Fils de Bernard et de Rosalie CANAL, Toussaint est né le 17 octobre 1880 à Gueytes et Labastide (Aude) (en catalan ou occitan Guèitas e La Bastida), petite commune, située dans le sud du département entre Mirepoix et Limoux. Ses habitants sont appelés les Gueytidois.
Lors de son passage devant le conseil de révision, à Chalabre en 1900, Il déclare exercer le métier de viticulteur et résider à Laure Minervois avec son père, sa mère étant décédée avant cette date.
A la suite de ce conseil, il est déclaré apte au service armé, son n° matricule au recrutement est le 221/Narbonne.
Il effectue son service militaire à partir du 14 novembre 1901, jusqu’au 13 septembre 1902, au 100ème RI à Narbonne. (Ce régiment quittera Narbonne suite à la révolte des viticulteurs de 1907, ayant fraternisé).
Après son service, il s’installe à Carcassonne où on le retrouve en 1903.
Il se marie le 26 février 1906 à Pennautier avec Marie Anne GUILHEM. De cette union naîtra au moins un enfant: François, né à Trèbes en 1911. Toussaint s’est installé à Trèbes vers 1910, il est cité dans le recensement de 1911 et où il exerce le métier de charretier.
Il décède le 3 décembre 1914 à Abbeville des suites d’une maladie contractée au service.
A la mobilisation en août 1914, il a 34 ans et compte-tenu de son âge, il est rappelé le 11 août au dépôt du 143ème RI
probablement au 343ème R.I. (réserve du 143ème) ou au 143ème directement ? Part-il dès le 8 août ou rejoint-il le 143ème à la fin du mois d'août ? (à vérifier)
Le 8 août, le 143ème quitte ses garnisons pour Is/Tille. Il débarque à Hymont/Mattaincourt (2ème et 3ème bataillon) et à Mirecourt (1er bataillon et CHR) le 9 août.
Le régiment, marche alors sur Avricourt, où il franchit la frontière (de 1870) le 16 août. Le 18 août, il se porte sur Rhodes puis sur Bisping et Londrefingen. Chemin faisant, les soldats encore peu aguerris trouvent sur leur route, les postes de premiers secours où affluent les blessés du 142ème qui a été engagé la veille. Dans l’après-midi, placé en position d’attente dans le Bois de Mulhewald, le 143ème reçoit son baptême du feu. La nuit arrive; il bivouaque dans le bois. Cette veillée d’armes est troublée par quelques patrouilles et par une tentative d’attaque allemande infructueuse .
Le 20 août, à 4 h, les Allemands attaquent en force les lisières de la forêt. Pendant que le 2ème bataillon s’efforce d’arrêter les assaillants, les 1er et 3ème bataillon, se fortifient sur une ligne située à 1 500 m au nord du village d’Angviller. Bousculé, le 2ème bataillon doit se retirer et s’établir à la lisière sud de la forêt. A 6h, le régiment reçoit l’ordre de reprendre la lisière nord puis de pousser jusqu’à Londrefing. Le 3ème bataillon, malgré les pertes va de l’avant; mais tourné par l’ennemi, il est obligé de faire face à cette nouvelle attaque. Ses mitrailleuses sont enlevées. Le 1er bataillon se lance à la baïonnette. Il repousse l’ennemi jusqu’à la lisière nord du bois. Là, il est reçu par des feux meurtriers qui l’obligent à évacuer les positions conquises. Le repli se fait sur Angviller où s’opère le ralliement. Le 2ème bataillon se porte au nord d’Angviller avec une section de mitrailleuses, ce qui permet le repli, sans nouvelles pertes. Le 3ème bataillon a été complètement encerclé dans la forêt. Il en est de même de 3 sections de la 6ème Cie en venue renfort. Le 143ème a perdu, en outre, la majeure partie de son personnel médical. A 15 h, le repli général est ordonné, il s’effectue en ordre et le régiment bivouaque à Mézière et Moussey.
Le 21, le mouvement de retraite est continué jusqu’à Avricourt, puis se poursuit sur Morainvillers, atteint à 8 h. Le régiment prend des dispositions de combat aux environs de cette localité mais à 13 h, il reprend le mouvement de retraite sur Fraimbois, par la forêt de Mondon; puis sur Borville où il stationne, brisé de fatigue, le 23 et 24, organisant avec hâte le secteur dont la défense va lui être confiée. A l’horizon, les villages brûlent, et les obus se rapprochent.
Le 25 août, à 12 h, le 143ème quitte ses retranchements de Villacourt et Dorville, pour appuyer l’attaque du 15ème R.I. sur le village de Rozelieures en passant par le bois de Lalau. Grâce à l’appui efficace du 8ème et 3ème d’artillerie, il parvient à déboucher. L’attaque progresse sur tout le front des 15ème et 143ème. L’ennemi, puissamment retranché tire sans arrêt et causent des pertes cruelles. Mais l’artillerie détruit les réserves ennemies. Mettant à profit le désarroi qui en résulte dans les rangs allemands, toute la 64ème brigade s’élance. Un ruisseau, l’Euron Bas, barre la route, il est franchi, ne pouvant briser l’élan, et, lorsqu’ils abordent le village, il est vide d’ennemis; le 143ème occupe les hauteurs voisines et bivouaque dans le Bois des Fillières, au sud de Morinviliers. C’est la 1ère victoire. Mais cet effort est insuffisant. Du 28 au 30 août le régiment avec la 32ème Division poursuit sa marche, occupe le Bois de Jontois et le village de Franconville, franchit la Mortagne au gué de Fiscol, et s’installe dans le Bois de Bareth, d’où il aperçoit le village de Fraimbois. Il a reçu entre temps un premier renfort de 1000 hommes, qui permet de reconstituer ses unités (Toussaint fait-il parti de ce nouveau contingent ?).
Du 29 août au 8 septembre, le Bois de Bareth est le théâtre de luttes quotidiennes, mais l’ardeur des Allemands s’émousse et il est conservé. L’effort s’est porté plus loin. Ne pouvant passer par la trouée de Charmes, les allemands essaient de prendre Nancy. Aussi le 9 septembre, le 143ème et le 53ème sont appelés à prendre part à la bataille du «Grand Couronné». Il cantonne le 9 septembre au soir à Rosière-aux-Salines; le 10 et 11 à Pulnoy et Saulxures-les Nancy. Le 11, il pénètre dans la forêt de Champenoux. Le 12, il occupe le village de Champenoux et les hauteurs avoisinantes. Après quelques jours de repos aux environs de Nancy, le 16ème Corps se dirige sur Toul pour arrêter la progression des allemands en Woëvre. Après une série de marches pénibles, le régiment se trouve le 23 septembre dans la région d’Ansauville où il est violemment pris à partie par l’artillerie ennemie. Il occupe successivement sur les talons des ennemis, Mandres-aux-Quatre-Tours et Beaumont. Le 26, le 1er bataillon occupe Seicheprey. Jusqu’au 8 octobre il affronte une série de petits combats, d’attaques partielles et le 9 octobre, le régiment s’embarque pour Fère en Tardenois. Il laisse en terre lorraine 11 officiers, 22 sous-officiers, 269 caporaux et soldats tués ou disparus.
Les pertes en tués et blessés ont été lourdes, les fatigues et les privations énormes; un séjour dans le Soissonais permet un repos et un confort relatifs; mais ils ne restent pas oisifs. Arrivés le 9 et 10 octobre à Fère en Tardenois, il relève le 15 octobre, après une très longue marche, les unités britanniques engagées entre le Canal de l’Oise à l’Aisne et le ruisseau de Chéry. Le 15 au soir, il est relevé à son tour par le 123ème RI et le 30, il s’embarque à Lemeux près de Compiègne pour Poperinghe et Bailleul. Il va être engagé dans la bataille de l’Yser.
Le 31 octobre, dès le débarquement, il se porte en avant et le 1er novembre à l’aube, il attaque le village de Wytschaete cédé à l’ennemi récemment. L’objectif est atteint, le village fortifié, des tranchées ébauchées; le régiment est en liaison à sa droite avec le 15ème, à sa gauche avec le 80ème. Le combat a été rude. Les Allemands ont contre-attaqué sans succès; on s’est battu à la baïonnette, mais Wytschaete a été pris et conservé les pertes. Le 2 novembre à 6 h, l’ennemi devançant une attaque de notre part prévue pour 7 h, lance sur le village une action avec de gros effectifs. L’effort des Allemands leur permet de pénétrer dans les premières maisons du village dont tous les occupants sont déjà tués ou blessés. Il s’infiltre mais ne parvient pas à s’emparer complètement du village. La lutte se continue jusqu’au 13. Les Allemands, grâce à leur supériorité numérique et à la puissance de leur artillerie avancent lentement. Le terrain est disputé pied à pied; on se bat à coup de pelle et de pioche. Si le régiment n’a pu conserver ses positions intactes, il a du sauvé l’honneur en combattant sans arrêt, nuit et jour, dans la boue, sans vivres et souvent sans cartouches. L’avance ennemie a d’ailleurs, été limitée, car ce dernier à réussi à grand peine, à atteindre la ferme de Hollande.
Toussaint Pierre Marius RIVIERE est mort des suites d’une maladie (fièvre typhoïde), contractée au service, dans l'un des hopitaux installé sur la commune d’Abbeville (Somme),le 3 décembre 1914, il avait 34 ans. Il avait dû être évacué du front quelques jours avant.
Bien que mort de maladie, il a subit le feu, la peur, la boue avec ses camarades de septembre à novembre, notamment le dernier mois dans les tranchées froides et humides autour d'Ypres, tous les témoignanges sur cette période sont terribles.
Il est inhumé dans le carré militaire dit «La Chapelle» à Abbeville, dans une tombe individuelle, allée 12, n°424, situé à l'intérieur du cimetière communal de la Chapelle. En façade sur la droite on trouve une stéle du Souvenir Français, au centre un monument commémoratif rendant Hommage aux soldats Morts pour la France de 1870 à 1912 à gauche le monument commémoratif rendant Hommage à l'Amiral Courbet. On y trouve des soldats morts principalement dans les hôpitaux militaires d'Abbeville et de Saint Riquier, partagés en 20 allées et 19 sections comportant 640 sépultures françaises 1914 - 1918.
Son acte de décès est transcrit, dans le registre d’état-civil de la commune de Trèbes, à la date du 17 décembre 1914.
Son nom est gravé sur le Monument aux morts de Trèbes.