Tenue des ouvriers de l'intendance
fantassin en 1917
Fils de Gontran et de Marie ESCANDE, tous deux trébéens, Jean Jacques COURRIÈRE est né le 25 novembre 1892 à Castelnau d’Aude où son père était en poste comme instituteur.
A l’époque de son conseil de révision qu’il passe à Capendu, vers septembre 1912, il exerce le métier de boucher, et réside à Trèbes. Il est déclaré «bon pour le service» et porte le matricule n° 340/Narbonne. Il est célibataire.
Il effectue son service militaire à partir du 16 octobre 1913, à la 20ème section de Commis et Ouvriers militaires d’Administration (S.C.O.A) du 19ème C.A. compte tenu de son métier «de bouche» à Oran (Algérie) où il reste jusqu’au 1er août 1914
Jean-Jacques COURRIÈRE décède le 2 octobre 1918, près d’Autry dans les Ardennes.
A la mobilisation, il semble rester à la 20ème SCOA, mais rapatrié et affecté à un service d’intendance ( ?)
Nous savons que le 2 août avec les forces immédiatement disponibles d’Algérie, de Tunisie, deux divisions (les 37ème et 38ème DI), chacune à deux brigades d’infanterie et 5 régiments de marche (deux de zouaves et trois de tirailleurs). La 37ème DI comporte 6 bataillons de zouaves dont 4 d’active et 9 bataillons de tirailleurs indigènes, soit 15 bataillons. La 38ème DI comporte 7 bataillons de zouaves dont 5 d’active et 7 bataillons de tirailleurs indigènes, soit 14 bataillons. Ces deux divisions arrivent dès le 14 août 1914 dans leur zone de concentration respective et participent à la bataille des frontières dans la région de Charleroi.
De toute évidence les hommes de la 20ème SCOA ont été répartis dans ces deux divisions afin de gérer l’intendance notamment alimentaire des unités. Jean Jacques COURRIÈRE était l’un d’eux (dans quelle Division ?)
Parcours de la 37ème division :
Du 6 au 13 août les hommes provenant d’Algérie débarquement à Sète et à Marseille puis transportés par train du 13 au 15 dans la région de Rocroi. Ils poursuivent leur chemin à pied vers la Sambre, par Mariembourg et Philippeville.
Les 22 et 23, ils sont engagés dans la bataille de Charleroi (combats de Fosse et de Mettet). Le 24 août commence leur repli vers le sud par Florennes, Hirson, Nampcelles-la-Cour et Lugny.
Le 29 août, la 37ème division engagée dans la bataille de Guise, puis elle poursuit son repli vers le sud, par Laon, Fismes et Verneuil.
Le 6 elle est engagée dans la 1ère bataille de la Marne: bataille des Deux Morins, du 6 au 9 (combats vers Courgivaux et sur le Petit Morin).
À partir du 9 septembre, transport par V.F. à Louvres, puis mouvement sur Verberie. et à partir du 12 septembre, elle poursuit par la région de Compiègne.
Le 15 septembre 1914, la division est engagée dans la 1ère bataille de l'Aisne (combats à Cuts, à la Pommeraye et à Lombray). Le 18 elle se replie légèrement sur la position Bailly, et Tracy-le-Val. Le 20 elle subit une attaque sur Tracy. Le front se stabilise progressivement dans la région de l'Oise, au sud de la ferme Quennevières.
Les 30 et 31 octobre, division attaque et prend la ferme Quennevières. Le 12 novembre c'est l'attaque sur le cimetière de Tracy-le-Val, suivie le 17 de violentes contre-attaques allemandes sur Tracy-le-val et le bois Saint-Mard.
Les 21 et 25 décembre ce sont des attaques au nord-est du bois Saint-Mard.
À partir de mars 1915, la division subit la guerre de mines.
Les 6 et 16 juin, quelques unités de la division sont engagées à la ferme Quennevières.
A partir du 28 juin, la 37ème division occupe un secteur vers la ferme Quennevières et Moulin-sous-Touvent.
Le 9 juillet et pour un mois elle est retirée du front et mise au repos, agrémenté de travaux vers Pierrefonds. C'est à ce moment que Jean-Jacques est muté vers le 158ème régiment d'infanterie.
Parcours de la 38ème division
Du 4 au 18 août, la division est transporté par mer et par V.F. pour se concentrer dans la région de Chimay. les hommes poursuivent à pied leur mouvement vers la Sambre, par Froidchapelle et Walcourt.
Le 22 août, ils engagés dans la bataille de Charleroi (combats vers Châtelet et Somzée). Le 24 août commence leur repli, vers la région de Chevresis-Monceau, par Sains-Richaumont.
Le 29 août, la 38ème division est engagée dans la bataille de Guise (combats, vers Ribemont et Villers-le-Sec). Puis elle poursuit son repli le 30 août jusqu'au nord de Provins, par Chavonne, Tréloup et Montmirail,
Le 6 elle est engagée dans la 1ère bataille de la Marne: bataille des Deux Morins, du 6 au 9 (en 2ème ligne du 6 au 8, puis en 1ère ligne, le 9).
À partir du 10 septembre, elle poursuit les allemands par Château-Thierry et Fismes, jusque sur le Chemin des Dames, au nord de Paissy.
Le 14 septembre, la division est engagée dans la 1ère bataille de l'Aisne en liaison avec l'armée britannique (combats vers la ferme d'Hurtebise et la ferme de la Creute). Le front se stabilise progressivement et la division occupe un secteur vers la ferme d'Hurtebise et la route de Paissy à Ailles.
Le 12 octobre, la division attaque la ferme de la Creute.
Du 26 au 29 octobre, la division est retirée du front puis transportée par V.F., puis par camions dans la région de Furnes.
Le 29 octobre, la division fait mouvement vers le front pour être engagée dans la bataille de l'Yser. Elle participe à de violents combats répétés vers Luyghem, Poesele, Bikschote et la maison du Passeur. Puis après la stabilisation du front, elle occupe un secteur sur l'Yser, vers le pont de Knocke et la maison du Passeur. À partir du 4 décembre, la division attaque sur la maison du Passeur.
A partir du 9 décembre, elle occupe un nouveau secteur vers Verbranden-Molen et le château d'Hollebeke. le 14 décembre, elle participe à des attaques.
Le 25 décembre, la division est retirée du front et fait mouvement vers la région de Cassel, transporté le 31 décembre au sud-ouest de Montdidier pour du repos et de l'instruction.
Le 17 janvier, elle est transportée dans la région de Dunkerque et cantonne dans la région d'Hondschoote. Le 31 janvier elle fait mouvement vers Coxyde. Le 2 février 1915 elle monte au front pour occuper un secteur vers Nieuport. Elle y est encore lorsque Jean-Jacques est muté vers le 158ème RI.
un groupe de le 20ème S.C.O.A.
Quand Jean Jacques arrive, le régiment garde les tranchées dans le secteur de Malgréjean au Gros Hêtre et les deux bataillons alternent tous les 4 jours avec le 349ème en première ligne et cantonnent au village nègre et à Péxonne. Les échanges d'artillerie sont journaliers, des guetteurs et des tireurs d'élite frappent tout homme qui se découvre.
Le 3 octobre, les secteurs sont réparties différement et les rotations sont modifiées
Les combats ont été très durs en février et en mars. Maintenant il n'y a plus d'attaque de masse mais c'est un harcèlement quotidien. Une routine qui s'installe mais une routine dangereuse car chaque relâchement peut conduire à une issue fatale. Jean Jacques a été affecté à la 18ème compagnie (5ème bataillon).
J.M.O. du 6 novembre 1915
Le séjour à Blainville est fiévreusement employé à donner de l’homogénéité aux diverses unités et à exécuter des manœuvres de division au camp de Saffais. Pendant cette période se constitue le dépôt divisionnaire et les bataillons restent constitués à trois compagnies d’infanterie, plus une compagnie de mitrailleuses. Les trois bataillons du régiment prennent plus amplement contact les uns avec les autres, et c’est un corps bien homogène qui part pour les rives de la Meuse.
Le 26 juin au matin, la division est alertée; les Allemands ont pris Fleury. Entamés dans la Somme, ils veulent en finir à Verdun et vont précipiter leurs derniers coups. Le régiment s’embarque à Einvaux à 17 h et débarque 24h plus tard à Mussey, près de Revigny, sous la pluie. Par étapes, il gagne Auzecourt, puis Rembercourt-aux-Pots, où il arrive le 29. Les premières instructions du quartier général de la IIème armée arrivent: appel est fait pour maintenir élevé le moral de la troupe, condition essentielle de l’arrêt de l’ennemi dans les phases souvent incertaines. Point n’est besoin d’ailleurs de faire la leçon aux hommes, chacun se rend compte que l’heure est grave.
Le 30 juin, à 8 h, le régiment part en camions, et par cette Voie Sacrée, gagne les bois de Nixéville, où il bivouaque tout le jour, attendant la nuit pour poursuivre sa route. Les convois n’arrivent que le soir. A 20 h, il s’ébranle. Les canons grondent sans arrêt, ponctués par les coups plus graves de l’artillerie lourde. Le régiment pénètre dans Verdun abandonné et silencieux, le 1er juillet, à 1 h. Il cantonne toute la journée dans la caserne d’Anthouard, où il touche ses munitions. La division devait se porter le soir sur Fleury. Un contre-ordre subit nous fait quitter la ville à 21 h par la porte Saint-Victor; le régiment va cantonner à Belleray. Il est bombardé en cours de route et pendant les quatre jours qu’il reste dans le village.
Jean Jacques COURRIÈRE passe dans un régiment d’infanterie, le 358ème, le 17 juillet 1915. Le 358ème RI est le régiment de réserve du 158ème. Il rejoint probablement le dépôt de son régiment qui se trouve à Lyon, caserne du fort Lamothe, pour une période de formation, n’ayant pas de bases solides, à l'exception des classes de sont début de service. Le 358ème appartient à la 71ème division constituée de la 141ème brigade (349ème, 358ème, 370ème RI) et de la 142ème brigade (217ème, 221ème, 309ème RI)
On sait pas à quelle date exacte, il rejoint son régiment sur le front, le JMO n'ayant pas noté les dates d'arrivée des contingents de renfort. Il est probable que ce soit vers la fin octobre, début novembre 1915.
Le 358ème est dans le secteur de Badonviller (Meurthe et Moselle) au pied du col de la Chapelotte qui constitue la frontière avec les Vosges, depuis le la fin du mois de février 1915.
le "village nègre"
Au cours de cette longue période (jusqu'en mars 1916), la vie du régiment se résume dans l’organisation de la défense du secteur « Le Chamois », ferme à l’est de Badonviller, dont les ruines donnèrent leur nom à l’immense réseau de tranchées, mi en plaine, mi en forêt, s’étendant des rives de la Blette (à hauteur de la ferme de Malgréjean) au col du Gros-Hêtre, en pleine forêt d’Allarmont, à 3 kilomètres au nord-est de Badonviller.
Le P.C. du colonel est installé au Village Nègre, près de la ferme de la Petite-Nablotte, à 2 kilomètres est de Badonviller et à 500 mètres du col du Gros-Hêtre. Sous le feu de l’ennemi, dont les tranchées n’étaient séparées des nôtres que par un intervalle variant du 50 à 200 mètres et dont l’artillerie, installée sur les hauteurs de Montreux et d’Angemont, venait à chaque instant bouleverser nos travaux (sans grande riposte possible de notre part, vu la nature du terrain), le régiment, en collaboration étroite avec le 349e, réussit à créer une organisation défensive qui lui valut les félicitations du général commandant l’armée de Lorraine.
Fin novembre début décembre 19154, la neige, les pluies incessantes transforment les tranchées en rivières de boue. les hommes en ligne souffrent, ils sont mal ravitaillés et passent leur temps à tenter de consolider les rives des boyaux qui ne cessent de s'effondrer.
JMO du 3 décembre 1915
Tout au long des mois de janvier et de février 1916, les échanges d'artillerie se poursuivent; Les incessants travaux de remise en état des tranchées épuisent les hommes.
Le 28 février, opérant par surprise, l’ennemi s’empare des tranchées 2, 3, et 4, dites du Croupillon, à l’est du Gros-Hêtre, tenu par le régiment voisin. Pendant trois jours, la lutte continue avec des alternatives de succès et de repli, notamment menée par la 18ème Cie (celle de Jean Jacques). Finalement, le 4 mars, une vigoureuse contre-attaque a lieu, menée par la 17ème compagnie. Elle atteint brillamment et dépasse même son objectif, faisant plus de 40 prisonniers et s’emparant de 2 mitrailleuses.
Les 19 et 20 mars des attaques allemandes limitées donnent lieu à des échauffourées. Le 20 mars, dans l'après midi, le Président de la République visite le PC au village négre, puis vient en première ligne. Il vient ainsi honorer le régiment de sa visite et apporter à nos soldats, jusqu’en première ligne, le haut réconfort de sa présence et de ses éloges. cette visite semble être appréciée par les hommes. Mais la guerre continue...
Le 1er avril, le secteur tenu par le 358ème change légèrement. Il abandonne le secteur du Chamois pour se concentrer sur le col du Gros Hêtre. L'alternance des montées en ligne, les échanges d'artillerie. L'artillerie allemande tire sur Pexonne tuant ou blessant des civils : deux enfant sont tués plusieurs adultes sévèrement blessées. Le J.M.O. égraine son lot quotidien de tués, de blessés, par balle, par éclat d'obus...
Le 1er juin, le 349ème régiment est dissous, son 5ème bataillon passe au 358ème qui devient un régiment à 3 bataillon. Il en devient le 4ème bataillon.
Le 3 juin, un mine explose entre les deux camps, ne causant que des dégâts insignifiants du côté français aux dires du rédacteur du J.M.O.
Le 9 juin commence, après 15 mois de présence, la relève de la 71ème division par la 45ème. Après quelques étapes tout le 358ème régiment cantonne à Blainville s/l'rau (au sud-ouest de Lunéville).
la "voie sacrée"
Le 5 juillet au soir, le 4ème bataillon monte en ligne en position de soutien. Le 6 au matin, les 5ème et 6ème bataillons vont à Belrupt, que le 6ème quitte le soir même pour monter en réserve au tunnel de Tavannes. Le 7 au soir, le 5ème bataillon monte à son tour relever sur la «ligne intermédiaire» le 4ème bataillon qui passe en première ligne. Ces mouvements sous le bombardement ne vont pas sans pertes. Pendant deux jours, les 5ème et 6ème bataillons fournissent des travailleurs à la 142ème brigade, à notre droite, puis le 6ème bataillon monte en première ligne à son tour. Le 10, la 71ème D.I. occupe le front bois Fumin-Batterie de Damloup. Le 4ème bataillon du 358ème occupe le bois Fumin, en flèche; le 6ème bataillon du 358ème, occupe les positions de la Vaux-Régnier et du Chesnois; le 5ème bataillon du 358ème, en soutien, occupe la «ligne intermédiaire». Le régiment restera ainsi jusqu’au 14 juillet, à peine ravitaillé, souffrant cruellement de la soif, soumis à l’effroyable pilonnage. Tranchées et boyaux n’existent plus ; tout est retourné, nivelé; le boyau de l’Etang, qui mène du P.C., le boyau d’Altkirch, qui conduit au fort de Tavannes, ne sont plus que des fossés coupés de fondrières, pleines d’une boue gluante, qui servent trop souvent de cercueil à ceux que l’obus vient y surprendre et qui s’y enlisent pour toujours. La première ligne n’est qu’une succession de trous d’obus, parfois jointifs.
Le 11 juillet, dès l’aube, à la faveur d’un brouillard intense, l’attaque allemande se déclenche sur le front Fleury-Batterie de Damloup. Sur notre gauche, les avancées du fort de Souville sont enlevées mais une vigoureuse contre-attaque du 25ème B.C.P. les en chasse le soir même. Sur le front du régiment, le 4ème bataillon résiste sur son saillant du bois Fumin, amoncelant devant lui les cadavres ennemis. Il a une tâche particulièrement pénible, car, bien en flèche, privé de ravitaillement pendant 4 jours, presque sans nouvelles de ses flancs et de l’arrière, il se sent isolé. Il tiendra jusqu’à sa relève sans perdre un pouce de terrain. Sur la droite, l’ennemi, qui a crevé le front de La Laufée et enlevé la batterie de la Montagne, prend à revers le 6ème bataillon, et menace le P.C. du 358ème R.I. ; mais, trompé par le brouillard et la fusillade des éléments qui se sont portés en avant, concentre ses efforts sur le 6ème bataillon.
La 21ème compagnie enveloppée, décimée par le tir de l’artillerie, est presque anéantie. La 24ème compagnie recule pour ne pas se laisser envelopper, et, par une très belle contre-attaque rétablit la situation, gardant la liaison avec la 22ème compagnie. Celle-ci a victorieusement repoussé tous les assauts sans laisser s’établir la moindre fissure entre elle et le 4ème bataillon; ce, avec l’aide de la compagnie de mitrailleuses, qui a perdu ses deux chefs de peloton en montant en ligne sous le tir de barrage la veille. Il y a un trou entre la droite et la gauche du 217ème, qu’il va falloir boucher pendant la nuit, car déjà une patrouille allemande a réussi à s’infiltrer par là jusqu‘à l’entrée du tunnel de Tavannes, où elle est capturée. A l’aube du 12 juillet, les lignes du régiment sont telles qu’elles étaient avant l’attaque. Le régiment a perdu plus du tiers de son effectif, mais il n’a pas laissé un pouce de terrain à l’adversaire.
Le 5ème bataillon (celui de jean Jacques), en soutien, a eu un rôle plus effacé, sauf la 17ème compagnie. La valeur de ses camarades, ne lui donne pas l’occasion d’intervenir. Il reste ainsi en plein dans la zone des tirs de barrage, sans abris, recevant les coups, sans avoir la consolation de les rendre. Ses pertes, presque aussi élevées que celles du 4e bataillon, prouvant son stoïcisme.
Le 14 juillet au matin, le régiment, relevé, rassemblé à Haudainville, s’embarque le 15 en camions pour Villotte-devant-Saint-Michel, où il va se reconstituer du 15 au 29 juillet. Le 4ème bataillon du 358ème est cité à l'ordre du jour de la IIème armée, en ces termes: « Ce bataillon a déployé la plus rare énergie et montré la plus grande ténacité, en conservant intégralement pendant six jours, sous un bombardement d’une extrême violence et accompagné de gaz asphyxiants, la position qu’il était chargé de défendre, et en repoussant, sans se laisser entamer, de nombreuses attaques exécutées par des effectifs supérieurs et souvent poussées jusqu’au corps à corps.»
Le 30 juillet, le régiment est dirigé en autos-camions sur Auzéville (Meuse), cantonnement de repos de la 10ème D.I., que la 71ème va relever. Le secteur va des rives de l’Aire au village d’Avocourt et fait partie du groupement Z de la IIème armée. Le point central – Vauquois – et les positions attenantes – le Mamelon Blanc, le Bois Noir, la Maize, la Cigalerie Butte – sont dévolus au régiment. Le régiment relève le 31ème R.I. dans la nuit du 31 juillet au 1er août. Les périodes de ligne (12 jours) alternent avec celles de repos, à Auzéville.
Vauquois, point culminant du secteur, en est aussi le point délicat. Au contact immédiat de l’ennemi (30 à 50 m), la tâche y est pénible. Le régiment y connait toutes les angoisses de la guerre de mines. Les tranchées n’existent souvent que de nom. Les guetteurs, séparés de l’ennemi par une simple suite d’entonnoirs, sont journellement soumis à un bombardement infernal, et sous eux le sol tremble à tout moment. Dans cette guerre souterraine, les sapeurs de la compagnie 27/1 du 11ème génie rivalisent de dévouement avec nos fantassins. Nombreux sont ceux qui restèrent ensevelis au fond d’un étroit puits de mines sans qu’on ait pu retrouver leurs restes.
Sans pouvoir relater en détail la vie aussi cruelle que monotone des soldats pendant ces 5 mois qu'ils tinrent ce secteur, signalons cependant les bombardements extrêmement violents et les explosions, suivis ou non de tentatives de coup de main, des 7, 24 et 26 août, 10 septembre, 13 octobre, 11 et 27 novembre, 6, 7, 10, 22, et 26 décembre. En fin décembre, la division était relevée par la 31ème D.I.; les 4ème et 6ème bataillons du 358ème, le 22; le 5e bataillon, le 27.
Puis le régiment gagne la région de Villers-en-Argonne. Le 5ème bataillon, l’E.M., la C.H.R., à Villers même, le 4ème bataillon à Sénard, le 6ème à Le Chemin. Le 2 janvier 1917, la division est alertée; le canon tonnait avec fracas sur la rive gauche de la Meuse. Le 3, sous une neige épaisse, le régiment gagne la région de Verdun; le 4, après une marche très dure, il arrive pour la deuxième fois au bois de Nixéville et s’installe péniblement au camp Augereau, privé de ses convois, retardés par l’horrible état des chemins.
Le 8 janvier, après reconnaissance du terrain par les cadres, elle commence la relève de la 65ème D.I. Le secteur proprement dit du Mort-Homme lui incombe. Il a à sa droite le 221ème qui tient le Bonnet d’Evêque et s’appuie à la Meuse, et à sa gauche le 217ème, qui s’étend jusqu’aux avancées de la cote 304. L’organisation est en profondeur dans chaque régiment; un bataillon en première ligne, un bataillon en soutien, un bataillon en réserve au camp des Claires-Chêne, près de Blercourt.
Le régiment va tenir le secteur pendant 50 jours, dans des circonstances très pénibles, à cause du froid intense (-2° la nuit) et de la situation. La division précédente a perdu le Mort-Homme, et l’ennemi, installé dans nos anciennes tranchées bordant la crête, a des vues plongeantes sur les fossés pleins de boue et de neige qui nous servent de première ligne. Presque pas d’abris; la moitié de l’effectif se terre dans des trous d’obus. Aucun travail diurne n’est possible, le moindre mouvement attire une avalanche de petites bombes à ailettes; les boyaux de communication sont à peu près inexistants; depuis le P.C. du lieutenant-colonel, en contrebas de la route Esnes-Chattancourt, jusqu’en première ligne, c’est le désert de neige, qu’on ne peut parcourir de jour que par le brouillard. Grâce à un travail obstiné de nuit pendant sept semaines, le régiment laissera à ses successeurs un secteur transformé possédant des tranchées et deux boyaux de communication. Ce ne fut pas sans sacrifices: outre les pertes dues au bombardement, le régiment eut 300 hommes évacués pour pieds gelés, tant le froid était rigoureux. Impossible d’avoir des repas chauds; le vin gelait dans les bidons et il fallait jeter le pain que la gelure avariait. Deux hommes moururent de froid au camp des Clairs-Chênes. Les nuits de relève, il faut effectuer une marche de 22 km sous la neige glacée pour gagner le camp.
Aucune action sérieuse n'eut lieu pendant cette période. Signalons seulement la gauche du régiment les combats des 25 et 26 janvier 1917, qui laissèrent l’ennemi maitre de la cote 304 ; ses vues sur le secteur en furent augmentées, et la situation rendue encore plus pénible. Vers le milieu de février, le régiment reçut l’ordre de préparer une opération pour reprendre personnellement les crêtes du Mort-Homme. Mais le commandement remit bientôt ce projet à une date ultérieure. Le 27 février, la division était relevée par la 31ème, qui l’avait déjà relevée à Vauquois. Le 358ème cédait la place au 96ème R.I. et en deux étapes regagnait Villers-en- Argonne. La division passait sous les ordres de la IVème armée.
voir agrandissement plus bas
un petit groupe de soldats du 358ème en 1917
Le régiment gagne la région de Sainte-Ménéhould, assignée comme zone de stationnement à la division. Le 5 mars, il défile dans la ville; le 6e bataillon et l’E.M. restent dans la ville même; le 4ème bataillon va cantonner à Florent, et le 5ème au camp de Sengnat (2 km au nord de la ville). Ils vont travailler aux organisations défensives de Moiremont et Florent, qui couvrent la ville. La division passe sous les ordres du 8ème C.A.
Mais ce repos est brusquement interrompu; les Allemands se sont emparés de Maisons-de-Champagne et de la cote 185, et s’y cramponnent. Pour les en déloger, les 3 régiments d’infanterie de la division sont mis successivement à la disposition de la 24ème D.I., dont les troupes sont engagées dans ce secteur. Alerté le 13 à midi, le régiment, par marches forcées, se rend à Laval et Saint-Jean-sur-Tourbe où il cantonne. Le 16 au soir, sous un bombardement par obus à gaz, il relève le 108ème R.I. dans le secteur de la ferme Beauséjour. La cote 185 et Maisons-de-Champagne viennent d’être repris par le 221ème R.I.; mais les Alle-mands ne se tiennent pas pour battus et vont renouveler leur tentative.
Le régiment a deux bataillons en ligne (5ème à gauche, 4ème à droite), sur le front Butte du Mesnil abords de la cote 185, et un en soutien (6ème) à la ferme de Beauséjour. La situation est assez dure par suite du mauvais temps et de la difficulté des communications diurnes, surtout pour le bataillon de droite, qui manque presque totalement d’abris et dont les tranchées de première ligne sont dans un état lamentable. Avec ses pionniers, le régiment crée de nouvelles tranchées et refait les autres. Le 22 mars au soir, une tentative de coup de main est repoussée par la 14ème compagnie. Le 23, la 24ème D.I. cède la place à la 15ème; Le régiment doit rester jusqu’à la relève complète par les éléments de la 15ème D.I.
Le 27 au soir, la situation est la suivante: en ligne, à droite (quartier Peyroux), le 6ème bataillon, qui a relevé le 4ème; à gauche (quartier Crochet), le 5ème bataillon; en réserve, le 4ème bataillon. Le 28 à 6h30, après une violente préparation d’artillerie (les batteries françaises reçoivent des obus à gaz depuis 3 heures du matin, sans arrêt), l’ennemi déclenche une forte attaque d’infanterie sur le front du 6ème bataillon. A gauche, la 22ème compagnie qui tient la tranchée Bègue, aidée des feux du 5ème bataillon, venant de l’ouvrage de la Butte, repousse l’assaut qui vient des ouvrages Kolossal et Kalau, et maintient la liaison avec la 21ème compagnie. Cette dernière, décimée par un pilonnage effrayant, est découverte sur son flanc droit par le repli du 10ème R.I. , contraint d’évacuer la tranchée de Posen et l’ouvrage Gallois. Ses éléments de droite sont détruits et sa section de réserve décimée avant d’arriver à l’aide de ses camarades. L’ennemi atteint la corne sud de l’ouvrage. La section de gauche résiste, mais perd la barrage ouest, qui est repris. Cette situation critique du 6ème bataillon, en flèche dans la tranchée Bègue et la partie Ouest de Guerlais, durera jusqu’au 30 mars. La lutte à la grenade continue toute la journée du 28, soutenue par les débris de la 21ème et une section de la 24ème compagnie venue en renfort. A 16 h, une contre-attaque, menée avec des éléments des 24ème et 14ème compagnies échoue; elle est clouée sur place par un formidable tir de barrage dans le ravin d’Hébuterne.
Le 29, une attaque allemande déclenchée à 16 h sur le boyau C7 est repoussée. La lutte à la grenade à Guerlais mange successivement des détachements des 21ème, 22ème, 24ème, 13ème et 14ème compagnies, mais on ne perd plus un pouce de terrain. La nuit est consacrée à préparer la contre-attaque. Le 30, la contre-attaque a lieu, composée de la 15ème compagnie du 358ème et d’une compagnie du 134ème R.I., d’un groupe de pionniers et de téléphonistes du 358ème. A 7h30, l’artillerie française commence son tir. A 9h30, l’attaque se déclenche, et, à 10 heures, elle occupe tous ses objectifs, non sans pertes. 63 prisonniers ont été faits dans Guerlais et 19 dans Posen, sans compter une dizaine de blessés intransportables. Jusqu’à la nuit, la lutte à la grenade continue; quatre contre-attaques allemandes sont successivement repoussées, malgré l’impossibilité de ravitailler en munitions. A la nuit, enfin, le 5ème bataillon parvient à ravitailler par la tranchée Bègue, et, à 22 heures, un bataillon du 134ème relève les unités des 4ème et 6ème bataillons. Le 31, au soir, le 5ème bataillon était relevé à son tour par un bataillon du 134ème. Le régiment avait perdu dans ces combats 8 officiers, 24 sous-officiers et 434 soldats. Ces luttes farouches, dans la boue, où s’enlisent les blessés, pour la possession de cet ouvrage Guerlais, dont les tranchées ne sont plus faites qu’avec des cadavres, marqueront et leur vision horrifiante restera pour toujours dans le souvenir de ceux qui y participèrent.
Le 1er avril, le régiment s’embarque en autos à Somme-Tourbe et regagne la région de Sainte-Menehould. La 71ème D.I. est reformée et relève la 16ème D.I. dans le secteur de Vienne-le-Château - Four-de-Paris. Le 358ème est au centre, à la Harazée. La région est calme; c’est la première fois que le régiment occupe un tel secteur depuis la Lorraine On y réorganise le système défensif, tandis que des unités se reconstituent peu à peu.
Le 3 juin, la division est relevée par la 169ème. Le régiment cède la place et s’embarque le 5, en gare de Sainte-Ménéhould, à destination du camp de Châlons. La division devait tout d’abord monter en ligne dans le secteur des Monts. Mais, à ce moment, se produisirent des troubles qui faillirent compromettre un moment l’issue de la campagne. Un vent de révolte passa sur la troupe. Un moment secoué le 358ème ne se laissa pas entraîner. Le régiment débarqua à Mourmelon. Deux dures étapes sous un soleil de plomb le portèrent dans la région de Saint-Hilaire-au-Temple, où il resta jusqu’au 26 juin. Notons, au cours de ce repos, la formation du peloton des canons de 37.
Le 26, le régiment rejoint Suippes et, le 27 au soir, il relève le 248ème R.I., dans le secteur immédiatement à l’est d’Auvérive. Dans ce secteur, encore tout bouleversé par les récentes attaques, le régiment restera 15 jours. Dans la nuit du 12 au 13 juillet, il est relevé par le 108ème R.I. et va cantonner à Suippes. Le 14, il s’embarque en gare de Cuperly pour gagner la région de Dormans. La division quitte la IVème armée et est mise à la disposition de la Vème.
Débarqué à Dormans, le régiment gagne à pied la région de Châtillon s/Marne. Le 4ème bataillon s’installe à Verneuil, les deux autres bataillons et l’E.M. à Vandières. C’est le repos complet, pendant lequel se constitue le 38ème C.A., il se composera jusqu’à la fin des hostilités, des 71ème et 74ème D.I. Le 24 juillet, le régiment remonte vers le nord et gagne le camp de Châlons-le-Vergeur, zone de repos de son nouveau secteur.
Du 27 au 29, il relève le 135ème R.I. de la 157ème D.I. Ce secteur sera tenu par le régiment du 30 juillet 1917 au 23 février 1918, avec une interruption de 3 semaines pour aller au grand repos. Il s’étend de la tête de pont de Sapigneul, au nord-ouest, à l’extrémité du mont Espin, au sud-est. A gauche, le 217ème tient le front Sapigneul – cote 108, à droite le 221ème, celui de la ferme du Godat. Le village de La Neuville est au centre du secteur du régiment, qui a pour nom « sous-secteur Roumanie » (le P.C. Roumanie, du lieutenant-colonel, est au sud de la route 44).
Il faut organiser le terrain, encore tout frémissant de la récente offensive, sous le feu dominant des Allemands qui, de la cote 108, du mont Sapigneul et du mont Espin, voit tout chez nous et connaît tous les recoins de ce terrain qui lui appartenait quelques semaines auparavant. Il nous faut riposter à ses bombardements d’artillerie lourde et de minewerfer, lutter avec les inondations du Loivre – ruisseau qui traverse le secteur dans toute sa largeur– qui constituent des nappes souterraines, assainir enfin le terrain ou gisent pêle-mêle, sous des terres meubles, des cadavres français, russes, sénégalais, allemands de l’offensive d’avril.
Les coups de main sont fréquents; parmi les plus saillants, il faut signaler ceux du régiment du 3 septembre 1917 et du 12 février 1918 (exécutés par la section franche du régiment), et ceux de l’ennemi des 22 septembre et 25 octobre 1917 et du 19 février 1918. Celui du 22 septembre, exécuté avec une rare violence sur nos tranchées Henry, la Crémaillère et la Parallèle, fut brillamment repoussé par la 22ème compagnie et la 5ème C.M. (les deux compagnies furent citées à l’ordre de la division).
Fin octobre, la division est remplacée dans son secteur par la 45ème, et s’en va au grand repos. Le 358ème cède son secteur moitié au 1er tirailleurs, moitié au 3ème bis de zouaves, et gagne la région sud d’Epernay, zone de stationnement de la division; il y cantonne du 28 octobre au 11 novembre. Le 15 novembre, il reprend son secteur et le garde jusqu’au 23 février. Il est relevé alors par les chasseurs de la 74ème D.I.
A ce moment, on se prépare sur tout le front à recevoir la grande offensive allemande. Les divisions en réserve sont activement employées à renforcer les deuxièmes positions. Du 24 février au 18 mars, les 3 bataillons du régiment font la navette entre Vaux-Varennes, Châlons-le-Vergeur et la région de Jonchery, les bataillons fournissant des travailleurs pour organiser les positions au sud de Cormicy.
Le 17 mars, après félicitations du haut commandement pour leur ardeur au travail, les régiments de la division vont relever, entre Miette et Aisne, ceux de la 67ème D.I. Le régiment relève le 283ème au lieu dit «Camp de César», secteur tout en profondeur, aux défenses médiocres. Le 18 au matin, un coup de main ennemi échoue.
Le 21 mars, se déclenche l’offensive allemande sur le front anglais, accompagnée de diversions sur tout le font français. Dans le secteur du régiment, après un violent bombardement qui dure 6 heures, un important raid ennemi pénètre dans les positions du 6ème bataillon, à 17 h. Les 22ème et 24ème compagnies soutiennent le choc, et avec l’aide de la 6ème C.M. (citée à l’ordre du la D.I.), repoussent l’ennemi; l’affaire fut chaude et elle coûta une trentaine d’hommes, sans compter, les pertes infligées par le bombardement aux unités en réserve, qui s’étaient portées à leur poste de combat.
La 71ème D.I. étend son front pour libérer d’autres unités qui vont boucher le trou dans la Somme. A partir du 30 mars, le régiment tient tout le secteur entre Miette et Aisne, occupé précédemment par 7 bataillons. La tâche est lourde; on s’attend à une deuxième offensive sur le front de l’Aisne, et il faudra tenir coûte que coûte, sans pourvoir compter sur des renforts.
Des coups de main sont exécutés pour connaître les intentions de l’ennemi, le 24 avril (20ème compagnie) et le 25 avril (22ème compagnie). Ce dernier fut particulièrement réussi.
Le 12 mai, un ordre subit de relève arrête deux importants coups de main qui devaient être exécutés le soir même et le lendemain. Le corps d’armée est relevé par un corps anglais. La division cède son secteur à la 25e D.I. britannique, composée pour les 3/4 de jeunes soldats. Le 38e C.A. quitte la Ve armée.
Par étapes, le régiment gagne Soissons, où il fait son entrée, musique en tête, le 16. Il cantonne jusqu’au 20 inclus à la caserne Charpentier. Une épidémie de grippe, qui fait de gros ravages, empêche la division de monter en ligne dans la région. Brusquement, le 21, elle est alertée, et, le 22, le régiment embarque en gare de Longpont pour destination inconnue.
Après 40 heures de voyages, les bataillons du régiment débarquent respectivement, le 4ème à Vitry-la-Ville, le 9 juillet au soir ; le 5ème à Coolus et le 6ème à Châlons-sur-Marne, le 10 juillet au matin. Ils sont enlevés en autos et font cantonner à Ambonnay (sud-est de la Montagne de Reims). Les 12 et 13 juillet, les compagnies vont à l’exercice, mais le 14 à 1h du matin, toute la division est alertée. La dernière offensive allemande est éventée; on va lui infliger un retentissant échec.
Le régiment occupe la deuxième position du secteur de Prosnes (10 km à l'est de Reims) le 14 au matin. A minuit, le bombardement allemand se déclenche, et à 4 h, l'infanterie ennemie attaque. Toute la première position, y compris les Monts, a été abandonnée, et les troupes de première ligne (52ème, 101ème, 124ème R. I.) repliées sur la position intermédiaire, y arrêtent l'ennemi, en lui infligeant des pertes énormes; c'est un échec complet. Sur un point seulement, les Allemands ont pu s'infiltrer jusqu'à la Chaussée Romaine. C'est le 5ème bataillon (celui de Jean Jacques) du régiment qui les en chassera. Jusqu'au 19, les deux autres bataillons resteront sur la position de soutien, subissant le bombardement ennemi dirigé sur cette position et sur l'artillerie voisine; le 4ème bataillon occupe le G. R. «Pyramide» et le 6ème, le C. R. «Fosse aux Ours».
Le 5ème bataillon (celui de Jean Jacques) a quitté le C.R. «Diables Bleus» le 15, à 18 h, et cantonné au camp du Pont d’Issu (sud-ouest de Sept-Vaux). Le 16, à 22 h, occupe les boyaux d’Algérie, de la Source et les abris près du pont de Courmelois. Le 18, à 6 h, il passe sous les ordres du 415ème R.I., pour reprendre le terrain qui nous sépare de la Voie Romaine, et à 6h30, les unités vont occuper leur base de départ (Bois 16, boyaux de Vez et Letellier); 18ème à droite, 17ème à gauche, 20ème en peloton à chaque aile. A 13 h, la progression commence par les boyaux, et à 18h30, les objectifs sont atteints et même dépassés; la droite est à la Chaussée Romaine, la gauche à la lisière nord du bois 297. La 18ème compagnie (toujours celle de Jean Jacques COURRIERE) s’illustre particulièrement en s’emparant de quatre mitrailleuses. Deux contre-attaques ennemies, le 18, à 21 h, les rejettent légèrement en arrière sans arriver à nous enlever les objectifs assignés; nous conservons les carrefours des boyaux Honoré et Kieffer et le bois C 26. Ses tentatives avortées, l’ennemi les harcèle avec ses obus explosifs et toxiques et cause de fortes pertes.
Dans la nuit du 21 au 22, le bataillon est relevé par le 51ème bataillon de Sénégalais et rejoint le régiment dans le C.R. « Diables Bleus » où il restera jusqu’au 30. Il est tout entier cité à l’ordre du 4ème C.A. (Ordre n°122, du 7 septembre 1918), en ces termes : « A, dans les journées des 18 et 19 juillet 1918, pris une large et brillante part aux opérations de contre-offensive qui ont suivi l’attaque allemande du 15 juillet dans la région des Marquises, et qui ont eu pour résultat la conquête de haute lutte de 2 km de terrain, la capture de prisonniers et de nombreuses mitrailleuses. S’est maintenu sur le terrain conquis, malgré de violentes réactions de l’ennemi. »
Tandis que le 5ème bataillon se couvrait de gloire sur la gauche, le 4ème bataillon commençait la relève en première ligne du 124ème R.I. Le régiment assurera la garde de ce secteur (C.R. Serbe et C.R. Arago) avec un bataillon du 221ème, jusqu’au 12 août, date à laquelle il sera relevé par le 115ème R.I. De plus, du 1er au 5 août, le 4ème bataillon remplacera un bataillon du 52ème R.I. dans le C.R. Poincaré.
Signalons, pendant cette période de chassé-croisé très dure, outre, les bombardements quotidiens, une attaque allemande sur l’ouvrage Watbled, tenu par le 6ème bataillon, le 27 juillet ; elle est repoussée ; un coup de main exécuté le 30 par la 15ème compagnie sur la tranchée Waldkirch ; un coup de main boche sur la 18ème compagnie le 9 août, qui est repoussé sans aucune perte.
Relevé du 12 au 14 août, le régiment s’embarque en camions dans la nuit du 17 au 18 pour la région de Sainte- Menehould. Le 38ème C.A. récupère ses deux divisions.
Jean Jacques COURRIÈRE est décédé, tué à l’ennemi le 2 octobre 1918, dans les combats du bois Aulnettes, commune d’Autry dans les Ardennes. Il venait d'avoir 26 ans. Son frère Louis était mort 18 mois plus tôt.
Après avoir été enterré dans une tombe de fortune près du champ de bataille, il est inhumé dans une tombe individuelle n°2287, dans la Nécropole nationale "Le Pont du Marson" sur le territoire de la commune de Minaucourt-le-Mesnil-lès-Hurlus. (Marne - 51) avec comme seul prénom Jean.
Toutefois une tombe existe dans le cimetière communal de Trèbes
Son décès est porté dans le registre d’état-civil de la commune de Carcassonne (Aude) à la date du 2 mai 1919.
Son nom est gravé sur les plaques , place de la cathédrale à Carcassonne, il ne l’est pas sur le Monument aux morts de Trèbes.
Titulaire de la Médaille Militaire à titre posthume - Titulaire de la Croix de Guerre avec étoile d'argent avec cette citation : "Excellent soldat, d'un courage et d'un dévouement à toute épreuve. A trouvé une mort glorieuse, le 2 octobre 1918, devant Autry, en se portant vaillamment à l'attaque des positions ennemies"
Monument en l'honneur du 358ème RI à Badonviller
Dans la nuit du 23 au 24 mai, le régiment débarquait à Arques, près de Saint-Omer, et gagnait son cantonnement d’Elbinghem. Le 25, il entre à Cassel et cantonne dans la ville et aux environs immédiats jusqu’au 30. La division fait partie du «Détachement d’armée du Nord». Le 31, elle est mise à la disposition du général CORVISART pour relever la 128ème division (dont le chef vient d’être tué la veille).
Le régiment relève le 128ème R.I. dans la nuit du 1er au 2 juin, après avoir passé la frontière à l’Abeele le 31. Il occupe le secteur mont Rouge – village de Locre, ayant à sa gauche le 217ème (Scherpenberg) et à sa droite le 221ème (mont Vidaigne, mont Noir). Les derniers échos de la bataille du mont Kemmel résonnent encore; de ce point culminant de la région, l’ennemi domine toute la plaine et rend impossible les communications de jour. Pas de boyaux, presque pas de tranchées en ligne; les hommes se terrent le long des haies. Des champs de seigle à peu près intacts nous séparent de l’ennemi, dont on ignore les positions exactes. Les nôtres sont à 500 m en avant du village de Locre. Nous avons un bataillon en ligne, un en soutien au mont Rouge, un en réserve à Royken Akker (nord du village de Boeschepe).
Les 3 et 4 juin au soir, de violents bombardements à gaz s’abattent sur les ruines de Locre. Le 5 au soir, le 5ème bataillon (celui de Jean Jacques) en ligne doit être relevé par le 6ème; mais, à 21 h, la canonnade ennemie se déclenche avec une intensité effrayante, suivie presque aussitôt de l’attaque d’infanterie sur le front des 18ème (celle de Jean Jacques) et 20ème compagnies et la liaison entre cette dernière et le 217ème. La 18ème compagnie, soutenue à droite par la 17ème, repousse brillamment l’ennemi. Mais la 20ème, établie en avant de l’hospice de Locre, est débordée et prise à revers par des forces importantes qui ont réussi à se glisser dans un ravin entre le 217ème et cette compagnie. La 20ème est écrasée dans un sanglant corps à corps à la grenade; son chef est mortellement blessé; le sous-lieutenant, de la 5ème C.M., dont un peloton était détaché en première ligne, est tué sur sa pièce. Le peloton de soutien de la 20ème, contre-attaque, mais n’arrive pas à déloger l’ennemi, qui s’est installé dans l’unique tranchée de la compagnie. Au cours de la nuit, des contre-attaques à la grenade menées par les éléments restants du peloton de première ligne de la 20ème et le peloton de la 21ème, restent sans effet. Le 4ème bataillon, qui venait relever le 6ème en soutien, détache la 14ème compagnie en arrière de l’hospice de Locre, pour parer à toute éventualité. Jean Jacques COURRIÈRE est blessé à la main par un éclat d'obus dans cette bataille. On ne sait pas s'il est évacué et combien de temps.
Dans la nuit du 6 au 7, la 21ème et la 22ème compagnie contre-attaquent et reprennent la totalité du terrain perdu, capturant 3 mitrailleuses. Le régiment, qui n’a jamais laissé à l’ennemi une parcelle du terrain confié à sa garde, reste fidèle à sa tradition. Cette affaire nous coûtait 7 officiers et une centaine d’hommes.
Dans la nuit du 23 au 24, la 18ème compagnie (celle de Jean Jacques) tout entière effectuait un brillant coup de main au sud de la route de Locre-Dranoute et ramenait trois prisonniers valides .
Le 5 juillet, la division est relevée par les Anglais. Le régiment, pendant les 35 jours passés dans ce secteur, a perdu plus de 600 hommes. Trois de ses compagnies ont été citées à l’ordre de la division (18ème, 21ème et 22ème) et il a reçu les félicitations du général commandant les forces britanniques.
Le 8 juillet, il s’embarque à Arneke pour retourner dans la Marne et repasser sous les ordres de la IVème armée, qu’il ne quittera plus jusqu’à l’armistice. La période d’offensive va commencer.
Les 5ème et 6ème bataillons et l’E.M. débarquent à La Neuville-au-Pont, et le 4ème bataillon au camp du Sougniat, le 18 août au matin. Dès le 19, ce dernier va relever dans le secteur de Vienne-le-Château le 90ème R.I. italien. Le régiment tiendra le secteur jusqu’au 8 septembre, date à laquelle il sera relevé par le 217ème R.I. Le terrain, qu’il a occupé 15 mois plus tôt, lui est familier. L’organisation a changé, les bataillons, disposés en profondeur, ne laissant qu’une compagnie dans les anciennes tranchées; le reste est au nord et au sud de la Biesme, en soutien. Quelques rencontres de patrouilles; l’une des nôtres tombe dans une embuscade le 5 septembre au soir.
Dans la nuit du 7 au 8 septembre, le régiment est relevé et gagne, en 2 étapes, le camp d’Auve, au sud de Sainte-Ménéhould, et y reste 3 jours. Le 13, il se rend à Sainte-Ménéhould, où il cantonne et fait des manœuvre jusqu’au 25. La grande offensive de la IVème Armée se déclenchera le lendemain.
Le 25 septembre, à 19h30, le régiment quitte Sainte-Ménéhould pour aller occuper des positions au sud de la Main de Massiges. A 23h45, il s’installe à la cote 202 (nord de Courtémont). Le bombardement français est commencé depuis 23 h. L’attaque d’infanterie se déclenche le 26 à 6 h. L’émotion étreint tous les cœurs; c’est le dernier grand coup porté à l’ennemi; de sa réussite dépend la victoire. A 8 h, le régiment quitte la cote 202 et suit l’avance des troupes d’assaut. Dans la journée, il occupe la cote 181, les deux cols, et, le soir, la Main de Massiges, comme réserve de la 71ème D.I.
Le 27 au matin, le 4ème bataillon, va relever, à l’est de Cernay-en-Dormois, le 2ème bataillon du 4ème régiment de cuirassiers à pied, et à 11 h commence l’attaque du bois de l’Echelle, fortement défendu par l’ennemi. L’attaque est renouvelée le 29 avec le 5ème bataillon du 217ème, sans plus de succès. Enfin le 30, une patrouille rend compte de l’évacuation du bois par l’ennemi; le bataillon s’y porte. Pendant ce temps, les 5ème et 6ème bataillons, qui suivaient d’abord en soutien, sont arrivés en face de la lisière sud du bois de Cernay et l’attaquent résolument.
Le 1er octobre au soir, le régiment est arrêté au sud de la Dormoise. Le 4ème bataillon, à gauche, a été arrêté dans sa progression sur la voie ferrée Sainte-Menehould-Vouziers; la 14ème compagnie, avant-garde du bataillon, parvient pourtant à s’accrocher à la voie, malgré le tir des mitrailleuses venant de la station d’Autry et du bois des Aulnettes. Sur la droite, les 5ème et 6ème bataillons ont leurs avant-postes sur la lisière nord des bois de Moyen et de Cernay; ils doivent franchir la Dormoise pour attaquer le village d’Autry – centre de résistance de toute la région – qui empêche la progression du 4ème bataillon.
Dans la nuit du 1er au 2, les pionniers du régiment réparent une passerelle que l’ennemi a fait sauter devant le 5ème bataillon, et en construisent une autre sur le front du 6ème. Le 2, dès 9 h, le mouvement commence, et à midi, la rivière est franchie; les 17ème et 18ème compagnies s’emparent de la tranchée des Aulnettes et y capturent une vingtaine de prisonniers et 2 mitrailleuses; à la nuit, ils bordent les lisières sud et est du bois du même nom. La 14ème compagnie a repoussé une contre-attaque débouchant de la station d’Autry. Les pertes sont lourdes; le régiment a déjà perdu plus du quart de son effectif, dont 6 officiers; le 4ème bataillon est particulièrement éprouvé. Mais l’attaque ne s’arrêtera pas: l’entrain est superbe, et, sans les mitrailleuses qu’il possède en nombre considérable, l’ennemi ne tiendrait pas.
Le 3 octobre, l’attaque est générale; le 4ème bataillon s’empare du bois des Aulnettes, le 5ème du camp de Saalburg, le 6ème avance le long de l’Aisne. Le soir, on borde les routes Autry-station d’Autry et Autry -Croix-Renard. Mais Jean Jacques COURRIÈRE ne verra pas cette belle victoire, il a été tué la veille en attaquant le bois des Aulnettes.
N.N. Pont de Marson - Minaucourt (Marne)