6.8 - La 2ème offensive d'Artois, 15 sept. - 4 nov. 15

La bataille de l'Artois de l'automne 1915 (appelée aussi 2ème bataille d’Artois), eut lieu du 15 septembre au 4 novembre 1915. Elle opposa la 10ème Armée française, soutenue par 6 divisions britanniques, à la VIéme Armée allemande. La bataille de l'Artois s'inscrivait dans le cadre de l'offensive française menée pendant la seconde bataille de Champagne.

 

Elle nécessite le déplacement de 11 divisions et de 3 corps d'armée. Tous les soldats sont déplacés par voie ferrée, ce qui nécessite la mise en marche de 592 trains. Les troupes sont prélevées dans les régions de Villers-Cotterêts, Jonchery, Charmes, Épernay et Verdun. Elles débarquent autour d'Amiens, de Doullens et de Saint-Pol

 

L'attaque française commence avec la prise de la ville de Souchez. Après cinq jours de combat intensifs, les Français s'emparent des hauteurs de la crête de Vimy, pour la troisième fois. Cependant, ils progressent ensuite de façon limitée, et la résistance accrue des Allemands entraîne de lourdes pertes. Les Français n'arrivent pas à capitaliser leurs premiers succès. On estime que les pertes françaises s'élèvent à 48 000 hommes et celles des Allemands à 30 000.

 

Dans le cadre de cette grande offensive, la 1ere armée anglaise lance une attaque entre Lens et le canal de la Bassée (c'est le début de la bataille de Loos). Les Britanniques, à court de munitions d'artillerie, utilisent le gaz pour la première fois . Cependant, des vents contraires renvoient une partie du gaz sur leurs propres lignes, et le terrain, des villages fortifiés et des terrils, rend la progression difficile. Le troisième jour, ils ont avancé de plus de 3 500 m et les troupes d'assaut s'emparent partiellement de la redoute de Hohenzollern, du village de Loos, et de la colline 70. La deuxième ligne allemande résiste cependant. Les Français venus apporter du renfort aux Britanniques avancent lentement et leur attaque le matin du 26 septembre est contrée. Les contre-attaques allemandes permettent de reprendre la redoute de Hohenzollern. Les combats se poursuivent en octobre.

 

L'attaque dirigée par les Allemands contre les lignes franco-britanniques le 8 octobre et renouvelée plus mollement le 9 a été une des opérations les plus sérieuses et les plus largement conçues qu'ils aient menées depuis longtemps dans la région. Le maréchal French a indiqué dans son rapport que les troupes françaises ont occupé depuis quelque temps, sur sa demande, le secteur compris entre l'ancienne gauche de la ligne française, au Sud; et Loos, incluse, au Nord. L'attaque du 8 octobre avait pour objet de réoccuper les conquêtes récentes de l'armée britannique, depuis la redoute Hohenzollern jusqu'à Loos comprise. Des interrogatoires de prisonniers ont même appris que si l'objectif immédiat de l'attaque ne consistait que dans cette reprise du terrain, tout était préparé, matériel et personnel, et amené à pied-d'œuvre pour exploiter à fond le succès escompté, prendre en flanc et mettre ainsi en péril les récentes conquêtes françaises de mai et de septembre.

 

Cette attaque, qui a un peu différé des précédentes, présente quelques caractéristiques intéressantes. Un bombardement assez violent, intermittent, mais sans arrêts de longue durée, était opéré par l'ennemi depuis plusieurs jours. Ce bombardement était dirigé sur les premières lignes - soutiens compris - d'une part, et d'autre part sur les cantonnements de repos (ce dernier procédant par rafales, destiné à produire un effet brutal de surprise terrifiante).

 

Le 8 octobre, après une matinée relativement calme, un tir extrêmement violent et rapide de tous les calibres fut déclenché sur nos lignes, à midi. Ce tir comprenait des obus d'un calibre inusité : il tomba des obus de 380 et de 305. Les effets de ces obus, ainsi que de très nombreux projectiles de 210 et de 150 qui nous arrivèrent, ont été très au-dessous de ce que l'assaillant pouvait en espérer comme destruction de vies humaines. Vers 15h30, le tir devint d'une intensité vraiment extraordinaire. C'était bien le «trommelfeuer», le feu tambourinant. Pendant ce temps, la deuxième ligne et les villages les plus rapprochés étaient soumis à un déluge d'obus suffocants, destinés à empêcher le tir de l'artillerie et l'arrivée des renforts. Ce barrage était si sérieux que l'odeur persistait, fétide et entêtante, trente-six heures après le bombardement.

À 16h10, la première vague allemande couronnait les tranchées de départ construites en avant de la ligne ennemie pendant les nuits précédentes. La fusillade éclatait aussitôt dans les tranchées françaises et britanniques, mais aussi hâtive et nerveuse que nourrie. Les hommes tiraient dans le bleu. Pendant que les officiers calmaient ce premier énervement, faisaient ajuster le tir et régulariser la densité d'occupation des tranchées, la deuxième vague d'assaut suivait la première à 150 mètres; la troisième ne tardait pas à paraître. Ces trois vagues étaient constituées par des hommes placés coude à coude. D'importants éléments de cette dernière parvinrent, grâce à des ondulations de terrain et à de hautes luzernes, jusqu'au contact presque immédiat de notre ligne en certains points. Le combat se poursuivit à la grenade. Un poste d'écoute fut même submergé par les assaillants, mais un seul obus de 75, tombant dans ce poste, tua tous les Allemands qui y avaient pénétré. La troisième vague ne put pas s'approcher des tranchées, le barrage foudroyant de notre artillerie l'ayant immobilisée puis détruite. Peu de temps après l'apparition de la troisième vague, se montrèrent les réserves, ou plutôt le deuxième échelon, en colonnes denses. Ces colonnes, accueillies par le feu qui les atteignait par-dessus les premières vagues - toutes les balles trop longues étaient pour elles, - hésitèrent, oscillèrent et finalement se mirent à l'abri dans quelques bâtiments isolés, dont les murs de briques suffisaient à arrêter les balles. Le commandant d'une des compagnies de première ligne, dont le téléphone avait été détruit au début de l'action, put le faire réparer à temps et prévenir l'artillerie que des masses très compactes se pressaient dans la zone de sécurité relative ainsi constituée. Une rafale formidable d'obus moyens et gros s'abattait bientôt sur ces bâtiments, où des centaines de fantassins ennemis furent écrasés. Les débris des unités qui y avaient cherché refuge se sauvèrent en désordre sur la route de Lens à la Bassée, poursuivis par les shrapnells. L'attaque était enrayée. Elle avait duré presque une heure entière, durée extrêmement longue pour la partie violente d'une action aussi meurtrière. 

 

L'attaque devait être renouvelée le lendemain matin, après une nuit de veille et d'attente énervante. Cette attaque, dépourvue d'éléments frais en nombre suffisant, ne fut qu'esquissée, et son seul résultat fut d'amener de nouvelles pertes, même dans la tranchée de départ, où se massaient des formations qui furent gravement atteintes, sans même sortir, par le tir de notre artillerie. Le mouvement offensif était terminé. Son échec était complet. Les troupes de défense avaient déjà de fortes raisons d'estimer très lourdes les pertes qu'elles avaient causées à l'assaillant, lorsqu'un document allemand, trouvé sur un officier tué quelques jours après, dépassa toutes les espérances. Les troupes allemandes qui ont exécuté les attaques du 8 et du 9 octobre ont perdu, outre la presque totalité des officiers, 80 pour 100 de leur effectif.

 

Du 13 au 14 octobre, la 46eme division britannique s'empare d'une partie de la redoute de Hohenzollern tenue par les Allemands à la fin de la bataille de Loos, et repousse les contre-attaques allemandes. Les pertes britanniques s'élèvent à 62 000 h, tandis que les pertes allemandes comptent environ 26 000 tués, blessés ou prisonniers. Le commandant du corps expéditionnaire britannique, le maréchal sir John French est accusé d'avoir fait mauvais usage de ses réserves pendant les combats et les réclamations pour le remplacer se multiplient

 

 

Cette bataille coûta la vie à 3 trébéens et sans doute du plus jeune et du plus âgé des "Morts pour la France" trébéens:

 

- Charles Joseph GUIRAUD, né à Trèbes le 14 février 1896, affecté au 17ème R.I., et mort le 28 septembre 1915 à Souchez (Pas de Calais). Il avait 19 ans et demi.

 

- Jean Bernard MOUTON, né à Puichéric  le 30 octobre 1889, sous-officier au 280ème R.I., et mort le 23 novembre 1915 à Neuville Saint Waast (Pas de Calais).

 

- Théophile PARRAL, né à Badens le 1 janvier 1873, affecté au 125eme R.I.T., puis au 332ème R.I.T., et mort le 1er décembre 1915. Il allait avoir 42 ans.