Joseph Marius FAGES 1891/1914

Fils de François et d’Elisa BERCHERE, Joseph est né à Verzeille (Aude), le 26 février 1891.

A l’époque de son conseil de révision, vers septembre 1911, il réside avec ses parents à Carcassonne (Sautès-le-bas), où ils exercent le métier de cultivateur.

A la suite de ce conseil de révision qu’il effectue à Carcassonne (classe: 1911), son n° matricule au recrutement est le 310/Carcassonne, au cours duquel il a été déclaré apte, il accomplit son service militaire à partir du 10 octobre 1912 au 53ème régiment d’infanterie (Perpignan).

Il est probablement célibataire.

 

Il décède le 1 novembre 1914  à Sint Eloois, près d’Ypres (en Belgique).


Dés cette époque, l’uniforme change quelque peu.

Le bilan des mois d'août et de septembre 14 a été tiré.

On commence à vouloir camoufler un peu mieux les hommes.

A la mobilisation, en août 1914, il est toujours présent dans son régiment et participera aux premiers mois de la guerre dans cette unité, membre de la 63ème brigade d’infanterie (32ème Div. - 16ème corps d’armée)

En août 1914, après la bataille de Morhange (Avricourt, Réchicourt), et les victoires de Lorraine (trouée de Charmes: Brémoncourt, Einvaux, Franconville, la Mortagne du 23 août au 1er septembre, le bois de Roth, (où a péri Pierre GUIRAUD, le 3ème  trébéen du 53ème), le régiment est organisé défensivement et il se maintient dans cette région humide jusqu'au 8 septembre. A cette date, le 53ème est dirigé rapidement sur Nancy, les Allemands menaçant cette ville, et participe à l’offensive en attaquant Grand-Couronné.

Le 21 septembre, le 16ème Corps se porte dans la région de Fontenoy/Moselle et le 22, le régiment prend l'offensive dans la direction de Flirey-Essey.

Le 23, la 32ème Division monte en ligne, ayant comme objectif le bois de Mort-Mare et le bois d' Envezin. Le 3ème bataillon, placé en tête, va occuper la voie ferrée bordant la route Noviant-Bernécourt; il essaie de déboucher, mais n’y parvient pas. Le lendemain, à la pointe du jour, le 53ème attaque le bois de Voisogne, solidement tenu par des mitrailleuses qui engendrent des pertes considérables. Il a pu s'avancer jusqu'à 400 m du bois, mais il a été impossible, malgré de nombreuses tentatives, de s'emparer de la lisière sud du bois de la Voisogne. On creuse des tranchées, on se cramponne au terrain; le 3ème bataillon fait face à une contre-attaque venue du bois de la Hazelle et la repousse. Le régiment est relevé dans la nuit. Au cours de cette rude journée, le régiment a subi des pertes sérieuses: 5 officiers ont été mortellement atteints et 3 sont grièvement blessés et beaucoup d’hommes.

Le 27, l'ennemi se retire; le régiment le poursuit par Minorville, dans la direction de Bernécourt et Flirey. L'ennemi est chassé des bois de la Hazelle, mais le bois de Mort-Mare est fortement occupé par l'ennemi et la progression devient très difficile. 

Le 3 octobre, le régiment est relevé par le 81ème RI et va cantonner à Bernécourt. Le 5, il se dirige sur Foug, où il s'embarque le 7 pour aller dans la région de Soissons, où il reste au repos jusqu’au 15.

 

Le 15 octobre, le 53ème se porte vers Troyon, au nord de l'Aisne, et va relever les troupes anglaises. Vers 21 h, une violente rafale d'artillerie allemande s'abat sur les compagnies de tête et met hors de combat 2 officiers et 87 hommes, dont 16 tués. Le régiment occupe 2 lignes de tranchées jusqu'au 16 octobre. A cette date, le régiment est relevé et va se rassembler dans la région de Rosière et de Villemontoire.

 

Après quelques jours de repos et des marches pénibles pour se rendre dans la région de Montdidier, le régiment est embarqué le 30 octobre et transporté à Bailleul. A 23h30, il repart en camions vers Ypres. Le 53ème fait désormais partie du détachement de Belgique. De Nieuport à la Lys, l'ennemi a concentré 13 corps d'armée. Le général Foch a opposé 5 des meilleurs corps d'armée qui arrêteront l'ennemi dans sa course à la mer. L'heure est grave; les officiers et soldats composant le 53ème ne se font pas d'illusions, la bataille va être rude et difficile.

La veille, le 29 octobre, 8 corps d'armée allemands se jettent à l'assaut. Ypres devient le but d'un infernal bombardement. Le lendemain, 30, après une alternance de succès et de revers, le 1er corps anglais est obligé de céder et de laisser aux Allemands le village de Klein-Zillebeke. Une perte plus grave encore, celle d'Hollebeke, livre à l'ennemi l’une des voies d'accès d'Ypres et va lui permettre d'approcher prés la ville. De plus, l'Yser étant maintenant inondé, certaines unités sont utilisées pour peser sur la Ville. Cela se ressent tout de suite dans les ordres donnés aux troupes du 9ème corps d'armée français. Le détachement Moussy avec l'arrivée de renforts prélevés sur les lignes de front, est chargé de renforcer les forces anglaises.

 

Le 31 octobre, à 11 h, le 53ème RI est dirigé sur Voormezelle et, de là, sur Saint-Eloi (Sint Eloois), d’où il attaque immédiatement Oostavern en appuyant sa droite à la grand'route. Les 1er et 3ème bataillons gagnent la crête de Oostavern, mais à 13h30, ordre est donné de ne plus progresser et de s'installer solidement sur place. A 15h30, le régiment peut reprendre l'offensive suite à l'arrivée de 2 bataillons du 80ème.

Le 1er novembre, à 0h35, les Hindous qui se trouvaient à gauche se sont repliés; le 2ème bataillon, est envoyé pour tenir tête à l'ennemi. A 10h, l'offensive reprend partout.

Le 53ème fait partie d'une colonne d'attaque qui doit appuyer sa droite au chemin Oostavern / Groenlinde. Les compagnies prennent la direction de la lisière sud du château et le village d'Hollebecke. Une violente canonnade fait subir des pertes sérieuses aux compagnies qui, néanmoins, se maintiennent à leur place. La progression est difficile; les éléments de droite se sont repliés, mais la situation critique est rétablie. A 16h30, la canonnade devient de plus en plus intense; tout est bouleversé, plusieurs officiers sont tués; l'ennemi, de plus en plus nombreux, les écrase sous sa masse. Le régiment, débordé par les 2 ailes, se trouve dans une situation pénible; le colonel demande du renfort qui n'arrive pas. Pour éviter l'encerclement, le colonel donne l'ordre de se reporter à quelques centaines de mètres en arrière. Les hommes sont épuisés. Enfin, les bataillons de chasseurs arrivent et l'ordre est donné de reprendre l'offensive. La 3ème compagnie du 53ème se porte en avant. La position perdue un instant est reprise et le 10ème bataillon de chasseurs peut ainsi s'installer aux avant-postes, sur les hauteurs de côte 40. Cette journée a de nouveau coûté de nombreuses pertes. Parmi elles, nos deux trébéens, Joseph FAGES, 23 ans et Jean-Marie MONS, de la 10ème cie, 21 ans, sont tués à l’ennemi.    

Description des combats du 31 octobre et 1er novembre par le JMO :

 

"Le 3ème bataillon du 53ème RI est débarqué vers 11h au niveau du pont du canal d’Ypres (route Kemmel -Ypres) dans la matinée du 31 octobre. Il (bataillon Dufor) est dirigé sur Voormezelle et de là sur Saint Eloi ou il reçoit l’ordre d’attaquer immédiatement  Oostavern en appuyant sa droite à la grand’route et en se couvrant à gauche par une flanc-garde.

Le 1er bataillon (bataillon Verez) pendant ce temps a été débarqué et mené au même point.  Les 2ème et 3ème compagnies suivent en renfort le 3ème bataillon. Les 1ère et 4ème compagnies restent en réserve à la lisière sud de Saint Eloi.

A 13h, le 2ème bataillon qui avait débarqué à Hazebrouck arrive et est placé en réserve, deux de ses compagnies remplacent la 1ère et 4ème compagnies et deux autres sont placés au nord du village. Les deux  compagnies du 1er bataillon remplacées sont rapprochées de la 1ère ligne dans les tranchées en avant du poste de commandement.

A 13h30, ordre est envoyé au 3ème bataillon et au 2 compagnies de ne plus chercher à progresser, mais à s’installer en place solidement.

A 15h20, l’ordre de reprendre l’offensive arrive, suite à l’arrivée de 2 bataillons du 80ème RI

A 17h30, 2 compagnies (5 et 6ème) du 2ème bataillon (Lermigeaud) occupent la crête 40 à gauche du 3ème bataillon

Le 1er novembre à 0h35, une ferme, à gauche du 2ème bataillon, occupée par des forces britanniques est perdue.  La 3ème cie est envoyée en soutien.

A 3h20 les allemands ont réussi à s’infiltrer entre les éléments du 53ème.

A 11h, la situation critique est colmatée.

A 12h une violente canonnade fait subir de sérieuses pertes aux compagnies en première ligne, mais qui résistent et restent sur place.

A 15h30 les compagnies de droite se replient, les compagnies du bataillon Verez se  substituent, mais il ne reste plus de réserve, et aucun renfort ne peut être envoyé.

A 16h10, des tranchées un instant perdues sont reprises, mais les hommes sont exténués.

A 16h30, la canonnade devient de plus en plus intense, tout est bouleversé, les maisons de la côte 40 s’écroulent. L’ennemi de plus en plus nombreux déborde par les ailes. ON annonce une renfort de chasseurs dans l’heure qui suit. Mais la pression ennemie se renforce et l’encerclement menace. Les hommes reculent de quelques centaines de mètres. Les hommes sont épuisés

A 20h les bataillons de chasseurs arrivent et ordre est donné de reprendre les positions perdues. La 3ème cie est envoyée en avant et trouve la position évacuée par les allemands et le 10ème chasseur s’installe sur la côte 40 sans coup férir. 

La 3ème cie est ramenée à son point de départ. La nuit est calme

Le 2 novembre, l’attaque doit être reprise sur tout le front."

Le journal des marches et opérations (JMO), ne comporte pas le noms des hommes mis hors de combat.

Mais, il n’est pas temps de pleurer les morts. Le 2 novembre, l'attaque doit être reprise sur tout le front. Les 1er et 3ème bataillons du 53ème marche vers la côte 40 (Horsevilde). Au début, les éléments de la colonne de gauche perdant du terrain, le mouvement des bataillons du 53ème se trouve ralenti. La colonne de gauche recule toujours et l'ordre est envoyé aux bataillons de s'arrêter et de se déployer. Puis à 14h45, ils doivent se replier sur Saint-Eloi et d'assumer la défense du village. Une contre-attaque faite par les chasseurs a arrêté le mouvement des Allemands. La nuit se passe sans incident.

 

 

Joseph Marius FAGES a été tué à l’ennemi, probablement l'un des 45 disparus, à Sint Eloois (Belgique) le 1er novembre 1914. Il a 23 ans.

 

Son lieu de sépulture ne semble pas connu des autorités militaires. Comme beaucoup, son corps n'a pu être ramené, puis oublié dans le no man's land entre les deux camps. Plus tard, s'il a été retrouvé, il n'a pu être identifié et placé dans une fosse commune, peut-être dans l'une des nécropoles de la région d'Ypres.

 

Son décès est inscrit dans le registre d’Etat civil de Carcassonne, à la date 27 juillet 1920, suite à un jugement du tribunal de Carcassonne en date du 16 juillet qui officialise son décès.

 

Son nom est gravé sur le Monument aux morts de Trèbes et sur la plaque face à la Cathédrale de Carcassonne.  L'explication de son nom gravé sur le monument de Trèbes semble relever du fait que sa soeur Marie Antoinette se soit mariée avec un trébéen, Charles MESPLIÈ, en octobre 1919. Tous deux avaient un frère mort à la guerre.

 

 

 

 

 

<<<  Petit mémorial aux soldats du sud, morts en Belgique: 32ème division, 53ème et 80 ème R I., situé dans les plaines de Flandres.