Fils de Jean-Pierre et de Thérèse SARDA, Jean Pierre est né le 18 février 1878 à Campagna-de-Sault (Aude), petite commune montagnar-de (1000m d’altitude) du Pays de Sault, (du latin "saltus" = forêts) située sur un plateau aux confins des Pyrénées audoises et ariégeoises, au sud du département de l’Aude.
Lors de son passage devant le conseil de révision, à Saint Paul de Fenouillet (P.O.) vers septembre 1898, il est cultivateur et réside avec ses parents à Caudiès-de Fenouillèdes (35 km à l’est de son lieu de naissance) situé sur les con-treforts montagneux de la vallée de l’Agly dans les Pyrénées orientales.
Son numéro matricule est le 994/Perpignan. Il est classé dans les services auxiliaires pour défaut de taille (1m52). Ajourné en 1899 et 1900 pour les mêmes raisons, il est classé dans les services auxiliaires en 1901. Comment et où a-t-il fait son service militaire dans les services auxiliaires ?
Il se marie à Trèbes le 15 février 1912 à une trébéenne, née à Trèbes en 1887, Delphine RULLAC, couturière de son état. Dans l’acte, il est déclaré comme propriétaire à Caudiès, probable-ment propriétaire de son exploitation.
Il est reclassé «bon pour le service armé» par le Conseil de révision du 23 novembre 1914 à Perpignan. Jean Pierre a 36 ans. Il est alors appelé à rejoindre le 126ème régiment d’in-fanterie territoriale (126° RIT), le 19 décembre 1914.
Le 126ème régiment d’infanterie territoriale (126° RIT) est constitué à partir des éléments âgés du dépôt de Perpignan. Toutefois Jean-Pierre ne reste pas dans ce régiment, car celui-ci est envoyé en Tunisie et il y a de nombreux trous dans les régiments d’active et de réser-ve. Il se retrouve donc affecté au 253ème RI, régiment de réserve issu du 53ème RI, le régiment basé à Perpignan.
Le 253ème RI, régiment à 2 bataillons fait partie de la 132ème B.I., membre de la 66ème Division, puis de la 41ème Division à partir du 19 décembre 1914, le jour même où Jean-Pierre est appelé.
Après quelques semaines de formation, il rejoint son régiment sur le front, dans les Vosges, dans la région qui va du col Sainte-Marie/Lesseux/à Wissembach où il est insta-llé depuis le 19 décembre et où il restera de longs mois.
Dans la matinée du 18 février, un violent bombardement sur les pentes sud de la côte 607, deviendra de plus en plus intense dans l'après-midi. Dans la soirée les allemands s'emparent de la première tranchée française. Vers 21 h. l'artillerie allemande de gros calibre continue à pilonner la route de Lesseux à Frapelle. De nombreux éléments de la 22ème compagnie sont faits prisonniers. Il s'ensuit une lutte corps à corps avec charge à la baïonnette. Durant les combats des 18 et 19 février le régiment aura 48 tués, 179 blessés et 90 disparus.
Les jours suivants, les Allemands se déchaînèrent sur les «la côte 607», «la Violu», la «Cude» et «Fort-Regnault». Des milliers d’obus de gros calibre et de torpilles boule-versèrent les positions de la 132ème brigade (boyaux éboulés, abris éventrés, projections en tout sens).
En juin 1915, le commandement de la 41ème DI qui tient les positions de la Tête du Violu s'inquiète des offensives allemandes et demande des renforts à l'état-major. La Cie 28/3 du génie y est envoyée pour enrayer les travaux du génie allemand. À partir de juillet 1915, des bruits de creusement de sape sont perçus dans le secteur du Fort Regnault et de la Cude. Une section de la Cie 7/52 du génie y est affectée. Elle y creuse trois puits dans la tranchée de première ligne pour servir d'écoute. Le 1er août 1915, ces puits et une partie de la tranchée sont détruits par l'explosion de la mine allemande.
extrait du JMO
de la 132° B.I. à la date du 15 juin 1915
Parfois la terre s’entrouvrait avec fracas, engloutissant tranchées, défenses accessoires et aussi leurs défenseurs, ouvrant ainsi un énorme entonnoir qu’il fallait coûte que coûte défendre avec acharnement.
(rechercher historique du 253° R.I. de mars à juin 1915
JMO du 253° RI absent du site du SGA)
Jean-Pierre UTÉZA est tué à l’ennemi des suites d’un bombardement, le 15 juin 1915 au lieu-dit Violu Centre, à proximité de la Tête de Violu, sur la commune de Germaingoutte (Vosges). Il avait 37 ans.
Les autorités militaires ne semblent pas connaître son lieu de sépulture. A-t-il été enseveli dans un bombardement, ou dans le tir de mine du lendemain ? Son corps n'a-t-il pas pu être identifié ? Plus tard, s'il a été retrouvé, il n'a pu être identifié et anonyme placé dans une fosse commune, un ossuaire, peut-être dans le cimetière de guerre dans les environs du champ de bataille.
Son décès, qui est porté dans le registre d’état-civil de la commune de Caudiès de Fenouillèdes (Pyrénées-orientales) à la date du 4 avril 1916
Son nom est gravé sur le Monument aux morts de Trèbes (sous le seul prénom de Pierre) et sur celui de Caudiès-de-Fenouillèdes
Position des 2
bataillons du 253eme R.I. entre le 10 et le 20 juin 1915