Théodore Pierre FERRED 1888/1915

 

 

Théodore FERRED

"Théodore FARRE" sur la fiche matricule: transcription phonétique fréquente sur les actes d'état-civil concernant cette famille.

 

Théodore Pierre, fils de François et de Thérèse CULLEL, est né le 21 avril 1888 à Trèbes, commune située à 6 km à l'est de Carcassonne, au sud de la France. Son emplacement stratégique sur la route entre la Méditerranée et l'Océan Atlantique est connu depuis le néolithique. La ville se trouve dans un couloir entre montagne Noire au nord, Corbières au sud-est, et la vallée de l'Aude au sud. Sa superficie est de 16 km², ce qui en fait une grande commune pour le département de l'Aude. Ses voisines sont Berriac, Bouilhonnac et Villedubert. Elle est peuplée de 1100 habitants en 1793, 1850 en 1893 et près de 2000 tré-béens et trébéennes en 1914. Traversée par le canal du mi-di, au cœur d’une région viticole, son port a été très actif.

 

Ses parents, immigrés espagnols s’y sont installés aux environs de 1880. Lui est cultivateur, terrassier. Quatrième d’une fratrie de 11 enfants, il passe son enfance au pied du clocher de l’église St-Etienne et après quelques années sur les bancs de l’école, il fait son apprentissage de carrier.


C’est le métier qu’il déclare et qu’il exerce à Trèbes lors du conseil de révision qu’il passe à Capendu en septembre 1908. Son n° matricule au recrutement est le 1446/ Narbonne, et il a été déclaré apte. Il accomplit son service militaire à partir 8 octobre 1909, jusqu’au 24 septembre 1911 au 80ème Régiment d’infanterie (Narbonne).

 

A son retour, il change de métier, il devient meunier. Il se marie le 24 octobre 1912 avec Rose Jeanne LAGASSÉ, une trébéenne de 19 ans d’où est né un enfant : Louis Joseph.

 

Il décède le 6 octobre 1915 à Massiges (Marne) au lieu-dit Bois Marteau. 


 

 

A la mobilisation, en 1914, Théodore est rappelé le 4 août dans le même régiment, faisant partie de la 63ème Brigade d’Infanterie avec le 53ème RI (32ème Division d’Infanterie avec le 15ème et 143ème). 

 

Le régiment est d’abord engagés dans la bataille de Lorraine du 18 au 22 août: Igney, Avricourt, Angevillers, bois de Vulcain, Muehlwald, puis dans celle de la Trouée de Charmes à la fin du mois d’août: Moriviller, bois de Jontois (est d’Einvaux) avant de participer en novembre et décembre à la bataille des Flandres: Wytschaete, Saint Eloi, Bixschoote.

 

 

Du 6 mars au 26 août 1915, la 32ème division dont le 80ème RI est engagée par éléments, dans la 1ère Bataille de Champagne, à l'est de Souain. Il participe notamment aux combats du bois Sabot. Le voici décrit par l‘historique du régiment: «Le 7 mars, nous avions entrepris, entre Souain et Perthes, une action d'infanterie contre le bois Sabot. L'ennemi s'y était très solidement fortifié sur une position dominante. Ils avaient creusé plusieurs boyaux conduisant à l'arrière du bois. De notre côté, nous avions fait des travaux de terrassement pour rapprocher notre ligne. Après une violente préparation d'artillerie, les hommes se précipitent sur la 1ère ligne ennemie et s'en emparent. Ils parviennent également à occuper la 2ème position; mais une pluie de gros projectiles rendant alors impossible leur progression, ils doivent se contenter de mettre en état, à la faveur de la nuit, les tranchées bouleversées qu'ils viennent de con-quérir. Au petit jour, ils repoussent à la baïonnette une contre-attaque, puis ajoutent 200 m. à leur gain de la veille.

 

Du 9 au 12, les positions sont consolidées et des renforts permettent de la plus sûrement conserver. Le 15 avant l'aurore, les soldats prennent comme objectif une très forte tranchée allemande communiquant avec trois boyaux que les Bavarois ont creusés à travers le bois. Animés d'une rage de vaincre ils s'élancent et, sans se laisser arrêter par les tirs, venant du  blockhaus, sautent dans la tranchée. Sous la trombe de fer et de feu qui ne cesse de les prendre d'enfilade, ils se maintiennent tout le jour. Heureusement, des obus de gros calibre ont fait brèche pendant la nuit dans le blockhaus qui nous mitraille. Un dernier effort pour repousser deux retours offensifs assure définitivement la conquête du bois Sabot. »    

Bois Sabot, à l'est du Village de Soudain

Bois Sabot, après les combats

A partir du 23 mars, le 80ème RI occupe un secteur vers la cote 196 et les abords ouest du Mesnil-lès-Hurlus. Le 3 avril, il se déplace, à gauche, vers le bois Sabot et le nord du Mesnil-lès-Hurlus où il subit sans cesse des explosions de mines. Le 17 août, le front dont il a la garde est réduit, à gauche, jusque vers Perthes-lès-Hurlus.

 

Du 26 août au 24 septembre 1915, le régiment est mis en repos vers Dampierre-le-Château.

 

A partir du 25 septembre, la 32ème division est de nouveau engagée dans la 2ème Bataille de Champagne, à l'ouest de Massiges.

 

Le 22 septembre 1915 commence une préparation d'artil-lerie de 3 jours. 1100 pièces au total sont déployées. Les canons de 75 et l'artillerie de tranchée «traitent» la 1ère ligne et détruisent les barbelés. Le 24, l'artillerie lourde à longue portée vise les lignes de ravitaillement et les noeuds de communication, notamment les axes princi-paux et les gares. Les troupes sont concentrées avant l'assaut, éloignées des premières lignes pour éviter d’être repérées. L'ensemble est soutenu par des mouvements sur des routes et des voies ferrées spécialement cons-truites pour l'occasion afin de permettre un approvision-nement continu.

 

Le 25 septembre, les effets de l'artillerie sur la 1ère ligne allemande sont évidents. Toutefois, la progression est as-sez inégale en raison des fortes défenses allemandes. À gauche, IVème armée butte sur la 1ère ligne et ne progresse quasiment pas. Le 7ème corps progresse sur un front de 4 km. Les points de résistance rendent la progression très inégale et mal coordonnée. Dans les secteurs de la IIème armée les 11ème et 14ème corps franchissent la 1ère ligne sans coup férir, atteignent la route Souain-Tahure mais se heurtent aux dispositifs fortifiés (Bois Jaune et Butte du Mesnil). À droite, le 1er corps colonial investit le dispositif défensif complexe de la Main de Massige. Il arrive à investir les "doigts" mais se heurte à des points de résistance organisés au-delà de la crête. Globalement, la progression sur la ligne de front est très inégale. La 1ère ligne est partiellement prise avec nombre de prisonniers et quantité importante d'arme-ment. Toutefois, des points de résistance subsistent. Les troupes qui sont parvenues à la 2ème ligne sont arrêtées par un dispositif intact. Les Allemands déstabilisés, ont la tentation de se retirer. Le général von Einem demande des renforts, son chef d'état-major est remplacé sur le champ, mais la percée recherchée par les Français n'est pas atteinte.

    


Le 26 septembre, la progression est moindre et les troupes buttent toujours sur la 2ème ligne allemande à contre-pente avec des réseaux de barbelés intacts car dissimulés à l'artillerie. A l'ouest, la IVème armée réussit à dépasser la 1ère ligne, investit le point de confluence entre l'Aisne, la Tourbe et la Dormoise. Elle progresse jusqu'à la 2ème ligne. Au centre, la journée est consacrée à la réduction des points de résistance et au réalignement du front. Le 27 septembre, les efforts continuent pour atteindre la 2ème ligne. Les troupes se concentrent sur les points de résistance. Le Trou Bricot est en-cerclé et 2000 allemands se rendent. Mais la ferme de Navarin à l'ouest et la butte du Mesnil en face continuent à tenir. Les combats se concentrent sur Maison de Champagne. La Main de Massiges est conquise. Les Allemands reçoivent des renforts et colmatent leurs brèches.

 

A partir du 28, l'offensive se concentre sur les points de résistance mais ne parvient pas à entamer la 2ème ligne. Quel-ques succès locaux sont obtenus (prise de Maisons de Champagne) mais, le 1er octobre, le général Pétain fait suspendre les combats, les pertes sont trop importantes et la consommation de munition insoutenable. Afin de rendre le front plus défendable, il est décidé d'en finir avec les points de résistance. Le 80ème revient sur le front le 5 octobre. L'offensive reprend le 6 octobre. Malgré des succès locaux comme la prise de la butte de Tahure, la progression est arrêtée. Les Allemands ont eu le temps de déployer des renforts.

 

La 2ème bataille de Champagne coûte 27 851 tués, 98 305 blessés, 53 658 prisonniers et disparus. Les pertes allemandes sont plus faibles. Le front a progressé de 3 km mais la rupture n'a pas été réalisée. Les Allemands ont fait face. Elle a démontré l'impossibilité de franchir dans un seul mouvement 2 lignes de défense. Elle a aussi démontré le manque de coopération entre l'artillerie lourde et l'infanterie. Elle a vu l'introduction du casque Adrian et l'utilisation massive de l'artillerie de tranchée.    


Le 6 octobre, lors de l’attaque du 80ème RI sur le bois Marteau et la ferme Chausson, puis l’occupation et l’organisation du terrain conquis entre la Main de Massiges et Maisons de Champagne. La journée coûte au régiment 58 morts, 174 blessés et 76 disparus. Théodore FERRED (FARRÉ) est parmi les disparus. Il avait 27 ans.

 

D’abord porté disparu, son décès «tué à l’ennemi» est établi par un jugement du tribunal de Carcassonne, en date du 27 octobre 1920. Son décès est porté dans le registre d’état-civil de la commune de Trèbes le 2 novembre 1920.

 

Les autorités militaires ne semblent pas connaître son lieu de sépulture. A-t-il été abandonné sur le terrain. A-t-il été enseveli dans un bombardement ? Son corps n'-a-t-il pas pu être identifié ? Comme beaucoup, son corps n'a probablement pas pu être ramené, puis oublié dans le no man's land entre les deux camps. Plus tard, s'il a été retrouvé, il n'a pu être identifié et anonyme placé dans une fosse commune, un ossuaire, peut-être celui de La Crouée (Souain) où se trouve 8 ossuaires regroupant plus de 21 000 corps.

 

Son nom est gravé sur le Monument aux morts de Trèbes.

 

Curieusement dans le cimetière de Trèbes une tombe familiale où est inhumée Rose LAGASSÉ, son épouse, porte également une plaque au nom de Théodore FERRED.

 

Son corps a-t-il été rapatrié à la fin de la guerre ?