Alphonse Antoine GARNIER des GARETS. (1862/1918)

officier de Dragons en 1914

officier de Dragons en 1917

Fils de Joseph Marie Philomène (mort avant 1891) et de Marie Louise Adélaïde de PONNAT, Alphonse Antoine GARNIER des GARETS est né le 9 août 1872 à Marcilly-la-Gueurce (Saône et Loire 71276).

 

A l’époque du conseil de révision de sa classe, en 1892, il réside à Lyon avec sa mère dans le 2ème arrondissement à Lyon. Il est étudiant. Il est classé apte au service armé. Son n° matricule au recrutement est le 1129/Lyon central 1892.

 

Alphonse des GARETS effectue son service militaire à partir du 14 novembre 1893, au 11ème régiment de Cuirassiers à Saint Germain en Laye (ou Lunéville ?). Il grimpe vite les échelons : brigadier le 24 mai 1894, maréchal des logis, le 26 décembre de la même année. Il se rengage pour 2 années à compter du 1er novembre 1896.

 

Il est nommé sous-lieutenant le 18 octobre 1897 et affecté au 8ème régiment de Chasseurs. Puis,  le 16 octobre 1899 il est affecté au 21ème régiment de Chasseurs.

 

Il se marie à Trèbes le 15 octobre 1900, à Trèbes (11357), avec Madeleine d’ANDRÉ, mariage d’où naîtra 4 enfants. Il résidera dès lors à Trèbes

 

Nommé lieutenant le 16 mars 1901, il est promu capitaine le 25 décembre 1911, affecté au 4ème régiment de Dragons. Il est rayé des cadres le 11 janvier 1912. Il a 40 ans.

 

Il décède le 2 juin 1918  à La Ferté-Milon (Aisne). 

 

A la déclaration de guerre en août 1914, le capitaine A.A. des GARETS est rappelé et commence la guerre, en août 1914, à la tête du 1er escadron du 4ème régiment de Dragons (RD) (stationné à Commercy / Sézanne) qui constitue avec le 12ème R.D. (stationné à Troyes/Toul) la 12ème brigade de Dragons, membre de la 2ème Div. de Cavalerie.  


Composition du 4ème Régiment de Dragons en 1914

La 2ème division est en couverture des 1ère et 2ème armées. Le 5 août, à 3 h, l'ordre est donné de se concentrer au nord-est de Serres (20 km à l’est de Nancy). La division occupe la région de Bures, Bathelémont, La Fourasse. Le 6 août, à Arracourt, les obus commencent à faire des victimes. Les premiers blessés, le premier sang que l'on voit couler produit une impression de tristesse, «mais les blessés ont un tel moral ! la solidarité est telle ! que les dragons ne pensent qu'à pousser de l'avant pour venger les chasseurs». 

 

Le 4ème Dragons n'est pas à l'avant-garde, mais il apprend ce qui se passe devant. L'ascendant moral est pris. L’ennemi refuse le combat à cheval, il amorce nos patrouilles par un ou deux cavaliers qui font demi-tour et les emmènent dans un traquenard sur un fil de fer, sous les balles. La ruse est vite déjouée et ce système défensif n'est pas fait pour donner à l'ennemi beaucoup de renseignements sur nos mouvements.

 

Enfin ! deux reconnaissances d'officiers sont envoyées. Elles devaient aller, chacun par un itinéraire différent, reconnaître la région de Vie, Moyen Vie et Hampont, dans laquelle étaient signalés des rassemblements ennemis. Au bout de 20 mn, les balles commençant à siffler, ils modifient leur itinéraire, et en se faufilant à travers les houblonnières arrivent à trouver des points d'observation qui leur permettent de recueillir des renseignements. 

Le 21 août, c'est l'escadron de Kersauson, qui fait le coup de feu à la lisière des bois pendant que la division se replie vers Saint-Martin. 

 

Le 23, c'est le sous-lieutenant Paquin, qui, avec son peloton, garde le pont de Lamathe, que l'on est en train de miner et tient l'ennemi en respect jusqu'au moment où les sapeurs du génie le font sauter. A ce moment, le peloton Paquin est mis à la disposition du commandant Boussat, du 2ème bataillon de chasseurs, à pied pour lui servir de liaison et d'éclaireurs montés. Dans la marche en retraite du bataillon Boussat, le sous-lieutenant Paquin, chargé de le couvrir, ne perd plus le contact et parvient à deux reprises à traverser les lignes ennemies et à renseigner le commandement sur les mouvements de l'adversaire.

 

Le lendemain, le commandant Boussat fait encore appel aux dragons pour reconnaître le bois de Lalau et retrouver l’une de ses compagnies, isolée. Des nuées de tirailleurs surgissent du bois. Les dragons prennent des fusils des chasseurs hors de combat, et chasseurs et dragons s'élancent à la baïon-nette. L'ennemi fléchit et est mis en déroute. Trente prisonniers, dont 4 officiers, sont ramenés.

 

Le 23 et le 24 août, notre résistance se fait de plus en plus forte. Au bois de Jontois, le 4ème dragons et les chasseurs à pied combattent à côté les uns des autres

 

Enfin, le 25 août, le régiment a l'honneur de prendre part à la 'bataille de Rozelieures. Deux escadrons restent en réserve au nord-est de Saint-Remy-aux-Bois et deux escadrons, sous les ordres du capitaine de Kersauson, occupent les lisières du bois de Lalau, face à Rozelieures, en liaison avec l'infanterie, qui tient Borville et Saint-Boing. La bataille bat son plein. Ils ne reculeront plus. L'ordre est de tenir, il sera fidèlement exécuté. Les chasseurs à pied, qui less encadrent, les électrisent par leur entrain. Attaques et contre-attaques se succèdent avec une rapidité incroyable. La grosse artillerie fait un mal énorme. Le sol est jonché de cadavres déchiquetés; les chevaux ont eu aussi à souffrir et, lâchés par les hommes qui les tenaient, parcourent le bois, amputés et perdant leur sang. Le bois de Lalau devient un bois de carnage. Mais, malgré toutes ces horreurs, les officiers rassemblent leurs hommes, car il faut monter à cheval. La nuit arrive, l'ennemi bat en retraite et l'ordre est donné à la cavalerie d'entamer la poursuite. Il fallait reprendre le terrain perdu. Toute la nuit, les cavaliers sillonnent les routes pour garder le contact; mais l'ordre de poursuite est retiré et le régiment est employé en liaison avec l'infanterie. 

 

Le régiment s'adapte aux nécessités de la guerre. Plus de gros rassem-blements, mais des formations d'escadron et de peloton largement articulées. Les repos, les abreuvoirs sont assurés dans les conditions les plus larges, compatibles avec les nécessités militaires. Plus de stationnements en rase campagne. Le régiment se dissimule dans les bois, les haies, les vergers. 

 

Du 26 août au 7 septembre, le régiment, cantonné à Loromontzey, est mis à la disposition de l'infanterie, assure la liaison entre ses divisions et bouche provisoirement les trous qui peuvent se produire dans leurs lignes. Il opère dans la région de Gerbéviller, Moyen, Magnières. 

 

 

 

Le 30 août, le capitaine Alphonse Antoine GARNIER des GARETS, tombe grièvement atteint, par un éclat d’obus alors qu’il est à cheval, à la tête de son corps, dans le bois d’Avedeuy (sud de Gerbéviller – Meurthe et Moselle). Évacué, il ne devait plus revenir au 4ème dragons.     

 

 

 

Peloton de cavalerie à pied

 

Le 8 octobre, elle reçoit alors l'ordre d'embarquer en train. Le débarquement a lieu à Belfort, direction Masevaux. Retour à pied, mais les souvenirs de l'hiver et du printemps passés en Alsace sont les meilleurs de toute la guerre. L'E. M., les 1er, 2ème et 3ème escadrons sont à Masevaux, le 4ème escadron est à Lauwe. Le 25 Octobre recommence le « service des tranchées » à pied. Le 12ème R.D. est affecté au point d'appui de la gare de Burnhaupt, sur la route de Mulhouse, en face du pont d'Aspach. Pendant près de 6 mois, il revient fréquemment à ce point d'appui, qui, dominé par une hauteur voisine, le Kalberg, est assez sévèrement bombardé.

 

Le 21 février 1916, le régiment quitte Masevaux et prend, de nouveaux cantonnements dans la vallée (le  2ème escadron à Seewen).

 

Le 13 Avril, le régiment change de tranchées et on va tenir la lisière est du Langelittenhaag, en face de Burnhaupt-le-Haut. Il garde ce secteur jusqu'à la fin de Mai, sans qu'il y ait rien de particulier à signaler.

 

Le 30 Mai, il quitte la vallée de Masevaux pour se rendre du côté, de Montbéliard. Dès le 3 juin, il remonte en ligne et prend la garde des tranchées au sud de Seppois.

 

Le régiment est relevé, des tranchées, le 22 Juin, pour être embarqué  à destination de la région de Beauvais puis gagne alors le camp de Crevecoeur pour faire de l'instruction, en vue de l'offensive sur la Somme du 1er Juillet. L'instruction se poursuit jusqu’au 14 Juillet.

 

La 2ème D. C. fait partie du 2ème C. C. à dater de ce moment et lui appartiendra jusqu'à la fin de la campagne.

 

L'occupation du secteur de Soissons par le 2ème C. C. est décidée au commencement de novembre et rejoint par étape, le 20, dans la zone de Château-Thierry où se terminera l'année,

 

En vue de l'offensive préparée pour le printemps de 1917, le 2ème C. C. est amené dans la région de Provins, où il passe 6 semaines pour refaire de l'instruction et de l'entraînement. Le 2 février, le régiment atteint ses cantonnements définitifs (le 2ème escadron à Port-Montain).

 

L'instruction, à tous les échelons, est poussée avec une activité fébrile. Des exercices de cadres ont lieu tous les jours. La troupe est entraînée avec autant d'ardeur. Pour compléter ce travail intensif, la Division passe quelques jours au camp de Mailly.

 

Le 5 Avril, le régiment est dirigé vers le Nord pour l'offensive qui doit avoir lieu entre Reims et Soissons. Le 16 Avril, le régiment est à cheval dès 5 h, il atteint vers 8 h, la ferme de Loge-Fontaine, à l’est de Ventelay) où il attend le résultat de la bataille engagée. Un ballon qui se trouve près de lui donne des renseignements. Dans l'après-midi, la progression est arrêtée. Les tranchées de la route de Laon à Reims n'ont pu être enlevées ; Craonne est pris, mais le plateau de Californie résiste toujours. Dans la nuit du 16 au 17, le temps se met à la pluie et, le 17, dans la matinée, la pluie tombe abondante et sans fin. L'offensive est arrêtée. La Division est renvoyée à l'arrière à midi.

Dragons dans un uniforme plus adapté au service des tranchées

 

 

 

 

 

 

 

De retour dans son unité début novembre, Alphonse des GARETS, prend le commandement, le 9 novembre, d’un détachement qui rentre en ligne au nord de Prunay. Le détachement est relevé le 26 novembre.

 

Fin décembre, le régiment est totalement relevé, va cantonner à l’ouest de Provins et retrouve définitivement ses chevaux. Pour lui la guerre des tranchées est finie.

 

 

Le 15 février 1918, tout le 12ème régiment de Dragons s’embarque à Provins pour Valence (Drôme). Le 12 mars, Le Régiment se rend, à Saint-Etienne.

 

 

 

 

                                                                         Un peloton de Dragons à l'abreuvoir >>>>

Le 15 août, le rôle de couverture de la 2ème division de cavalerie est terminé. Elle entre, avec la 6ème et la 10ème division, dans la composition du corps de cavalerie Conneau, et le 16, se concentre dans la région de Lunéville. 

 

Le 17 août, à 10 h, l'ordre de se porter en avant est salué par des hourrahs ! ; les poteaux frontières sont jetés par terre et, franchissant la boueuse forêt de Parroy, on bivouaque le soir même à Azoudange. La cavalerie allemande, qui a déjà senti les pointes de nos lances, refuse le combat, elle se replie de tous côtés. Nos patrouilles et détachements se multiplient, l'escadron des GARETS fait l'avant-garde. Arrivé devant Gosselming, on ne peut plus avancer et est obligé de se déployer devant la fusillade nourrie qui éclate de tous côtés. Ses tirailleurs sont arrêtés aux lisières du village. L'artillerie ennemie se signale par sa violence, mais peu par la justesse de son tir. 

 

Le sous-lieutenant Bonneau est envoyé en reconnaissance entre Sarrebourg et Mittersheim et devait pousser sur Fénestranges. Guidé par un civil et de nuit, il s'avance pied à terre, à travers bois, jusqu'aux avant-postes ennemis et arrive à 1 500 m environ de Mittersheim. Au jour, il pousse jusqu'au village, pénètre sur l'assurance d'un éclusier, qui le déclare inoccupé. Mais un peloton ennemi s'avance dans la rue; le sous-lieutenant Bonneau ne voit son salut que dans l'offensive et charge à la tête de ses quatre hommes. Les cavaliers allemands surpris et pris de panique sont bousculés et s'enfuient sans souci de leurs blessés. L'ennemi se trouvait fortement retranché sur des positions préparées à l'avance. La vigueur de notre mouvement lui avait fait supposer une attaque avec de gros effectifs et heureusement il fut long à contre-attaquer. Il fallut cependant battre en retraite. Le régiment se replie par Gondrexanges, Vathiménil, Moyen, Gerbéviller, Le Pont de Lamathe, Einvaux, Rozelieures... 

C’est dans le courant du mois de janvier 1915, que les régiments de cavalerie sont démontés et qu’ils participent au « service des tranchées à pied » 

 

Remis de sa blessure, A.A. des GARETS prend le commandement du 2ème escadron du 12ème Régiment de Dragons, le 26 juillet 1915. Le régiment se trouve dans le secteur de Bures, en seconde ligne. Dès le 27 juillet, le 2ème escadron de dragons à pied prend la relève pour 3 jours. Il est relevé le 30. Nouvelle relève le 3 août. Et ainsi de suite, l'alternance continue. 
A.A. GARNIER des GARETS est nommé Capitaine Commandant le 10 août.

 

Le 2 septembre, le régiment est totalement relevé et part à l’entrainement pour l’offensive prévue en Champagne à la fin du mois. Les cavaliers retrouvent leurs chevaux.

 

Le 25 septembre 1915, à 7 h, la 2ème D. C. arrive à Dampierre-le-Château, au sud de Sainte-Ménéhould, par un temps froid et pluvieux qui a succédé à une série de journées magnifiques. Malgré ces conditions défectueuses, l'attaque a commencé le matin, précédée par une préparation d'artillerie de plusieurs jours. On gagne du terrain sur tout le front de l'attaque ; on fait de nombreux prisonniers ; on prend beaucoup de matériel, mais les deuxième ou troisième lignes allemandes résistent; le front ne peut être percé. Le 1er octobre, tout espoir d'utiliser la cavalerie étant perdu, la Division est renvoyée. 

Le soir du 14 Juillet, alerte, la Division est envoyée, à l'Est d'Amiens. Un succès anglais assez brillant a fait croire que le front allait être percé et que la cavalerie pourrait s'employer. Le 23, la Division est renvoyée vers Beauvais. Le 9 août, la Division se porte dans la région de Gournay, où elle reste un peu plus de trois semaines

 

Les opérations sur La Somme ayant repris avec succès, le régiment est rapproché le 3 Septembre. Il se remet à l'instruction: manœuvres à double action, manœuvres de cadres, etc. ... Mais l'occasion attendue ne se présente pas et, le 7, la Division ayant été ramenée dans la région de Bresles, le 2ème escadron du 12ème cantonne à Avrechy. Pendant le temps qu'on passe dans cette région, la Division fournit beaucoup de travailleurs, surtout pour les betteraves.

 

Le 26 avril, le 12ème Dragons arrive dans la région entre Épernay et Sézanne et prend des cantonnements où il passera près de 5 mois, en plein champ de bataille de la Marne (le 2ème escadron à Charleville), et il fournit un escadron de marche pour le « service des tranchées ». Le secteur est assez agité. Il se calme petit à petit; mais les coups de main y seront fréquents. Le 8 Mai, première tentative de l'ennemi, route de Beine; elle est vigoureusement repoussée. Le 12 Juillet, bombardement très violent sur le secteur du Linguet, route de Reims à Vitry. L'ennemi est facilement rejeté dans ses lignes.

 

Le 23 août 1917, à 3h30, après un bombardement intense, les Allemands tentent d'aborder nos tranchées, mais sans y réussir. Le capitaine Alphonse des GARETS, en veillant lui-même à l'organisation de la défense est de nouveau blessé par des éclats de « torpille »(au visage, à la main et dans le dos). Il est évacué.


Le 22 Mars, une formidable offensive allemande sur le front anglais, au sud d’Arras est déclenchée. Le samedi-saint, 30 Mars, le 12ème R.D. embarque pour se rendre au sud-ouest d’Amiens, où il arrive dans la soirée du 1er avril. La canonnade se fait entendre du côté de Moreuil, mais elle ne donne pas l'impression qu'une grande bataille est en train de se livrer. La guerre de mouvement va recommencer pour lui.

 

Après divers cantonnements d’attente, un ordre de départ arrive le 12, vers 11h, et les hommes montent à cheval à 13h 30. Cette fois, on ne piétine pas sur place. Il doit, gagner d'une traite un secteur entre entre Doullens et Auxi-le-Château. C'est en pleine obscurité qu’il traverse Berneuil. A l'est, l'horizon est constamment illuminé par des fusées éclairantes et par la lueur des canons.

.

Le 14, le régiment arrive  à Lumbres à 13h. Il y passe la soirée. Les Dragons ont été rarement aussi bien reçus que dans cette région. Notre arrivée semble rassurer la population un peu inquiète. A minuit et demie, le 15, les escadrons se rassemblent, dans la nuit noire, sur la route de Lumbres à Saint-Omer, qu'ils suivent puis, longeant les pentes sud du Mont de Cassel, ils s'arrêtent, vers 9 h, sur la route Cassel - Steenvorde, en bas du Mont des Récollets, Le 12ème Dragons vient de faire 210 km en 72 heures.

 

La journée du 15 est calme. Le soir, on apprend la prise de Bailleul. La pression ennemie continue sur le front anglais, moins violente, mais constante. Dès le matin du 16 Avril, l'ordre est reçu de se tenir prêt à monter à cheval au premier signal. A 11h 30, le régiment part vers le Mont des Cats, et stationne assez longtemps près de Kruystreate.

Le 1er Mai, le régiment quitte Oudezeele pour Quelmes (ouest de St Omer). Après 3 jours de repos, le 5, il se remet en marche pour se rendre dans la région de Neufchâtel-en-bray (sud est de Dieppe), où il doit se reconstituer. A partir du 10 Mai. l'instruction est reprise avec des exercices à pied.

 

Le 28 Mai, à 11h, il se met en marche, à cheval, direction S.E. vers Gournay-en-bray. L'attaque allemande sur le Chemin des Dames a eu lieu la veille. Le régiment, passe l'Oise le 30 à Boran. En traversant la forêt de la Morlaye, il distingue des coups de canon, et de bombes sur Creil. Il poursuit sa route par Survilliers, Moussy le Vieux, Chambry. Il est 10h le 31; le régiment a fait 180 km. Il a pour mission de patrouiller vers l'est, sur la ligne Charly/Veuilly-la-Poterie, pour ramasser des éléments ennemis qui auraient franchi nos lignes et inquiètent les arrières. A 14h, il va bivouaquer à Villiers-les-Regnault, entre la Marne et le canal de l’Ourcq. Sur la grande route, c'est un défilé ininterrompu de véhicules de toutes sortes, de gens qui se sauvent. A 17h, l'ordre est donné de faire manger immédiatement hommes et chevaux et de ne pas desseller.

La progression continue pourtant et atteint la ligne Meslay - Cote 163 - Monne. Le lieutenant Bapst est tué à son tour, par un coup de feu à bout portant, au moment de franchir la grand' route. A droite, les efforts du bataillon de la 2ème B.C.L. avaient été brisés et il n'avait pu s'emparer de Dammard. A gauche, les bataillons de la 3ème D.C. avaient subi un sérieux tir de barrage et, à peine sortis du «Buisson de Borny», y avaient été refoulés. Le bataillon de la 12ème B.D. était donc en flèche. Malgré les dangers d'une telle situation, la progression continue encore, mais les nids de mitrailleuses, situés à la cote 163 et plus au nord sur la route de la Ferté-Milon, prennent d'enfilade et à revers la compagnie de gauche. Sur la droite, un bataillon ennemi, massé en arrière du plateau, se prépare à contre-attaquer. Le repli est ordonné pour éviter d’être enveloppé. Les compagnies s'accrochent au terrain de leur mieux; mais des infiltrations se produisent dans les blés. Vers 17h30, une ligne de tirailleurs se dresse à 100 m devant elle et un sous-officier allemand crie: «Venez ! Venez !». Un feu de mousquetons répond à cette invitation. Vers 18h, les débris du bataillon se reformaient sur leur position de départ. A 19h, les Allemands s'installaient à quelques mètres au sud du chemin Ferté-Milon-Dammard. Après avoir fait, en combattant sous un feu meurtrier, une avance de près de 3 km, le bataillon de la 12ème B.D. avait été obligé de céder le terrain gagné; mais le résultat obtenu était cependant de première importance. L'attaque allemande qui devait se produire à 16 h, n'avait pas eu lieu. Cette fois encore, l'ennemi avait été arrêté net par les cavaliers à pied. Le sacrifice du 12ème Dragons n'avait pas été inutile. 

 

Il a fait l'objet de trois citations :

 

Ordre du jour de la brigade n°9 du 20 décembre 1914 : "Belle attitude au feu, a été grièvement blessé à la tête de son escadron au bois d'Avedeuy "

 

Ordre du jour de la 2ème D.C. n°355, du 24 août 1917 : " Excellent Capitaine Commandant, ayant la plus haute conception de ses devoirs de chef. Blessé au cours d'un violent bombardement en se portant dans les tranchées soumises au feu pour encourager et soutenir par son exemple et sa présence"

 

Ordre du jour de la 3ème Armée n°471 du 15 juillet 1918.                >>>>>>>

 

Enfin l'ordre est donné de former le bataillon, c'est-à-dire de former une compagnie de cavaliers à pied par demi-régiment, soit un bataillon à 4 compagnies, plus une compagnie de mitrailleuses, pour la brigade. Le  bataillon va cantonner dans Kruystreate, tandis que la colonne des chevaux est renvoyée à l’arrière.

 

Les 2 compagnies du 12ème Dragons restent 8 jours à Kruystreate; elles sont en réserve et organisent la position, en aménageant des tranchées à contrepentes sur le versant Sud du Mont des Cats. Le 25 Avril, on apprend la prise du Kemmel. La situation paraît critique de ce côté et, immédiatement, le bataillon de la 12ème B.D. est envoyé vers l'est par Boescheppe. Il arrive, vers 22h, au carrefour du Coucou, (2 km au Nord de Westoutre). Ce carrefour est repéré par l'artillerie ennemie, qui inflige des pertes. On y passe la nuit au bivouac, ainsi que la matinée du 26 Avril. Vers 11 h, l'ordre est apporté de monter en ligne. Un tir de barrage d'une étendue invraisemblable doit être traversé pour se rendre au Mont Rouge, position à occuper. Les Compagnies ont de nouvelles pertes en montant sur le Mont Rouge. Elles y arrivent vers 16 h et mises immédiatement à la disposition de l'Infanterie. Les compagnies y subiront, jusqu'au 29 avril dans la matinée, un bombardement terrible.

 

Une attaque se produit le 29 avril qui est stoppée. Les Dragons contre-attaquent jusqu'à ce que Locre reste entre nos mains. Dans la journée, on constate une accalmie dans le bombardement Enfin, dans la soirée du 29, les restes du bataillon sont relevés et regagnent Steenworde. Le 1er Mai au matin, les compagnies sont enlevées en camions pour rejoindre le régiment. Les éléments du régiment ont été durement éprouvés: 1 capitaine tué, 2 sous-officiers tués ou blessés, 66 hommes tués, blessés ou disparus, mais le dévouement déployé n'a pas été inutile: Locre a été sauvé. L’avance allemande est stoppée.

A 18h30, le régiment remonte à cheval et il se porte tout de suite en ligne. Un lieutenant est envoyé en reconnaissance, car la situation change constam-ment. Il doit reconnaître la zone Troesnes-Marizy-Neuilly Saint Front (à l’est de La Ferté Milon). Le régiment, lui-même se porte sur Chésy-en-Orxois, un village abandonné, au sud de la ligne reconnue. La reconnaissance rentre vers minuit. L'ordre est alors donné de former le bataillon qui, le 1er juin va occuper la ferme de la Loge-aux-Boeufs, à l'est du «Buisson de Borny». Puis le bataillon revient à Cerfroid (Brumetz). Le régiment est reformé le long du Clignon. Vers 13h, les hommes entendent des éclatements d'obus de gros calibre, l'ennemi approche de Chésy-en-Orxois. L’infanterie se replie. Peu de temps après le 12ème R.D. se porte à cheval sur Saint-Quentin s/Allan par Mareuil. Le bataillon de la 2ème B.C.L., qui était resté en ligne à l'est de St-Quentin-sur-allan, était très vivement pressé et résistait difficilement. La Brigade atteint, à 18h, le ravin de Saint-Quentin.

 

Après la mise pied à terre, un bataillon est formé dans le bois marécageux de Bourneville, sous les ordres du capitaine Garnier des Garets, puis marche, dans la direction de Saint-Quentin s/Allan. Il a pour mission de reprendre le plus de terrain qu'il sera possible. Vers 21h30, un agent de liaison indique qu’à la sortie nord de Montémafroy, il a vus des ennemis. Une patrouille va reconnaître le village et rapporte des renseignements, après de vifs échanges. Le bataillon ayant opéré sa liaison avec le bataillon de la 2ème B.C.L., il se porte en avant. Mpntemarlet et Montemafroy sont enlevés. Les Allemands se retirent vers le nord sur le chemin allant vers La Ferté Milon.

Pendant la nuit du 1er et la matinée du 2 Juin, la situation parait assez calme. Néanmoins, il y a des tentatives d'infiltration d'isolés à travers les cultures. Des prisonniers informent qu'une nouvelle poussée, en direction de l’Ourcq s/Mareuil, doit se produire vers 16 h, 3 ou 4 divisions, mèneraient l'attaque. Étant donnés les effectifs présents, la menace est sérieuse. Pour y parer, une solution hardie est adoptée et le régiment attaque à 14h30, en direction de Passy-en-Valois. A droite, le bataillon de la 2ème B.C.L. doit attaquer Dammard, dès que la 12ème B.D. aura commencé son mouvement. On compte qu'ainsi la tâche de la Brigade Légère sera facilitée; à gauche, se trouvent la 3ème D.C. à la lisière du «Buisson de Borny». Ils ont, eux, mission d'enlever la Loge-aux-Boeufs et de s'emparer du plateau au nord de la cote 163.

 

A 14h30, le 2ème bataillon (Garnier Des Garets) se porte à l'attaque. Les officiers auront, durant toute la progression, beaucoup de peine à modérer l'allure. Dès sa sortie des bois, il est accueilli, de front et de flancs, par des feux croisés et nourris, de nombreuses mitrailleuses formant des «nids» disséminés sur tout le plateau qui n'ont pas été, jusqu'alors, pris sous le feu de l’artillerie. Les Allemands déclenchent, en même temps, un tir d’artil-lerie. Les vagues d'assaut, dit le JMO, « progressent néanmoins normalement comme pour un exercice, sans aucun flottement, mais en subissant des pertes sévères. Les Allemands, impressionnés par la «magnifique attitude» des dragons, se sauvent à toutes jambes, dès que ceux-ci en sont à 20 m, ou se jettent à terre, en criant: «Pardon!—Kamarade!». Malgré le feu des mitrailleuses qui font beaucoup de mal, une compagnie parvient au chemin de terre, corne nord du «Buisson de Borny-Loge aux Bœufs». C'est là que, vers 15h, le capitaine A.A. Garnier des Garets tombe mortellement frappé. Il aura payé le prix de la témérité de sa décision d’attaquer.


Chevalier de la Légion d'honneur à compter du 10 juillet 1917 

 

 

...  et de la Croix de Guerre

avec étoile d'argent

 

 

 

<<<<  sa pierre tombale dans le caveau familial à Trèbes

 

 

Plaque dans l'église de Chiddes.

La capitaine Antoine Alphonse Garnier des Garets est tué à l’ennemi le 2 juin 1918, au sud-est de la commune de La Ferté-Milon (Aisne), il allait avoir 46 ans.

 

Il est d’abord inhumé au cimetière militaire de Neuilly Saint-Front (02543), 

puis transféré dans le caveau familial du cimetière communal de Trèbes.

 

Son décès, qui est porté dans le registre d’Etat-civil de la commune de Lyon (2ème arr.) à la date du 12 mars 1919.

 

 

Son nom est gravé sur les Monuments aux morts de Trèbes (11), de Lyon (69), de Marcilly-la-Gueurce et de Chiddes (71) où sa mère s'est retirée.