Pierre ESCOURROU (1881/1918)

domaine de Moreau, à Carcassonne, aujourd'hui en grande partie disparu

François JOUGLA et son père (assis) au milieu de ses ouvriers.

Pierre ESCOURROU est peut-être sur cette photo

Fils de Paul (décédé vers 1903) et d’Isabelle ou Elisabeth GUILHEM, Pierre ESCOURROU est né le 10 mai 1881 à Carcassonne, domaine de Moreau, quartier Saint-Nazaire. Il est l’ainé d’une fratrie d’au moins 2 enfants.

 

A la suite du Conseil de révision qu’il effectue à Carcassonne-est vers septembre 1901 (classe: 1901 - n° matricule au recrutement : 488/ Carcassonne), il a été déclaré "apte au service armé". A l'époque, il exerce le métier de charretier et déclare résider chez son père au domaine de Moreau, à Carcassonne.

 

Il accomplit son service militaire à partir 15 novembre 1902 au 15 janvier 1904, au 12ème Régiment d’infanterie (Tarbes).

 

Pierre ESCOURROU se marie vers novembre 1905, à Villedubert, avec Eugénie ESCOURROU. Nous savons qu’ils ont au moins un enfant, Paul, né à Villedubert en 1907. Ils s’installeront à Berriac vers novembre 1907.

 

En 1910, Pierre ESCOURROU exerce le métier de charretier, chez François Jougla (minoterie) à Trèbes. Il réside à Trèbes à cette époque.

 

Pierre ESCOURROU décède le 19 décembre 1918 en Bavière (Allemagne)    


 

A la mobilisation, le 1er août 1914, Pierre qui a plus de 33 ans est affecté au dépôt du 22ème Régiment d’infanterie coloniale (R.I.C.) cantonné à Hyères (Var). Pierre ESCOURROU rejoint le dépôt du régiment le 12 août. Sera-t-il des premiers combats ?

 

 

Compte tenu de son âge, on l’affecte au 42ème R.I.C., la réserve du 22ème, un nouveau régiment. Deux autres trébéens y sont affectés Eugène JEANJEAN qui sera tué dans les premiers jours de septembre et Paul GUERRY qui sera tué en 1916. Le 42ème R.I.C. est né avec la Guerre. Sa création, prévue au plan de mobilisation de 1914, avait à peine été ébauchée, quand les évènements se précipitèrent: le 22ème  Régiment d'Infanterie Coloniale lui fournit des cadres; les 15ème et 16ème région lui donnèrent des hommes. L'esprit inventif en matière d'organisation lui acquit, en quelques jours, vivre et matériel. Les diverses opérations pour la formation du régiment se poursuivirent à MARSEILLE, à l'Ecole du Commerce et de l'Industrie, transformée en caserne. Au 8ème jour de la mobilisation, après un travail acharné de jour et de nuit, l'ébauche était devenue une oeuvre complète: le 42ème R.I.C. était constitué à 2 bataillons et 1 compagnie hors rang, à l'effectif total de 30 officiers et 2.254 hommes.

 

 

Le 42ème Régiment d'Infanterie Coloniale entrait dans la composition de la 149ème brigade (75ème division de réserve). Les brigades de réserve comprenaient 3 régiments à 2 bataillons: les 240ème et 258ème régiments d'infanterie de réserve complétaient la brigade. Le 9 août, le 42ème R.I.C. était mis en route, par étapes, sur Avignon, point de concentration de la division. Il cantonnait à Morières (Vaucluse), du 13 au 20 août, période pendant laquelle il perfectionnait son organisation et son instruction. Pierre rejoignait-il son régiment en ce lieu, ou au dépôt de Toulon ?

un campement similaire à celui de Morières-les-Avignon

Quelques hommes d'un Régiment d'Infanterie Coloniale


 

Le 6 septembre, le 42ème R.I.C. se porte avec la brigade au sud-ouest de Mondrécourt, vers 8h.30; et prenait la formation de combat, en arrivant au sud de Souilly. Vers la lisière du bois de Grossehaut, il était accueilli par un feu violent de l'artillerie ennemie, en batterie aux extrémités nord et sud du village; aussi par le feu des tirailleurs ennemis embusqués en arrière des lisières. Toutefois, la lisière est forcée dans le voisinage de la route Souilly-St-André de Barrois; des fractions du 2ème bataillon progressent rapidement et la brigade débouche sur le plateau face à St-André.

 

Le 7 septembre, dès 4h.30, l'artillerie prend position sur la crête face à St-André et ouvre le feu sur des rassemblements ennemis aperçus à environ 1.500 à 2.000 m. Deux compagnies, les 17ème et 19ème  (probablement celle de Pierre ESCOURROU) vont occuper, en avant de l'artillerie, des tranchées construites hâtivement par le Génie au cours de la nuit. Mais l'artillerie ennemie postée à l'ouest et au nord-ouest de St-André ne tardait pas à répondre et causait des ravages extrêmement graves; en quelques minutes, le terrain était couvert de morts et de blessés, des caissons faisaient explosion: le repli est ordonné. La seule issue était le chemin de Souilly, étroit et bordé de taillis; un engorgement se produisait, occasionnant une panique qui entraînait des hommes de tous les corps vers Souilly. Mais bientôt les officiers valides ralliaient les groupes épars. L’organisation de la lisière fut l’oeuvre du reste de la journée: elle comportait l'établissement de tranchées pour tireur, des abatis, des tranchées-abris pour les soutiens à l'arrière. Le régiment tenait les deux côtés de l'angle rentrant formé par les lisières au nord et au sud de la route de St-André à Souilly.

 

Le régiment a subi des pertes importantes, notamment aux 17ème et 18ème  compagnies isolées en avant du plateau, dans des tranchées improvisées; la majeure partie des cadres de ces unités était hors de combat. Une reconstitution par compagnie devenait impossible dans la situation du régiment, il fallut laisser les divers éléments à la place même qu'ils occupaient, afin de ne pas attirer l'attention de l'ennemi; le 42ème R.I.C. allait donner une preuve de son excellent moral en tenant dans les circonstances les plus difficiles, presque abandonné à lui-même, la portion importante du front qui lui était confiée, malgré les bombardements et les pertes subies. Sont hors de combat (tués ou blessés 6 officiers et près de 300 sous-officiers ou soldats.

 

 

Après une période de grandes fatigues, auxquelles s'ajoutaient les émotions des combats et qu’aggravaient les difficultés du ravitaillement, quelques jours de détente étaient les bienvenus, malgré la pluie et la boue succédant subitement au temps chaud et sec.

 

Le régiment cantonnait le 14 à Tilly/Meuse et du 15 au 18 à Sommedieue. Ce village conservait la majeure partie de ses habitants; malgré la modicité des ressources les hommes y trouvèrent un bon accueil. Mais le repos n'excluait pas certaines opérations urgentes; le régiment se réorganisait, les cadres étaient reconstitués dans la mesure où les ressources du corps le permettaient; des demandes de renfort étaient adressées. Les effets, les armes, les munitions, les vivres étaient examinés, remis en état, en vue de nouveaux efforts.

 

Le 19 septembre, le 42ème quittait son cantonnement de Sommedieue pour se porter sur Creue qu'il devait occuper avec un bataillon, l'autre bataillon devant tenir les avant-postes dans le bois de Nauchamp. Après une marche rendue pénible par la pluie incessante; le 2ème bataillon se porte à Vigneulles; 2 compagnies du 1er bataillon était poussées aux avant-postes, les deux autres compagnies étaient placées en réserve à Creue.

 

Le 20 septembre, le régiment concourait ainsi à l'organisation de la ligne de résistance des Hauts de Meuse. Vers 9h.30, Hattonville et Hattonchatel étaient soumis à un bombardement violent de l’artillerie lourde allemande, tandis que les abords de Vigneulles commençaient à être battus par un tir intermittent très lent. Quelques heures après, Hattonville et Hattonchatel brûlaient; des maisons s'effondraient; les troupes étaient obligées de se replier. Dans l'après-midi, Vigneulles était bombardé; la gendarmerie brûlait, la mairie menaçait ruine, des hommes de garde étaient tués et blessés. Les voitures de compagnie, les voitures médicales étaient chargées et évacuées dans la direction de Creue, seule voie praticable encore. Le bombardement cessait vers 18 h 30, mais un mouvement enveloppant méthodique se poursuivait au nord, débordant notre gauche.

 

Vigneulles, la situation empirait; les deux compagnies restant avaient dû céder, devant l'incendie; l'ennemi envoyait des patrouilleurs hardis qui tenaient en alerte continuelle nos petits postes.

 

 

 

 

 

Vigneulles après les 20 et 21 septembre 1914

regroupement de prisonniers à Vigneulles

Parmi eux, Pierre Escourrou, est tout d'abord déclaré disparu, puis dans un second temps reconnu prisonnier, soit par des témoignages, puis par des états de prisonniers soit publiés dans la gazette des Ardennes, soit recueillis par la Croix Rouge (C.I.C.R.). Pierre a été incarcéré dans plusieurs camps, apparemment tous en Bavière .

 

Curieusement sa fiche matricule place sa captivité au 12 avril 1915, mais tous les documents allemands collectés par le C.I.C.R indiquent bien qu’il est capturé le 21 septembre à Vigneulles.

 

Pourtant sur la liste datée du 17 février 1915, par les autorités allemandes et du 20 février par le C.I.C.R. on voit que Pierre ESCOURROU est interné au camp de camp de Grafenwöhr qui est un camp secondaire , dépendant du camp d'Amberg, situé à l'est de Nuremberg, en Bavière             >>>>>> 

 

 

 

 

 

Dans cette liste datée du 1er avril 1915, on lit que le Pierre ESCOURROU détenu est bien le Pierre ESCOURROU, né à Trèbes (malgré l'orthographe), et qu'il a été transféré au camp d'Amberg, situé  à l’est de Nuremberg, en Bavière.                                                                  >>>>>>>>

Ci-dessus, un document daté par le C.I.C.R. du 8 novembre 1915 liste les hommes ayant été transféré au camp de travail de Halibermoos, dépendant du camp de Landshut, camp principal de prisonniers, situé en Bavière, au nord-est de Munich. Il y a des prisonniers à l'intérieur du camp, et d'autres répartis dans des détachements de travail.  .

Un autre état daté du 10 novembre 1915 par le C.I.C.R. indique le transfert de Pierre ESCOURROU du camp de Pulcheim vers celui de Landhust.

 

Ci-dessus, un état, daté du 12 juin 1918 par le C.I.C.R., listant les prisonniers du camp de Pulcheim, venant du camp de Landhust. On y trouve nom et prénom, grade et n° de son unité, date et lieu de capture, date et lieu de naissance ainsi que le nom de son épouse.

 

 

Embarqué en gare d'Avignon le 21 août, le 42ème R.I.C. débarque à Dugny/meuse dans la nuit du 22 au 23; à l'aube du 23, le régiment allait stationner à Génicourt ( au sud de Verdun).

 

Dès le 24, il marchait à l'ennemi signalé sur l'Ornain vers Buzy. Cette prise de contact coûtait un seul blessé. Le véritable baptême du feu devait être reçu le lendemain.

 

La nuit a été calme; l'ennemi, incertain des forces qu'il avait devant lui, s'est fortifié sur ses positions. Le 25 dès 4h.30, ordre est donné de reprendre le contact pour dégager les abords de Saint-Jean les Buzy. Le 1er bataillon s'engage. La progression, malgré des renforts successifs, est vite arrêtée par un ennemi très supérieur en nombre; aucune artillerie d'ailleurs ne la soutient. Accrochées au terrain, les unités subissent des pertes importantes; trois compagnies du 2ème Bataillon, seule réserve du régiment, alimentent la ligne de combat et fixent l'ennemi sur ses positions. La situation devient critique; le feu de l'ennemi redouble de violence, le bataillon continue à s'user sans pouvoir avancer; aucune réserve n’est à portée. La 56ème D.I., entrant en ligne vers 9h.30, dégage le régiment. L'ennemi éprouve des pertes considérables, sa pression s'atténue, puis il entame un repli par échelons.

 

Le 1er Bataillon, très éprouvé, reste sur le terrain pour recueillir les morts, les blessés et se reposer; le 2ème bataillon se porte sur Aucourt avec la 56ème D.I. L'attaque concentrique, parfaitement préparée par l'artillerie de cette D.I., permet d'atteindre facilement l'objectif vers 16h.30. L'ennemi se retire précipitamment; le terrain de la lutte est couvert de tués, de blessés, d'armes et de munitions ...

 

Dans la nuit du 25 au 26, les troupes commencent un mouvement de repli semblant affecter l'ensemble du front. Des événements, survenus ailleurs et connus beaucoup plus tard, éclairèrent chacun sur les raisons de cette manoeuvre rétrograde.

 

Le régiment reçoit l'ordre de se porter sur les Hauts de Meuse. Le 29 août, il est chargé d'organiser défensivement le secteur bois de Nonchamp - bois d'Heudicourt. Mais le 30 août, à 15h, un ordre l’envoie dans la région nord des Côtes de Meuse. Il arrive le 31 août à 14h à Fleury/douaumont. L'état de fatigue est extrême; les hommes viennent de parcourir avec armes et bagages une distance considérable; ils marchent depuis vingt-quatre heures sans pouvoir préparer leur nourriture; la chaleur très lourde aggrave la fatigue et corrompt la viande fraîche perçue au moment du départ; le cantonnement d'arrivée ne présente aucune ressource. Un repos de quelques heures calme l'acuité de ces souffrances physiques.

 

Le régiment poursuit sa retraite jusqu'à Fresne-au-mont Jusqu'au soir du 5 où il reçoit l'ordre de reprendre l'offensive et de tenir .

   

Le 8 septembre, les fractions du régiment en ligne aux lisières ouest et nord du bois de Moineville continuaient leur mission d'observation; tout essai de reconnaissance ou de progression en avant était paralysé par l'artillerie et les mitrailleuses de l'ennemi, formidablement retranché sur les pentes ouest et nord de St-André à Ippécourt. Dans les rares accalmies, tous les efforts tendaient à recueillir les blessés en avant du front, à ramener les morts, à entraîner les cadavres des chevaux et mulets de l'artillerie vers l'arrière, en vue de l'enfouissement. La chaleur suffocante, en accélérant leur décomposition, rendait le séjour en ligne très pénible.

 

A 16h.30, une attaque générale devait être prononcée; mais la préparation de l’artillerie était insuffisante; l'artillerie ennemie se révélait intacte et empêchait, par un feu violent, toute action offensive. De 17 à 18h., les positions sont bombardées sans interruption.

 

Le 9 septembre, le 42ème R.I.C. est chargé de se maintenir, peut-être pendant plusieurs jours, sur le terrain déjà conquis, et de s'y cramponner de façon à repousser toutes les attaques des adversaires. Il multipliera les tranchées aussi profondes que possible, les abatis et autres travaux de fortification reconnus utiles. A 18h.45, un bombardement extrêmement violent de toute l'artillerie ennemie était dirigé sur tout le front du régiment dès les premiers obus. L'action de l'artillerie laissant présager une attaque de l'infanterie. L'artillerie céda sa place à la fusillade et au crépitement des mitrailleuses accompagnant l'attaque d'infanterie. La nuit était complète; mais l'ombre de la ligne ennemie était suffisamment apparente sur le plateau dénudé; le feu se propagea rapidement sur tout le front, l'élan de l'ennemi brisé, aucune de ses fractions ne vint au contact.

 

La nuit du 9 au 10 septembre s’achevait sans nouvelle attaque de l'ennemi; mais sa progression vers la gauche du régiment (lisières sud-ouest du bois de Moineville) semblait continuer méthodiquement. A 9h., le 42ème R.I.C. se repliait à l'est de Souilly, en faisant un crochet vers le nord. Il était à ce moment tout à fait isolé. Vers le milieu de la journée, le régiment rejoignait la brigade avec lesquels il marchait l'après-midi et toute la nuit pour arriver le lendemain matin à Nicey, dans un état de fatigue extrême. Les 11, 12 et 13 il prenait diverses positions d'attente. Les opérations d'ensemble étaient terminées 

 

Le 21 septembre, à l'aube, vers 4h.30, le commandant de la 19ème Compagnie, posté aux barricades et tranchées surveillant la route nationale vers le sud, devait replier précipitamment ses petits postes devant des forces estimées à deux compagnies et qu'appuyaient d'autres troupes. La retraite directe sur Creue n'était plus possible ; déjà une tentative faite du côté du 1er Bataillon pour conserver cette voie avait échoué et nous avait coûté des pertes. Le repli se fit par le sentier à pic de Vigneulles à Creue. Une compagnie, la 19ème, (celle de Pierre ESCOURROU), recevait l'ordre de tenir la lisière sud du village jusqu'à ce e tous les éléments du corps fussent engagés sur la route de retraite. La 20ème compagnie du 42ème R.I.C. formait avant-garde chargée de dégager la route.

 

Le gros de la compagnie poussait rapidement ces fractions vers la crête pour joindre le détachement des 17ème et 18ème. A ce moment, vers 5h.30, un tir par rafales provenant des pentes nord de Vigneulles nous causait des pertes importantes, le général, était tué, et son corps était ramené à grand'peine vers l'arrière. Une position de repli était organisée, mais l'ennemi ne tardait pas à apparaître sur les crêtes ouest de Vigneulles et à ouvrir, avec quelques pièces légères, un feu qui prenait en écharpe. Ils sont contraints à un nouveau repli.

 

L’ordre est donné de reconquérir les hauteurs nord de Creue; mais toutes les tentatives de progression étaient arrêtées par l'intervention de l'artillerie ennemie. Au milieu de la nuit, vers 1h., le régiment est porté sur la rive sud du Rupt de Creue; ce déplacement, qui présentait de grandes difficultés d'exécution, se fit cependant sans donner l'éveil à l'ennemi; aucun pont ne permettait le passage de la vallée marécageuse et du ruisseau assez profond les mulets chargés du matériel, des mitrailleuses faillirent compromettre le succès de l'opération; c'est grâce à l'ingéniosité et à la patience du personnel qu'elle fut menée à bien. A 17 h., le 42ème R.I.C. allait occuper et organiser l'éperon de Dompcevrin.

 

Depuis 4 jours, le régiment marchait ou combattait sans arrêt; pendant 2 nuits consécutives, il avait été à peu près isolé, en contact étroit avec l'ennemi; l'escalade de la falaise Vigneulles - Hattonchatel, au prix d'un effort énergique et de pertes sensibles, devant des forces considérables, avait permis au 2ème bataillon d'échapper à une capture certaine. La 19ème compagnie (celle de Pierre ESCOURROU), qui avait servi de tampon, avait perdu les 2/3 de son effectif.

Ci-dessus, cette liste datée du 8 septembre 1915 par le C.I.C.R semble montrer que les hommes énumérés ont été évacués de Grafenwöhr vers un camp situé à Puchleim. pouvant rassembler environ 13.000 prisonniers, situé en Bavière, à l'ouest de Munich, sur l'Amper.

 

un groupe de prisonniers. Comme on le voit, ils n'ont pas d'uniformes spécifiques. Ils ont gardés les tenues d'avant leur prise. Seul un brassard, peut-être de différentes couleurs selon leur statut, avec un n° matricule distingue leur état de prisonniers.


menu pour une semaine, publié à titre de propagande ?

 

une vue d'ensemble de l'un des camps

 

l'appel

 

l'intérieur d'un baraquement

 

Comme on peut le lire dans l'état ci-dessus, daté par les autorités allemandes du 12 mars 1919, Pierre ESCOURROU est décédé, après plus de 4 années d'internement et alors qu’il était encore prisonnier, officiellement le 15 décembre 1918, (en fait le 6 décembre selon les documents allemands collectés par le C.I.C.R.) en Bavière (à Aigen/Inn, aujourd’hui un quartier de la commune Bad-Füssing, au sud de l'arrondissement de Passau), d’une bronco-pneumonie (probablement des suites de la grippe faisant des ravages à cette époque). Il avait 37 ans.

 

Son décès, qui est porté dans le registre d’Etat-civil de la commune de Trèbes, en date du 17 juin 1922.

 

Le corps rendu à sa famille, est inhumé dans le carré militaire du cimetière Saint-Michel de Carcassonne dans une tombe individuelle n° 40, carré n° 17

 

Son nom est gravé sur le Monument aux morts de Trèbes.

 

Le quotidien des prisonniers

 

Lorsque les opérations commencent, en août 1914, le sort des prisonniers de guerre est réglé, depuis le 18 octobre 1907, par la convention de La Haye signée par 44 pays et définissant la responsabilité des États vis-à-vis de leurs prisonniers en ce qui concerne le mode d'internement, la discipline, le travail, la solde, le courrier, les rapatriements...

 

Lors des batailles des frontières, de nombreux soldats français, souvent blessés, sont capturés au cours des combats ou lors de la reddition des places fortes: Maubeuge (40 000 prisonniers), Longwy, Lille.

Le sort exact réservé à ces captifs par l'ennemi est ignoré en France durant les premiers mois de la guerre. Il est peu à peu connu grâce aux lettres échappées à la censure ou aux témoignages des premiers évadés.

Les visites des Neutres s'organisent dans les camps où pénètrent les délégués du gouvernement espagnol et de la Croix Rouge de Genève.

 

Aucun règlement militaire allemand ne fixe vraiment le sort des prisonniers: autant de camps, autant de régimes particuliers. Le traitement des hommes de troupe est sévère, celui des officiers plus adouci. En 1915, les plus durs se trouvent à Lechfeld, Minden, Niederzwehren: pas de chauffage, pas de lit, peu de soins sanitaires, peu de nourriture.

 

 

Les épidémies de tuberculose et de typhus du pou, favorisées par la promiscuité, éclatent dans les camps. En 1915, le typhus fait des ravages à Wittenberg, à Cassel (2 000 morts). En 1918, la grippe provoque de nombreux décès.

 

À la fin de 1915, devant tant de misères physiques, le gouvernement français émet des protestations par l'intermédiaire des Neutres, en menaçant d'exercer des représailles à l'encontre des prisonniers allemands qu'il détient. L'Allemagne réagit en réduisant la nourriture et le courrier des prisonniers alliés, dirigeant même des prisonniers de guerre vers des camps spéciaux plus durs, en Lituanie.

  

En 1916, 300 000 Français sont détenus, dont la plupart, sauf les officiers, astreints au travail en détachements agricoles ou industriels. Plus de 30 000 sont ainsi employés dans les usines Krupp, à Essen. Les conditions épuisantes, les brutalités, la nourriture insuffisante s'avèrent souvent mortelles.

 

 

En 1917, en Allemagne, la population effective des camps se réduit considérablement. Au camp de Sprottau, 12 000 prisonniers sont partis en détachements; il n'en reste dans le camp que 1 000, exécutant des tâches courantes ou attendant leur transfert. Des camps sont par conséquent supprimés.

 

Il y a un lieu de détention, sous la mention "Landshut (Bavière)", au château de Trausnitz, dans lequel se trouvent des prisonniers français, "dans l'impossiblité d'exécuter des travaux pénibles"

 

Les accords de Berne de la fin 1917, qui prennent effet en mars 1918, et le nouvel accord du 26 avril, à effet au 15 mai suivant, améliorent la vie quotidienne des prisonniers de guerre.

 

Certaines clauses de l'armistice du 11 novembre 1918 concernent les prisonniers: leur rapatriement doit être immédiat et sans réciprocité. À cette date, il existe 477 800 prisonniers français vivants, à rapatrier par mer ou par voie ferrée.

 

La Mission française du général Dupont se rend sur place, en Allemagne, pour régler les problèmes de retour. Tout est terminé en janvier 1919. Il ne reste plus alors outre-Rhin que les corps des prisonniers de guerre décédés.

 

Le 28 février 1922, le gouvernement attribue aux prisonniers décédés en captivité la mention "Mort pour la France", les rendant égaux avec leurs camarades tombés sur le front.

 

Voici le témoignage d'un prisonnier, interné en Bavière :

" Tous les jours, sauf le dimanche, on nous emploie à des travaux qui ne sont pas très pénibles, du moins quand la neige ou le vent glacial de la forêt ne s’en mêlent pas. Nous partons le matin en colonne par quatre, chacun portant un pic ou une pelle. De vieux territoriaux bavarois nous encadrent, baïonnette au canon, mais se déclarant plus embêtés que nous de cette guerre et nous expliquant à force de gestes qu’ils ont chacun trois ou cinq enfants à la maison. Quand paraît un officier, on fait passer le mot d’alarme : « vingt-deux », que tous répètent à leurs voisins, et tant qu’on aperçoit sa raide silhouette, on fait semblant de s’acharner au travail."

 

Et celui d'un médecins français :

" Les blessés, les malades, ainsi que ceux à qui l’insuffisance de vêtements ne permet pas d’affronter le froid de la forêt, restent aux baraquements. Là sont mêlés l’artilleur au bras amputé, le colonial, le dragon. Là un chasseur alpin panse ses blessures tout en écoutant un pioupiou lui conter ses aventures. Ici, un caporal a remplacé son képi par une casquette bavaroise. Nous avons même un nègre de la Guadeloupe. Tous les uniformes sont mêlés, car à l’hôpital ou au sortir de la mêlée on s’est débrouillé comme on a pu. (…) »