Hippolyte PEILLE (1876/1917)

fantassin territorial

ouvrier

Fils de Jean et de Claire TISSEYRE, Hippolyte est né le 8 mars 1876 à Limoux.

 

Limoux (de l'occitan Limós) est une commune située dans le département de l'Aude. Ses habitants sont appelés les Limouxins et Limouxines. Située à 20 km au sud de la ville de Carcassonne, à l'entrée de la haute vallée en plein cœur du Razès, est traversée par le fleuve de l'Aude. la ville est connue pour la production d'un vin fabriqué selon la méthode ancestrale depuis le 16ème siècle, la blanquette. La ville est aussi le lieu d'un carnaval qui dure plusieurs mois. En 1914, elle comptait environ 7 000 hab.

 

Lors du conseil de révision de sa classe, en 1896, à Limoux, son n° matricule au recrutement est le 432 / Narbonne. Il est déclaré apte. Il exerce le métier de boulanger, et réside encore à Limoux. Il réalisera son service national à partir du 16 novembre 1897, jusqu’au 25 septembre 1900 au 17ème R.I. de Béziers.

 

Est-il célibataire ?

 

Il est dispensé de sa période militaire en 1906 en raison de sa fonction de "soutien de famille" 

 

Il s'installe à Trèbes vers octobre 1911.

 

Il décède, à l'âge de 41 ans, le 23 septembre 1917 en mer au sud sud-est de l’île de Minorque, lors du naufrage du «Médie», torpillé.    


A la mobilisation, compte-tenu de son âge (38 ans), Hippolyte rejoint le 5 août 1914, le 125ème R.I. territoriale (R.I.T.)  de Narbonne. Du 13 août 1914, jusqu’au 17 août 1916, il est avec son régiment dans le Maghreb, d’abord au sein de la 90ème Division d’infanterie territoriale, puis à compter du 16 septembre 1914 à la 94ème Division d’infanterie territoriale. Il appartient à la 179ème brigade avec son voisin de Perpignan, le 126ème RIT. Le JMO du 125ème a disparu. Mais on peut penser que son voisin de brigade a eut à peu près les mêmes missions décrites ci-dessous.

1914 : surveillance des côtes et point de passage de la frontière espagnole en août, afin de tenter de contrôler les désertions. Puis en Tunisie (sept.-déc): Bizerte, Sidi-Abdallah afin de maintenir l’ordre et la sécurité par la garde des tranchées, des forts, des feux de la côte, des magasins et parcs, du poste d’atterrissage du câble, des réservoirs d’eau, etc,... Il garde également des camps de prisonniers en Tunisie: Bizerte, Porto-Farina, Kairouan, Monastir, Zaghouan, Aïn-Sfaïa.

 

Fin sept. 1914, 1200 hommes (les plus jeunes) embarquent pour la France pour être intégrés aux régiments d’active. L'armement que le régiment avait reçu à la mobilisation lui fut enlevé pour être mis entre les mains des troupes continentales ou «indigènes» envoyées sur le front occidental, et il toucha en remplacement le fusil modèle 1874. Ce fait, qui a son importance, explique comment, fait unique dans nos guerres coloniales, ils eurent, dans les combats du sud, l’infériorité d’armement contre les indigènes rebelles ou tripolitains armés de fusils.

 

En 1915 et 1916, les 125ème R.I.T. est dans le sud tunisien: Gabès, Tatahouine, Médenine, Zarzis, Dehibat, notamment le 25 sept. 1915 il combat au poste de Bir Remtsa, puis Dehibat, Bir Oum Souigh, Chenini puis Gabès, Matmala, la Ksira, Mareth,…

 

A compter du 18 août 1916, Hippolyte est affecté à la 25ème section des commis et ouvriers militaires d’administration (SCOA). Il reste au Maghreb. 

 

Le 10 février 1917, il reçoit une décoration, la médaille coloniale, avec la mention "Tunisie", pour sa campagne dans le sud tunisien  du 5 octobre 1915 au 17 août 1916.

 

Hippolyte PEILLE est mort noyé dans le naufrage du Médie, suite à son torpillage par un U Boot. La situation du Médie au moment du naufrage était au sud-sud-est de l’île de Minorque, au large de l’Espagne. il avait 41 ans.

 

Aucune sépulture n’est connue, son corps n’ayant pas été retrouvé.

 

Son décès a été confirmé par un jugement du tribunal de Marseille en date  du 12 novembre 1918 et il est porté dans le registre d’Etat-civil de la commune de Marseille (Bouches du Rhône) en date du 20 janvier 1919.

 

Son nom est gravé sur le Monument aux morts de Trèbes.  

Groupe de territoriaux, gardes-voies

 

A l’occasion d’une permission (à vérifier), il embarque à Bizerte ou à Bône (Algérie) sur la «Médie», le 22 septembre 1917.

 

La “Médie” est un paquebot mixte de la Compagnie Paquet (Marseille) qui a été réquisitionné le 1er mai 1915 afin d’être utilisé pour le transport de troupes et de matériel. Il a été construit aux "Forges et Chantiers de la Méditerranée" (La Seyne); longueur, 116 m; largeur, 14 m; creux sur quille, 9 m; il déplaçait 8.000 tonnes; sa machine à triple expansion de 3.600 ch. lui assurait une vitesse de 14,5 nœuds. Il pouvait transporter une centaine de passagers; il était compartimenté par 6 cloisons étanches montant jusqu’au pont supérieur. Il a été mis à flot en 1911 et terminé en février 1912.

 

La "Médie", appareillant de Bizerte, transportant du personnel militaire, des civils, des munitions et du foin, en direction de Marseille, naviguant en convoi escorté est le 23 septembre à 8h52  torpillée, par un sous-marin par tribord arrière. Le bâtiment s’enflamme immédiatement et coule par l’arrière. A 9h00 la "Médie" a disparu.


Témoignage du commandant: La Médie naviguait en convoi avec l'EMPIRE et le BISKRA, escorté par le HALLEBARDE et le BOUFFONE. Il avait dû diminuer sa vitesse pour maintenir la formation. Vers 09h30 (en fait 8h52), le 23 Septembre 1917, un choc violent suivi d'une détonation formidable ébranla tout mon être. Dans la seconde qui suivit, je perçus une série de 8 à 10 détonations en chapelet. Regardant vers l'arrière, je vis, succédant à une immense flamme rouge intense et serpentante, une épaisse fumée verdâtre. MÉDIE s'était affaissé sur l'arrière, l'avant-haut relevé. L'arrière du navire, au milieu d'une projection de multiples objets semblait sauter. Je mis le transmetteur sur stop, mais j'ignore si cet ordre a pu être exécuté. La catastrophe était irrémédiable. La TSF était hors service. J'assistai, debout sur le pavois de passerelle tribord, en me tenant au montant de tente à l'agonie du MÉDIE. Ce fut très court et tragique. Je fis amener les embarcations, couper les saisines des radeaux. Chacun travaillait sans affolement; le second et le bosco amenaient le youyou; un matelot du D'ENTRECASTAUX larguait posément la saisine de la baleinière. Sur le gaillard, trente soldats indigènes, massés à tribord, étaient terrorisés par l'apiquage. Je leur criai de sauter à la mer. Mais les malheureux, inertes, accrochés les uns aux autres en une seule grappe furent précipités dans le vide et vinrent s'écraser sur le fronton du château. Le navire se trouva à la verticale, continuant son mouvement d'enfoncement et je me retrouvai à l'eau. J'entendis le bruit sourd de l'explosion des chaudières et, majestueusement, parfaitement droite, la masse du 
MÉDIE s'enfonça dans la mer. La tragédie a duré au plus 7 minutes. »

Certaines circonstances ont atténué la catastrophe.

-   A 08h00 tous les locaux avaient été évacués pour nettoyage et tout le monde, ou presque, était sur le pont.

-   Tout le monde avait capelé les ceintures de sauvetage et les soldats avaient enlevé leurs capotes

-    Les balles de foin embarquées dans l'entrepont 3 ont fait matelas et ont protégé contre la violence de l'explosion. Ces balles, projetées à la mer, faisaient des radeaux individuels sur lesquels nous avons trouvé de nombreux rescapés.

-  Toutes les embarcations ont pu être amenées sauf le youyou et la baleinière Les radeaux en liège et kapok ont constitué des engins de secours efficaces. Les embarcations les ont remorqués et ont dirigé les uns et les autres vers les escorteurs.

 

La MÉDIE transportait 563 passagers dont 2 jeunes filles échappées de l'incendie de Salonique, et 67 hommes d'équipage.

On a dénombré 250 victimes dont Hippolyte PEILLE.    



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