Joseph François DURAND 1886/1914

Joseph François est le fils de Pierre, charretier à Trèbes (en 1886) et de Marie BROUSSE qui résident au domaine de Saint Julia. Il est né le 7 mars 1886 à Trèbes dans les communs de domaine. Il y passera une partie de sa jeunesse. Puis, ses parents changeront de domaine et "s'exileront" à Carcassonne.

Il apprendra le métier de mécanicien et en 1906, il déclare exercer ce métier, et résider (avec ses parents ?) à Carcassonne, lors de son passage devant le conseil de révision en septembre 1906, qu'il effectue à Carcassonne. Il est déclaré apte et son n° matricule est le 557/Carcassonne.

Il effectue son service militaire à partir de novembre 1907, au (143ème RI ?), stationné à (Carcassonne ?).

 

A la fin de son service, il se marie avec Marie COMBES, le 27 octobre 1909, à Carcassonne.

 

Au mois d'août 1914, comme beaucoup, il est mobilisé. Joseph est âgé de 28 ans. Il est donc affecté, en vertu de cet âge, au même régiment de son service, mais à la réserve, le 343èmerégiment d’infanterie, implanté lui aussi à Carcassonne. Les régiments dits « de réserve » seront soumis dès le début au même régime que les unités d’active. Celui-ci appartient à la 131ème Brigade d’Infanterie, incluse dans la 66ème Div. de réserve (1er Groupe), Il est composé de 2 bataillons.

 

Il décèdera le 22 septembre 1914 à Lesseux (Vosges), sa guerre aura duré 50 jours. Il n'a que 28 ans.

 

En libérateur 

 

Le soldat de 2ème classe Joseph François DURAND rejoint la caserne le 3 août 1914. Le 5ème bataillon, équipé, quitte Carcassonne le 14 août; le 6ème suit le 15. Le 16 août, le 343ème R.I. arrivé sur sa zone d’opérations, cantonne à Cunelières et à Foussemagne, sur le Territoire de Belfort, limitrophes de la frontière de l’Alsace occupée.

 

Les troupes françaises prennent l’initiative; les premières prises de contact se terminent par des succès. La guerre va-t-elle, cette fois, se dérouler chez nos adversaires ? L’armée allemande serait-elle un bluff, comme certains paraissent le croire ? Période héroïque, où la furia française rappelle les beaux jours. Assauts magnifiques, conduits sabre au clair, en gants blancs, sans souci des pertes. L’armée d’Alsace marche rapidement sur Mulhouse. 

Le 18 août, le 343ème passe la frontière à Foussemagne, et à Chavannes l’Etang, puis  gagne la région Hagenbach, Eglingen sur la route de Delle à Colmar. La vue des poteaux-frontières renversés par les camarades, l’accueil des populations qui depuis si longtemps attendaient l’arrivée des libérateurs contribue à l’enthousiasme, s’il en était besoin. 

Le 19 août, le régiment gagne Didenheim, Fromingen, et subit ses premières pertes, en traversant les pentes est du Gallen Holtzle (5 tués, 22 blessés). Le 20, le 6ème bataillon est à Didenheim, le 5ème est venu occuper Brünstadt, aux portes de Mulhouse.

 

Le 343ème R.I. est dirigé sur Galfingen qu’il met en état de défense les 22 et 23 août.

Malheureusement , le revers

 

 

Mais pendant ces quelques progrès en Alsace, l’Allemagne qui avait concentré le gros de ses troupes dans le Nord envahi brutalement la Belgique, malgré la résistance de l’armée belge.

 

Le 24 août, la situation générale oblige à opérer des prélèvements sur l’armée d’Alsace. L’artillerie ennemie se dévoile plus nombreuse, le maintien de l’avancée parait imprudent. La 66ème Division de réserve reçoit l’ordre de regagner la région de Belfort, où doit s’opérer une concentration. Du 26 août au 6 septembre, le 343ème stationne dans la région de Dambenois, Brognard, Allenjoie, Le grand Bois, et y établit quelques retranchements.

 

Le 7, il se rend dans la zone Rechizy Lepuix, où il prend les avant-postes.

 

Les 11, 12 et 13 septembre, le régiment est chargé d’organiser la Tête de Béhouille et le Col des Journaux. C'est pour tous les hommes du régiment une période terriblement fatiguante. La pluie fait rage. Le ravitaillement n’arrive souvent pas à l’heure,etparfois il est de mauvaise qualité; et puis, on marche sans arrêt, sans autre notion de l’ennemi, qu’un bruit lointain et intermittent de canonnade. Que se passe-t-il exactement ? Il faut l’âme solidement trempée, pour que, malgré tout, le moral se conserve. Nulle récrimination, on se plaint seulement de ne pas voir les ennemis, et de ne pouvoir leur faire payer, comme il convient, toutes ces tribulations.  Et puis c’est l’annonce de la Marne. L’élan et le sacrifice des troupes engagées, ont dérouté les Allemands, et rompu leurs vagues. Et sur le front d’Alsace, comme sur tous les autres, on va traquer les allemands, et chercher à le bouter hors de France.

 

Après 2/3 jours de repos, le 19 et 20 septembre, le 343ème retourne sur les positions de la Tête de Béhouille, et du Col des Journaux. Le 21 septembre, la 66ème division occupe les hauteurs du Bois de la Garde. Elle doit en dévaler sur Lesseux et Lusse, en liaison avec le 41ème division qui attaquera sur la rive droite de la Fave en direction de Provenchères. L’opération est menée avec une compagnie de montagne, un demi escadron, un bataillon et une section de mitrailleuses du 281ème, les deux bataillons du 343ème, et un groupe d’artillerie montée.

 

Les 21ème et 22ème Cies du 343ème s’organisent vers Gemaingoutte, avec mission de couvrir l’attaque, contre une éventuelle riposte de flanc, venant de Sainte-Marie-aux-Mines. Les Allemands se sont fixés sur une position naturellement forte: la ligne des Lesseux-Herbaupaire. Protégés par leurs réseaux barbelés, abondamment pourvus de mitrailleuses et de canons, ils opposeront une résistance farouche.

Le 22 septembre, une attaque, menée par un bataillon du 281ème appuyé par le 5ème bataillon du 343ème, échoue (19 tués, 31 blessés au 343ème). Joseph François DURAND sera de ceux-là.

 

Joseph François DURAND a été tué à l'ennemi le 22 septembre 1914 dans l’attaque du village de Lesseux, près de Saint-Dié (dans les Vosges). Pour lui, la guerre aura duré 50 jours, avec le sacrifice de sa vie au bout.

 

Son lieu de sépulture ne semble pas connu des autorités militaires. Comme beaucoup, son corps n'a pu être ramené, puis oublié dans le no man's land entre les deux camps. Plus tard, s'il a été retrouvé, il n'a pu être identifié et placé dans une fosse commune, peut-être dans le cimetière de guerre de Lesseux, puis dans la Nécropole militaire franco-allemande de Bertrimoutier (88) qui a été érigé en mars 1921 par les autorités militaires françaises. Il regroupe les corps des militaires exhumés des tombes isolées, des carrés militaires des cimetières communaux ou bien, pour l'essentiel de douze cimetières militaires établis à la hâte sur le front, lors des combats, dont ceux de la Chapelle Sainte-Claire, du Mézé, du Violu centre, de Coinchimont, de Québrux, de Haute-Goutte, du camp de la Gude, de la ferme Mathis, du Pré de Raves, de Lesseux, de Provenchères et de la Croix-le-Prêtre.... Dans cette nécropole, reposent d’un côté 953 soldats français, 12 soldats russes, et 1 soldat inconnu roumain; et de l’autre côté, 6749 soldats allemands, dont 4163 soldats inconnus..

 

Son décès est transcris le 4 décembre 1915 dans les registres de l’Etat-Civil de la Commune de Carcassonne (11069). Son nom est gravé sur la plaque commémorative, face à l'entrée de la Cathedrale de Carcassonne.

 

 

 

 

 

 

Extrait du J.M.O. du régiment en date du 22 septembre 1914