Louis FAGES  1878/1915

Louis, fils de Louis Guillaume, menuisier, et d’Anne Froisine CASSIGNOL, est né le 25 août 1878 à Trèbes, commune située à 6 km à l'est de Carcassonne, au sud de la France. Son emplacement stratégique sur la route entre la Méditerranée et l'océan Atlantique est connu depuis le néolithique. La ville se trouve dans un couloir entre montagne Noire au nord, Corbières au sud-est, et la vallée de l'Aude au sud. Sa superficie est de 16 km² ce qui en fait une grande commune pour le département de l'Aude. Ses voisines sont Berriac, Bouilhonnac et Villedubert. Elle est peuplée de 1100 habitants en 1793, 1850 en 1893 et  près de 2000 trébéens et trébéennes en 1914. Traversée par le canal du midi, au cœur d’une région viticole, son port a été très actif.

 

Ses parents, tous deux trébéens, s’y sont mariés en 1872. Petit dernier d’une famille de 4 enfants, il passe son enfance au pied du clocher de l’église Saint-Etienne et après quelques années sur les bancs de l’école, il fait son apprentissage de tonnelier. C’est le métier qu’il déclare et qu’il exerce à Cuxac d’Aude lors du conseil de révision qu’il passe à Narbonne en septembre 1898. A la suite de ce Conseil de révision (classe: 1898 - n° matricule au recrutement: 1312), au cours duquel il a été déclaré apte, il accomplit son service militaire à partir du 15 novembre 1899, au 143ème RI de Carcassonne. Il est promu tambour le 23 septembre 1900. 

 

Il passe au 7ème régiment d’infanterie de marine le 21 novembre 1900, il est promu sapeur de 1ère cl. le 1er janvier 1901, puis soldat de 1ère cl. Le 21 septembre 1901. Cassé le 2 juillet 1902, il est libéré le 23 septembre 1902 (certificat de bonne conduite).

Il se marie à Narbonne, le 28 mai 1904 avec Elisabeth PERILHOU, née le 30 novembre 1884 à St Just-de-Bélengard (Aude) d’où naissent 4 enfants. Il réside à Narbonne de cette date à 1911.

 

Il décède le 30 novembre 1915 à Montauville (54).     


Louis est affecté, à la mobilisation, le 4 août 1914 au 125ème R.I.T., car il a 36 ans. Il passe au 96ème R.I., le 13 octobre 1914 et, par la suite, il rejoint le 353ème R.I. le 21 novembre 1914. Ce régiment est ordinairement constitué à partir des réservistes du 153ème R.I. dont le dépôt se situe à Fontainebleau. C’est un régiment de forteresse qui appartient à la 145ème brigade d’infanterie (73ème division d’infanterie). Il est constitué en 1914 de 2 bataillons.    

Avant qu’il soit rejoint par Louis FAGES, ce régiment a participé aux batailles de Villers-sous-Preny, Atton, Croix de Metz, Royaumeix en août, à Crévic le 6 septembre. Il est en Woëvre et dans les Hauts-de-Meuse ensuite (Apremont le 10, à Troyon les 12 au 14, à Limey le 20, au Bois de Mort-Mare le 21, au Bois Brûlé et Lirouville le 23 et 23). Il se trouve dans la région de Bois-le-Prêtre en octobre (Mamey, auberge St Pierre, forêt de Punevelle). Le régiment est toujours en ligne dans la Woevre en novembre (Le Pillement, Maison du Père Hilarion, le Mouchoir), suite à l’attaque du 28 octobre au 1er novem-bre 1914. Les pertes sont importantes. Pour combler les vides, il est fait appel aux éléments les plus jeunes des régiments ter-ritoriaux. Après l’arrivée de Louis dans son nouveau régiment (affecté au 5ème bataillon - 21 Cie), celui-ci multiplie les coups de mains locaux, du 10 décembre à fin mars, et se consacre aux travaux d’amélioration des tranchées, sous la pluie permanente d’obus et victime des explosions de mines. Il alterne positions en 1ère ligne et moments de repos à Mon-tauville. Du 2 au 14 avril, il participe à l'attaque générale sur Thiaucourt qui ne réussit pas. Alors la 73ème division, portée sur Regniéville, reprend sa mission du Bois-le-Prêtre.    

Au cours de cette 2èmepartie d'occupation et de défense du Bois-le-Prêtre, la 73ème D.I. a continué à affirmer sa ténacité, son endurance, son esprit de sacrifice. Bien que cette période soit moins mouvementée que la précédente, il n'en reste pas moins acquis que la défense à laquelle elle va être vouée, sera active, offensive même, et que les coups de main se répéteront presque sans interruption. A la fin de septembre, et au commen-cement d'octobre 1915, les Allemands sont également sur le qui-vive: aucune journée ne se passe sans un bombardement assez sérieux. soit par minen, soit par torpilles, soit par lacrymo-gènes. Les deux lignes sont si rapprochées que la nôtre est continuellement arrosée par le feu de grenades à fusil, qui rendent ce secteur très pénible.

Les bombardements prennent une très violente intensité les 8, 9, 10, et particulièrement les 11 et 12 octobre: une attaque ennemie est à craindre dans le secteur Carrefour-Mouchoir. Les minen ont détruit nombre d'ouvrages et même enterré quelques hommes, à tel point que durant ces deux jours, 25 hommes sont hors de combat. Et les échanges continuent.

 

Le 14, un camouflet ennemi fait ébouler le parapet de la 1ère ligne du 6èmebataillon sur une longueur de 20 m environ. Le 15 novembre. le Président de la République se rend de nouveau au Bois-le-Prêtre. Par un temps de neige, il le visite et remet, à 500 m des lignes allemandes, la croix de la Légion d'honneur au capitaine Speltz, sur la tranchée de Fey. Louis FAGES assistera à ce moment de gloire.    

Quelques jours après, le 5ème bataillon étant monté en 1ère li-gne la veille, le 29, dans le secteur du Mouchoir, Louis FAGES tombera sous les obus, afin de sauver ce morceau de bois qu’il aura défendu pendant un an. L’un des sites les plus sanglants de la Guerre. Il est tué à l’ennemi dans les tranchées de Bois-le-Prêtre, commune de Montauville 54375 (nord-ouest de Pont à Mousson), le 30 novembre 1915, il avait 37 ans.

 

Il est inhumé dans la Nécropole nationale Le Pétant, commune de Montauvile, dans une tombe individuelle n°1542, carré 14/18 B.

 

Son décès est transcris dans le registre d’état-civil de la commune de Narbonne à la date du 4 février 1916.

 

Son nom est gravé sur le Monument aux morts de Trèbes. Il est également inscrit sur le «livre d’or» de Narbonne.  

Après un arrêt pour s'organiser, la lutte va reprendre dès le 1er mai. Ce mois est très agité. Toujours des coups de main de part et d’autres. Les tentatives allemandes sont sans suc-cès. Le 353ème progresse pied à pied. Toujours les bombarde-ments et les tirs de mines qui déciment le régiment. Pour le moment Louis a de la chance.

 

Le 7 juin, le Président de la République tient à  honorer de sa visite les troupes du Bois-le-Prêtre. Le mois de juin se passe sans gros incident. Mais vers le 1er juillet, les allemands semblent vouloir se venger des échecs précédents en profitant de la disparition de certains éléments pour frapper un coup.Dès le 29 juin, l'artillerie redouble ses feux, les pertes qui avaient été insignifiantes les jours précédents, augmentent. Les Allemands tirent également sur les arriè-res. Le 3 juillet, le bombardement devient plus violent sur la tranchée des Carmes, les organisations y sont bouleversées. Le 4, même bombardement, mais accentué à partir de midi. Les allemands attaquent. Après d’intenses combats jusqu’au 18 sans gros résultats pour les ennemis, se termine la première partie des opérations du Bois-le-Prêtre. Après 6 mois d’efforts continus et tenaces, la 73ème D.I. garde son ascendant sur l'ennemi par des progrès sensibles et une ré-sistance vigoureuse dans ce bois, que les Allemands étaient habitués nommer avec effroi et où ils venaient sans plaisir. Malgré leur acharnement, peu de terrain fut cédé, les grena-diers allemands de la Garde en savent quelque chose.

Le 1er septembre, «en raison de l'effort considérable et continu fourni depuis un an», la division est relevée du Bois-le-Prêtre par la 16ème division coloniale, elle vient du repos dans les environs de Toul. Après un repos de quelques jours, le régiment était sur le point d'être embarqué pour être dirigé sur la Champagne. lorsque un ordre oblige la division à reprendre le secteur du Bois-le-Prêtre, le 20 septembre.    

Raymond Poincaré à Bois-le-Pretre


Nécropole nationale "Le Pétant" de Montauville où reposent 5200 soldats



L'étoile marque le secteur du "Mouchoir" >>>