Cie n’ont pas été relevées et conservent ses emplacements à la lisière est du talon du Bois Sabot. Elle n’est pas ravitaillée ni en vivres, ni en munitions. Elle tient et ne rentre à Suippes que le 11 à 23 h.

 

Le 13 au soir, le 143ème relève le 15ème sur les mêmes emplacements. L’attaque doit reprendre le 15, mais un travail préalable s’impose afin de permettre aux troupes de se placer face à l’objectif, tout en évitant des mouvements de conversion sous le feu de l’ennemi. La journée du 14 est employée à la création d’une base de départ: à la pioche, comme à la baïonnette, les fantassins montrent les mêmes qualités d’endurance et le travail est exécuté en sape, sous une avalanche de grenades.

 

Le 15 mars, à 4h30, l’attaque se déclenche par surprise et le premier bond est exécuté si rapidement que les mitrailleuses ennemies n’ont pas le temps d’ouvrir le feu. Mais bientôt commence la lutte dans les boyaux, le corps à corps sauvage; la baïonnette et le fusil répondent seuls à la grenade et au pistolet automatique. On se dispute à coups de poings les affûts de mitrailleuses. C’est en combattant pied à pied, en payant chèrement chaque mètre de terrain que les hommes de tête arrivent à la tranchée. Mais les éléments de gauche ne peuvent progresser sur le glacis; des projecteurs se dévoilent, une contre-attaque se dessine. Pas de grenades à notre disposition, sauf des pétards improvisés, simples boîtes de conserves, avec mise à feu des plus primitives. Il est impossible de tenir sans risquer d’être anéanti. En moins d’une demi-heure, les pertes se montent à une centaine de tués et de blessés. Le mordant et l’entrain des hommes n’en sont pas moins diminués, et, le même jour, à 16h30, l’attaque menée par les 3ème et 5ème Cies, reprend de plus belle après une courte préparation d’artillerie. C’est de nouveau la lutte à coups de baïonnette, à coups de crosse et d’outils. On ne fait pas de quartier. Il est 18 h. Un blockhaus seul offre encore quelque résistance; attaqué à la pioche, il est emporté; plusieurs occupants essayant de s’enfuir sont abattus. Deux contre-attaques ne peuvent nous déloger.

 

Le 16, au petit jour, deux nouvelles contre-attaques sont encore brisées: ce sont les dernières réactions de l’infanterie ennemie. Le résultat cherché est atteint. Le 143ème R.I. était maître d’une position importante, permettant le développement d’une offensive ultérieure. Cette lutte avait coûté au régiment: 9 officiers, 29 sous-officiers, 425 soldats morts. A l’issue de ces combats, le Général commandant la 60ème D.I., écrivait au Général comman-dant la 32ème Division «Je suis heureux de vous adresser l’expression, non seu-lement de toute ma satisfaction, mais de mon admiration pour cette Brigade qui, depuis 8 jours, lutte sans trêve ni répit avec une énergie inlassable. Vous avez le droit d’être fier de commander à de pareilles troupes

 

Après un court repos, le régiment entre dans le secteur du «Trapèze» non loin de «Bois Sabot» (à quelle date ?). Mais une période de stabilisation relative est plus pénible et à peine moins meurtrière que les périodes d’offensive. On est à quelques mètres du boche, les grenades, crapouillots, les torpilles démolissent les tranchées et les rares abris que l’on édifie à grand’peine pendant que la sournoise lutte de mines bat son plein. Dans les boyaux pris d’enfilade, derrière le créneau insuffisamment protégé, nombre de soldats sont frappés par les balles. On se tue sans se voir. Le sol est bouleversé et, par les claires nuits d’été, on croirait contempler un paysage lunaire. Cette vision est rendue plus sinistre encore par le voisinage des cadavres, sommairement inhumés, et que les obus déterrent, projetant en débris sur les vivants, la dépouille des morts. Que d’hommes se sont fait tuer pour essayer de sauver un camarade enterré vivant par l’explosion d’une mine ! Combien d’autres ont trouvé la mort en s’élançant à l’assaut d’un «entonnoir», en plaçant des défenses accessoires ou même plus humblement en surveillant l’ennemi par un étroit créneau !

 

Marceau GENIBREL est blessé au poignet droit par balle le 15 juin 1915

 

Le moral reste parfait et cependant on reste 6 jours en ligne et 3 jours seulement au repos dans le bois où le seul abri existant est celui que l’homme se construit avec des mottes de terre et des branchages.

 

On commence à reparler d’offensive: nombre de régiment viennent construire des boyaux, des emplacements de batteries et enfin relever le 143ème, le 25 août. Mais le régiment ne s’éloigne pas beaucoup de ce champ de bataille où il laisse dans la craie champenoise: 3 officiers, 19 sous-officiers et 297 caporaux et soldats.

 

Pour sa part le 143ème R.I. se prépare à cette bataille dans la région de Valmy. Le 24 septembre, à Valmy, le régiment rassemblé écoute la lecture de l’ordre du Généralissime annonçant la bataille qui va se déclencher le 25 septembre. Déjà la préparation d’artillerie était commencée et son intensité faisait bien augurer du succès. Marceau a-t-il déjà rejoint son régiment après sa guérison ? 


Le 25 septembre, le régiment silencieux, résolu, s’engage dans les boyaux d’adduction et débouche à 9h30 sur les pentes sud de la côte 180. L’attaque, déclenchée depuis un quart d’heure à peine, bat son plein. Les prisonniers affluent vers l’arrière. Les blessés français, avidement interrogés, apportent de l’avant des impressions de victoire. Le 20ème CA qui attaque en direction de Rouvroy a approché les lisières de Maisons de Champagne; le 1er CA Colonial qui attaque droit sur la Main de Massiges en a atteint les premiers contreforts. Des résistances ennemies et la nécessité de les manœuvrer ont amené entre ces deux corps une large et dangereuse brèche. C’est alors que la 64ème brigade reçoit, à 16 h, l’ordre d’attaquer le Mont Têtu (côte 198), de fermer le vide entre les deux et de ressouder les deux attaques.

Dans la nuit, le régiment quittant le promontoire, se rend par le village de Massiges à ses emplacements de départ dans les tranchées qui avaient servi de base de départ au 1er CAC. Il y passe le reste de la nuit et une partie de la matinée sous un bombardement assez intense.

 

Le 26 septembre, le 15ème, dès 6h30, s’efforce de gagner le Mont Têtu. Il prend pied à mi-pente des hauteurs dominant le ravin de l’Etang. Son avance est pénible; le feu de mousqueterie et de mitrailleuses est intense. A 11 h, le 143ème reçoit l’ordre d’attaquer à son tour. Il a comme objectif le boyau de Molkte d’abord, le Mont Têtu ensuite. L’idée de la manoeuvre est de prendre à revers par l’ouest, ce Mont Têtu qu’on ne peut faire tomber de front. La traversée du ravin du ruisseau de l’Etang s’effectue sous le feu intense de l’artillerie et des mitrailleuses ennemies. Il y a ni hésitation, ni flottement malgré des pertes déjà sensi-bles. Le 3ème bataillon suivi par le 2ème atteint rapidement le pied des pentes de la Main de Massiges, contourne la croupe du Bois Valet, s’engage dans le ravin compris entre le Bois de l’Arc et le Bois de la Faux. Le passage du Bois de l’Arc au Bois de la Faux effectué par la 10ème Cie sous le feu terrible des mitrailleuses de la tranchée Molkte est rapide et  précis. Désormais la position ennemie est condamnée.

 

La 10ème Cie progressant par le Bois de la Faux, les 11ème et 12ème par le Bois de l’Arc avec rapidité tombent à la baïonnette dans la tranchée ennemie à 15h30. L’ennemi surpris, désemparé se rend à la 10ème et 11ème Cie. Plusieurs mitrailleuses, plus de 50 prisonniers valides tombent entre nos mains. La tranchée ennemie est encombrée de cadavres et de blessés, et un hauptmann blessé, couché à terre nous avoue que «devant nous, il n’y a plus rien, plus de réserves»; il sentait passer le frisson de la défaite. Une patrouille surprend dans un poste de secours un médecin allemand faisant des pansements comme si les Français étaient loin encore, le ramène avec ses infirmiers et ses blessés. La ligne de défense du Mont Têtu est brisée. Laissant une fraction au nettoyage de la tranchée conquise, le 3ème bataillon sans perdre un instant, pousse à la crête, son dernier objectif. Le 2ème bataillon rentre à son tour en ligne à la droite du 3ème. Le sommet du Mont Têtu est rapidement atteint et dépassé par les éléments de droite du 2ème bataillon auquel se lie le bataillon de gauche du 15ème. Le Mont Têtu est pris. Le régiment perdait dans ce combat: 7 officiers, 231 hommes blessés, 49 tués.

 

La nuit est employée à l’organisation du terrain conquis et aux préparatifs d’attaque pour le lendemain. Des patrouilles poussées en avant pour reconnaître les positions de l’ennemi, signalent une grande activité chez les allemands. On entend distinctement des trains et convois amenant des troupes fraîches et des munitions dans la plaine de Rouvroy. De l’artillerie arrive avec un grand bruit de ferraille. L’ennemi, d’abord surpris par notre attaque, profite du répit de la nuit pour se reformer, renforcer ses lignes, augmenter sa résistance. La journée du lendemain promet d’être dure.

 

Le 27 au matin, le régiment reçoit l’ordre de continuer l’attaque en direction générale de la «Ferme Chausson». Les trois bataillons sont en ligne et doivent participer à l’opération. Le 3ème bataillon doit lier son mouvement avec le 20ème CA qui, à gauche, attaque l’ouvrage de la Défaite avec pour objectif le Bois Marteau. Le 2ème bataillon, au centre, a comme objectif l’intervalle compris entre le Bois Marteau et la Ferme Chausson. Le 1er bataillon doit s’emparer de la ferme même et lier son mouvement avec le 1er CAC qui attaque à droite le Bois de la Chenille.

 

L’artillerie fait une courte mais violente préparation. Le 143ème pour faire face à ses nouveaux objectifs doit exécuter un changement de front vers le nord. Mais à 14 h, le Corps Colonial très en retrait ne peut avancer par suite de la présence de mitrailleuses ennemies installées dans le «Creux de l’Oreille» qui battent le col situé entre la «Verrue» et le «Mont Têtu». La droite du 1er bataillon se trouve, de ce fait, dégarnie. Les ordres sont modifiés en conséquence par la 64ème Brigade qui limite l’attaque aux lisières nord du Bois entre le Bois Marteau et le Bois Chausson, liée à droite à celle de la Division Coloniale qui commence à 14 h et à gauche avec celle du 20ème CA qui aura lieu à 16 h. Les 2ème et 3ème bataillons attaquent. Par suite de la situation du 1er bataillon, la ferme Chausson est délaissée pour le moment. A 16 h, les deux bataillons dans un élan magnifique se précipi-tent en avant, la baïonnette haute. Mais le terrain est détrempé et glissant, la marche lente et pénible. Le glacis complètement découvert est balayé par les mitrailleuses. La situation en flèche des bataillons livre les flancs à des tirs d’écharpe très meurtriers. Toute la manoeuvre se déroule sous un feu infernal. Le 2ème bataillon et la droite du 3ème, décimés sont obligés de s’arrêter, après avoir gagné, cepen-dant, quelques centaines de mètres, engageant avec l’ennemi une fusillade énergique. La gauche du 3ème bataillon et plus particulièrement la 9ème Cie, plus heureuse s’avance profondément. Cette compagnie franchit deux éléments successifs de tranchées et prend pied dans un troisième, vers le boyau d’Ukelwurst, mettant en fuite des troupes fraîches arrivées de la veille, bien supérieures en nombre, et qui abandonnent leurs armes et leurs sacs.

 

Repoussant ensuite 3 tentatives ennemies pour reprendre le terrain perdu, elle s’organise sur place, où, à la tombée de la nuit, elle est relevée par une Cie du 15ème RI. La journée a été chaude. On sent un ennemi ressaisi et décidé à offrir une résistance acharnée, résistance qui ira tous les jours en s’intensifiant. Les pertes étaient sévères : 8 officiers blessés, 66 sous officiers ou soldats tués, 216 blessés.

 

Au 2ème bataillon, trois officiers prenant successivement le commandement du bataillon étaient tombés. Le régiment reste sur les emplacements conquis si chèrement et il s’organise pendant la nuit. L’artillerie ennemie presque silencieuse durant cette journée, réagit violemment au cours de la soirée et de la nuit par des rafales à gros obus fusants. L’attaque doit reprendre le lendemain à 9 h, menée par les 2ème et 1er bataillons, le 3ème passant en réserve au bois des «Kamarades». Le mouvement doit être lié à celui du Corps Colonial, dès que celui-ci sera arrivé à hauteur du Mont Têtu et dessinera son attaque sur le Bois de la Chenille. Le 143ème  doit prendre pied dans le bois au sud de la ferme Chausson. Le 2ème bataillon réussit à marquer une progression vers l’objectif assigné dès le début de l’attaque, mais toute avance ultérieure lui est interdite par suite de la présence de mitrailleuses ennemies, placées les unes vers le sapin nord-est du Mont Têtu, les autres sur les Ouvrages de la Défaite. Ces mitrailleuses prenant d’enfilade toutes nos fractions qui cherchaient à déboucher, rendent la progression impossible. Une préparation d’artillerie dirigée sur les mitrailleuses signalées ne peut les détruire et une nouvelle tentative d’avance vers la Ferme est engagée. Cette journée a coûté au régiment : 2 officiers et 37 hommes tués, 46 blessés.

 

L’ennemi paraît être en force et solidement installé, aidé par une puissante artillerie. Le soir, ordre est donné de passer en mission défensive et, en conséquence, l’organisation immédiate du terrain enlevé aux Allemands.

Jusqu’au 5 octobre, les bataillons du 143ème, tantôt en ligne, tantôt en réserve, travaillant à l’aménagement et à la défense du secteur, profitent de ce court répit pour se reformer. Un dernier effort va être demandé le 6 octobre au régiment. Il prend dans la nuit du 5 au 6 ses dispositifs d’assaut dans les tranchées du Mont Têtu: 1er et 2ème bataillons et une Cie du 3ème sur 3 vagues successives. Les 3 autres Cies du 3ème bataillon forment la quatrième vague. Les objectifs sont la ferme Chausson et les ouvrages déjà puissants qui la défendent. A 5h50, les deux premières vagues sortent d’un seul bloc. Malheureusement, la pente du terrain, assez accusée, interdit à l’artillerie de campagne d’effectuer des tirs efficaces. Le tir est toujours trop long. L’ennemi placé à contre-pente n’est ni atteint, ni aveuglé par notre préparation. Seul un canon de 58 pût bouleverser un élément de parallèle. Les deux premières vagues reçues par un feu terrible, doivent se coucher sous les balles; des hommes sont frappés en franchissant le parapet.

 

Néanmoins une fraction réussit à progresser, franchissant la première ligne ennemie, au point où le 58 l’a bouleversée. Elle peut atteindre d’un bond irrésistible les lisières sud du bois de Chausson. Mais là, prise de dos et d’écharpe, par les tirs des mitrailleuses ennemies, puis contre-attaquée de front par des réserves écrasantes en nombre, elle est clouée sur place; elle tient jusqu’au corps à corps. Seuls, quelques blessés et quelques hommes indemnes regagnent nos lignes de départ, à la faveur de la nuit.

 

Les vagues suivantes dans l’impossibilité de donner l’assaut à leur tour, immédiatement s’organisent dans leurs parallèles, mettant en batterie leurs mitrailleuses. Il est temps. A 8 h, l’ennemi massant ses troupes à l’abri des pentes de la ferme Chausson et des bois passe à la contre-attaque en formations massives. Reçues par 3 pièces de la Cie de mitrailleuses, les colonnes ennemies disparaissent dans leurs boyaux et parallèles de départ, laissant de nombreux cadavres sur le terrain. Renouvelée vers 15 h, une nouvelle contre-attaque est bloquée par nos tirs. L’ennemi ne réagit plus. Le régiment perd ce jour-là: 2 officiers et 36 hommes tués, 129 blessés, 150 disparus. Ces 150 disparus sont des hommes que leur élan a emporté aux lisières du Bois de la Chenille à travers les lignes ennemies.

 

Le Général commandant le 16ème CA tint à exprimer toute sa satisfaction aux quelques officiers qui restaient à la suite des combats. Il les réunit et leur dit «Je suis très heureux de vous faire part des éloges qui m’ont été faits au sujet de votre régiment. Je regrette de vous trouver aussi peu nombreux, mais cela prouve que chacun a fait son devoir et que les Chefs ont donné l’exemple. J’espère que vous aurez une belle récompense, une citation à l’ordre de l’Armée, que d’ailleurs, vous avez manquée de peu au Bois Sabot    

Débarqué le 13 juillet à Givry en Argonne, il dispose d’un mois pour se préparer au combat.

 

Le 12 août, il est enlevé à 12 h  en auto et débarque à Moulin Brûlé (1500 m au nord de Nixeville). Utilisant un chemin défilé à travers le Bois de la Ville, le Régiment se rend à Verdun où il cantonne. A la nuit, les officiers conduits par des guides vont reconnaître le sous-secteur de la Haie Renard (Bois de Vaux Chapitre) occupé par le 65ème RI. La mission qui incombe au régiment est ainsi défini par le Général MANGIN: «Vous allez tenir, sans faiblir, un des points les plus délicats de tout le front, et je ne doute pas en outre, que vous réussissiez l’attaque que je vous demanderai d’exécuter».

 

Dans la nuit du 13 au 14, le 143ème entre dans la bataille encadré par le 140ème RI à droite et le 4ème Zouaves à gauche: il a 2 bataillons en ligne (2ème et 3ème) et le 1er bataillon en réserve. La situation du régiment est particulièrement déli-cate. Il occupe au sud du Ravin des Fontaines, face à l’est, une face du saillant très prononcé et très étroit que nos premières lignes forment dans cette vallée encaissée. La position jalonnée de trous d’obus est accrochée à la croupe de la Haie Renard, et l’ennemi le domine en tenant le sommet de la croupe, l’Ouvrage triangulaire et la tranchée de la Haie Renard. Au nord du Ravin des Fontaines, l’ennemi auquel fait face le 4ème  Zouaves sur l’autre flanc du saillant, a des vues d’écharpe et de dos sur les positions du 143ème et les tient sous le feu de ses mitrailleuses. L’artillerie ennemie particulièrement puissante, disposant de nombreux observatoires dont les champs visuels se recoupent, interdit tout mouvement sur les pentes de la Haie Renard: les communications sont impossibles de jour entre les bataillons en ligne et le PC du Colonel, aux Carrières du Ravin des Fontaines. D’ailleurs l’ennemi violemment attaqué du côté de Fleury semble redouter une action offensive sur la croupe de la Haie Renard et ses tirs d’artillerie ne cessent d’augmenter d’intensité pendant les journées du 14,15, 16 et 17 août. Dès que l’artillerie française entre en action, l’ennemi déclenche de puissants tirs de préparation par obus de gros calibres qui infligent des pertes sévères: 10 officiers et 386 hommes sont mis hors combat du 14 au 17 août.

 

La valeur offensive du régiment n’en est cependant pas diminuée; profitant de la passivité de l’infanterie ennemie, les groupes de combat des 2ème et 3ème bataillons progressent chaque nuit de trous en trous d’obus pour s’approcher de la crête et préparer ainsi l’attaque annoncée pour le 18. Dans la nuit du 17 au 18 août, les Cies de première ligne dont les effectifs sont très réduits, sont reformées et le dispositif d’attaque est réalisé. Le 18 août, le régiment a pour mission de reprendre le terrain conquis par les Allemands le 17 août au sud du Bois de Fumin. Ses objectifs sont:

1) la tranchée allemande de la Haie Renard

2) le boyau Sundgau

3) la tranchée Viala.

 

Son action doit être appuyée à droite, par la 5ème Cie du 8ème Tirailleurs qui doit attaquer l’Ouvrage Triangulaire. Le 143ème attaquera avec ses 2 bataillons de tête (2ème et 3ème) le dernier bataillon serrant dès l’attaque dans la tranchée de départ. Dans chaque bataillon, 4 vagues sont formées. La préparation d’artillerie est doublée quelques minutes avant le départ, par une violente concentration de tous les engins d’infanterie, sur les tranchées les plus rapprochées. A 15 h, alors que nos mitrailleuses tirent encore et que les obus VB éclatent, les vagues d’assaut entraînées par les quelques officiers qui restent, bondissent de trous d’obus en trous. Les premières vagues ne rencontrent pas de résistance et progressent rapidement devant un ennemi qui paraît se dérober; mais au moment où la quatrième vague va déboucher, une concentration puissante d’artillerie de gros calibre s’abat sur nos premières  lignes (anciennes lignes ennemies); la 4ème vague et le 1er bataillon sont cloués sur place. A droite, la 7ème Cie du 143ème et la 5ème Cie du 8ème Tirailleurs s’emparent de l’Ouvrage Triangulaire et s’effor-cent de nettoyer le boyau de l’Etang. Au centre les autres Cies du 2ème bataillon ne peuvent atteindre la tranchée de la Haie Renard qui, placée à contre-pente, a peu souffert de notre préparation d’artillerie. La 5ème Cie (gauche du batail-lon) est fauchée par les mitrailleuses situées au nord de l’Ouvrage Triangulaire. A gauche, les éléments du 3ème bataillon atteignent la tranchée de la Haie Renard où s’engage une série de combats individuels. Mais l’ennemi qui a dû céder du terrain monte rapidement une contre-attaque; vers 16h30, des groupes descendent du Bois Fumin, d’autres débouchent par le ravin des Fontaines. Violemment contre-attaqués, puis sous le feu des mitrailleuses qui tirent dans la direction de Retequebois, les éléments les plus avancés du 143ème RI qui ont progressé de 800 m environ dans la position allemande, sont obligés de se replier devant l’ennemi qui ne peut cependant pas réoccuper son ancienne ligne. Une seconde contre-attaque appuyée par un violent bombarde-ment est lancée par l’ennemi vers 18h30; ses unités regrou-pées dans la tranchée Viala, attaquent en force la gauche du 3ème bataillon, mais sont arrêtés par nos grenadiers et par le feu de 2 sections de mitrailleuses; un violent barrage de notre artillerie interdit à l’ennemi toute tentative nouvelle. Le 143ème reste maître en définitive de la plus grande partie du terrain si chèrement conquis dans l’après midi. Le sergent Marceau  GENIBREL, sous-officier de la 3ème compagnie de mitrailleuses, perdra la vie lors de ce combat.

 

L’effort déjà fourni par le 143ème n’est cependant pas achevé; malgré la faiblesse de ses effectifs et sa situation matérielle des plus précaires, le régiment doit garder à tout prix pendant 4 jours encore, le secteur qui lui est confié: les 3 bataillons extrêmement réduits ne forment plus que 3 Cies, les 3 Cies de mitrailleuses n’en forment qu’une. Le 143ème repousse toutes les tentatives de l’ennemi et maintient intactes ses positions.

 

    

Après un court repos, le régiment passe 4 jours en ligne dans le secteur de Tahure et le 30, après la relève par le 80ème et le 342ème, il se trouve en réserve non loin de Perthes, au Bois du Paon et au Bois 4. Là, vers 9h30, tous les emplacements des différentes unités du régiment subissent un bombardement extrêmement violent par obus de gros calibre et plus particulièrement par obus à gaz asphyxiants lacrymogènes. Vers 12 h, le régiment reçoit l’ordre de se tenir prêt à toute éventualité. Dans l’après-midi, l’état-major se transporte à la Carrière où viennent le rejoindre un moment après les 1ère et 12ème  Cies.

Le 3ème bataillon (9ème, 10ème et 11ème Cies) reçoit mission de s’établir à la droite du 342ème en recherchant à sa droite la liaison avec les éléments qui pourraient subsister du 80ème R.I. qui vient d’être submergé par l’attaque allemande. Cette liaison n’ayant pu être établie, la Cie disponible du 1er prolonge la ligne. Le 31 octobre, au lever du jour, on s’aperçoit que l’ennemi s’est retranché pendant la nuit sur la crête du mouvement de terrain situé à l’est du village de Tahure. La 1ère Cie subit une attaque qui est repoussée; seuls quelques éléments des tranchées de droite sont pris par les Allemands. Les poilus de la 2ème, dans un élan spontané, se lancent en avant à la contre-attaque; quelques uns atteignent la tranchée allemande, mais y tombent en héros. Le 2ème bataillon vient s’établir à droite du 1er, sur le mouvement de terrain au nord du village de Tahure; il chasse les premières fractions ennemies qui avaient pénétré dans le village et établit la liaison avec le 238ème RI à sa droite. Les éléments de gauche prennent sous leur feu des renforts ennemis qui cherchent à s’infiltrer par le ravin 149.

Vers 15 h, une contre-attaque allemande se produit sur le front occupé par le régiment; elle est complètement enrayée. Aussi, l’attaque déclenchée à 16 h par le 96ème, permet non seulement de prendre la tranchée ennemie, mais encore de la dépasser: cette dernière est d’ailleurs occupée immédiatement par les 1er et 2ème bataillons. Dans la soirée du 31, 2 Cies du 3ème bataillon établissent la liaison avec le 342ème. Le 143ème avait perdu dans cette affaire 80 tués et un grand nombre de blessés (dont 3 officiers), mais, malgré ses effectifs réduits, il avait contribué à l’échec complet d’une tentative ennemie.

 

Après quelques cours passages en secteurs effectués isolément par les bataillons, le régiment stationne, pendant le mois de novembre à Saint Rémy sur Bussy, puis le 29, il s’embarque à Saint-Hilaire du Temple, pour aller prendre, dans la région d’Epernay, un repos bien mérité. Il reçoit des renforts, les instruit au Camp de Romigny, puis va prendre le secteur de Soissons (Saint-Vaast). Ici la vie est facile; les pertes sont légères et les installations confortables. Deux points seulement, le saillant Saint Paul et la Distillerie sont dangereux à garder et subissent de fréquents et intenses bombardements. Les nuits sont marquées par des actions fréquentes de patrouilles, quelques coups de main sont tentés. Le régiment met à profit cette tranquillité relative pour travailler et s’instruire. Le 12 février, il repousse une petite attaque locale sur la Distillerie en infligeant à l’ennemi des pertes sérieuses. Cette situation coupée de repos, de marche et de déplacements divers dure jusqu’au 12 juillet, date à laquelle le Régiment s’embarque pour participer à son tour à la Bataille de Verdun.    


Marceau Louis Gaston GENIBREL est tué à l’ennemi le 18 août 1916 à Vaux Chapitre, commune de Vaux devant Damloup (55) avec 11 officiers, 41 sous officiers et 376 hommes tués durant les 4 jours de combat.

 

Il est inhumé dans une tombe individuelle n° 3223, nécropole nationale de Douaumont - Fleury devant Douaumont (55) avec près de 16 000 autres combattants. 

 

Son acte de décès est transcrit le 6 décembre 1916 sur les registres d’état-civil de la commune de Carcassonne.

 

Son nom est gravé sur la plaque située face à la Cathédrale de Carcassonne et sur celles de l’école du Bastion et de l’église Saint-Vincent à Carcassonne.

Square de l’Armistice - Carcassonne