Jean EXPOSITO  1892/1915

Juan José Félipe, dit Jean, fils d’Antonio et de Francesca Lorente CERVERA, décédée avant 1904, est né le 1 mai 1892 à Loriguilla (Province de Valence) en Espagne.

 

Son père (avec sa mère ?) a immigré en France vers 1900 et, ouvrier agricole, il réside à Trèbes dès avant 1904. D'ailleurs il se remarie à Trèbes en novembre 1904 avec Antoinette GLEIZES.

 

Jean est scolarisé quelques années à Trèbes, avant de devenir lui-même journalier, terrassier, ouvrier agri-cole à Trèbes et à Capendu.

 

Déclaré de père inconnu en Espagne, il est reconnu par son père à Trèbes en juin 1911. Naturalisé français vers 1912, il est convoqué au Conseil de révision qu’il effectue à Capendu avec la classe 1913. Son n° matricule au recrutement est le 381/Narbonne. Il est été déclaré apte, et est appelé à faire son service militaire à compter du 23 mai 1914, Il est appelé au 24ème Régiment d’infanterie coloniale basé à Perpignan (Dédou-blement du 4ème RIC de Toulon)

 

Jean décède le 30 juin 1915 à Sainte - Ménéhould (Marne)    


Le 3 août 1914, les réservistes rejoignent leur dépôt et constituent le 44ème RIC qui est créé de toutes pièces avec une partie des cadres et des hommes du régiment d’active (tel Jean qui est affecté à la 24ème Cie). Il quitte Perpignan vers Cavaillon et le 20 arrive à Dugny s/Meuse, qu’il quitte pour Dieue, son premier cantonnement. Le 44ème RIC, régiment de réserve du 24ème RIC est à la 150ème brigade du Vème C.A..

 

La situation est critique; les allemands progressent sur tout le front. L’avance est inquiétante et le 23 août, le 44ème RIC reçoit le baptême du feu, copieusement arrosé par l’artillerie ennemie pen-dant la marche d’approche, il attaque Darmont (Buzy -Darmont) le 24 août. Les 1ère et 2ème Cies (?) réussissent, malgré le feu nourri des mitrail-leuses, à prendre pied dans le village. Soumises au tir d’artillerie, à la merci des tireurs allemands cachés dans les maisons, elles conservent le gain. Appuyées par la 6ème Cie, elles repartent à l’assaut, les pertes sont lour-des. Le capitaine est tué à la tête de ses hommes. Le succès est partiel.

L’avance allemande touche à sa fin et le 13, ils sont en retraite vers le Nord. La poursuite s’organise. Le 44ème y prend part mais n’a pas à intervenir et s’arrête à Dieue. Mais l’ennemi repasse à l’attaque et le 20 septembre, le régiment lui donne la réplique à Viéville et Billy-sous-les-côtes où il se défend farouchement contre des forces bien supérieures. Deux pièces de son artillerie (une seule batterie de montagne) sont mises hors d’usage, les servants sont très éprouvés. Il résiste, maintient ses positions, mais le repli des voisins l’oblige à abandonner ses tranchés. Le 24, il fait encore montre de ténacité et de bravoure au bois de la Selouze. Le choc est rude. La 5ème Cie tient tête aux vagues d’assaut puis, sous la pous-sée, recule. Elle contre-attaque immédiatement, repous-se les assaillants à la baïonnette mais en dépit de ses efforts, elle ne peut gagner la lisière, elle se terre, s’accroche au terrain, et une charge énergique des 8ème et 6ème Cies arrêtent l’avance. Le 1er bataillon envoyé en renfort ne peut les atteindre; la traversée obligée d’un glacis lui cause de lourdes pertes et il est mis hors de combat par les mitrailleuses ennemies.     

Le 1er novembre, il commence l’aménagement du secteur de Buzémont et les 8 et 9 fait plusieurs tentatives sur Boureuilles. L’artillerie et les mitrailleuses ennemies font des ravages; malgré les pertes élevées, l’assaut est tenté à plusieurs reprises. Le terrain est gagné pied à pied, l’avance pleine de difficultés, les intempéries, le séjour dans la boue, n’atteignent pas le moral du régiment qui reprend de plus belle les travaux de secteur. Le 20 décembre, il essaie à nouveau d’enlever les tranchées Nord de Boureuilles et de la route Boureuilles-Vauquois. La 5ème Cie débouche à l’est de la ferme Buzémont: elle avance, malgré le feu intensif de l’ennemi. A 300 m de la ligne de départ, toute progression est impossible; les survivants se couchent dans leurs trous. La 7ème Cie, après une avance minime, subit le sort de sa voisine. Le lendemain, la 8ème Cie force le succès: elle prend pied dans le village et, dans des conditions critiques, s’abrite de son mieux et conserve le terrain conquis.

 

Le 17 février 1915, le 44ème RIC essaie d’élargir ce gain sur les tranchées entre Boureuilles et Vauquois. L’attaque est déclen-chée à la sonnerie de la charge. Malgré les efforts vers la scierie et le Pont-de-l’Aire, l’objectif n’est pas atteint; les pertes sont très sensibles.     


Le 20 juin, l'ennemi lance une offensive générale depuis Bagatelle jusqu'aux lisières ouest de la forêt, sur le front du 32ème C. A. et la droite du 5ème Corps. Dès 2h30 du matin se déclenche la prépa­ration d'artillerie, accompagnés d'obus asphyxiants en grand nombre. A 4 h, à Bagatelle et à Blanleuil, l'ennemi lance 2 attaques qui sont repoussées après une lutte très vive. Les bombardements reprennent et redoublent d'inten-sité. A 7h30, le bombardement cesse sur les 1ères lignes, mais continue sur les 2èmes et les arrières, où tombent en grandes quantités des obus asphyxiants. Les postes avan­cés, complètement écrasés, cèdent. L'ennemi qui a attaqué en masse, réussit à prendre pied dans la 1ère ligne, sur le saillant de la tranchée Labordère. Après une préparation de notre artil-lerie, 3 contre-attaques sont lancées. La 1ère sur l'ouvrage Labordère, d'où l'ennemi cherche à progresser vers nos 2èmes lignes qu'il menace d'atteindre. Une 2ème contre-attaque, lancée à 16h au centre, rejette l'ennemi dans la tranchée de 1ère ligne, mais sans pouvoir l'en chasser. 

Le 29 juin, le bombardement ennemi devient d'une intensité sans précédent. On compte 162 tor­pilles tombant sur nos lignes, dont plusieurs hautes de 1,10m. Toutes les tranchées sont démolies, les abris de mitrailleuses détruits, les communications interrompues. Les hommes enten-dent les ordres dans les tranchées d'en face,… tout fait prévoir une attaque imminente.

Après quelques déplacements, il est engagé dans le bois de Minonville. Une section entre soudain en contact avec l’ennemi, lui inflige de fortes pertes, tuant les 2 officiers, et le met en fuite. En riposte, les allemands tentent l’enveloppement, la section leur échappe, le reste de la compagnie se fraye un passage à la baïonnette et regagne Souilly. Malgré le tir d’artillerie, elle peut rejoindre le régiment à Heippes. Il s’organise défensivement; les tranchées sont ébauchées, des barrages construits. Le 1er bataillon occupe la lisière du village et le 2ème prend position au nord, à la côte 324. Le 8 septem-bre, à 22h, l’ennemi  attaque. Il progresse rapidement et après un combat acharné s’empare de la crête ouest de Heippes. Les compagnies du village, prises en enfilade, se replient. A 2h45, le bois Chardin, le Signal, sont tombés. La côte 324 est intenable et ses occupants retraitent vers Souilly. Le 1er bataillon en position derrière Heippes les imite après avoir essuyé des pertes sérieuses. Le régiment est relevé après ce gros effort.

L’organisation du terrain entraîne la période ingrate de secteur avec ses travaux, ses corvées, ses bombar-dements fréquents, ses pertes quotidiennes. Seul le 2ème bataillon prend part à une action offensive. Il attaque sans succès la passerelle de Saint-Mihel et les casernes de Chauvoncourt, fortins inexpugnables, véritables modèles du genre. Il leur donne l’assaut avec l’esprit de sacrifice, mais ne peut réussir. Quelques jours d’agitation suivent cette opération: les tirs d’artillerie se succèdent, l’arrière est abondamment arrosé, puis le calme renaît. Le 44ème RIC reprend la vie de secteur, émaillée de reconnaissances, d’escarmouches, jusqu’à son départ pour l’Argonne.    

Au centre, une compagnie éprouve les mêmes difficulté; sortie des brèches aménagées dans nos réseaux, elle est arrêtée dans son élan par les fils de fer allemands, peu ou pas abîmés par la préparation. Les survivants se terrent sous le feu des mitrail-leuses et restent jusqu’au soir à quelques mètres des tranchées adverses en butte au tir des tirailleurs ennemis. La 2ème fait de vaines tentatives, et dans la nuit, tous se replient dans les tranchées avancées.

 

Ces fréquentes opérations inquiètent les allemands dont les tirs d’artillerie désormais déclenchés sans motif prouvent l’éner-vement: la vigilance redouble. Les mauvaises conditions atmo-sphériques rendent la surveillance pénible.

 

En juin, le 44ème RIC est dans le secteur de Fontaine-Mada-me/La Harazée. Dès le 16 juin, l'activité de l'artillerie augmente dans presque tous les secteurs; les tranchées à l’est de Bagatelle sont bouleversées, 5 mines explosent devant le front. Le 17, au petit jour, un groupe ennemi se jette sur un élément avancé de la 1ère ligne, où il réussit à se maintenir malgré nos contre-attaques. Le 18 juin, à Bagatelle, tandis que le bombar-dement reprend avec violence, 3 mines font explosion et endommagent les tranchées à la Sapinière, au Ravin-sec et à Blanleuil, où se trouve le 44ème RIC. Le 19, la lutte de mines s'accompagne d'un combat de bombes qui coûte 150 hommes.    

Une 3ème contre-attaque se déclenche à la même heure, sur la route de Binarville. A 19 h, ces contre-attaques, sans regagner la totalité du terrain perdu, ont arrêté définitivement la progression de l'ennemi en le rejetant sur la 1ère ligne. Toute la nuit des actions locales d'infanterie se succèdent au milieu de violents tirs d'artillerie. Vers 3 h, le feu se ralentit, ils en profitent pour conso­lider les positions reconquises. Mais, dans cette dure journée du 20 juin, les pertes ont été très lourdes: 271 tués, 1 450 bles­sés, 495 disparus, soit au total: 2 216 officiers et hommes. Il est estimé que le bombardement ennemi a atteint 25 000 coups de tous calibres. Mais, de son côté, l'ennemi a aussi beaucoup souffert.

Le lendemain 21 juin, dans le secteur de Baga­telle, l'ennemi reprend une préparation d'artillerie méthodique; il écrase les 1ères lignes. Du 21 au 26, plusieurs mines explosent, causant des dégâts considérables; le bombardement d'ar­tillerie continue.


Le 30 juin, les Allemands reprennent l'offensive; mais au lieu d'être localisée à Bagatelle, la lutte s'étend sur tout le front, de la route de Binarville au Four-de-Paris. Dès 4 h, l'ensemble des positions sont soumises à un bombardement, surpassant en violence et en précision ce qu'on avait vu jusqu'alors. Toutes les tran­chées de 1ère ligne sont écrasées, une grande partie des défenseurs ense-velis, tués ou blessés. Sous le couvert de cette préparation, l'ennemi lance 3 attaques d'infanterie successives et finit par percer tout d'abord à l'Ouvrage cen­tral et à la gauche du cimetière. D'autre part, à la suite d'une série de combats locaux, dans lesquels les troupes ont à soutenir une lutte acharnée, l'ennemi, malgré des pertes considérables, notamment devant le front de Bagatelle, s'avance jusqu'au poste de comman­dement de Beaumanoir. Plusieurs fractions attei­gnent la cote 213.

Vers 13 h, les troupes sont contraintes d'abandonner la Sapinière et la première ligne de l'ouvrage Blanleuil, attaquées depuis le matin sans succès et couvertes d'un nuage persistant de gaz asphyxiants qui s'étend jusqu'à La Harazée,… etc… etc…. le quotidien en somme !!!     

Jean ESPOSITO décède de ses blessures, contractées quelques jours plus tôt, dans les combats décrits ci-dessus (Le JMO du 44°RIC ne semble plus exister). Il meurt le 30 juin 1915, à 20h15, à l’hôpital Chanzy de Sainte-Ménéhould dans la Marne, il venait d’avoir 23  ans.

 

 

Il est Inhumé dans la nécropole nationale de Sainte-Ménéhould (Marne) dans une tombe individuelle, la n°306. La nécropole nationale de Sainte-Ménehould est située à la sortie de la ville sur la D 85 en direction de Florent-en-Argonne. Elle s'étend sur 2 ha. Y ont été inhumés 5 701 soldats français (5 486 soldats en sépultures individuelles et 277 en 8 ossuaires, dont 3 inconnus ), tués au cours de la 1ère guerre mondiale

 

Son décès est inscrit dans le registre d’Etat-civil de la commune de Trèbes à la date du 31 décembre 1915.

 

Son nom est gravé sur le Monument aux morts de Trèbes.