5.6 - La première bataille de la Marne

Qui n'a pas entendu parler des fameux "taxis de la Marne" ?

 

Cette image est restée, même si cela n'a joué qu'un rôle marginal. Toutefois, elle est symbolique des régiments, souvent de soldats âgés, les "territoriaux qui, venant de Paris, attaquent les colonnes allemandes par le flanc. Les autobus parisiens seront aussi réquisitionnés pour cette "affaire"

 

 

Petit rappel

 

Depuis douze jours (du 24 août au 5 septembre 1914), les armées françaises se replient, gênées dans ce mouvement par les populations fuyant l'approche des armées allemandes. À Nanteuil-le-Haudouin, la 1ère armée impériale est proche d’anéantir la 6ème armée française, Maunoury envisage de se replier sur Paris et partout, nos troupes françaises sont à l’agonie. Les français en déroute, Paris menacé, le gouvernement quitte Paris...  

 

En fait, l'ordre progressivement se rétablit au sein de l'armée française, entre autre, grâce à la révocation de cadres militaires dépassés. L'ordre rétabli, maintenant une question se pose : d'où lancer la contre-offensive ? Les généraux étaient partagés sur la question, lorsque le 3 septembre, l'état-major français est informé que la Ière armée de Von Klück ne se dirige plus vers Paris, mais vers la Marne, accompagnée par la IIème armée de Von Bülow et la IIIème armée de Von Hausen. À Dormans comme ailleurs, la Marne est sur le point d’être franchie et l’exode de la population s'amplifie.

 

Alors que la victoire allemande semble entendue, que les militaires tergiversent pour savoir s’ils vont attendre l’ennemi sur la Seine, le Général Joffre prend le 4 septembre au soir sur pression du Général Gallièni, une décision courageuse, l’arrêt de la retraite, coûte que coûte, et le lancement d’une contre-offensive sur une ligne Dommartin-en-Goêle / Verdun. C’est décidé, on ne reculera plus d’un pas ! L'offensive française est fixée pour le 6 septembre. Ce sra la célèbre bataille de la Marne.

 

 

Cette bataille peut apparaître comme celle de la dernière chance, du retournement. Car, après douze jours de retraite, ce sursaut, dû, un peu à une erreur d'un commandant en chef allemand, et aussi au courage galvanisé par un ordre lui aussi célèbre du Général en chef des armées : " ... Au moment où s'engage une bataille dont dépend le sort du pays, il importe de rappeler à tous que le moment n'est plus de regarder en arrière ; tous les efforts doivent être employés à attaquer et refouler l'ennemi. Une troupe qui ne peut plus avancer devra, coûte que coûte, garder le terrain conquis et se faire tuer sur place, plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée ».

Ainsi, les armées françaises et britanniques effectuent une volte-face, la plus formidable « empoignade » de la guerre commence alors entre soldats fourbus". La bataille durera du 6 au 9 septembre. Dès lors, de part et d'autre, les combats sont acharnés.

L'offensive allemande se heurte à un front uni, mais encore fragile: à l'ouest avec les armées de Maunoury (qui défendent Paris sous la supervision de Gallieni), de French et de Franchet d'Esperey, et à l'est, avec l'armée dirigée par Sarrail. Ce dernier doit attaquer le flanc allemand le long de l'Argonne alors qu'au centre, Foch et de Langle de Cary ne peuvent que résister aux offensives allemandes "coûte que coûte".

 

Le 7 septembre, le front alsacien est fixé, mais de Verdun à Provins, la situation s'avère délicate : la 4ème armée de de Langle de Cary, sur Vitry-le-François, est séparée des deux autres armées françaises par des brèches. Il faut donc absolument empêcher la IIIèmearmée de Von Hausen de percer ce front instable. Étonnamment, le 8 septembre, le lieutenant colonel Hentsch, simple délégué de Moltke, commandant en chef de l'armée allemande, va changer le cours de l’histoire. Il convainc Von Klück de rompre le combat pour déplacer des troupes encore plus à l’est. Il n’y a pourtant aucune raison. Est-ce cette erreur de stratégie ? Ou est-ce l’apport de forces vives par les taxis ? Ou bien un simple effet sur le moral des troupes ? Toujours est-il que, sur le front ouest, les troupes allemandes prêtent le flanc aux troupes retranchées autour de Paris et l'offensive de Maunoury s'avère déterminante : désorganisant sur ce coté, l’armée de Von Klück n’est sauvée que par l’envoi massif de renforts de l’armée impériale. Mais au moins, la situation est renversée, car Von Klück qui s’était aventuré bas, jusqu’à Coulommiers, doit reculer.

 

 

 

<   Pour ces hommes, ce seront, du 7 au 9, trois terribles journées dans la Vallée de l’Ourcq.

 

De son côté, Franchet d'Esperey a créé une brèche entre les armées de Von Klück et de Von Bülow, en-dessous de Montmiraill. Le lendemain, 9 septembre, la 9ème armée de Foch, qui ployait dans les marais de Saint-Gond sous les offensives de la dernière chance de Von Hausen, stabilise à son tour la situation en ce point du front. De fait, le 9 au soir, notre ligne de front ne recule plus nulle part, les trois armées allemandes, déstabilisées par l’énergie des français, et quelques décisions étonnantes, sont toutes en phase de repli.

 

Le 13 septembre, les allemands se repositionnent sur Soissons et sur l’Aisne, dans des positions préparées à l’avance, mais la menace sur Paris est retombée. Le retournement qui vient de s’opérer sonne la victoire française. La victoire, ... pour cette bataille. Il reste encore beaucoup de choses à faire.  La première, peut-être pas la plus importante, mais symptomatique d’une France un instant dépassée, est le changement d’uniforme.

 

La première bataille de la Marne est une victoire décisive, mais insuffisante. Le front va s’étendre dans une effrénée ‘course à la mer’, puis le conflit va s’enliser 4 ans.

Carte des combats dit de "la Marne" du 6 au 14 septembre 1914

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Six trébéens perdirent la vie pour cette "victoire", ce qui fait 12 "morts pour la France" en un petit mois:

 

Jean Jean MAURY (95), caporal au 38° RIC, mort le 07 septembre 1914 au DeuxNouds  /Montrécourt (55) - Tué à l'ennemi

 

Camille Joseph ALBA (2), sergent au 42° RI, mort le 07 septembre 1914 à Bouillancy (60) - Tué à l'ennemi

 

Eugène Léon JEANJEAN (73), soldat au 22° RIC, mort le 07 septembre 1914 à St Rémy en Bouzermont (51) - suite à ses blessures de guerre

 

Marius BLANCHET (122), soldat du 24° RIC, mort le 7 septembre 1914 à Villers/meuse (55), tué à l'ennemi

 

Jean Marie CHALULEAU (32), soldat au 4° RIC, mort le 8 septembre 1914 à  l’hop. aux. n°6 à Coutances (50) - suite à ses blessures de guerre

 

Paul François BOUSQUET (23), 2ème canonnier conducteur au 3° RAC, mort le 14 septembre 1914 à l’hop.mil. de Lunéville (54) - suite blessures

Le "Petit Parisien" en date du 12 septembre 1914